Bas Guiers

Département  : Savoie
 
Communes  : GERBAIX, DOMESSIN, LE PONT-DE-BEAUVOISIN, PRESSINS, SAINT-ALBIN-DE-VAULSERRE, SAINT-BUEIL, SAINT-JEAN-D’AVELANNE, SAINT-MARTIN-DE-VAULSERRE, VELANNE, VOISSANT, ATTIGNAT-ONCIN, BELMONT-TRAMONET, GRESIN, LE PONT-DE-BEAUVOISIN, ROCHEFORT, SAINTE-MARIE-D’ALVEY, CHAMPAGNEUX, SAINT-MAURICE-DE-ROTHERENS, SAINT-ALBAN-DE-MONTBEL, AYN, DULLIN, LOISIEUX, SAINT-PIERRE-D’ALVEY, LA BRIDOIRE, SAINT-BERON, SAINT-FRANC, MIRIBEL-LES-ECHELLES, GRANIEU, VEREL-DE-MONTBEL, SAINT-GENIX-SUR-GUIERS, ROMAGNIEU, AVRESSIEUX, CORBELIN, LES ABRETS, AOSTE, CHIMILIN, FITILIEU, LA BATIE-DIVISIN, NOVALAISE
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 14643
 
Carte(s) IGN : TOP 25 : 3333 OT, 3232 ET

Impression générale

La vallée du Guiers présente un paysage agricole de plaine et de collines (1) dont les vallonnements sont stoppés par un relief de falaises (2), derniers soubresauts du Jura. A partir de ce point, il y a toujours une montagne à l’horizon, on est dans l’avant-pays savoyard. Le Guiers est une rivière relativement encaissée (3). Les méandres entre Belmont-Tramonet et le Pont-de-Beauvoisin, ainsi que les gorges de Chailles (4) donnent la mesure de son caractère tumultueux.Pour profiter de ce paysage agricole (5) parsemé d’impressionnantes maisons et granges en pisé (6) il faut ralentir et ne pas manquer la sortie de l’A 43 (7) car il est facile de filer plein est à travers les montagnes pour gagner au plus vite Chambéry. De petites routes tortueuses (8) conduisent au nord jusqu’aux falaises qui surplombent un méandre du Rhône, ou bien vers l’est où l’on croise quelques châteaux (9). Ces derniers, rappellent que le Guiers, actuelle limite entre l’Isère et la Savoie, fut aussi l’ancienne frontière entre la France et le duché de Savoie. Plus à l’ouest, de nombreuses haies d’arbres (10), et sur les premiers reliefs quelques vignes (11), témoignent d’un système agraire révolu qui peu à peu laisse place à une urbanisation diffuse (12).

Identification

Les éléments qui délimitent le territoire de la vallée du Guiers sont la Montagne Nattage (1) (mont Tournier 877 mètres) et les falaises sur le Rhône (740 mètres ) au nord, les reliefs boisés « les Chenevières » (2) à l’est (750 mètres), les coteaux boisés du plateau de Monferrat (3) et les gorges de Chailles (300 mètres) au sud, et la RD 1516 entre Aoste et St-Genix-sur-Guiers à l’ouest (210 mètres).Les vallons du Guiers présentent un paysage complexe structuré par le Guiers et sa vallée orientée nord-ouest/sud-est, ainsi que par cinq ruisseaux plus ou moins parallèles à la rivière : les ruisseaux du Truison, du Tiers (4) et du Paluel au nord et les ruisseaux de Guindan et Bièvre (5) à l’ouest. Séparés par des reliefs de collines (6) plus ou moins prononcés allant de 300 à 500 mètres d’altitudes, ils forment des micro vallées se rejoignant dans une zone de marais (200 mètres) avant St-Genix.Le système agraire qui dominait la vallée s’est développé en fonction de ce relief. Les boisements occupent les pentes trop raides et les fonds de vallées légèrement encaissées. L’agriculture préfère les pentes douces (7), qu’elle maintient ouvertes par des structures de haies de hautes tiges (8). Il s’agit d’un système diversifié, marqué par une architecture traditionnelle en pisé d’une qualité remarquable. On trouve des pâtures et de la vigne sur les coteaux, et de la culture sur les fonds plats. Aujourd’hui on croise également beaucoup de peupleraies et de pépinières sur les fonds (9).Si les principales villes, St-Albin-de-Vaulserre, le Pont-de-Beauvoisin, et St-Genix se sont implantées à proximité du Guiers, le long de la RD 916, d’autres logiques de développement urbain sont actuellement en action. L’autoroute A 43 (10), qui traverse la vallée, dessert Avressieux et Chimilin. Les zones industrielles et d’activités (11) se sont développées à proximité de ces infrastructures. Quant à l’urbanisation diffuse (12) elle grignote petit à petit l’ensemble du territoire au gré des ventes de parcelles agricoles dont l’activité cesse.

Qualification

A l’exception de quelques châteaux qui rappellent l’ancienne frontière entre la France et le duché de Savoie, (Vaulserre, site inscrit(1), Rochefort (2), Montfleury (3)), les sites de la vallée du Guiers sont moins réputés que ceux de l’avant-pays savoyard .Néanmoins, les falaises du site des Fils, au Borgey proposent une vue exceptionnelle sur les méandres du Rhône.La vallée possède également une architecture traditionnelle remarquable : maisons, granges et fermes en pisé (4). Les murs couleur terre de Sienne, ocre jaune (5) sont compactés par passes horizontales de 50 cm d’épaisseurs environ (6). Pour lier les banchées entre elles, une couche de mortier de chaux et de sable est utilisée. Ces constructions reposent sur un socle de pierre (7) pour éviter les remontées d’humidité. Les angles sont souvent en molasse. Les toitures sont largement débordantes afin de protéger les murs de la pluie. Elles sont la plupart du temps à 4 pans recouverts de tuiles écailles. On notera les renforts d’angle en dent de scie de ciment (8).Lorsque l’on gagne les hauteurs ou bien lorsque les propriétaires étaient fortunés comme c’était le cas pour les « grosses maisons » sorte de fermes fortifiées (à La Tour par exemple (9)), l’architecture, les murs de terrasses et de limites se font de pierres (10, 11).Enfin on signalera le passage du GR 65 qui fait partie des chemins de Saint-Jacques de Compostelle.

Transformation

De par sa position stratégique et son potentiel de développement, la vallée du Guiers est particulièrement touchée par l’urbanisation diffuse et le développement de zones d’activités. Le passage de l’A 43 (1) et de la RD 1006 (2) (passage par Les Echelles) conjugué à la proximité de Chambéry ainsi qu’au déclin de l’agriculture favorise ces transformations. La vallée du Guiers offre un paysage en mutation (3).Les zones d’activités se concentrent essentiellement autour des péages autoroutiers d’Avressieux et de Chimilin : Parc d’activités Val-Guiers (4), ZI du Jasmin, ZA Contin, ZI de Grande Fontaine… Mais aussi à l’est et à l’ouest du Pont-de-Beauvoisin, principale ville de la vallée.L’urbanisation diffuse, essentiellement sous forme pavillonnaire, se développe sur les coteaux (5) afin de bénéficier des vues sur le paysage vallonné de la vallée (6). Elle touche principalement la Bridoire, Saint-Béron, mais aussi Saint Jean d’Avelanne, Avressieux et surtout Domessin.La vigne, qui ne fait l’objet d’aucune appellation particulière a quasiment disparue. Depuis le remembrement, les structures de haies d’arbres séparant les parcelles de pâtures ont largement disparues (7) au point de ne former des ensembles conséquents qu’à quelques endroits de la vallée.

Objectifs de qualité paysagère

On notera tout d’abord que le SCoT Nord-Isère, approuvé depuis le 19 décembre 2012, inclut les communes du département de l’Isère de la vallée alors que le SCoT de l’Avant Pays Savoyard, en cours d’élaboration, concerne les communes de sa partie savoyarde. Ces documents n’abordent pas directement les questions des paysages de la vallée, en revanche beaucoup de données concernant les objectifs démographiques, et les projets de maillage d’infrastructures et de zones d’activités sont disponibles… Cela interroge sur les projets de paysage pour la vallée du Guiers portent ces territoires ?Au sud du Pont-de-Beauvoisin, entre Pressins et Saint-Jean-d’Avelanne, on soulignera l’importance d’une grande structure paysagère quasiment disparue dans le reste de la vallée : le réseau de haies d’arbres qui forme une sorte de bocage (1, 2). Ces haies doivent être préservées, et en cas d’urbanisation, intégrées au développement pour devenir un élément fort de projet .Aujourd’hui, l’urbanisation de parcelles agraires au gré des opportunités foncières crée un nouveau paysage qui s’affranchit des anciennes organisations et privilégie une urbanisation diffuse indifférente aux spécificités du lieu. La densité, la construction en continuité d’urbanisation, et le regroupement des constructions en opérations planifiées permettraient de préserver des terres agricoles et les paysages bucoliques de la vallée du Guiers.La propension des habitations à s’installer à flanc de coteaux (3) est une problématique à explorer. Les cordons de pavillons (4) qui se construisent en bord de routes sont en effet visibles de toutes parts.Enfin, les aménageurs des zones d’activités et des zones industrielles devraient être tenus de se soucier de la qualité des paysages et des espaces qu’ils produisent (5,6). Trois exemples de réalisations sont intéressants à commenter :La terrasse plantée de Vaulserre (7), magnifique exemple d’un élément construit supportant une structure plantée qui par son échelle en rapport avec le grand paysage, son implantation exprimant l’horizontalité du coteau tout en révélant sa déclivité, sa qualité de mise en œuvre, participe à la fois du grand paysage tout en créant un lieu intimiste.Un projet de maisons individuelles accolées par deux, (8) dont la sobriété, l’usage du bois révélant une fonction différente du logement, et des proportions massives qui font référence aux fermes traditionnelles, est intéressant. Malheureusement, la répétitivité des éléments et leur implantation systématique les rapprochent d’un banal lotissement. L’aménagement de la place de la mairie d’Avressieux (9) est très qualitatif quant au traitement de la pente en terrasses successives. Malheureusement, les roches utilisées pour les murs ne sont pas du tout dans les tons locaux. Leur mise en œuvre, un plaquage, dénote également. Certains détails peuvent facilement amoindrir la portée de projets de qualité.

Partager la page

Sur le même sujet