Bassin du Châtelard

39 Bassin du Chatelard
Département  : Savoie
 
Communes  : SEYTHENEX, CHEVALINE, SAINT-JEAN-DE-LA-PORTE, LA THUILE, SAINTE-REINE, AILLON-LE-JEUNE, ECOLE, SAINT-PIERRE-D’ALBIGNY, THOIRY, JARSY, AILLON-LE-VIEUX, BELLECOMBE-EN-BAUGES, LE CHATELARD, LA COMPOTE, DOUCY-EN-BAUGES, LESCHERAINES, LA MOTTE-EN-BAUGES, LE NOYER, SAINT-FRANCOIS-DE-SALES, MONTCEL, MOUXY, SAINT-OFFENGE-DESSUS, LES DESERTS, DRUMETTAZ-CLARAFOND, CUSY, LA CHAPELLE-SAINT-MAURICE, ENTREVERNES, LATHUILE, LESCHAUX, GRUFFY, PUGNY-CHATENOD, TREVIGNIN, ARITH, SAINT-OFFENGE-DESSOUS, ALLEVES, DOUSSARD
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 26172
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Le massif des Bauges est difficile d’accès. D’ailleurs, à moins qu’il ne soit notre destination, on tourne plutôt autour sans quasiment quitter l’autoroute : bassin d’Annecy, d’Aix-Chambéry, Combe de Savoie. Ce vaste plateau perché est ceint de toutes parts ou presque de falaises et de versants très raides (1). On y pénètre par des cols ou des gorges dont seuls ceux de Leschaux et de Plainpalais permettent un accès en douceur.L’arrivée par le col du Frêne, brusque ascension par la combe de Savoie au sud (2), nous amène à une vallée rectiligne qui vise le mont Trelod. La vue est alors saisissante (3). On s’apercevra plus tard que le sud du massif est structuré par une série de vallées parallèles dominées par le mont Colombier. La vallée à fond plat qui mène à École est occupée par de grands pâturages. Avec la forêt qui couvre les versants et les sommets rocheux, les pâturages sont l’une des trois composantes du paysage Bauju. Les bourgs sont très préservés (4). Les vastes toits des maisons de pierres y sont accolés comme autant d’écailles d’une carapace (5). Les séries de granges, détachées des villages, caractérisent particulièrement les prairies (6, 7).Au nord, la série de vallées est plus hétérogène. Leurs largeurs varient beaucoup de l’une à l’autre. Mais leur paysage est sensiblement le même. On accède par exemple au col de Leschaux par un vaste replat (8) alors qu’entre les rocs du mont Chabert et du mont Julioz, aucun hameau ne s’est installé.Chacune des petites vallées orienté nord-sud est un monde en soi car elles communiquent peu entres elles. Cependant l’on est toujours ramené au bassin du Chéran, qui traverse de part en part le massif (9). Prenant sa source dans le vallon de Bellevaux, dominé par les plus hauts sommets du massif, la pointe d’Arcalod et le mont Pécloz (10), le Chéran (11) finit par entailler le Semnoz, créant des gorges (12) qui débouchent sur l’Albanais Haut-Savoyard.

Identification

Le bassin du Châtelard constitue le cœur du massif des Bauges. Ce massif calcaire est ceint d’un rempart de falaises dominant un ensemble de plateaux et vallées perchés a environ de 800 mètres. Sommets et plateaux périphériques encadrent le vaste bassin intérieur du Chéran (1). Cette vallée principale orientée nord-ouest/sud-est coupe perpendiculairement un ensemble de vallées secondaires (2) formées par un faisceau de plis synclinaux perchés couronnés par les calcaires massifs, et bassins affouillés dans les roches plus tendres. La partie nord du massif fait partie de la Haute-Savoie.Les limites du bassin du Châtelard sont marquées par :Les cols des Près (1135 mètres), du Lindar (1187 mètres) et du Frêne (950 mètres) au sud.Le mont Revard (Tour de l’Angle Est, 1562 mètres), et la montagne de Bange à l’ouest (3).Le Semnoz (4) (Crêt de l’Aigle 1646 mètres) et la montagne du Charbon (5) au nord.Le mont Trélod (2181 mètres), la pointe d’Arcalod (2217 mètres) (6), et le vallon de Bellevaux (7) à l’est.Les gorges du Chéran (8) donnent accès au cœur du massif depuis l’Albanais, alors que la vaste encolure de Leschaux (897 mètres) (9) débouche vers le lac d’Annecy. Les cols sud donnent sur la combe de Savoie et les cols ouest donnent sur le bassin d’Aix-Chambéry. Aucune infrastructure routière d’importance ne traverse le massif, mais il en est ceint : A 41 au nord et à l’ouest, A 43 et A 430 au sud, D 1508 à l’est.Les pâtures occupent les fonds de vallées et les pentes douces. Les forêts occupent les pentes plus fortes. Les sommets, souvent dressés en falaises, sont dominés par la roche (10). La forêt recouvre plus de la moitié du massif. Elle se compose de résineux, sapins, épicéas et de feuillus, hêtres, chênes et érables. Le cours d’eau principal, le Chéran est assez encaissé et très boisé. Les plus hauts sommets se trouvent à l’est et au centre du massif : mont Colombier (11), pointe d’Arcalod, mont Trelod, mont Pecloz (12), alors que les vastes plateaux inclinés du Revard et du Margériaz (1845 mètres) caractérisent le sud-ouest.Les maisons et bâtis agricoles traditionnels sont très présents. Situés en fond de vallée, les villages sont compacts (13) alors que les granges peuvent s’éparpiller dans les vastes pâtures.

Qualification

Cœur du Parc Naturel Régional des Bauges, le bassin du Châtelard est connu comme un espace rural de moyenne montagne préservé (1) bien que circonscrit par les vallées densément urbanisées d’Annecy au nord, de Chambéry-Aix-les-Bains à l’ouest et d’ Albertville à l’est.Le paysage y a été modelé par une intense activité paysanne héritée des défrichements pionniers des ordres religieux. On y trouve d’imposantes bâtisses de pierres calcaires enduites dont l’entrée se fait à l’étage par un escalier extérieur (2). Elles sont couvertes de toits à quatre pans ou à croupe à débord sur la façade (3). Autrefois en chaume, les toits sont maintenant en bacs acier, tuiles plates grises ou tôle ondulée (4). Ces maisons sont souvent bien valorisées. L’étage des granges est fermé par des planches verticales (5). Un autre trait caractéristique de l’architecture locale est les grangettes à colonnes ou à claies ainsi que les séchoirs à tavalans, encore très présents dans le village de La Compôte (6). Le tavalan est un balcon fait de simples troncs recourbés à leur extrémités supportant une ou deux planche formant une galerie destinée au rangement du bois sec.Le petit patrimoine ainsi que certaines manifestations de l’agriculture traditionnelle sont encore bien visibles. Fours à pain, pierres dressées (7) en limite de parcelles de pâtures, ainsi qu’amas de pierres sorties du champ (8) et entreposées en andain dans le sens de la pente sont encore présents. Avec le temps, ces amas pierreux se boisent et finissent par former de larges haies. Les entrées de bourgs sont marquées par de vieux noyers et vergers (9).Mais les principales économies reposent sur la tradition forestière et l’élevage laitier (10). 58% du massif est boisé (43% public – 57% privé). Y sont produit de la Tome des Bauges (AOC depuis 2000), fromage de vache emblématique du massif, mais aussi de l’Abondance, du Reblochon, du Chevrotin et du Gruyère des Bauges. De nombreux points de ventes directes sont visibles un peu partout (11). La raison en est l’autre économie principale du bassin du Châtelard, le tourisme. Les Bauges proposent une multitude d’activités liées aux paysages, au patrimoine, aux loisirs sportifs ou naturaliste. L’offre est constante durant toute l’année. L’été propose randonnées, parapente, kayak, ballades à cheval, VTT, spéléologie, canyoning. On citera principalement les gorges du Chéran (12), les Tours Saint Jacques (13), le moulin et pont de Banges (inscrit), le pont du diable (14), le pont de l’Abîme et ses abords (15) (inscrit) ou encore le belvédère sur le lac du Bourget depuis le Revard. L’hiver les stations des Aillons-Margeriaz (16) et du Revard (la station fut une des premières stations de ski de France, début 1900) accueillent les skieurs de descente alors que Saint-François-de-Sales propose du ski de fond. L’offre en gîtes est à la mesure de cette fréquentation.Le Parc Naturel Régional des Bauges couvre presque tous le massif à l’exception des gorges du Chéran depuis fin 1995, date de sa création. Son siège se situe au Châtelard (17). A noter également la Réserve Nationale de chasse et de faune sauvage des Bauges qui couvre les franges est de l’unité paysagère.

Transformation

Le bassin du Châtelard doit faire face au déclin de la vie rurale. La principale conséquence en est la fermeture du paysage par enfrichement de pâturages inexploités (1). On notera alors une fermeture des vues et des chemins également. Les cours d’eau voient leurs berges de plus en plus boisées (2) créer embâcles et glissements de terrains. De plus, proche de l’agglomération de Chmabéry, le massif connaît une fréquentation de proximité et de loisirs très importante. Les pistes de skis sur le versant ouest du mont Pelat sont très visibles depuis le mont Margeriaz (3).La construction de résidences principales, phénomène lent mais régulier, dont la standardisation tranche avec le niveau de préservation du massif est visible autour de Lescheraines (4, 5), du col de Leschaux (6), mais aussi à Jarsy ou au Châtelard.

Objectifs de qualité paysagère

Le Parc Naturel Régional des Bauges soutient activement le développement de l’agriculture et de la sylviculture dans le respect de l’environnement et du terroir.Le Parc élabore actuellement son Projet Stratégique Agricole et de Développement Rural (PSADER). Le PSADER est une démarche contractuelle avec la Région Rhône Alpes qui permettra au Massif des Bauges de bénéficier de financements supplémentaires pour des actions collectives et structurantes dans les domaines agricoles et forestiers.Le programme agricole du Parc s’attache à optimiser les conditions de pérennité des exploitations agricoles à travers l’appui aux projets collectifs : mise en place de procédures régionales ou européennes, appels à projets, aide aux services de remplacement… Son objectif a trait aussi à la lisibilité et et la communication autour des ventes à la ferme (1). Concernant les pâtures, il soutiennent l’utilisation des prairies fleuries dans les exploitations.Concernant la gestion de la forêt le parc a mis sur pied la Charte Forestière de Territoire.Celle-ci part du constat que la ressource forestière est sous-exploitée et que le paysage se referme. Le Parc a donc accordé en 2006 le bénéfice de sa marque « Produit du Parc » à des sciages en bois du Massif des Bauges issus d’une exploitation forestière traditionnelle : abattage respectant un cycle lunaire spécifique, écorçage manuel en forêt, séchage des grumes en forêt pendant un minimum de 45 jours… Il soutient activement le développement de la filière Bois-Energie. Il a édité un guide sylvicole du Massif des Bauges dans le but d’améliorer la gestion de la forêt privée.La communication sur le paysage des Bauges au grand public est également un souci. Par exemple les \’Chemins du patrimoine\’, initié en 1997, ont pour ambition de faire découvrir l’ensemble des différents petits pays qui composent le massif.A l’échelle communale, le parc intervient fréquemment dans l’élaboration des Plan Local d’ Urbanisme.Les vergers sont recensés et leur préservation est encouragée et soutenue. En 2007 le Parc a lancé, en partenariat avec l’association des « Croqueurs de Pommes » et les pépiniéristes spécialisés, l’opération « Plantons le Paysage », commande groupée d’arbres fruitiers de variétés anciennes : 2 300 arbres ont été plantés sur l’ensemble du territoire du Parc depuis la première année.A École en Bauges, on retiendra le récent projet d’espaces public (2) de cœur de bourg exemplaire par sa simplicité, l’utilisation du vocabulaire de murets bas, son non-encombrement par du mobilier ainsi que ses plantations. L’enrobé utilisé pour les cheminements aurait pu prendre moins d’importance (3).Au Châtelard, un nouveau lotissement en entrée de bourg reprend la typologie des granges situées à proximité (4, 5).

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