2.01 Bois noirs et Montagne bourbonnaise

Ce texte est le résultat d’un agencement des choses dites par des paysagistes et leurs invités, tous embarqués dans une camionnette-voyageuse à travers l’Auvergne. Pour cet ensemble de paysages, il a été écrit à partir de tout ce qu’ils ont été capables de voir ensemble, durant les itinéraires n°22 et n°23 des ateliers mobiles des paysages qui se sont tenus les 01/02/2012 et 27/02/2012.

1. SITUATION

Le massif granitique est constitué de deux entités : la Montagne bourbonnaise au nord et les Bois Noirs au sud. Ils forment, au nord-est du département du Puy-de-Dôme et au Sud-Est de celui de l’Allier, le prolongement d’un massif montagneux situé plus au sud, les Monts du Forez (1.10).

Cet ensemble appartient à la famille de paysages : 2. Les montagnes boisées

Les unités de paysages qui composent cet ensemble : 2.01 A Monts de Lachaux / 2.01 B Vallée de la Credogne / 2.01 C Monts de Palladuc / 2.01 D Cotes de Paslières et Chateldon / 2.01 E Coteaux de Creuzier-le-Vieux / 2.01 F Plateau d’Isserpent / 2.01 G Vallée du Jolan / 2.01 H Plateau du Mayet / 2.01 I Vallée du Sichon / 2.01 J Coteaux de Busset / 2.01 K Massif de la Ligue / 2.01 L Haute vallée de la Besbre / 2.01 M Haut massif de la Madeleine / 2.01 N Vallée du Barbenan / 2.01 O Collines de Lapalisse.

2. GRANDES COMPOSANTES DES PAYSAGES

2.1 Un paysage de basse montagne dans le département de l’Allier.

En balcon sur le bourbonnais bocagé non loin du Breuil
Cet ensemble de paysages se démarque fortement du reste du département de l’Allier par son originalité. En effet, il offre un paysage typique de basse montagne loin des clichés qui représentent l’Allier comme un pays “plat”. La Montagne bourbonnaise s’incline progressivement vers le nord pour finir sur un plateau vallonné que l’on appelle “les basses marches du Bourbonnais" (5.05). Dès les premiers soulèvements de la Montagne bourbonnaise, les vastes étendues de cultures de Limagne disparaissent au profit de vallées et vallons de prairies délimitées par un bocage plus ou moins disparu, laissant à nu des fragments d’alignements d’arbres. Les ruisseaux en creux de vallon sont aussi plus ou moins bordés d’arbres. Sur les flancs et sur les crêtes les espaces forestiers prennent le dessus sur les espaces ouverts.

2.2 Trois sortes de milieux caractéristiques et clairement identifiables.

Sous le Ray Dadieu
Le massif est recouvert en grande partie de forêts de montagne appartenant essentiellement au cortège floristique de la hêtraie-sapinière. Un deuxième type de milieu résultant de l’exploitation agricole est constitué essentiellement de pâturages et de prairies de fauches. Il est limité aux vallées, notamment la vallée de la Besbre et la vallée du Sichon. Le troisième type de milieu a un intérêt botanique particulier : ce sont les milieux humides des vallées forestières, comme les bois de bouleaux à sphaignes et les tourbières bombées. Le caractère peu fréquenté et un peu secret du massif laisse ces milieux dans un état de très bonne conservation. La majeure partie de ces zones humides se répartit dans la haute vallée de la Besbre et de l’Etui, l’un de ses affluents près du Puy de Montoncel (Source : site internet du PNR Livradois-Forez).

2.3 Trois espaces agricoles de vallées bien différenciés, cloisonnés par les crêtes parallèles.
Le fort cloisonnement provoqué par les hautes lignes de crêtes forestières quasi parallèles (selon un axe quasiment orienté sud-nord) laisse apparaître trois espaces agricoles différenciés très largement dédiés à l’élevage : 1. la haute vallée de la Besbre ; 2. les vallées de Barbenan et du Douanon ; 3. les vallées du Sichon et du Terrasson. La vallée du cours supérieur de la Besbre marque une fracture importante entre les Bois Noirs et la Montagne bourbonnaise. La D7 qui la remonte en fait un axe de communication entre l’Allier et le sud-ouest de la Loire. Elle distribue et organise le reste du territoire regroupant sur ses flancs les communes les plus importantes des Monts du Bourbonnais.

2.4 Une superposition dense de formes d’aménagement dans les vallées du Sichon et de la Besbre.

Eoliennes et rocher Saint Vincent
Dans la Montagne bourbonnaise, la vallée du Sichon et la haute vallée de la Besbre ont depuis longtemps été le lieu de multiples installations et aménagements humains d’importance. C’est leur densité, leur concentration et leur nature qui donnent à cette partie de territoire un caractère particulier. Leurs traces se sont accumulées, avec une accélération durant le 20ème siècle, à tel point qu’il en résulte une atmosphère paradoxale de ce territoire, beaucoup plus habitée qu’il ne l’est en réalité, où se mélangent des formes d’aménagement très anciennes à d’autres plus récentes et peu communes comme l’exploitation des mines d’uranium et les immeubles de béton de Laprugne. On peut en faire une liste non exhaustive qui parle d’elle-même :
- château de Montgibert,
- site du Glozel (au moins Moyen-âge),
- sites clunisiens d’Arronnes et de Châtel-Montagne,
- souterrains annulaires énigmatiques du haut Moyen-âge,
- installations et itinéraire d’excursion liés au tourisme thermal (guinguette de l’Ardoisière désaffectée, belvédère du Rocher Saint-Vincent…),
- installations liées à la l’exploitation minière en amont de la vallée (mines d’uranium, mines d’étain, HLM de montagne à Saint-Priest-Laprugne et Laprugne),
- reconversion des HLM en village de vacances,
- voie de chemin de fer désaffectée avec ses gares et ses ouvrages d’arts,
- projets éoliens, horloge à eau,
- adaptation des ouvrages d’art pour les gîtes à chauves-souris (tunnel de Ferrières…),
- restauration des milieux ouverts de la vallée du Sichon,
- forêt domaniale des Assises
- station de ski de la Loge des Gardes … Ce territoire de vallées laisse percevoir une histoire complexe des variations des relations des hommes au milieu et des reconversions d’aménagements et d’usages. En somme une histoire complexe des transferts d’héritages entre générations qui continue aujourd’hui avec la construction d’un héritage contemporain lié à la production énergétique (nucléaire et éolien). Ce territoire peut servir d’exemple à la compréhension de bien d’autres…

2.5 L’espace des forêts.

Haute vallée de la Besbre au cœur de la Montagne Bourbonnaise
Au coeur du massif forestier des Bois Noirs
Massif forestier par excellence, où dominent les bois noirs aux sapinières historiques, ce pays est aujourd’hui peu habité dans son cœur. La pauvreté des sols, la rudesse des hivers et la difficulté d’accessibilité ont conduit à un abandon progressif de l’habitat sur les hauteurs. Les masses boisées recouvrent une grande partie du territoire. Les forêts découpées en de nombreuses propriétés sont mixtes et présentent de nombreuses espèces selon l’altitude : 1. A l’étage collinéen (inférieur à huit cents mètres d’altitude) : essentiellement le chêne rouvre, mais aussi le châtaignier et le sapin qui ont fait l’objet de reboisement. On y trouve aussi le pin sylvestre, des épicéas et le douglas ; 2. A l’étage montagnard : le hêtre et le sapin se partagent les sommets. La place des hêtraies dans ce territoire est très forte, plus qu’ailleurs. Les bois noirs se distinguent du reste car la proportion des sapins y est très importante et génère une atmosphère très singulière.

2.6 La place ancienne tenue par le hêtre.

Hêtraie des Bois de l'Assise
La présence des forêts de hêtres comme celle encore plus spectaculaire de grands alignements de hêtres tortueux et âgés dans certains secteurs de la Montagne bourbonnaise nous rappellent aujourd’hui à quel point le hêtre a pu faire partie de la vie quotidienne des habitants de ces contrées par le passé. A l’époque où l’élevage était plus important, de nombreux espaces aujourd’hui boisés étaient occupés par des prairies bocagères. La pratique du plessage des hêtres (technique traditionnelle de formation de haie vive visant à courber les troncs et branches d’arbustes vivants et à les souder entre eux) était largement utilisée pour bordurer les chemins et les prairies. Le hêtre était une ressource de première importance dans ces montagnes et fût fortement exploité pour divers usages (cf. Expériences et endroits singuliers : Les alignements de hêtres tortueux de la Montagne bourbonnaise.).

2.7 Le système de clairières agricoles habitées sur les espaces de faible pente.

Clairière habitée de la haute vallée du Sichon
Les parcelles agricoles, essentiellement des prairies, occupent les zones de faible pente. Leurs formes sont variables et leur superficie reste limitée. Elles sont encadrées par les forêts et possèdent une trame bocagère lâche et très irrégulière. Les arbres les plus communs pour les haies sont le frêne et le chêne. En ce qui concerne les arbustes, on y trouve essentiellement le noisetier, le fusain et l’aubépine. L’ensemble paysager est marqué par une très faible densité bâtie. Il est constitué de hameaux isolés regroupant le plus souvent une dizaine d’habitations seulement dans de petits espaces ouverts de clairières agricoles.

2.8 Les Bois Noirs : premier DOCOB de France.
Les Bois Noirs ont été désignés dans le réseau européen des Sites Natura 2000. C’est le premier site Natura 2000 à avoir été doté d’un DOCOB (Document d’Objectifs) en France en 1996. Il a été choisi dans une liste de trente sites pour tester la procédure de conception de tels documents de gestion. Le PNR du Livradois-Forez (Parc Naturel Régional) en a été le maître d’ouvrage. Le site des Bois Noirs est devenu Site d’Intérêt Communautaire en 2012. Il est fragmenté en une quinzaine d’unités qui correspondent essentiellement à des tourbières, des prairies humides et des forêts.

2.9 Le qualificatif Noirs.

Sombre horizon résineux
Il est souvent dit que les Bois Noirs sont une sapinière primaire. C’est certainement une formation forestière très ancienne. La légende dit que c’est une des plus vieilles forêts d’Europe. La couleur sombre des sapins mais, plus encore, l’ombre particulière qu’une telle forêt génère, ont donné, comme dans beaucoup d’endroits, le qualificatif de noirs à ces bois. C’est un équivalent en termes toponymiques des lieux dits Peyranères (pierre noire) dans d’autres régions. Les toponymes de couleur sont fréquents et ont en général un grand pouvoir évocateur de par la simplicité et l’unicité de leur référent perceptif. Ils traduisent sobrement la fascination que ce genre de territoire peut exercer sur quiconque y pénètre.

2.10 L’originalité de la vallée de la Credogne.

Vallée de la Credogne
La vallée de la Credogne, tient une place toute particulière dans le massif par son couvert végétal original (chênaie, hêtraie), sa profondeur qui pénètre au cœur du massif, les nombreux vestiges d’anciens moulins et d’anciens ateliers, son isolement malgré les routes tortueuses et son poids légendaire qu’évoquent les nombreux chaos granitiques. Une grande partie de la vallée fait partie du Site d’Intérêt Communautaire des Bois Noirs. Une route sinueuse, avec parapet de pierre, permet de suivre la rivière en descendant la vallée dans la forêt de feuillus. Expérience typique et "pittoresque" des gorges avec quelques particularités locales. Un événement naturel ponctue la descente : la cascade du Creux Saillant annoncée par un gros bloc rocheux au pied duquel un panneau a été installé. Dans la partie basse de la vallée, à l’endroit où les gorges s’élargissent, des clairières plates ont ponctuellement permis quelques cultures, comme ce champ de maïs (à usage cynégétique ?) au milieu de la forêt, ou l’installation d’habitations qui donnent une impression forte d’isolement.

2.11 Huit éléments qui contribuent à alimenter l’impression d’un territoire mystérieux et secret.

  • L’ambiance des bois noirs, sombre et ombrageuse
  • Le caractère historique de la forêt
  • L’ambiance de la vallée de la Credogne
  • Le trésor naturel des tourbières et milieux humides, caché et dispersé dans l’univers forestier opaque
  • L’ambiance mélancolique de la vallée du Sichon, au travers de multiples ruines d’aménagement comme par exemple celle de la guinguette de l’ardoisière.
  • L’exploitation de l’uranium près des sources de la Besbre et la curieuse barre de logements en pleine montagne à Laprugne
  • Le mystère des souterrains annulaires de la montagne bourbonnaise, éléments singuliers et mystérieux de l’histoire rurale de l’époque médiévale. Ils datent environ du 4ème au 8ème siècle après J.C
    (cf. Expériences et endroits singuliers).
  • Les alignements de hêtres tortueux, silhouettes géantes dans la Montagne bourbonnaise, résultat de l’abandon de la pratique rurale du plessage
    (cf. Expériences et endroits singuliers).

3. MOTIFS PAYSAGERS

3.1 Les cimetières de moyenne montagne.
Les cimetières installés dans la pente, isolés à l’écart des bourgs ou hameaux sur les bas de versants de vallée, entourés de prairies et souvent rattrapés par la forêt sont un motif paysager de ces moyennes montagnes.
Entre Lavoine et Cusset, dans la vallée du Sichon, un de ces cimetières peut servir d’illustration pour tous les autres. Il est entouré de prairies. Au-dessus des prairies, assez proches, il y a les bois. La dimension importante du cimetière (cent mètres de côté environ), sa forme géométrique carrée, son inclinaison qui suit la pente, son rapport au Sichon et son isolement, en font une vision d’archétype de cimetière de bourg de moyenne montagne. Ici, les éoliennes, visibles depuis la D995 dans l’alignement du cimetière au-delà de la ligne de crête de la vallée ajoutent un signe énigmatique au tableau.

3.2 Les petites clairières habitées.
L’habitat est réparti la plupart du temps en hameaux au sein de clairières agricoles.
(cf. Grandes composantes des paysages : le système de clairières agricoles habitées sur les espaces de faible pente)

3.3 Les croisées des chemins d’aujourd’hui.
L’agencement des micro-aménagements qui constituent aujourd’hui l’intersection entre deux routes de montagne, une croisée des chemins contemporaine, peut être considéré comme un motif paysager actuel "par défaut". Par exemple, sur la D7 en direction du Mayet-de-Montagne, aux environ du Breuil, une croix faisait office de point de repère. Aujourd’hui, la route se divise en patte d’oie pour des raisons de rayon de braquage des voitures, un bac de tri sélectif est installé devant la croix sur l’espace d’herbe dessiné par la patte d’oie routière, un panneau d’arrêt de bus est accroché à un poteau téléphonique à côté d’un pylône électrique en béton…

4. EXPERIENCES ET ENDROITS SINGULIERS

4.1La vallée de la Credogne.
L’expérience typique du pittoresque d’une vallée de feuillus qui contraste avec les boisements de l’ensemble de paysages, par une route sinueuse ponctuée de chaos granitiques…
(cf. Grandes composantes des paysages : l’originalité de la vallée de la Crédogne)

4.2 Le point de vue de Saint-Victor-Montvianeix.
L’aménagement récent à Saint-Victor-Montvianeix met en avant le point de vue panoramique sur les Bois noirs.

4.3 Le point de vue du rocher Saint-Vincent.
Le rocher, promontoire au bout de la vallée du Sichon visible de loin, a longtemps été le but d’excursion du tourisme thermal de Vichy.
(cf. Marlin C., Pernet A., Analyse et bilan de la politique des sites protégés dans le département de l’Allier, Diren Auvergne, décembre 2005)

4.4 La guinguette de l’Ardoisière.
Au bord du Sichon, non loin de Cusset sur la D995, dans une zone encaissée, fraiche et ombragée de la vallée, avait été construite une guinguette au moment de l’apogée du thermalisme. Facile d’accès depuis Cusset, au bord de la route qui remonte la vallée. Il fallait traverser un petit pont de bois au-dessus d’un bras du Sichon pour accéder au lieu d’amusement. Sur un portique métallique, à l’entrée, était inscrit : « L’ardoisière ». Le site est aujourd’hui dans la végétation, à l’abandon.

4.5 Le « Tacot » et les chauves-souris.
La ligne de chemin de fer qui traversait la Montagne bourbonnaise, construite en 1912, a été abandonnée en 1949 dès l’avènement de l’automobile. Elle reliait Vichy à Boën dans le département de la Loire, en desservant Ferrières-sur-Sichon et Laprugne par le col du Beau Louis. La ligne permettait le transport des personnes mais aussi et surtout des matériaux. Elle a permis le remplacement des chars à bœuf pour le transport du bois et du granite (La montagne bourbonnaise a fait l’objet d’une exploitation de granite importante des années 1880 jusqu’à la deuxième guerre mondiale).
Il reste les gares (Cusset), les bâtiments ferroviaires vendus à des particuliers et des ouvrages d’art, ruines de cette époque (viaducs des Peux à Saint-Priest-Laprugne ; viaduc du moulin neuf près de Ferrières-sur-Sichon ; tunnel de Ferrières-sur-Sichon). La ligne avait pour surnom le Tacot.
Aujourd’hui, le tunnel de Galizan, à Ferrières-sur-Sichon, est un site d’hibernation de chauve-souris affectionnant les sites froids (Myotis myotis, Barbastella barbastellus et Eptesicus serotinus…). Le tunnel était utilisé jusqu’à récemment comme chemin par les piétons et les quads… Son entrée a été protégée pour éviter le dérangement des chauves-souris.

4.6 Urbanisme des mines en montagne.
A Charrier, à un kilomètre à vol d’oiseau de Laprugne, une mine d’étain a été exploitée de 1925 à 1953. Les communes voisines sont, elles, riches en uranium. En 1956, un gisement à Saint-Priest-Laprugne, à trois kilomètres dans le département de la Loire, est exploité par le Commissariat à l’énergie atomique. Sept cents ouvriers travaillent à la mine. Une cité HLM est construite à Laprugne pour en loger une partie : dans la montagne, sont bâtis trois immeubles de quatre étages offrant 138 logements aux employés des sites industriels. Les mines d’uranium ferment en 1980.

4.7 Le mystère des souterrains annulaires de la Montagne bourbonnaise.
Dans la Montagne bourbonnaise, on a découvert une trentaine de souterrains appelés « souterrains annulaires ». Ils sont formés de galeries creusées entre un mètre cinquante et cinq mètres de profondeur qui dessinent un ou plusieurs anneaux. Leur présence dans le centre de la France et dans l’est de l’Europe en font un élément singulier et mystérieux de l’histoire rurale de l’époque médiévale. Ils datent environ du 4ème au 8ème siècle après J.C. Les souterrains sont progressivement découverts depuis la fin du 19ème siècle mais n’ont pas livré leur secret. Leur découverte est souvent fortuite : à Chatel-Montagne en 1952, une vache en passant sur la voûte de l’un d’entre eux l’a fait s’écrouler. Ils sont constitués en règle générale d’une partie rectiligne d’une dizaine de mètres sur une hauteur d’un mètre soixante environ puis d’un anneau d’une vingtaine de mètres de long. Personne ne sait à quoi ils servaient : pas d’usage économique, pas d’usage de cachette, pas d’usage religieux… La plupart ont été découverts murés. Ils ont été creusés dans du schiste ou du « gore » (arène granitique en décomposition). A ce jour, on a trouvé quatorze souterrains sur la commune d’Arfeuilles, cinq sur le Breuil, trois sur la Chapelle, deux sur Laprugne, le Mayet-de-Montagne et Nizerolles… Il en existe également en Combraille bourbonnaise, notamment à La Celle et Arpheuilles St-Priest. Les noms d’Arfeuilles et Arpheuilles pourraient provenir du verbe latin « fodiculare », signifiant fouiller, creuser. Cette étymologie situerait donc effectivement la création de ces souterrains à une époque lointaine (cf. Maurice Piboule, Mémoire des communes de l’Allier : La Combraille, 1988).

4.8 Vue panoramique sur le département de la Loire.
Sur la route départementale 478, du plateau de la Verrerie en direction de la station de ski de la Loge des Gardes, on assiste à un basculement visuel sur le département de la Loire, beaucoup plus abrupt que le versant situé côté Allier. Ce basculement offre une vue plongeante sur Roanne.

4.9 Les alignements de hêtres tortueux.
Une autre curiosité de la Montagne bourbonnaise : les alignements de hêtres tortueux qui y subsistent encore. Leurs formes étranges qui s’apparentent facilement à des silhouettes de "géants", leur âge (ils sont vieux de plusieurs siècles) et leur isolement, pour peu qu’on les découvre un jour de brume, génèrent une atmosphère étrange de légende et de mystère.
Ils ne sont pourtant que le résultat de l’abandon d’une pratique rurale très ordinaire : le plessage. Les jeunes arbres, alignés en haie, étaient rabattus régulièrement et pliés pour servir de clôtures vivantes pour le bétail.

5. CE QUI A CHANGE OU QUI EST EN TRAIN DE CHANGER

  • L’apparition de panoramas éoliens.
    En direction de Laprugne, un village posté sur une crête autour de son clocher au milieu des vallonnements forestiers de hêtres et de conifères donne à la vue un air de carte postale. Des éoliennes et un mat de mesure émergent des crêtes un peu plus loin. En premier plan, une croix métallique plantée dans les genêts, peinte en vert, sur laquelle ont été accrochés des outils (marteau, échelle, pinces) a été installée au départ d’un chemin d’exploitation, à l’angle de la route. Les outils semblent rappeler le passé industriel de cette montagne (exploitation ancienne du granite, de l’étain et plus récente de l’uranium). Les signes de mondes différents se superposent étrangement dans un paysage de moyenne montagne forestière. Les éoliennes sont les dernières venues.
  • Les mutations agricoles.
    Un passage s’est fait progressivement d’un système de polyculture élevage à un élevage orienté vers la production laitière. L’intensification est visible dans le paysage :
    • régression des terres labourées.
    • construction de bâtiments agricoles imposants (hors sol ou autres).
  • La régression démographique.
  1. Développement des ruines dans les villages.
  2. Déprise agricole et extension des friches et de la forêt.
  3. Extension de la forêt par accrus naturels, mais surtout sous l’effet de plantations résineuses qui ont bouleversé les paysages.

6. VERSION IMPRIMABLE

7. PHOTOTHEQUE

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