Vallée de la Haute-Maurienne

02 Vallee de la Haute Maurienne
Département  : Savoie
 
Communes  : BONNEVAL-SUR-ARC, BRAMANS, LANSLEBOURG-MONT-CENIS, LANSLEVILLARD, SOLLIERES-SARDIERES, TERMIGNON, VAL-D’ISERE, AUSSOIS, AVRIEUX, FOURNEAUX, FRENEY, MODANE, PRALOGNAN-LA-VANOISE, SAINT-ANDRE, VILLARODIN-BOURGET, BESSANS
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 36825
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Depuis la RD 1006 à la sortie de Modane jusqu’au col de l’Iseran, la vallée de la Haute-Maurienne se découvre progressivement. Elle se compose de trois ambiances distinctes.De Modane à Termignon, on pénètre le premier seuil de la haute vallée de l’Arc à une altitude de 1200 à 1300 mètres. La route étroite longe les gorges de l’Arc et traverse des boisements de pins cembro et pins à crochets (1). Soudain, au détour d’un virage, on découvre les forts de l’Esseillon (2) : le fort Victor Emmanuel et le fort Marie-Christine dressés sur une muraille naturelle. Le fond de vallée s’ouvre ensuite progressivement (3) et laisse apparaître successivement les villages de Bramans, Solières (4) et Termignon qui se tiennent à proximité de l’Arc. Sur les terrains plats de fond de vallée, la dynamique agricole encore présente contraste avec les lignes de crêtes d’arrière plan.Après Termignon, la route qui monte se resserre puis s’ouvre à nouveau, pour laisser découvrir le second seuil de la haute vallée de l’Arc. L’adret, très raide, s’élève sur plus de 2000 mètres de dénivelé jusqu’à la ligne de crête du Grand Roc Noir (3582 mètres). Le fond de vallée, qui présente de nombreux replats, est favorable à des espaces agricoles très entretenus (5). Les pieds de versants, bien exposés, sont marqués par les traces de l’ancien parcellaire (6) “en lanières” des prairies de fauches très pentues ou de cultures en terrasses. Les stations-villages de Lanslebourg et Lanslevillard, dominées par la Dent Parraché (7) et jadis resserrées au bord de l’Arc, ont connu une forte urbanisation touristique. En rive gauche, les versants forestiers de l’ubac (8) sont occupés par le domaine skiable de Val Cenis.Après Lanslevillard, on franchit le col de la Madeleine vers 1700 mètres d’altitude et on découvre enfin le troisième et dernier seuil de la vallée qui s’élargit en un vaste plateau agricole (9) dominé par les cirques glaciaires des sources de l’Arc et des Évettes et par la pointe de Charbonnel. L’adret, raide et rocheux, fait face aux étroites vallées latérales sauvages du Ribon et d’Avérole (10) du versant opposé. En continuant sur la RD 1006, on traverse d’abord le village de Bessans qui s’est installé au cœur de cette large vallée, puis on arrive à l’ancien village de Bonneval-sur-Arc (11). Si l’on continue rive droite, on accède au col de l’Iseran (12) (2764 mètres) et à la Tarentaise. Rive gauche on accède aux glaciers des Evettes en passant par le hameau classé de l’Écot (13), puis à l’Italie.

Identification

La vallée de la Haute-Maurienne s’étend entre la barrière de l’Esseillon au sud et le col de l’Iseran au nord. Formée par le torrent de l’Arc (1), elle est bordée au nord-ouest par le massif de la Vanoise (2) et au sud-est par le massif du Mont Cenis (3), dont le col éponyme est une voie de passage historique vers l’Italie. Plusieurs hauts sommets dominent la vallée et y forment de nombreux points de repère. D’est en ouest, on peut citer coté Vanoise : la pointe de Mean Martin (4), le Grand Roc Noir, la Dent Parrachée (5) et coté Mont-Cenis : les glaciers des Sources de l’Arc et des Évettes, la pointe d’Andagne (6), la pointe de Charbonnel, la pointe de Ronce (7).La vallée est marquée par un fort contraste entre ces deux versants : le versant forestier (8) (mélèzes, épicéas) de l’ubac, le versant cultivé et pâturé (9) de l’adret. La différence de milieux suivant les étages est également très visible : habitat, ripisylve et zone agricole en fond de vallée (10) ; pâtures, enrochements et forêts à l’étage subalpin ; et à l’étage alpin, pelouses alpines, sommets enrochés et glaciers (11).L’habitat est concentré sous la forme de villages égrainés tout le long de la vallée au bord de l’Arc. On note la présence de nombreux hameaux et villages traditionnels où l’habitat privilégie les matériaux locaux, naturellement présents : pierres pour la construction des murs (12) et pour la couverture constituée de dalles de schistes appelées lauzes (13) ; bois (épicéas, mélèze, pin cembro) pour la charpente, la menuiserie et le mobilier. Dans les hameaux d’altitude, comme l’Écot, l’enduit n’est plus présent.Plusieurs autres éléments plus ou moins imposants marquent le paysage de la vallée : les forts de l’Esseillon (14), les bâtiments industriels de l’usine aérospatiale ONERA (15), les centrales électriques et les barrages du Plan d’Aval et Plan d’Amont à Avrieux.

Qualification

La vallée de Haute-Maurienne possède une forte identité patrimoniale, tant dans le domaine des espaces naturels, qu’agricole ou encore architectural.La Haute-Maurienne est fortement associée à ses paysage de haute montagne. Le plus prestigieux est le cirque glaciaire des Evettes (1), mais elles possède aussi de nombreux sommets reconnus tels la Pointe de Ronce (2), la Pointe de Charbonnel, le Dôme du Grand Fond, la Pointe de Mean Martin, la Dent Parraché. Bien sur, on n’oubliera pas le col de l’Iseran (3), 2764 mètres, plus haut col routier de France, et le col du Mont Cenis (4) qui vit passer Hannibal et ses éléphants depuis lequel on voit le Grand Roc Noir.Le patrimoine agricole est très présent. Dans toute la vallée on peut voir les terrasse à céréales (5) et les les canaux d’irrigation. Les hameaux saisonniers aux petits chalets d’alpages et aux corps de fermes, façonnent encore le paysage grâce à l’élevage bovin destiné à la production du fromage (Beaufort, bleu de Termignon).De nombreux hameaux sont inscrits : le hameau de l’Écot, le village de Bonneval (6), le hameau du Canton à Lanslebourg (7). L’Écot est le plus connu. C’est un village en pierre qui « fait corps avec le paysage » (8), la roche, et le relief. Murs et toits ne laissent aucune place au bois.Le patrimoine militaire est aussi très présent, en témoignent les forts de l’Esseillon à Aussois et Avrieux. Les forts de l’Esseillon sont constitués de cinq ouvrages édifiés par Victor-Emmanuel Ier entre 1817 et 1833 suite à la restitution de la Savoie au royaume de Piémont-Sardaigne. Positionnés sur une muraille naturelle (9), ils protégeaient l’accès à Turin, capitale du royaume de Sardaigne, et contrôlaient le grand itinéraire transalpin Paris-Milan par le col du Mont-Cenis. Ils portent les prénoms des membres de la famille royale : Marie-Thérèse, Victor-Emmanuel, Charles-Félix, Marie-Christine, et Charles-Albert… Ces forts sont devenus français lorsque la Savoie a à nouveau été rattachée à la France en 1860. Aujourd’hui classés monuments historiques, les forts font l’objet d’un vaste programme de valorisation.L’ensemble de la Haute-Maurienne fait partie la zone d’adhésion du Parc National de la Vanoise. Ses crêtes font par ailleurs partie du cœur de Parc. Le col de l’Iseran est classé ainsi que le Belvédère du col de l’Iseran (10).Enfin on soulignera le rôle de porte d’entrée de Termignon pour le massif de la Vanoise, équivalent de Pralognan coté Tarentaise. Ces espaces naturels engendrent la pratique du ski à Aussois, Termignon, Lanslebourg (11) et Lanslevillard (12), alors que le cirque des Evettes attire les alpinistes et les randonneurs à ski.Beaucoup de gens pratiquent également le cyclisme, la randonnée (13), le rafting, le canyoning ou le parapente.

Transformation

Les transformations en cours en Haute-Maurienne ont pour origine le développement des constructions (1, 2), notamment secondaires ou de tourisme. La consommation de terrains, essentiellement agricoles (3) fragilise le cycle de production en place. Mais la production de fromages de qualité, avec entre autres le Beaufort, le bleu de Termignon ou les fromages de chèvre et de Brebis, ainsi que la structuration de la profession ont tout de même permis le développement d’une agriculture de terroir. Autour des villages (4), on retrouve toujours les prés de fauche, parcelles indispensables pour réaliser les réserves de foin et les pâturages de printemps et d’automne. Le développement touristique conduit à la perte de ces terrains, et rend difficile une production suffisante de foin pour les stocks d’hiver. De même, on observe une diminution du temps passé par les troupeaux dans les pâturages de fond de vallée au printemps et à l’automne…La disparition de ces paysages de fond de vallée induit la déprise agricole et la modification de l’ensemble des paysages d’alpage.Par ailleurs, les villages de Lanslebourg et Lanslevillard se développent et ont tendance à pouvoir bientôt se rejoindre.On observe sur l’ensemble de la vallée une érosion très grande de l’Arc qui pousse à l’endiguement (5, 6) pour protéger les constructions.On n’oubliera pas les évolutions des milieux naturels tels que les risques d’effondrements ou le recul des glaciers.

Objectifs de qualité paysagère

Les deux grands enjeux pour la vallée de la Haute-Maurienne sont d’une part la régulation de la fréquentation des espaces naturels et agricoles par les touristes et d’autre part la maîtrise du développement urbain en fond de vallée pour que celui-ci ne se fasse pas au détriment des espaces agricoles.Les espaces de pâtures en haute-montagne sont sensibles. Une surfréquentation des randonneurs, mais également des cyclistes tout-terrain, voire de « quad » ainsi que de skieurs l’hiver pourrait fragiliser la dynamique pastorale et amoindrir la qualité de gestion de ces espaces.Il faut être vigilant à la transformation liées à la cette surfréquentation touristique : stationnement, jusqu’où accède t-on à la montagne en véhicule (1) ? Chalet d’alpage ou d’altitude, quelle capacité et quelle qualité architecturale ?En rive droite de l’Arc, les versants occupés traditionnellement par l’activité agropastorale sont par endroits en friche ou investit par des extensions de bourgs. Alors qu’en rive gauche, ce sont les remontées mécaniques (2) et les pistes de ski (3) qui provoquent les principales transformations. La maîtrise de ces dynamiques est primordiale afin de ne pas compromettre l’activité agropastorale qui maintient les paysages. C’est un des principaux enjeux car les terrains agricoles de fond de vallée sont absolument nécessaire aux éleveurs ainsi qu’au maintient de l’identité des paysages qui font la réputation de cette vallée.Un exemple intéressante est un lotissement actuellement en construction à Lanslebourg (4, 5). Il vient s’installer sur les terres agricoles qui occupent les bas de versants alors que l’urbanisation s’est développé jusqu’ici entre torrent et terres agricoles. Ce choix est lourd de conséquences car c’est peu être un précédent à l’urbanisation des versants jusque là préservés et le début de la fabrication d’un nouveau paysage. Quel est la politique urbaine de cette commune ? D’autres modes d’urbanisation ont ils été envisagés (densification, construction prioritairement le long de la RD…)? Un autre exemple est l’urbanisation progressive entre Lanslebourg et Lanslevillard : deux stations qui se touchent presque. Maintenir une coupure d’urbanisation serait nécessaire.Le fond de vallée est parcouru par les RD 1006 puis 902. Cet axe routier ne participe pas nécessairement à la construction d’un paysage de qualité même lorsqu’il y a déjà eu un effort d’aménagement afin de sécuriser la RD ou rendre plus amène les entrées de bourg. En effet, ces aménagements peuvent se faire dans un registre trop urbain comme par exemple la traversée de Bessans ou l’entrée de Lanslebourg (6). Il serait peut-être intéressant de penser à doubler la route d’un itinéraire cyclable.Le parcours de la route panoramique de Sardières (RD 83) révèle qu’il serait intéressant de profiter de sa situation de balcon en ouvrant des vues sur la vallée.

Partager la page

Sur le même sujet