4.07 Carladez

Ce texte est le résultat d’un agencement des choses dites par des paysagistes et leurs invités, tous embarqués dans une camionnette-voyageuse à travers l’Auvergne. Pour cet ensemble de paysages, il a été écrit à partir de tout ce qu’ils ont été capables de voir ensemble, durant l’itinéraire n°15 des ateliers mobiles des paysages, qui a été effectué le 24/10/2011.

1. SITUATION

Limitrophe de l’Aveyron, l’ensemble de paysages du Carladez se situe à la limite de celui du Massif du Cantal (1.05). Pays de transition, il occupe une position de contact avec, au sud et à l’est, la Châtaigneraie (4.06) de laquelle il s’isole par de profondes vallées entaillées dans les terrains anciens du socle. Au nord, c’est le rebord de la Vallée de la Cère (9.06) qui le délimite. Seule la limite est, qui s’appuie sur la frontière administrative avec l’Aveyron, apparaît plus artificielle.

Le pays de Carlat marque la limite d’extension des terrains volcaniques, constitués de brèches volcaniques et de basaltes. Au sud d’une ligne reliant Carlat à Cros de Ronesque, ils laissent en effet la place aux roches métamorphiques. Les coulées basaltiques issues des monts du Cantal qui viennent y mourir les recouvrent et ont redonné de la vigueur au relief. Dégagées par l’érosion, ces coulées couronnent aujourd’hui les sommets des versants (processus typique d’inversion de relief). Elles sont très visibles dans les paysages par leurs silhouettes caractéristiques et par leurs rebords, qui prennent l’aspect de falaises rocheuses (Carlat, Cros de Ronesque). Ces reliefs donnent sa spécificité à cet ensemble paysager.

Cet ensemble appartient à la famille de paysages : 4. Les campagnes d’altitude

Les unités de paysages qui composent cet ensemble : 4.07 A Collines de Carlat et de Raulhac / 4.07 B Plateau de Barrez.

2. GRANDES COMPOSANTES DES PAYSAGES

2.1 Composante sociologique ayant des conséquences sur ce que l’on voit : le Carladez et les cantalous de Paris.

Carlat, jumelée avec la ville de Bruni en Italie
La petite région dont le territoire s’étire entre Carlat et Raulhac, “coincée” entre le volcan cantalien et le département de l’Aveyron répond au doux nom de Carladez. Comme d’autres parties du département du Cantal, sa population a connu une saturation du nombre d’actifs agricoles lors de son pic de population (deuxième moitié du 19ème siècle). Alors, tandis que les aînés conservaient l’exploitation agricole familiale sans la diviser, les autres enfants ont émigré vers Paris. Assez rapidement, ces derniers ont prospéré dans le domaine de la gastronomie et certains sont aujourd’hui à la tête de grandes brasseries et restaurants parisiens parfois de grande renommée. Au fil du temps, le patrimoine familial a été conservé générant le schéma d’organisation suivant : une partie de la famille reste au pays sur des domaines agricoles de tailles importantes leur permettant de développer des exploitations d’élevage bovin compétitives, l’autre partie de la famille développe une activité florissante à Paris (souvent doublé d’investissements immobiliers). Aujourd’hui, chose étonnante, alors que les questions de transmission d’exploitations agricoles se posent dans le Carladez, ce sont les “cousins” parisiens qui reprennent le flambeau. Ces reprises ne se font pas sur le schéma traditionnel auvergnat mais selon un système d’entreprise où le chef d’exploitation est à la tête d’une équipe d’ouvriers agricoles en charge de l’exploitation. Ainsi sur le territoire, aucune trace de déprise visible. La capacité d’investissement de ces familles est parfois très importante. Aussi, de la même manière qu’il n’y a pas de terres agricoles à l’abandon, aucun bâti n’est en ruine, des maisons de village aux maisons de maîtres des domaines agricoles. Pour autant, aucun signe extérieur de richesse ne distingue ces propriétés. Seules quelques voitures de luxe croisent sur les routes départementales du Carladez et parfois, dit-on, quelques vols d’hélicoptère faisant se rassembler la famille pour le weekend ou les vacances. Ce schéma est comparable sur d’autres secteurs du Cantal.

2.2 Le réseau hydrographique dense.

Campagne à proximité de Carlat
Un réseau hydrographique dense, qui converge pour grossir le Goul, a abondamment disséqué le substratum métamorphique et donné naissance à une morphologie complexe, constituée d’une juxtaposition de collines et de petits plateaux tabulaires, reliés par des lignes de crête et séparés par des vallées très encaissées. Ces collines et ces plateaux constituent autant de petites cellules bien individualisées, qui dominent les vallées et offrent de nombreux points de vue panoramiques, souvent remarquables.

2.3 Les tables basaltiques et leur atmosphère singulière.

Falaise basaltique à Carlat
La table basaltique est typique du Carladez. La région a été recouverte de basalte par des coulées issues des volcans du Cantal. L’érosion a fragmenté la cuirasse, épargnant seulement quelques îlots, quelques tables, qui dressent, au sommet de versants abrupts, leurs rebords verticaux. La montée, l’accès au plateau d’une table, à chaque fois singulier, met en scène la découverte d’un univers étrange, plat et perché, en contact avec le ciel, de dimensions suffisamment grandes pour donner une impression d’immensité et suffisamment faibles pour que le regard en saisisse aisément les limites, souvent couvert de prairies rases, pâturées, ponctuées d’une forêt très clairsemée de chênes ou bien nues. L’expérience que l’on peut faire de ces tables est un moment unique en Auvergne.

2.4 Une mise en valeur agricole.

Pâturages du Carladez
La mise en valeur agricole du Carladez est en grande partie déterminée par le relief et les contraintes qu’il occasionne. En tête de vallée, sur les plateaux, les paysages sont très ouverts. La surface des plateaux et une grande partie des versants des vallons sont en effet voués aux prairies d’estives. Les parcelles sont de grande taille, délimitées par un réseau bocager altéré. Seules les haies perpendiculaires aux courbes de niveau ont généralement été conservées mais de façon très lâche. Les boisements naturels, composés de feuillus (hêtre et chêne), colonisent les fonds de vallée les plus encaissés. Ces forêts en partie exploitées pour la production de bois sont, du fait de leur position, très visibles et offrent une forte sensibilité aux déboisements (notamment par rapport à l’impact des chemins d’exploitation).
Importante propriété agricole traditionnelle au cœur de son finage

3. MOTIFS PAYSAGERS

3.1 Les alignements d’arbres le long des routes.
Les alignements d’arbres (chênes, sorbiers) le long des routes, des chemins et dans les prés sont à tel point présents qu’ils forment un motif paysager récurrent de l’ensemble.

3.2 Les arbres, isolés ou en bouquets disposés au sein des parcelles.
A l’intérieur de parcelles, la présence des arbres peut prendre plusieurs formes : quelques sujets alignés résultant d’un alignement ancien plus grand ; de grands sujets isolés ; des bouquets de quelques sujets.

3.4 Les falaises basaltiques.
L’inversion de relief dont les tables basaltiques du Carladez sont le résultat a généré une présence singulière et récurrente de ces falaises. Ce motif paysager est une marque de fabrique de l’ensemble de paysages.

4. EXPERIENCES ET ENDROITS SINGULIERS

4.1 Le rocher de Carlat.
« Sur ce rocher, immense et inaccessible, s’élevait jadis un château fort. […] Il ne reste rien de cette immense forteresse (rasée par Louis XIII) […] De cette plate-forme (plate-forme basaltique de 80 mètres de large sur 250 mètres de long et à 40 mètres au-dessus du village) on jouit d’une vue grandiose et fort intéressante sur le massif du Cantal … […] Sur le rebord nord du rocher, une faille contient l’escalier de la Reine, taillé dans le roc et d’où nous avons entre les murs abrupts de pierre, une vue remarquable sur le massif du Cantal […] » (source : rapport d’inspection des sites en vue de son inscription). La table basaltique qui se découpe dans le paysage abrite le village de Carlat. L’endroit est d’une qualité exceptionnelle : l’implantation du village joue avec le phénomène géologique spectaculaire de la coulée de lave en s’abritant sous les falaises à bonne exposition (cf. Marlin C., Pernet A., Analyse et bilan de la politique des sites protégés dans le département du Cantal, Diren Auvergne, février 2007).

4.2 La carrière après Feynerols.
La découverte de la carrière est spectaculaire.

4.3 Coulée basaltique de Cros de Ronesque.
Depuis la table basaltique du rocher de Ronesque, à partir du rebord de coulée, le point du vue est panoramique sur le Goul, le Carladez aveyronnais…

4.4 Le château de Messilhac.
« Devant l’imposante façade s’étend une terrasse soutenue par un mur crénelé. Au fond du ravin que tout ceci domine coule le Goul. Le château est caché de toutes parts par de grands arbres garnissant les collines élevées qui l’entourent. C’est un site sauvage et curieux du Carladez qu’il faut connaître et préserver »
(cf. fiche bilan de protection du site inscrit du château de Messilhac par la Dreal Auvergne).

5. CE QUI A CHANGE OU EST EN TRAIN DE CHANGER

  • L’élargissement des itinéraires routiers.
    Ces aménagements induisent la disparition progressive des arbres d’alignement.

6. VERSION IMPRIMABLE

7. PHOTOTHEQUE

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