Val Coisin

Département  : Savoie
 
Communes  : LA CHAPELLE-BLANCHE, LA CHAVANNE, LA CROIX-DE-LA-ROCHETTE, SAINT-PIERRE-DE-SOUCY, VILLARD-SALLET, PLANAISE, LA TRINITE, VILLARD-D’HERY, CHATEAUNEUF, BETTON-BETTONET, COISE-SAINT-JEAN-PIED-GAUTHIER, HAUTEVILLE, VILLAROUX, PONTCHARRA, LAISSAUD, LES MOLLETTES, SAINTE-HELENE-DU-LAC, CHAMOUSSET
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 4556
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Le val Coisin, à quelques kilomètres de Chambéry, est un petit val fait de collines perchées au dessus de l’Isère (1). Cette situation étonnante a permis aux paysages agraires d’évoluer lentement si bien qu’il existe encore aujourd’hui de nombreux vergers de pommes (2) et de noix, de la vigne (3) et des prairies de pâtures (4) qui occupent les flancs intérieurs de cette combe. Des murs de pierres soutiennent encore les pentes (5), et les parcelles sont bien souvent délimitées par de longues haies d’arbres(6). De nombreux sommets appartenant au massif des Bauges situé au-delà du val Coisin servent de repères pour s’orienter. Au nord, on aperçoit la dent d’Arclusaz (7) et au sud, au niveau de Montmélian, la roche du Guet. Vers l’est, depuis le nord du val, c’est le grand Arc (8) qui se montre à l’horizon.Un rapide survol de l’histoire géologique du val permet de mieux comprendre la présence de nombreuses zones humides et de marais et du lac Saint-Hélène (9). En effet, un lac post-glacière, qui s’est progressivement comblé, occupait toute la vallée. Aujourd’hui, le lac et ses environs font le bonheur des pécheurs, promeneurs et amoureux de l’observation du Courlis cendré et autres espèces d’oiseaux présents dans les prairies humides.De nombreux châteaux (10) et hameaux anciens jalonnent le val (11). Les cyclistes n’hésitent d’ailleurs pas à profiter de ces paysages en parcourant une boucle qui longe les versants avant de rejoindre la plaine de l’Isère au sud.Un tel environnement n’est pas fait pour déplaire aux urbains en mal de campagne et de nombreuses constructions récentes témoignent du désir d’habiter « au vert » (12). Ces nouveaux modes de vies entraînent des évolutions brutales du paysage souvent mal maîtrisées (13).

Identification

Orienté nord-est / sud-ouest, le val Coisin est une sorte de plateau suspendu 150 mètres au dessus de la cluse de Savoie. Il est séparé de la vallée inondable de l’Isère par une ligne de hauteurs aux rebords parfois abrupts, souvent désignée comme la \’banquette\’ de Planaise (428 mètres) (1). Il est limité au sud par l’échine boisée de Montraillant (809 mètres) (2). Les pentes occidentales de ce plateau tombent sur la plaine de l’Isère (260 mètres) (3). Cette partie accueille le lac de Sainte-Hélène qui représente un vestige de l’ancien lac qui occupait toute la vallée après la fonte des derniers glaciers quaternaires. Au nord, vers l’amont de la Combe de Savoie, le val se ferme. Le petit ruisseau du Coisin qui le parcourt (4) prend sa source à Maltaverne.Le système de polyculture qui domine la vallée s’est développé en fonction du relief. Les boisements occupent les pentes trop raides et les fonds de vallées sont laissés aux zones humides (5). Prairies, vignes et vergers préfèrent les pentes douces, les pieds au sec. Lorsque les pentes sont trop marquées elles sont maintenues par des structures de haies de hautes tiges (6) ou des murets de pierres (7). Ce système diversifié est marqué par une architecture traditionnelle (8) encore bien préservée.Deux routes RD202 et 204, parcourent respectivement les versants sud et nord de cette combe. Elles desservent les nombreux villages et hameaux du val : Saint-Hélène du Lac, La Chavanne, Planaise, Coise, Châteauneuf (9), Hauteville, Les Molettes…

Qualification

Le principal intérêt patrimonial du val Coisin réside dans son système agraire encore en place (1), mais aussi dans la qualité et l’étendue de ses zones humides d’une grande richesse écologique (2). Son paysage propose une mise en rapport de l’ensemble de ces étendues avec les sommets rocheux des Bauges émergeant par delà la combe de Savoie. Son architecture traditionnelle est de qualité, ainsi que les nombreux châteaux (3) qui ponctuent et construisent les paysages.Les vergers encore très actifs, produisent essentiellement des pommes (4) et des noix (5). La vigne produit un vin de pays dit d’Allobrogies (les Allobroges étaient un peuple gaulois implanté entre l’Isère, le Rhône et les Alpes). Les prairies accueillent des vaches qui produisent du lait pour la tomme de Savoie.Le réseau de zones humides que forment le lac Saint-Hélène (6) et le marais du Coisetan ainsi que les nombreux petits marais est d’une importance écologique de premier ordre. L’ensemble de prairies naturelles est en effet l’un des plus grands du département. Il couvre plus d’une centaine d’hectares. L’architecture traditionnelle est faite de maisons et de fermes entièrement en pierre calcaire aux formes très variées suivant leur destination. Les maisons possèdent très souvent des caves à vins, une écurie surmontée de la grange et un escalier de pierre menant au logis (7). Les toitures possèdent 2 ou 4 pans couverts d’ardoise. On trouve également beaucoup de séchoirs à tabac (8). A Chateauneuf, on remarquera l’église néo-classique sarde (9).Enfin on signalera le circuit vélo du tour du val Coisin, très emprunté par les amateurs de ce sport (10).

Transformation

La proximité du val de Chambéry et des villes d’Albertville et de Pontcharra, très rapidement accessibles par l’A43, provoque inévitablement un développement de l’urbanisation diffuse (1) dans le val. Petit à petit l’ensemble des hameaux et villages s’étend au gré des ventes de parcelles agricoles dont l’activité cesse. Ce développement ne se fait pas toujours en intelligence avec le lieu (2).L’urbanisation diffuse, si elle touche l’ensemble du val, se concentre particulièrement sur le coteau nord (3), le plus proche des grandes infrastructures routières. Ce coteau offre des vues sur la plaine de l’Isère (4) ou sur le val Coisin (5). Notons au passage la présence de nombreuses aires d’apport volontaire de recyclage des déchets. Le mieux étant parfois l’ennemie du bien, ce geste pour l’environnement s’accompagne dans le val Coisin d’un manque chronique de pertinence d’implantation dans le paysage (6).

Objectifs de qualité paysagère

Ménager d’importantes coupures entre les agglomérations principales afin de préserver des vues à la fois sur le grand paysage des sommets au-delà du val et sur le paysage agricole.Plusieurs dispositifs permettraient de maintenir ces coupures en secteur rural : densifier les hameaux existants, voire les prolonger en continuité d’urbanisation (1), sans les étirer le long des routes. La définition de limites franches et intangibles à l’urbanisation dans les pentes par le biais des règlements de PLU sont un autre moyen d’atteindre cet objectif.Il s’agit de trouver des alternatives à l’urbanisation pour les parcelles agraires au gré des opportunités foncières, qui ne tiennent pas compte des organisations préalables et des spécificités du lieu.La totalité des communes du val fait partie du SCoT Métropole Savoie qui promeut « l’habitat intermédiaire » et propose des orientations pour combiner la densité (2) du petit collectif et de celle des maisons individuelles sur leur parcelle. Il propose une assistance à maîtrise d’ouvrage à toute commune désirant développer cette forme d’habitat. La plaquette « formes urbaines et densité en milieu rural » qu’il a réalisé en collaboration avec le PNR des Bauges devrait être un guide précieux pour les communes du val.Concernant l’agriculture, le SCOT préconise la pérennisation des exploitations. Un programme d’actions en faveur de l’agriculture périurbaine (convention d’entretien, gestion d’urbanisation future, vente par circuit court (3), charte de bon voisinage) devrait se mettre en place grâce à l’investissement des collectivités locales et la chambre d’agriculture.Le réseau de haies d’arbres et de murets de pierres (4, 5) fait partie du patrimoine paysager du val. Il doit être préservé et valorisé. En cas d’urbanisation, il sera intégré à tout développement pour devenir un élément fort de projet.Les bâtiments agricoles, témoins de la vigueur de cette activité, méritent une réflexion architecturale, pour mieux s’insérer dans le paysage (par exemple, éviter les couleurs très claires comme le blanc) (6).

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