Vallée de la Basse Tarentaise

06 Vallee de la Basse Tarentaise
Département  : Savoie
 
Communes  : SAINT-JEAN-DE-BELLEVILLE, SAINT-OYEN, SAINT-PAUL-SUR-ISERE, SALINS-LES-THERMES, BEAUFORT, TOURS-EN-SAVOIE, ALBERTVILLE, LA BATHIE, CEVINS, ESSERTS-BLAY, AIME, HAUTECOUR, MONTGIROD, MOUTIERS, LA LECHERE, AIGUEBLANCHE, LE BOIS, FEISSONS-SUR-ISERE, FONTAINE-LE-PUITS, QUEIGE, BONNEVAL, LES AVANCHERS-VALMOREL, MONTSAPEY, BONVILLARD, GRIGNON, MONTHION, NOTRE-DAME-DES-MILLIERES, SAINTE-HELENE-SUR-ISERE, ROGNAIX
 
Famille de paysages : Paysages marqués par de grands équipements
 
Surface (Ha) : 16287
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

En arrivant d’Albertville, la RN90 nous fait parcourir sur une vingtaine de kilomètres la vallée de la Basse Tarentaise. Le fond de la vallée, étroit et très construit (1), contraste fortement avec des versants boisés paraissant inaccessibles et inhabités.Le parcours est rythmé par une succession de défilés et d’ouvertures. Tout d’abord, l’importante zone d’activité d’Albertville se prolonge (2) jusqu’à La Bâthie. Puis, le fond de vallée se partage entre habitat et prairies (3). Le bassin d’Aigueblanche, seule partie vraiment large de la vallée, voit s’étaler une ville basse (4) et pavillonnaire, ponctuée par le site industriel de Notre-Dame de Briançon (5) et l’établissement thermal de la Léchère (6). L’Isère (7), que l’on peine à apercevoir derrière sa végétation de rives, la RN90 (8), une 2x2 voies et la voie ferrée gagnant Bourg-Saint-Maurice se croisent sans cesse. L’étroitesse de certains passages oblige la nationale à passer en viaduc (9) alors que les rails empruntent de nombreux tunnels (10). Dernier resserrement avant Moûtiers, les gorges de Ponserand (11) viennent clore notre parcours.Les versants, lorsqu’ils sont accessibles, sont difficiles à gravir. Il faut emprunter de petites routes (12) menant à des villages et hameaux perchés (13) souvent entourés de pâtures. Bien que le patrimoine bâti de ces hameaux ait été souvent mis à mal, on y oublie l’ambiance confinée et urbaine du fond de vallée, pour profiter de la montagne, de ses forêts (14), de ses pâtures (15) et des vastes vues sur les sommets environnants.

Identification

La vallée de la Basse Tarentaise correspond à la vallée de l’Isère entre Tours-en-Savoie (banlieue d’Albertville) et Moûtiers. Elle concentre torrent (1), voie nationale 90 (2), voie ferrée (3), et un chapelet de petites villes sur environ 20 km. Cette vallée étroite est bordée de versants raides très boisés (4) donnant accès à des vallées perchées perpendiculaires.Elle est délimitée, à l’ouest, par le massif du Grand Arc (2484 mètres) (5) et les crêtes de la chaîne de la Lauzière (6) (Mont Bellachat (2436 mètres)) et à l’est par la Pointe de la Grande Journée (2450 mètres), les vallées perchées de la Grande Maison (7) et de Bénétant, la Tournette (2221 mètres) et la pointe du Dzonfié (2455 mètres).Le fond de vallée, alternant ouverture et resserrement du relief nous permet de distinguer quatre séquences.La première séquence de 7 km, entre Tours-en-Savoie et la Butte de Cevins, est relativement rectiligne (8). Au niveau de la Bâthie, le versant est entaillé à l’est par la vallée du Bénétant, torrent menant au Col de la Louze, dominé par le Grand Mont (2686 mètres). La Butte de Cevins (9), qui ne s’élève que de 150 mètres par rapport au fond de vallée occupe toute sa rive droite. C’est un bon point de vue permettant d’observer la vallée de chaque coté.La deuxième séquence, très courte, de 2,5 km, va de la Butte de Cevins à Varambon (10). Le fond plat est occupé par Cevins et Rognaix. Depuis cette commune, le torrent de Bayer mène au Grand Arc (2484m), à l’ouest.La troisième séquence, de 7 km, entre Varambon et Notre-Dame de Briançon voit la vallée se rétrécir (11), ne laissant que très peu de place à Feissons-sur-Isère. Ce profond corridor aux versants raides donne accès à des villages comme La Croix (12) mais aussi à la vallée perchée de Grande Maison. A l’ouest, lui faisant face, s’ouvre la vallée de l’eau rousse menant au col de la Madeleine.La quatrième séquence, de 3-4 km, entre Notre-Dame de Briançon et les gorges de Ponserand est la plus ouverte mais aussi la plus clairement définie. Le bassin d’Aigueblanche est en effet fermé au nord par le resserrement du Champ du Compte et au sud (13) par les gorges de Ponserand (14). Perpendiculairement à la vallée, à l’ouest, s’ouvre le val de Naves (15), large val perché, occupé par de nombreux hameaux dominés par la pointe du Dzonfié (2455m). Depuis ce val, de larges vues s’ouvrent vers l’est sur la vallée des Avanchers (16). On contemple alors le Cheval Noir (2832 mètres), le Crève-tête (2341 mètres) et la chaîne de la Lauzière.

Qualification

La vallée de la Basse Tarentaise n’est pas très connue. Elle est un lieu de passage pour gagner la Haute Tarentaise et ses stations de ski.Cependant on pourra noter la réputation depuis la fin du XIXe siècle de la Léchère pour ses eaux thermales. Cette activité développe la première vague de tourisme en Tarentaise. Elle s’accompagne de la création d’hôtels et de parcs (1).On remarquera également les vignes en terrasses sur la face sud de la butte de Cevins (2), couronnées de la chapelle Notre-Dame des Neiges (3). Mais la vallée marque surtout le début de la zone d’Appellation d’Origine Contrôlée du fromage de Beaufort.Des ruines de châteaux ponctuent la vallée : château de Chantemerle (4) (inscrit ainsi que le hameau), château de Cevins, château du Blay. Seul le château de Feissons a été remonté pour devenir un restaurant. L’église baroque Saint-Martin à Villargerel (5) est classée monument historique.La vallée compte de nombreux bâtiments industriels. Les plus visibles sont bien sûr ceux des sites de Notre-Dame de Briançon (6) et Petit Cœur usinant graphite et carbone pour le premier, ainsi que ferro-alliages pour le second. La Bâthie possède une usine ALCAN (7) produisant des abrasifs réfractaires céramiques. EDF possède plusieurs sites dans la vallée. La principale centrale, à la Bâthie (8), a été dessinée par l’architecte Albert Laprade en 1960. Cette centrale, presque entièrement enterrée, reçoit les eaux de trois des barrages du Beaufortain : Roselend, Saint-Guérin et La Gittaz. Elle s’accompagne d’une cité de logements édifiée par EDF (9). On notera également la centrale enterrée de la Coche et le barrage des échelles d’Hannibal (gorges de Ponserand) (10) à Aigueblanche. Renforçant le caractère très construit du fond de vallée, la zone d’activité d’Albertville se prolonge jusqu’à Chantemerle, l’impressionnant viaduc du Champ du Compte (11) semble survoler les usines de carbone et un étrange silo à grain marque la RN à la Bâthie.L’architecture traditionnelle des maisons, surtout préservée dans les hameaux perchés et le val de Naves, est faite de pierres pour les soubassements (12), de bois pour les granges à l’étage (13) et de tuiles de lauzes pour les toitures. Elle est souvent mal rénovée. Les bâtis modernes très présents en fond de vallée proposent des bardages en bois verni sur structure béton (14) ou parpaings, des enduits, voire du plaquage de pierres.Tout cela n’empêche pas les touristes de venir profiter des possibilités de rafting, de VTT et de randonnée l’été. L’hiver la station de Grand Naves propose du ski de fond et les Avanchers ne sont pas loin.

Transformation

Les constructions en fond de vallée sont la principale cause de transformation du paysage de la vallée de Basse Tarentaise. Cela concerne l’habitat individuel (1, 2), les zones d’activités (3,4) et les infrastructures (5, 6). Sans grande attention à la qualité urbaine et architecturale, il en résulte une juxtaposition d’objets. Ce phénomène remonte sur les versants du bassin d’Aigueblanche, facilement accessibles, donnant un paysage d’urbanisation diffuse (7) qui semble pouvoir envahir très rapidement les pâtures.Par ailleurs, les pâtures à proximité immédiate d’Aigueblanche semblent s’enfricher (8).Le complexe thermal de la Léchère datant de1929 (9) s’est agrandi d’une extension en aluminium laqué bleu en 1985, puis s’est étendu sur l’autre rive (10) à l’occasion des jeux olympique d’Alberville en 1992.

Objectifs de qualité paysagère

Le fond de vallée très étroit peut être très vite saturé par l’habitat et les zones d’activités. Il s’agit de veiller à préserver des zones non bâties agricoles d’une part entre les communes et d’autre part, d’un versant à l’autre (1) afin de ménager des vues ouvertes sur le grand paysage.Le bassin d’Aigueblanche, déjà très urbanisé voit ses constructions remonter sur les versants agricoles jusqu’alors pâturés. Il s’agit de veiller à la préservation de ces espaces très visibles depuis le fond de vallée mais aussi depuis le versant opposé. Un exemple emblématique de ce type de paysage, vu depuis la RN90, est le cône des Emptes (2).Le cours de l’Isère n’est pas valorisé et ne joue pas vraiment le rôle fédérateur qu’il pourrait avoir. Travailler la continuité de parcours le long de ses berges ainsi que sa visibilité au moyen d’une requalification paysagère et écologique sur l’ensemble de la vallée pourrait être un des axes majeurs de réflexion à l’échelle de la vallée.La route nationale, très empruntée, est devenue une vitrine pour les zones d’activités qui la longent (3) à la Bâthie. Un projet de réorganisation de l’ensemble des activités privées aux abords de la route serait souhaitable.Les usines et le viaduc de Notre-Dame de Briançon fabriquent une spectaculaire séquence de paysage industriel nous surprenant au sortir du défilé. Les bâtis massifs, toujours en activités, contrastent fortement avec l’image de nature attendue aux portes de la Tarentaise mais témoignent pourtant de l’histoire de la vallée. Le devenir d’un site dont l’activité est en baisse permanente pose certaines questions. Comment habite-t-on à proximité d’usines et d’un viaduc ? (4) Le traitement des espaces immédiats d’un ouvrage d’art ou d’usines sont souvent sous-investis. Quelle image donne-ton ? Celle de la ville ? De la campagne ?Le patrimoine végétal des voies départementales n’est pas toujours traité à sa juste valeur. Certains alignements d’arbres, comme celui de Feissons-sur-Isère, deviennent vite hors de propos (5) dans un contexte montagnard.On soulignera un projet qualitatif : la replantation d’un vignoble exploité sur les terrasses de la Butte de Cevins en 1999 (6). Enfrichées depuis de nombreuses années, ces terrasses soutenues par des murets de pierres produisent aujourd’hui les vins du Domaine des Ardoisières. La vigne y est cultivée en biodynamie.Un autre projet qualitatif, à plus petite échelle, est le réaménagement de la place de la mairie et de l’église de la Bâthie (7) dont la principale qualité est la sobriété et l’espace rendu aux piétons sans l’encombrer de mobilier urbain (jusqu’à ce qu’un réajustement inadapté en réintroduise) (8).Le territoire est couvert par deux SCoTs : la moitié nord fait partie du SCoT Arlysère (Tours-en-Savoie, La Bâthie, Esserts-Blay, Saint-Paul-sur-Isère, Cevins, Rognaix).la moitié sud fait partie du SCoT pays Tarentaise-Vanoise (La Léchère, Feissons sur Isère, Aigueblanche, Saint-Oyen, Le Bois).

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