9.11 Vallée de la Besbre

Ce texte est le résultat d’un agencement des choses dites par des paysagistes et leurs invités, tous embarqués dans une camionnette-voyageuse à travers l’Auvergne. Pour cet ensemble de paysages, il a été écrit à partir de tout ce qu’ils ont été capables de voir ensemble, durant les itinéraires n°23 et 27 des ateliers mobiles des paysages qui se sont tenus les 27/02/2012 et 29/03/2012.

1. SITUATION

A l’est du département de l’Allier, la vallée de la Besbre, orientée nord-sud, sépare l’ensemble de paysages du Bocage des Basses Marches du Bourbonnais (5.05) de ceux de la Sologne Bourbonnaise (5.04) et de la Limagne de la Forterre (6.04). Si la Besbre prend sa source dans la Montagne Bourbonnaise (2.01) plus au sud, l’ensemble de paysages commence à partir du Breuil, au moment où la rivière prend un cours sur un espace plus plat, et s’achève au-delà de Dompierre, vers sa confluence avec la Loire.

Cet ensemble appartient à la famille de paysages : 9. Les vallées, gorges et défilés

Les unités de paysages qui composent cet ensemble : 9.11 A Besbre de Lapalisse et Jaligny / 9.11 B Besbre de Dompierre.

2. GRANDES COMPOSANTES DES PAYSAGES

2.1Les formes diverses que prennent les berges de la Besbre au sein d’une vallée au relief doux.
De Lapalisse à Dompierre, la Besbre serpente dans de grandes prairies d’élevage. De longs tronçons de la rivière sont totalement dénués de ripisylve. Elle y gratte ses berges et s’enfonce d’environ un mètre dans les champs, mettant à nu des mini falaises de terre favorables à la présence du Guêpier d’Europe et des Hirondelles de rivières. Les berges creusées alternent avec des plages de sable, des plages de terre et des zones de ripisylve… Les zones nues, effondrées et sinueuses au milieu des prés, donnent une impression de "sauvagerie ponctuelle" qui contraste avec cette vallée aux reliefs très doux.

Méandres de la Besbre

2.2 L’érosion des berges.
Les vaches en allant boire dans la Besbre participent de l’érosion des berges. Sur certaines zones, des clôtures ont été installées pour les empêcher d’accéder à la rivière. Une végétation de bord d’eau s’y développe.

Erosion des berges de la rivière

2.3 Une ambiance "bucolique" : le "dispositif perceptif" de la vallée de la Besbre.
L’organisation spatiale de la vallée de la Besbre donne une forte impression de "calme tableau bucolique" : elle forme un creux léger et homogène (espaçant de deux kilomètres maximum les plateaux du Forterre et de la Sologne Bourbonnaise de celui des Basses Marches du Bourbonnais) accueillant le cours d’eau de la Besbre en son centre, très visible du fait de ses tronçons multiples sans ripisylve, et des méandres parfois tortueux par lesquels elle s’insinue dans les prairies où paissent les bovins tranquillement allongés…
Les deux routes qui remontent la vallée sur ses bords faiblement surélevés donnent une vision en légère plongée sur la vallée, mettant la Besbre à distance, sans en être très loin. Elles participent ainsi clairement de ce dispositif visuel bucolique.

Pacages humides de la vallée

2.4 Un système d’entrées (seuils et basculements) qui participe de ce dispositif visuel.
Ce dispositif perceptif est composé de deux dimensions d’accès à la Besbre : 1. la première est celle qui correspond à l’entrée dans la vallée ; 2. la deuxième correspond au rôle que joue la Besbre dans les entrées de bourgs, la manière dont elle apparaît et participe de la qualité de ces entrées.

  1. Entrée dans la vallée de la Besbre. On parle souvent « d’entrée de ville » mais rarement « d’entrée de vallée ». Elles sont nombreuses. Par exemple, le point de vue du Moutier est l’endroit où apparaît la Besbre et sa vallée quand on arrive de Chapeau par la route départementale 161. C’est une des « entrées de la vallée ». Les entrées de vallée, dans le cas de la Besbre, peuvent être schématisées par de petits basculements durant lesquels apparaissent en vue légèrement plongeante et à une distance moyenne la rivière qui serpente et les prairies qui la bordent. Certaines vallées ne présentent pas de routes d’entrées latérales, depuis les plateaux de bord. C’est souvent le cas, par exemple, des tronçons de vallées transformés en gorges (gorges de la Sioule…). Ce dispositif de pluri-entrées par petits et légers basculements latéraux est très différent du dispositif plus radical et parfois univoque (cas des routes de fond de gorges) qui caractérise la plupart du temps l’entrée dans certaines vallées auvergnates dites plus "pittoresques". Rien de pittoresque, ni de spectaculaire, pour entrer dans la vallée de la Besbre : que du bucolique.
  2. Rôle de la Besbre dans les entrées de bourgs.
    • Premier exemple à Jaligny-sur-Besbre. Avant d’entrer à Jaligny-sur-Besbre, un alignement de platanes de plus de 500 mètres de long précède et met en scène le passage sur le petit pont de la Besbre. La rivière apparaît au moment où la ville apparaît. C’est une entrée de ville marquée par un élément naturel.
      Entrée de Jaligny sur Besbre
    • Second exemple à Jaligny-sur-Besbre. Un alignement de vieux feuillus de 700 mètres de long marque l’entrée par le sud du bourg de Jaligny-sur-Besbre. Il s’ajoute à l’alignement monumental de l’entrée ouest. Au bout de cet alignement, au sud, il y a un beau point de vue sur les méandres de la rivière. Le belvédère est aménagé a minima : une aire de stationnement permet de s’arrêter, une ouverture est entretenue dans les acacias ou peupliers qui ont colonisé le talus en contrebas.

2.5 Les talus et autres éléments "fantômes" de l’ancienne ligne de chemin de fer.

Pré-verger et talus de l'ancienne voie ferrée de la vallée, en arrivant à Chavroches
L’ancienne voie de chemin de fer entièrement démantelée est très peu perceptible sur le flanc est de la vallée. Un chemin large dans un pré qui entre dans un bosquet de broussailles par exemple, ou un talus dans un pré-verger en arrivant à Chavroches, anormalement plat, un taillis linéaire d’acacias spontanés dans un talus forestier… Seul le modelé spécifique de terrain rappelle le passage du train dans la vallée de la Besbre.
Ancienne voie de chemin de fer entre Chavroches et Sorbier

3. MOTIFS PAYSAGERS

3.1 Les mini-falaises des berges de la Besbre, hébergements pour les oiseaux.
Les rives de la Besbre sont souvent dénudées. Les arbres qui la bordaient ont été retirés au cours du temps, laissant ainsi la rivière entamer très facilement ses berges. A certains endroits, de petites falaises d’un ou deux mètres se créent, très favorable aux oiseaux qui nichent dans des terriers comme le Guêpier d’Europe et l’Hirondelle de rivage (cf. Grandes composantes des paysages : Les formes diverses que prennent les berges de la Besbre…).

3.2 Les points de vue sur la Besbre en entrées de vallée ou de bourgs.
Ce sont comme des prolongations de l’espace du bourg vers sa campagne, orientées vers la rivière (cf. Grandes composantes des paysages : Un système d’entrées (de seuils et de basculements).

4. EXPERIENCES OU ENDROITS SINGULIERS

4.1 L’expérience de basculement d’entrée dans la vallée.
On peut entrer dans la vallée de la Besbre aux versants en pentes relativement douces par plusieurs entrées latérales où l’on découvre la vallée par un léger basculement d’un ensemble de paysages à un autre. Par exemple, le point de vue du Moutier en arrivant de Chapeau par RD 161 (cf. Grandes composantes des paysages : un système d’entrées…).

4.2 Les légers belvédères sur les méandres de la Besbre depuis les deux routes.
La route départementale 480 mais surtout plus petite route départementale 295 entre Lapalisse et Vaumas offrent par endroit des visions légèrement en plongée sur le cours d’eau souvent à découvert (cf. Grandes composantes des paysages : une ambiance bucolique… + Entrée de bourg…).

4.3 Le château de Lapalisse.
Le parc du château de Lapalisse est inscrit au titre de la politique des sites (cf. Marlin C., Pernet A., Analyse et bilan de la politique des sites protégés dans le département de l’Allier, Diren Auvergne, décembre 2005).

4.4 Les vestiges de la ligne de chemin de fer.
Ils modèlent encore l’espace ordinaire des habitants dans certains secteurs de la vallée. Ceux-ci composent avec ce vestiges pour organiser leur environnement de tous les jours (cf. Grandes composantes des paysages : 2.5 Les talus et autres éléments "fantômes" de l’ancienne ligne de chemin de fer.

5. CE QUI A CHANGE OU EST EN TRAIN DE CHANGER

  • L’abandon progressif de l’habitat ancien ordinaire.
    Un des changements qui mérite d’être relevé est l’abandon progressif de cet habitat, et des anciennes constructions agricoles annexes, au profit de quelques bâtiments neufs. Ce fait est notamment visible le long de la route départementale 480.

6. VERSION IMPRIMABLE

7. PHOTOTHEQUE

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