9.01 Défilés du Val d’Allier

Ce texte est le résultat d’un agencement des choses dites par des paysagistes et leurs invités, tous embarqués dans une camionnette-voyageuse à travers l’Auvergne. Pour cet ensemble de paysages, il a été écrit à partir de tout ce qu’ils ont été capables de voir ensemble, durant l’ itinéraire n°20 de l’atelier mobile des paysages qui s’est tenu le 30/01/2012.

1. SITUATION

L’ensemble de paysages des Défilés du Val d’Allier s’étend de la zone industrielle au nord d’Issoire jusqu’à Cournon d’Auvergne (département du Puy-de-Dôme) sur une distance d’une trentaine de kilomètres. A une partie de gorges au sud succède vers le nord une zone plus large qui s’ouvre progressivement en plaine à partir de Lachaux, après la butte de Montpeyroux. L’Allier y serpente en contournant les buttes qui s’échelonnent le long de son cours. L’ensemble de paysages relativement étroit, de six ou sept kilomètres de large maximum, sert de ligne de démarcation entre le Billomois-Comté (6.03) et les Pays Coupés des Volcans (3.01) et de transition étroite entre les Limagnes du Brivadois au sud (6.04) et la Grande Limagne au nord (6.01) par le biais de l’Allier.

Cet ensemble appartient à la famille de paysages : 9. Les vallées, gorges et défilés

Les unités de paysages qui composent cet ensemble : 8.01 A Défilé de Mirefleurs et Corent / 8.01 B Gorges de Saint Yvoine / 8.01 C Paine de Plauzat.

2. GRANDES COMPOSANTES DES PAYSAGES

2.1 De l’expérience pittoresque des gorges au couloir fonctionnel moderne des défilés de l’Allier.
L’expérience des gorges est de première importance en Auvergne. Si elles sont de nature très variée, l’expérience que l’on y fait a des fondements communs. Roland Barthes, dans Mythologies, en parle de cette façon : « Au nombre des spectacles promus par le Guide Bleu à l’existence esthétique, on trouve rarement la plaine (sauvée seulement lorsque l’on peut dire qu’elle est fertile), jamais le plateau. Seuls la montagne, la gorge, le défilé et le torrent peuvent accéder au panthéon du voyage, dans la mesure sans doute où ils semblent soutenir une morale de l’effort et de la solitude » (Barthes R., Mythologies, éditions du Seuil, 1957). La perte de l’horizon, le rapport de proximité aux roches et le rapport à un cours d’eau central sont trois composantes essentielles de l’expérience de la gorge.
Mais l’expérience des défilés de l’Allier entre les usines d’Issoire et Lachaux après Montpeyroux est très particulière car ceux-ci s’apparentent à la catégorie des gorges parcourues par une route. Contrairement aux gorges pittoresques de la Sioule, du même genre, ou encore à l’ambiance si singulière et active des gorges de la Dore, la route est ici une autoroute et l’expérience des gorges a été désolidarisée de celle de la rivière. En effet, le défilé a été transformé en "couloir de communication moderne et fonctionnel" depuis lequel la rivière est quasiment imperceptible ou même inabordable par endroits.

2.2 Une succession de buttes et de points hauts associés à des villages.

Plaine de Plauzat
Ce qui frappe le plus dans cet ensemble de paysages, ce sont les buttes, tables et puys clairement distincts les uns des autres et qui sont pour la plupart associés à un bourg ou un village, la plupart du temps accolé au flanc du relief : Veyre-Monton, Corent, Montpeyroux, Saint-Babel, Buron, Sainte-Yvoine… font partie de ces bourgs entre Cournon et Issoire qui constituent, associés à leur relief respectif, un motif paysager facilement identifiable de cette partie de l’Auvergne.

2.3 L’occupation des sommets : les signaux paysagers.

Vierge blanche de Veyre-Monton
Cette association relief-bourg est soulignée dans la plupart des cas par des signes d’occupations variées des sommets : bourg et tour sur le sommet de la butte de Montpeyroux, statue de la Vierge sur le relief de Veyre-Monton… Un château, une croix, une table d’orientation ont été construits sur le sommet au-dessus de Saint-Babel. Les sommets de ces reliefs ont fait l’objet de tout temps d’aménagements relevant d’un processus de domination sur le territoire. Il y a d’ailleurs assez peu de distance de sens entre l’expression exercer une domination sur le territoire et l’expression plus contemplative dominer le territoire. Le réseau que constitue ce motif paysager est donc aussi un réseau de signes de domination d’au moins trois ordres : religieux, militaire et touristique.

2.4 A chaque signe son histoire.
A chaque signe son histoire et sa complexité de sens. Notre-Dame-de-Monton par exemple est visible de loin, perchée au-dessus du bourg en balcon, très visible. La Vierge est un signe multiple. Comme tout aménagement de ce genre, c’est à la fois un signe religieux mais aussi un signe fort de marquage de territoire par une communauté. Quiconque remonte l’ensemble des défilés de l’Allier par le biais de l’autoroute est confronté sans le savoir à cette histoire multiple de signes dont il ne perçoit souvent que des bribes au travers des objets résultants.

2.5 Les "villes-confluences".

Sur les hauteurs de Cournon d'Auvergne
A quatre endroits, les bords de l’Allier ont fait l’objet d’une installation humaine qui s’est développée en systèmes urbains, au niveau des quatre confluences entre l’Allier et ses affluents : 1. le complexe Montpeyroux-Coudes à la confluence de la Couze Chambon et de l’Allier ; 2. le bourg de Longues dans un méandre au pied du Puy de Corent à la confluence d’un petit ruisseau venant du Billomois-Comté ; 3. Les Martres-de-Veyre à la confluence de la Veyre et de l’Allier ; 4. Cournon-d’Auvergne à la confluence de l’Auzon et de l’Allier. Chaque confluence est une situation différente qui a généré un développement singulier de ces systèmes urbains.

2.6 Les installations très anciennes.
Superposés aux systèmes des reliefs-bourgs et des villes confluences, d’autres modes d’installations plus anciens subsistent au travers de signes visibles. Les grottes dans la butte calcaire de Monton et ses constructions troglodytiques (qui appartiennent au "réseau" conséquent des installations humaines du même genre allant de Perrier près d’Issoire à La Roche-Blanche, sous le plateau de Gergovie), les vestiges historiques du plateau de Corent, indiquent à la fois l’importance stratégique et le caractère accueillant de ce territoire depuis très longtemps.

2.7 Une autre forme d’installation : les Fors ou l’histoire évolutive des axes de communication et de l’occupation humaine du territoire.

Sauvagnat-Sainte-Marthe dans son vallon
  • Arrêt sur image de 1947 : le village fortifié de Sauvagnat-Sainte-Marthe décrit par l’inspecteur des sites de l’époque. « Le petit village de Sauvagnat-Sainte-Marthe occupe, à mi-chemin environ entre Coudes et Saint-Yvoine, une position extrêmement séduisante au creux d’un vallonnement, à la base de deux hautes collines dominant le cours de l’Allier […] Situé un peu en retrait de la route nationale 9 empruntant le tracé de la vallée de l’Allier, Sauvagnat n’est plus aujourd’hui sur un lieu de passage souvent fréquenté comme il le fut très certainement jadis en un temps où la circulation se faisait par les plateaux et non comme de nos jours par les vallées. De nombreuses voies romaines y aboutissaient ; celle de Clermont à Aurillac […] et d’autres encore qui ne sont plus aujourd’hui que de modestes raidillons entre les vignes de ce pays si justement renommé par l’excellence de ses produits viticoles. »
  • Arrêt sur image de 1955 : le village fortifié de la Sauvetat décrit par l’inspecteur des sites de l’époque. « Ce sont les Hospitaliers qui y établirent une ville forte protégée par un mur d’enceinte de 1,15 à 1,50 mètre d’épaisseur environ, flanqué de nombreuses tours rondes dont deux (l’une à l’angle N.E., l’autre à l’angle S.E.) subsistent encore et par un donjon de vingt-quatre mètres de haut qui dresse toujours sa masse imposante au milieu de cette vieille Sauvetat appelée Les Forts. On ne pouvait arriver à ce donjon qu’en traversant une série de ruelles en forme de labyrinthe et après avoir franchi deux portes fortifiées qui existent encore […] De nombreuses portes et fenêtres du 14ème, 15ème et 16ème siècle existent ça et là dans ce pittoresque quartier des Forts qui est peu habité. Ce fut toujours d’ailleurs un lieu de refuge plutôt que d’habitation, construit sur un rocher de grès émergeant au milieu de bancs de calcaire et où l’approvisionnement en eau se faisait par canalisations, un seul puits existant dans l’enceinte. Lieu de refuge pour les paysans mais aussi pour leurs récoltes. Or c’était jadis une région viticole plus encore peut-être qu’aujourd’hui. Aussi comprend-on l’utilité (encore actuelle pour beaucoup) des nombreuses caves existant à l’intérieur des fortifications ; à deux ou trois étages pour la plupart, elles sont voûtées en berceau et communiquent entre elles par de petites ouvertures percées dans le cintre de voûtes ».

2.8 Le degré élevé de complexité de l’histoire des installations humaines sur ce territoire de passage.
L’ensemble de paysages des Défilés du Val d’Allier est peut-être actuellement l’une des zones les plus parcourues d’Auvergne, ayant le niveau de complexité le plus élevé de superposition des installations humaines et des axes de déplacement au cours du temps. C’est une forme de "musée" condensé des modes d’installations humaines sur le territoire (habitats, axes de déplacement, symboles de domination ou autres…). L’archéologie visible de ces installations se perpétue avec la pression du développement résidentiel sous l’influence de l’agglomération de Clermont-Ferrand, en ajoutant aux formes anciennes les nouveaux systèmes urbains qui caractérisent notre époque.

2.9 Un espace entre les PNR (Parcs Naturels Régionaux).
Etrangement, l’ensemble ne fait ni partie du PNR des volcans, ni de celui du Livradois-Forez bien que bordé par les deux. La bande étroite de sept kilomètres dans laquelle coule l’Allier a été implicitement positionnée comme un espace de "frontière" ou de "marge" extérieure par la création des Parcs Naturels.

2.10 Les restes d’un territoire de vignes.

Hangar viticole à proximité de Lachaux
Sur la route départementale 1 à Lachaux, dans les champs le long de la route, on voit encore des maisons de vigne. Un peu plus loin, sur la façade d’un hangar agricole métallique a été peint un trompe l’œil représentant la façade d’un bâtiment agricole ancien en pierre : un faux mur de pierre, de fausses portes de grange, des barriques, une vigne qui court sur la façade… Un vrai rang de vigne est planté devant. C’est un hangar décoré selon l’appellation de l’architecte américain Robert Venturi (Venturi R., Scott Brown D., Izenour S., L’enseignement de Las Vegas, collection ville architecture et paysage, Mardaga, 2008). Le hameau de Lachaux, sur les terrains alluviaux de l’Allier, est entouré de champs de grandes cultures d’un côté, de l’autre de prairies, de quelques parcelles de vignes et de parcelles en cours de reboisement spontané au bord de l’Allier. Le bourg se situe à la transition entre les grandes cultures et le reste. Depuis la route départementale 225, on a une vue sur la butte de Montpeyroux, aux terrasses partiellement replantées de vignes. Ce sont, ajoutés aux caves plus secrètes dans le calcaire (cf. ci-dessus : arrêt sur image de 1955), les vestiges visibles d’une activité ancienne qui organisait la vie quotidienne et l’aménagement de ce territoire il y a plus de cinquante ans.
Vignoble au-dessus d'Orcet

2.11 Et les fruitiers un peu partout.

Plantation de noisetiers non loin de Mirefleurs
Quatre exemples de formes actuelles de présence des fruitiers, perpétuant une donnée économique qui était bien plus importante par le passé :
  1. Champs de noisetiers et de noyers.
    Sur la route départementale 117, depuis Busséol en direction de Mirefleurs, vue panoramique sur le Val d’Allier. Dans les pentes légères, une culture de noyers (sur cinq rangs de dix pieds) et une autre de noisetiers (environ sept rangs de sept pieds). Les noix sont souvent des compléments pour ceux qui cultivent l’ail et l’oignon à la ferme.
  2. Clôture de vignes.
    Un peu plus loin sur la même route, un jardin potager et fruitier a été aménagé, isolé dans les champs. Il est entouré d’une clôture de barbelés contre laquelle poussent des vignes. C’est un exemple rare d’utilisation de la vigne en clôture productive. Deux cabanons sont construits sur le terrain.
  3. Cerises auvergnates.
    Dans un champ, au bord de la route départementale 1 depuis Mirefleurs en direction de Vic-le-Comte, une plantation de noyers et de cerisiers. Plusieurs endroits en Auvergne sont réputés pour leurs cerises. Saint-Gal-sur-Sioule par exemple est spécialisée dans la cerise, profitant de son microclimat.
  4. Pommiers d’entrée de bourg.
    Sur la route départementale 14 avant d’arriver au Théron, un verger de pommiers sert d’entrée de village.

2.12 L’univers des sources salées des Saladis à Sainte-Marguerite : thermalisme, embouteillage, zone de captage en friche et plantes halophiles…

Source des Saladis de Sainte-Marguerite
L’usine d’embouteillage de l’eau minérale de sainte Marguerite a été construite au bord de la route, dans un endroit isolé. L’apparence est la même qu’un site industriel quelconque. Hangars métalliques, surfaces de bitume et clôtures de couleur verte. En contrebas de la route, les anciens bâtiments thermaux. Sur l’autre rive de l’Allier, la source des Saladis fait partie du chapelet de sources salées auvergnates. Il y a environ six cents sources minérales en Auvergne dont une vingtaine sont salées (sources du marais de Saint-Beauzire, sources du Saladis, source de Saint-Floret…). Quand on leur permet de s’écouler, le milieu alentour prend la caractéristique singulière de devenir propice au développement de plantes halophiles, plantes qui poussent habituellement sur les littoraux (Cf. Cordonnier S. : Sources salées d’Auvergne, Les guides naturalistes su Conservatoire d’Espaces Naturels d’Auvergne, Ed. CEN Auvergne, 2012). Aux abords des sources, un aménagement a été réalisé pour informer les visiteurs de la particularité du lieu et permettre à la végétation halophile de se développer ; une aire de parking à une centaine de mètres, des panneaux d’information. L’endroit de la source est une sorte de "grande mare" autour de laquelle a été installé un filin métallique à une vingtaine de centimètres de hauteur, indiquant les zones à ne pas piétiner. Des rochers ont été posés le long du chemin pour les mêmes raisons. Le CREN est chargé de l’aménagement et de la gestion du site. Un entretien minimum (fauche) et des chantiers bénévoles de nettoyage sont régulièrement organisés. Quatre espèces sont emblématiques de ce genre de milieu salé : le Glaux maritime, la Spergulaire marginée, le Troscart palustre, le Plantain maritime. Des lapins botanistes semblent faire des incursions nocturnes sur les zones à ne pas piétiner (Source : panneau sur site). Un peu plus loin, la zone de captage des sources de Sainte-Marguerite est enfermée dans un terrain en friche entouré d’une clôture et de buissons armés. Des panneaux d’interdiction sont accrochés sur le portail métallique vert : « Sainte-Marguerite, eau minérale naturelle gazeuse, propriété privée » ; « Sainte-Marguerite, accès réservé aux promeneurs, zone protégée, camping et pique-nique interdits »

3. MOTIFS PAYSAGERS

3.1 Les panneaux de vitesse limitée à 90 km/h de l’autoroute.
C’est un motif paysager inattendu mais tout le monde connait ces panneaux successifs qui dans les défilés du Val d’Allier, aux niveaux les plus étroits et sinueux, imposent au conducteur de ralentir. Ce motif paysager joue presque, aujourd’hui, un rôle d’identifiant de l’ensemble du point de vue de celui qui le traverse par l’autoroute A75.

3.2 Les buttes et reliefs associés à des bourgs et surmontés de signes de domination…

Montpeyroux et Corrent
L’ensemble de paysages est ponctué d’un chapelet de petits reliefs bien marqués qui surplombent l’Allier à plus ou moins de distance. Ces reliefs attirent les regards et sont des points de référence de la vision ordinaire des habitants. L’effet d’attraction est d’autant plus grand qu’ils sont pour beaucoup d’entre eux surmontés de signes de domination comme la statue de la Vierge de Monton, la chapelle à Saint-Yvoine… (cf. Grandes composantes des paysages : une succession de buttes et de points hauts associés à des villages.)

3.3 Les présences fragmentées et hétéroclites de fruitiers et de vignes.
Des signes divers de présence fruitière donnent une tonalité particulière à cet ensemble de paysages : vergers et cultures fruitières, organisations spatiales importantes autour de la vigne (exemple de Montpeyroux), jardins individuels où les fruitiers prennent une place très perceptible… (cf. Grandes composantes des paysages : les restes d’un territoire de vignes + et les fruitiers un peu partout.)

4. EXPERIENCES OU ENDROITS SINGULIERS

4.1 La chapelle de Saint-Yvoine.
En surplomb sur la falaise au-dessus de l’allier, elle est un point de repère très visible et spectaculaire notamment depuis l’autoroute (cf. Marlin C., Pernet A., Analyse et bilan de la politique des sites protégés dans le département du Puy-de-Dôme, DIREN Auvergne, 2009)

4.2 Les vues sur Montpeyroux depuis les plateaux alentours.
La tour de Montpeyroux cernée du village construit sur son relief est visible de très loin, donnant à chaque fois une vision archétypale de l’Auvergne qui correspond à l’image que se fait de l’Auvergne quelqu’un qui n’y habite pas. Par exemple :

  • depuis la route départementale 229 en montant de l’Allier vers Parent ou depuis le village en balcon de Buron.
  • depuis le plateau du Puy-d’Ysson et de Vodable.
    (cf. Marlin C., Pernet A., Analyse et bilan de la politique des sites protégés dans le département du Puy-de-Dôme, Diren Auvergne, 2009)

4.3 Les points de vue depuis les buttes calcaires, les grottes, les bourgs en balcon et les vignes en terrasse plus ou moins à l’abandon (Veyre-Monton, Montpeyroux, Buron…).
Chaque installation humaine ancienne dans l’espace de cet ensemble de paysages, souvent à flanc de relief surplombant la vallée de l’Allier ou de ses affluents, est l’occasion d’une très belle vision souvent panoramique et ensoleillée (cf. Marlin C., Pernet A., Analyse et bilan de la politique des sites protégés dans le département du Puy-de-Dôme, Diren Auvergne, 2009).

4.4 Les quartiers des Fors de La Sauvetat et de Sauvagnat-Sainte-Marthe.
Les bourgs à quartiers de Fors comme à la Sauvetat et à Sauvagnat-Sainte-Marthe sont l’occasion d’apercevoir une autre histoire de ce territoire, plus ancienne, à l’écart du Val d’Allier et des reliefs.
(cf. Grandes composantes de paysages : une autre forme d’installation : les Fors ou l’histoire évolutive des axes de communication…).
(cf. Marlin C., Pernet A., Analyse et bilan de la politique des sites protégés dans le département du Puy-de-Dôme, Diren Auvergne, 2009).

4.5 La confluence de la Couze Chambon et de l’Allier et le pont de Coudes.
La position stratégique de Coudes, à la confluence de la Couze Chambon et de l’Allier, en limite de la l’influence urbaine de Clermont-Ferrand, au bord de l’Autoroute A75 et dotée d’un pont, au pied du relief de Montpeyroux… en fait un endroit de concentration étrange où les éléments naturels (rivières et buttes), les organisations spatiales anciennes (voie romaine, vignes…) côtoient sur un petit espace les signes du développement du 20ème siècle (autoroute, pont, industrie, urbanisation…). Au point où l’on peut parler du nœud de Coudes. Il faut aller chercher cette vision de noeud au sommet de Montpeyroux.

5. CE QUI A CHANGE OU EST EN TRAIN DE CHANGER

-* L’accélération de présence de l’habitat résidentiel et des zones d’activité et la délocalisation des populations.
Cet ensemble de paysages, sous influence de la zone urbaine de Clermont-Ferrand et au bord de l’autoroute, a subi un développement rapide de l’habitat résidentiel et des activités économiques ces vingt dernières années. Une situation contemporaine a été créée en générant l’installation de populations à la vie quotidienne relativement déconnectée du territoire dans lequel elles habitent. Par exemple, à Saint-Georges-d’Allier, 95% des habitants actifs ne travaillent pas sur la commune. Les déplacements domicile-travail de ces habitants génèrent un phénomène de "migration pendulaire" dont la manifestation est perceptible aux heures de pointe sur l’autoroute ou par la relative absence d’habitants dans les bourgs dans la journée en semaine.

  • La création d’entrées de villes.
    L’exemple de Longues. Longues est une "nappe" de maisons individuelles construites autour de la papeterie de la banque de France et de la gare, dans un méandre de l’Allier. Un bâtiment contemporain (une piscine) vient d’être construit à la limite des champs et des pavillons. C’est l’entrée de ville.
  • SCOT et changement de mentalité : époque de transition.
    Un très bon exemple de transformation progressive des manières de faire. A Mirefleurs, les élus désirent faire un écoquartier. Mais il est impossible de construire en extension du bourg. Le SCOT du Grand-Clermont (Schéma de Cohérence Territoriale) limite les nouvelles surfaces à urbaniser et incite plutôt au développement de la mitoyenneté et d’une certaine densification de l’existant. Pour les élus, il est difficile de prendre le contrepied de ce qui a été fait depuis une quarantaine d’années (développement par extension). Car le bourg est difficile d’accès et comme 70% de la population habite en dehors, il serait a priori plus logique de construire hors du bourg. Une étude est entreprise qui permet alors aux élus de réfléchir et de changer d’idée sur la question en abordant d’autres solutions. Un cahier des charges est établi pour réaliser des zones pilotes d’habitat. Quatre sites sont étudiés dont un grand champ fruitier près de la mairie. L’urbaniste propose de bâtir là mais les élus pensent que c’est un espace de loisir et qu’on doit le laisser tel quel. L’étude permet d’avancer des scénari en commun, de les valider ou de les invalider, de prendre le temps d’accepter, en argumentant, de nouvelles formes. La question du temps est très importante dans ce genre de cas où tout le monde doit déplacer ses lignes habituelles de conduite. Tout le monde se met d’accord sur le site d’intervention le plus approprié en correspondance avec les nouvelles exigences du SCOT et la réalité concrète des lieux.

6. VERSION IMPRIMABLE

7. PHOTOTHEQUE

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