Adrêt du berceau Tarin

01 Adret du berceau Tarin
Département  : Savoie
 
Communes  : BEAUFORT, GRANIER, AIME, HAUTECOUR, MONTGIROD, MOUTIERS, SAINT-MARCEL, LA LECHERE, AIGUEBLANCHE, BOURG-SAINT-MAURICE, LES CHAPELLES, LA COTE-D’AIME, SEEZ, VALEZAN, BELLENTRE
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 15768
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

L’Adret du Berceau Tarin est le « versant soleil » de la vallée de l’Isère entre Moûtiers et Bourg-Saint-Maurice. Il est exemplaire de la répartition étagée des versants de Tarentaise. Il accueille de bas en haut, des villages en balcon sur la vallée entourés de vergers, de prairies et de boisements de feuillus (1), puis des boisements de conifères (2) et enfin de vastes alpages (3) couronnés de sommets rocheux. L’été on peut y voir les troupeaux de vaches tarines, dont le lait produit le fromage de Beaufort.La plupart des villages se concentrent entre 800 et 1200 mètres d’altitude, tel Valézan (4) posé sur un relief. La route principale qui les relient forme un balcon (5) très agréable à parcourir. Un sentier (6) cheminant à ces altitudes donne également des vues sur le versant nord et le fond de vallée, sur les masses boisées lacérées de pistes de ski (7) et plus bas sur l’Isère. À moins de monter au niveau des alpages, ou de passer sur l’autre versant, on ne verra pas les hauts sommets qui nous dominent tel le Rognais. On entrevoit à peine Rocheboc (2367m) (8) ou encore le massif dominé par la Roche à Thomas et la Pointe de Combe Bénite (2575m) (9).Ce versant est très agricole à l’exception des abords d’Aime et de la Côte-d’Aime qui voient se développer un urbanisme lâche de pavillons individuels (10). Cette typologie d’implantation contraste avec l’ensemble des villages traversés, très denses (11), aux grosses bâtisses traditionnelles bien préservées (12). Le calme et les vastes ouvertures de ce versant contrastent non seulement fortement avec l’ubac, très boisé et équipé, mais aussi avec le fond de vallée qui concentrent les infrastructures majeures de transport.

Identification

L’adret du berceau tarin correspond à une section de la vallée de l’Isère reliant Moûtiers à Bourg-Saint-Maurice en 20 kilomètres environ.Ce versant, orienté sud-ouest / nord-est est le versant des activités d’alpage(1).Le pied de versant débute autour de 650 mètres pour atteindre 2900 mètres. De bas en haut on trouve donc les villages accompagnés de vergers et de prairies (2). Les feuillus dominent, notamment les frênes. Entre 1200 et 1500 mètres les épicéas (3) et les mélèzes prennent progressivement le relais, puis entre 1800 et 2000 mètres les pelouses alpines (4) apparaissent avant de laisser la place aux sommets rocheux. Les entailles formées dans le versant par les ruisseaux et les torrents sont toujours boisées.On peut identifier 4 séquences sur l’Adret du berceau tarin.Une première séquence s’étend depuis l’entrée de la vallée des Chapieux jusqu’à Vulmix. Elle correspond aux vallées du Charbonnet et de l’Arbonne qui surplombent Bourg-Saint-Maurice (5). Cette séquence est dominée par le Rognais (2995m), et la Pointe de la Terrasse (2877m).Une deuxième séquence s’étend de Vulmix à la Côte-d’Aime. Il s’agit des pentes du Dôme de Vaugelaz (2217 mètres) parcourues par 6 nants ou ruisseaux prenant leur source à 1500 mètres. Le paysage est caractérisé par des pentes douces et surtout par l’étendue des milieux ouverts (6). Bien que la déprise agricole soit visible çà et là sur certains secteurs difficiles d’accès, les ligneux restent le plus souvent confinés à des bosquets, haies, arbustes et arbres isolés. Les villages se concentrent entre 1000 et 1200 mètres le long de la RD86 en balcon (7) sur le fond de vallée. La troisième séquence s’étend de la Côte-d’Aime à Montgirod. Cette séquence est composée d’une succession de vallées plus ou moins marquées. La plus vaste et profonde est celle de l’Ormante au-dessus de la Côte-d’Aime (8). Le torrent de l’Ormante est rejoint autour de 1000 mètres par le torrent du Cormet d’Arêches. On citera également le Nant de Tessens et le Nant Agot. Cette séquence est dominée d’est en ouest par la Pierra Menta (2714m), le Crêt du Rey (2633m), la Pointe du Dzonfié (2455m) et le Quermoz (2290m). Les villages s’étagent entre 800 et 1200 mètres, très souvent placés sur des avancées du relief (9), reliés par la RD218 ou la RD85.La quatrième séquence correspond aux pentes qui portent les hameaux de Hautecour. Elles constituent l’extrémité sud-ouest du massif du Beaufortain. La côte boisée dominée par les crêtes rocheuses du Mont Galgan (925 mètres) (10) courant de Montgirod à Moûtiers, présente coté Isère des versants abrupts. Entre ces crêtes et celles dominées par le Rocher des Eculées (1524m), les pentes au relief accidenté d’émergences rocheuses sont dominées par la forêt. Les hameaux sont toutefois encore entourés de prairies (11). En bas de pente, à proximité de Moûtiers, on notera la présence de vignes. Cette séquence est entièrement tournée vers Moûtiers.

Qualification

L’Adret du berceau Tarin est surtout reconnu pour ses alpages (1) faisant partie de la zone d’Appellation d’Origine Contrôlée du fromage de Beaufort. Les vaches de race tarine y paissent les mois d’été.Plus bas, on traverse des villages et hameaux surplombant (2) le fond de vallée situé autour de 700 mètres. Les villages sont positionnés sur des avancées du relief et non dans les creux de ruisseau tels Valézan et Montméry (3), se faisant face de part et d’autre du Nant des Moulins. De loin, on repère les églises baroques (4) émergeant de la masse compacte du bâti. Les entrées de villages sont souvent marquées de vergers (5) et de petits parkings. Les maisons aux volumes imposants, d’anciennes fruitières, s’étagent dans la pente tout en restant très proches les unes des autres (6). Elles sont tournées vers la vallée, prenant le soleil (7). Traditionnellement, les soubassements et étages sont en pierre alors que les sous-pentes ouvertes sont faites de bois (8). Les toits sont recouverts de tuiles de lauzes (9). Les bâtis modernes ou les transformations de l’ancien utilisent souvent les toits en bacs acier (10), en tôle ondulée ainsi que le bardage bois ou l’enduit sur structure béton ou parpaings.On notera la présence au-dessus de Bourg-Saint-Maurice du fort de la Platte (2000m) et du Fort du Truc (1570 mètres) (11), tous deux placés sur une crête face au col du Petit-Saint-Bernard. Construits entre 1891 et 1894 aux débouchés de la Haute Tarentaise, ces forts d’observation de type Séré de Rivières, étaient destinés à renforcer la frontière italienne.Les touristes viennent pratiquer promenades et randonnées l’été et l’hiver les raquettes et un peu de ski aux Chapelles et à Granier. De nombreux gîtes sont disponibles pour pratiquer ce tourisme doux et familial.La proximité de Bourg-Saint-Maurice est un facteur de développement des résidences principales.

Transformation

Les principales transformations résident dans l’abandon des prairies les plus difficiles d’accès (1), mais l’activité agricole est encore bien présente (2).Les constructions neuves, surtout concentrées autour d’Aime et de la Côte-d’Aime (3), mais aussi des hameaux comme Picolard (4), provoquent un mitage relatif des prairies. Ces maisons individuelles neuves sont souvent des pastiches de chalets (5).Le corollaire de l’augmentation du nombre d’habitations est l’élargissement ponctuel des routes départementales pour raison de sécurité (6) car elles sont assez fréquentées.Les réaménagements de bourgs sont parfois très routiers comme à Granier (7).

Objectifs de qualité paysagère

Promouvoir la qualité architecturale et urbaine dans les projets d’extension des bourgs en respectant les principes d’inscription dans la pente et la compacité des villages. Les pentes des pâtures étaient souvent soutenues par des murets en pierres. Très peu sont encore visibles (1). Il serait souhaitable de les préserver et d’inciter à la remise en état de ces murets mais également de réaliser les nouveaux murs de soutènement dans cet esprit là. Cela évitera des profils en talus taillant dans la pente (2).En 1988 a été créé le Sentier des alpagistes qui permet de réaliser une randonnée de 6 jours. Ce sentier a été conçu et réalisé par des agricultrices qui souhaitaient « modifier l’image du pays, être reconnues et montrer que l’agriculture n’est pas seulement un mode de production mais surtout un mode de vie ». Cette randonnée conduit les touristes à des chalets d’alpage où ils assistent à la traite, à la fabrication du fromage et goûtent aux produits. Ce type d’initiative est à soutenir ou à reproduire. De même que celle qui consiste, de juin à novembre, à abriter dans le Fort de la Platte une famille d’agriculteurs qui fabrique (3) et vend des fromages.Ce territoire fait partie du SCoT du pays Tarentaise-Vanoise, en cours d’élaboration depuis l’automne 2011.

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