4.05 Combrailles
Ce texte est le résultat d’un agencement des choses dites par des paysagistes et leurs invités, tous embarqués dans une camionnette-voyageuse à travers l’Auvergne. Pour cet ensemble de paysages, il a été écrit à partir de tout ce qu’ils ont été capables de voir ensemble, durant les itinéraires n°16 et n°21 des ateliers mobiles des paysages qui se sont tenus le 25/10/2011 et le 31/01/2012.
1. SITUATION
Ce grand ensemble de paysages d’une soixantaine de kilomètres de long sur une trentaine de large s’étend des gorges d’Avèze au Sud (ensemble de paysages de la Vallée et des Gorges de la Dordogne 9.07) à la Combraille bourbonnaise (5.03) qui a été différenciée du fait de la différence d’altitude et de son rapport étroit avec l’ensemble paysager du Bocage bourbonnais (5.01). Si la frontière départementale (Puy-de-Dôme/Creuse) et régionale (entre l’Auvergne et le Limousin) constitue la limite ouest de l’ensemble de paysages, celui-ci se prolonge dans le département de la Creuse (Combraille creusoise). A l’est, l’ensemble est délimité en grande partie par celui de la Chaîne des Puys (1.01) et au nord par les Coteaux de Limagne (3.04). La Vallée et les Gorges de la Sioule (9.10) le découpent dans sa partie nord.
Cet ensemble appartient à la famille de paysages : 4. Les campagnes d’altitude
Les unités de paysages qui composent cet ensemble : 4.05 A Plateau de Messeix / 4.05 B Plateau de Bourg-Lastic / 4.05 C Plateau d’Hersant et de Giat / 4.05 D Bassin de Gelles / 4.05 E Plateau de la Goutelle / 4.05 F Bois de Combrailles / 4.05 G Plateau de Montel-de-Gelat / 4.05 H Vallée de Chancelade / 4.05 I Bocage de Biollet et Espinasse / 4.05 J Plateau de Saint Gervais-d’Auvergne / 4.05 K Plateau de Menat.
2. GRANDES COMPOSANTES DES PAYSAGES
2.1 Avant tout une atmosphère de campagne d’altitude.
Au-delà de la description géo-morphologique de plateau cristallin de collines et de vallons creusé par les vallées boisées de la Sioule, du Sioulot et de leurs affluents, ce qui caractérise les Combrailles, c’est avant tout une atmosphère. Celle un peu étrange qui entremêle d’une part le caractère bucolique d’une campagne d’altitude presque entièrement consacrée à l’élevage, située entre six cents et huit cents mètres, dont la surface en herbe représente un grand pourcentage de la superficie totale et d’autre part une histoire industrielle chargée du fait de la qualité des ressources de son sous-sol.2.2 Pays de l’arbre.
Les Combrailles sont un "pays d’arbres" : arbres isolés dans les prés qui servent de repères et d’abris ; arbres dans les haies du bocage ; arbres en grappes dans certains prés ; alignements d’arbres dans les champs, témoins du remembrement ; alignements de hêtres ou de chênes le long des routes en fonction de l’altitude ; arbres émondés près des maisons des bourgs ou hameaux ; et arbres des forêts qui recouvrent les nombreuses gorges et vallons de la Sioule et de ses affluents… De nombreux toponymes témoignent de l’importance ancienne attachée aux arbres et à la forêt, par exemple, les noms de hameaux comme Les Arbres, La Forêt, Cisternes-la-Forêt, La Faye, Le Bois des Lapins…2.3 Les formes et silhouettes des arbres isolés.
Les pratiques de prélèvement de bois sur les arbres et leur abandon relatif créent des silhouettes étranges de chênes isolés dans les champs. L’arbre isolé, motif paysager des Combrailles, est certainement la composante importante d’un système de repérage singulier dans la campagne. Parfois, des couples d’arbres, isolés au milieu des champs, ont pu accéder à une célébrité ordinaire allant jusqu’à leur donner un nom local : par le passé, ce genre de signes et repères dans le paysage était l’origine de dénominations toponymiques.2.4 Le motif de la haie curviligne, de l’alignement de chênes et la culture des chemins.
Sur la D18, en direction de Saint-Gervais-d’Auvergne, après le Fraisse, le long de la petite route, on peut observer une image archétypique des Combrailles combinant plusieurs éléments : une petite mare dans un pré ombragé par un arbre ; des haies bocagères et des arbres isolés dans les prés ; de petits hameaux aux constructions de couleur plutôt sombre ; mais surtout, un réseau très développé de chemins et de petites routes dans la campagne, bordés de chênes alignés et de haies, parfois en creux, parfois en crête, parfois étroits, parfois plus larges, souvent curvilignes pour suivre les déformations du relief. Il reste dans ce territoire les vestiges d’une "civilisation du chemin". Celle qui au 19ème siècle avait développé un réseau complexe et efficace de chemins dans la campagne bocagère. Dans le roman Les Maîtres Sonneurs, dont l’histoire est celle d’un périple à travers ce genre de campagne, Georges Sand retranscrit cet univers. Le vocabulaire varié et précis qui sert à décrire et différencier les chemins à l’époque indique à quel point ils étaient importants dans la vie ordinaire. Les traquettes étaient de petits sentiers pratiqués le long des champs. Les traines étaient des chemins encaissés qui permettaient le passage d’une charrette tandis que seul un homme pouvait passer par une traquette… Les chemins sont des motifs paysagers ordinaires des Combrailles.2.5 Les étangs et les mares comme environnement ordinaire.
Depuis la route D13 en direction de Charensat, au niveau de Gorce, on peut se faire une idée de ce qu’est schématiquement une vision de basse Combraille : un premier plan de bocage à haies basses surmontées de chênes entourant un pré de petite taille brouté par des vaches ; en second plan un étang de la taille d’une grande mare près d’un petit groupe d’habitations (la Gorce) ; le tout légèrement vallonné avec des buttes surmontées de boisements feuillus de hêtres, de chênes, d’érables sycomores et des sous-bois de fougères. Non loin de là, invisible, l’étang de Chancelade d’une dimension supérieure. Les étangs et les mares font partie de l’environnement ordinaire des habitants des Combrailles.2.6 Pratique et atmosphère d’un grand étang : exemple de l’étang de Tyx.
Il y a une centaine d’étangs en Combrailles. L’étang de Tyx est privé mais ouvert à la pêche. La carte s’achète dans un bar à Saint-Avit. On y pêche des brochets, du sandre, des perches, des carpes, des tanches, des gardons. La superficie du lac est de soixante-dix hectares. A l’est, au bord de la route départementale qui mène à Saint-Avit, la seule zone construite autour du lac est composée d’une grosse bâtisse en pierre construite sur une base de château plus ancienne, des dépendances et d’un ancien moulin au niveau du déversoir du lac avec des bassins de pisciculture en friche. Le reste du tour de l’étang est uniquement couvert d’une forêt mixte à dominante de feuillus et aux couleurs changeantes. Une terrasse avec vue sur l’étang, des escaliers moussus qui rejoignent la rive, des bancs de pierre du 19ème siècle posés sur une bande d’herbe au bord de l’étang, le système de vannes de l’étang en bois, les constructions de pierres et la tour du château qui fait fondation et soutènement pour la terrasse de la grosse bâtisse… beaucoup de signes renvoient à une atmosphère passée, renforcée par le reflet des eaux calmes. Certains éléments sont moins anciens : les bassins piscicoles en béton, les barrières métalliques vert pâle au bord de l’étang… Seul un ponton de bois et la route, son revêtement et ses éléments sécuritaires contemporains sont des indicateurs clairs de l’époque actuelle. Le mode de gestion traditionnel des étangs consistait à les vider régulièrement. Tous les poissons finissaient dans le chenal principal et étaient récupérés avec un filet. On mettait parfois le lac en culture une saison pour tasser les sédiments. Puis l’étang était remis en eau.2.7 Le génie rural de l’aménagement hydraulique.
Comme en Limousin, il est possible de rencontrer dans les Combrailles, au-delà des aménagements d’étangs et de mares, un troisième témoignage du génie rural en terme d’aménagements hydrauliques. Sur la commune de Biollet par exemple, pour accéder au site de la Résistance, du camp Gabriel Peri au moulin en ruine de Beauregard, il faut remonter une prairie humide, en empruntant un chemin à l’abri bordé d’un côté d’un long alignement de grands chênes et de l’autre d’un bois sur un versant. Le chemin longe un bourrelet de terrain qui surplombe la prairie et qui témoigne de l’existence d’une ancienne « levade », grande rigole que l’on creusait en hauteur dans l’ancien temps, d’où partait tout un réseau de rigoles plus petites pour arroser les prés en contrebas.2.8 Inversions locales du rapport entre espace agricole et espace de forêt : l’atmosphère créée par les scieries.
Dans certains secteurs des Combrailles comme dans celui de Saint-Avit par exemple, le rapport entre espace agricole et espace de forêt s’inverse et modifie nettement l’atmosphère de la campagne. Les boisements d’essences diversifiées prennent une importance particulière, entrecoupés de champs et de prairies : pins, bouleaux, chênes, hêtres, épicéas… Les scieries deviennent alors des éléments visuels importants d’autant plus qu’elles occupent des points stratégiques souvent à l’entrée des bourgs. C’est le cas à Saint-Avit. En venant de l’étang de Tyx, l’entrée de bourg est marquée par un rond-point au bord duquel est installée une grande scierie. Des grumes sont entassées sur un terrain autour du giratoire et un hangar ouvert abrite des tas de plaquettes de bois. L’ensemble génère une atmosphère visuelle active directement liée à l’exploitation du bois. De l’autre côté du bourg, une deuxième scierie marque encore l’entrée. C’est un cas inhabituel d’entrée de bourg homogène identifiée par une activité unique, à la différence des entrées de bourg habituellement rendues peu claires par une accumulation d’activités ou de constructions disparates. Ce fonctionnement paysager est à rapprocher de celui de certains bourgs du Cantal où des vergers et alignements de fruitiers marquent clairement les entrées. Ces "entrées de bourg à pratique paysagère unique" peuvent fournir des éléments de réflexion pour aborder des cas d’entrées de villes, en apparence plus complexes.2.9 Les restes visibles du passé minier des Combrailles.
|center> La richesse du sous-sol des Combrailles a fait l’objet depuis longtemps de convoitise. Les plus anciennes extractions datent de l’époque gallo-romaine mais l’exploitation de cette richesse a été accélérée dans le courant du 19ème siècle. Les traces aujourd’hui sont nombreuses sur le territoire le long du sillon houiller, mais beaucoup sont enfouies sous la végétation du fait d’une activité qui a souvent été courte et peu rentable. Seules quelques grandes exploitations ont pu perdurer jusqu’au 20ème siècle, voire même jusqu’aux années 70 ou 80, époque d’arrêt des grands sites houillers comme Messeix et Saint-Eloy-les-Mines. Hors les sites houillers, d’autres formes d’exploitation de minerai ont marqué les Combrailles : plomb argentifère (galène) le long de la Sioule vers Pontgibaud ; fluorine dans le district minier de Saint-Jacques-d’Ambur ; spath chimique aux mines du Beix sur la commune de Saint-Germain-Près-Herment…Exemples actuels de vestiges miniers :
- La reconversion touristique du site de la mine d’anthracite démantelée du Puits Saint-Louis à Messeix. La mine d’anthracite du Puits Saint-Louis a fonctionné jusqu’en 1988. Elle employait plus de mille personnes et a été exploitée durant un siècle et demi. Le bassin mesure quatre kilomètres de long et sa plus grande largeur est de sept cents mètres environ. Le charbon était déjà exploité au 18ème siècle mais de façon artisanale pour l’alimentation des fours à chaux de la région. Depuis 1946, date de sa nationalisation, il faisait partie des houillères du bassin d’Auvergne qui couvrait un domaine s’étendant sur cinq départements (Allier, Cantal, Haute-Loire, Puy-de-Dôme et Creuse). Le charbon était exploité à Saint-Eloy, Messeix, Brassac, Champagnac, Bert-Moncombroux, Noyant d’Allier et l’Aumance… La construction du puits date des années 20. La recette principale se trouvait à 320 mètres de profondeur sur 5 mètres de largeur. Après sa fermeture, la plupart des constructions ont été démolies. Le grand bâtiment central de la cantine a été détruit par exemple. Le chevalement, des machines d’extraction, la salle des pendus, les douches, des wagons et machines diverses ont été conservés. Le site a été transformé en « musée de la mine » géré par une association appelée « Minerail ». Pour l’occasion, un bâtiment a été reconstruit bien qu’il ait été détruit après la fermeture : la recette du jour. Des visites guidées sont proposées par des bénévoles. Un sentier de découverte a été balisé et aménagé pour faire traverser et découvrir « tout un paysage façonné par l’exploitation du charbon et surgi des entrailles de la terre », comme l’indique un panneau d’information disposé au démarrage du sentier près du carreau de mine. Il traverse la cité minière de Messeix aux jardins moins florissants qu’avant, un hameau déserté, le terril de Sainte-Suzanne, le musée de la mine… Une grande esplanade de bitume de la dimension d’une place de foire sert de parking d’accueil pour les visiteurs devant le bâtiment du chevalement. La zone du carreau de mine est gagnée par une forêt pionnière.
- Les quartiers de mines ou corons auvergnats. La forme d’évidence et la relative efficacité spatiale avec laquelle ont été construites les cités minières dans des régions plutôt rurales sont proches de nos éco-quartiers contemporains dans les périphéries de villes. Les maisons des mineurs du site de Messeix sont ça et là plus ou moins rénovées. Chaque maison a un jardinet. Les maisons sont souvent accolées. Les voiries ne sont pas surdimensionnées. La densité et l’efficacité d’occupation du sol paraît idéale, ne paraît ni consommer trop de terrain, ni réduire la qualité de vie des habitants. Dans la cité de Pigoil à Saint-Eloy-les-Mines, les maisons peu spacieuses, jumelées, sont alignées le long de deux rues, comme dans les corons du Nord. Comme partout, les habitats ont subi des modifications liées aux usages : portes de garage, vérandas, cabanes de jardins…
- Chevalement mémorial. Le bassin houiller de Saint-Eloy-les-Mines a été un grand bassin de l’ouest auvergnat. Bien que localisé plus au nord, dans l’ensemble de paysages de la Combraille bourbonnaise (5.03), il est situé sur la bande que l’on appelle le « Grand sillon houiller du Massif Central ». Dans la ville et les bourgs autour de Saint-Eloy, il reste des vestiges de l’histoire locale. Les plus apparents sont les quelques chevalets qui parsèment le territoire, les bouts de voie ferrées désaffectées et les cités des mineurs à l’urbanisme caractéristique. Sur la commune de Youx, le chevalement Montjoie sert à commémorer la mémoire des anciens mineurs. Un bouquet de fleurs a été posé à son pied. Le chevalement est rattrapé par la vie urbaine. Un petit square entouré de bouleaux borde l’esplanade sur laquelle une statue de mineur en train de pousser un wagonnet a été installée. Un terrain de tennis a été aménagé derrière le chevalement. Sur le portail de clôture, l’inscription chaussures de tennis obligatoires semble vouloir affirmer un caractère ordinaire du lieu. Elle répond curieusement à l’inscription sur la stèle de marbre installée au pied du chevalement : Hommage à nos mineurs.
- Paysage de résidus miniers sur fond de Puy-de-Dôme : l’exemple de la mine des Rosiers. En descendant un chemin dans un vallon, depuis les grands bâtiments du 19ème siècle qui marquent l’entrée de la zone minière des Rosiers dans le secteur de Pontgibaud, on découvre progressivement un paysage qui n’est pas sans rappeler celui de dunes. Au bout du chemin, un étang met un point final à ce paysage quasi lunaire. Depuis la "halde" (amoncellement des stériles de la mine de plomb argentifère ou galène), apparaît étrangement le Puy-de-Dôme bien cadré par les versants boisés du vallon. La "dune" s’étend sur quelques centaines de mètres en fond de vallon étroit, au bord du ruisseau de la Veyssières, petit affluent qui se jette dans la Sioule à moins d’un kilomètre en aval. L’exploitation a été abandonnée en 1898. Le minerai était transporté par voie ferrée à Pontgibaud depuis la gare des Rosiers au bord de la Sioule pour y être traité. Depuis, aucune plante n’a réussi à s’implanter dans le sable stérile qui contient de l’arsenic et du plomb. L’Etat envisage à terme une mise en sécurité de ce terril minier.
2.10 Un territoire où l’on a su préserver une mémoire des éléments ordinaires du passé.
Contrairement à beaucoup de territoires auvergnats, un ensemble important de signes ordinaires et populaires du passé n’a pas été effacé en Combrailles. Ils sont de plus ou moins grande importance, mais la présence apparente de ces signes au travers d’objets non remplacés, de dispositifs considérés ailleurs comme inactuels ou même d’espaces dans lesquels on peut encore lire clairement les pratiques anciennes, où l’étalon animal n’a pas totalement été remplacé par l’étalon contemporain de la voiture qui marque la plupart de nos espaces même ruraux aujourd’hui, participe de l’atmosphère générale qui émane des Combrailles.
- La « quincaillerie mobile ». Sur une place d’Herment, un semi-remorque stationne, remorque ouverte comme un stand de fête foraine. C’est une quincaillerie mobile.
- La ferme de carte postale. En quittant Herment, le long de la route départementale 204, en direction de Giat, dans un pré entouré de champs travaillés et de bois, la vision d’une exploitation relevant d’un ancien temps : un ensemble de bâtiments de petite taille agencés autour de la maison d’habitation avec un arbre fruitier aux abords et des haies basses qui délimitent l’espace. Une image qui s’approche plus d’une vision de roman du 19ème siècle ou de début du 20ème siècle que d’une vision agricole de la deuxième moitié du 20ème siècle.
- Le pantin aux jumelles dans la haie taillée. En entrant dans le bourg de Giat, après avoir passé la voie ferrée, un pantin en terre cuite peinte, installé dans une haie, regarde le nouvel arrivant avec des jumelles.
- Le champ de foire. Au centre de Giat, deux grandes places centrales presque accolées, recouvrent environ la moitié de la superficie de la partie ancienne du bourg. Une est de forme allongée, l’autre est carrée et bordée d’alignements d’arbres sur les quatre côtés. La première, entièrement bitumée sert de parking, mais l’étalon spatial n’est visiblement pas la voiture. La mairie fait la transition entre les deux. La dimension et la disposition de ces deux espaces donnent une idée de l’importance des marchés aux bestiaux dans le passé.
- Plaque Michelin. A Outre, sur la D99, une plaque Michelin ancienne est toujours fichée dans l’angle de mur d’une maison à un carrefour. Elle fait partie des formes diverses du petit patrimoine routier, univers ordinaire de signes et de petits ouvrages techniques rencontrés au fil des routes d’Auvergne.
- Le « Familia ». A Messeix, le bâtiment du vieux cinéma, hangar décoré d’une certaine époque, d’apparence située entre une station service et un bâtiment culturel, n’a pas été démoli. Il témoigne encore de l’âge d’or du bourg et de sa vie sociale, quand la mine fonctionnait. Le nom inscrit en grand sur la devanture, Familia, indique le sens qu’un tel bâtiment pouvait avoir pour les habitants du bourg à l’époque.
- Les vieux modèles de tracteurs et l’entrée de ville. Juste avant la deuxième scierie qui sert d’entrée de ville à Saint-Avit, un petit hangar, de format et de facture anciens, construit en parpaings et en tôles, sert d’abri à des modèles de tracteurs et de camions plus anciens encore et très colorés. Leur exposition clairement visible depuis la route contribue à générer une atmosphère singulière d’entrée de ville.
3. MOTIFS PAYSAGERS
3.1 Les chemins curvilignes bordés de haies et d’alignements de chênes.
(cf. Grandes composantes des paysages : Le motif de la haie curviligne, de l’alignement de chênes et la culture des chemins.)
3.2 Les arbres ou couples d’arbres isolés dans les prés.
(cf. Grandes composantes des paysages : Les formes et silhouettes des arbres isolés.)
3.3 Les petites routes panoramiques sur les lignes de crête des coteaux et les petits vallons et gorges.
Du fait du caractère vallonné de l’ensemble de paysages strié par les multiples petits vallons et gorges des affluents de la Sioule, du Sioulot, du Cher… de nombreuses anciennes voies de circulation avaient été aménagées sur les lignes de crêtes des coteaux. La position panoramique récurrente que ces routes génèrent, comme la quantité des petits vallons dans lesquels on plonge souvent, font de ces deux éléments liés au relief des motifs paysagers de l’ensemble.
3.4 Les clochers de villages visibles de loin.
Du fait de la topographie vallonnée, les clochers des villages installés sur les crêtes apparaissent très souvent de très loin.
4. EXPERIENCES ET ENDROITS SINGULIERS
4.1 L’expérience des passages et des basculements.
On entre dans les Combrailles en des points très précis, en y basculant d’un seul coup. S’il ne s’agit pas d’un effet aussi spectaculaire que les basculements panoramiques vertigineux de Haute-Loire, ils le sont suffisamment pour constituer une expérience singulière à ce territoire. On passe aussi d’une combraille à une autre (de la combraille bourbonnaise - ensemble 5.03 - aux moyennes et hautes Combrailles), comme par exemple sur la route D13, après Saint-Avit en direction de Montel-de-Gelat. On change de Combraille au moment où l’on passe sur le granite. A cet endroit, la pratique de la taille des haies change aussi. En basse Combraille, les haies sont taillées basses. En haute Combraille, elles sont plus hautes. Le mélange des vaches dans la partie sud des Combrailles peut également être interprété comme l’expression d’un seuil de passage entre des ensembles de paysages. Au Sud d’Herment, on peut apercevoir dans le même pré des limousines, des charolais et des Salers. « C’est l’endroit où les troupeaux se mélangent ».
4.2 Le camp militaire de Bourg-Lastic : une idée de ce que pourrait être le paysage en l’absence de gestion.
Le champ de tir militaire de Bourg-Lastic, ce sont 82 hectares de tourbières sur 685 hectares de terrains militaires. C’est un espace très intéressant car les terrains n’ont pas été touchés depuis longtemps. L’absence totale de haies, la forêt naturelle qui s’y est développée, les zones de tourbière… tout contribue à donner une idée de ce que pourrait être le paysage en absence de gestion. Les situations de milieux y sont soit naturelles (libre circulation de l’eau), soit artificialisées mais depuis très longtemps (étang creusé au Moyen-âge), si bien qu’on peut y être amené à observer des milieux secondaires très intéressants et peu habituels.
La gestion actuelle est militaire, elle correspond à une recherche de confrontation aux contraintes d’un milieu le plus naturel et le plus hostile possible. Les seuls "jardiniers" sont les blindés qui, en passant, créent en permanence des conditions favorables aux milieux pionniers. Le hêtre et le pin sylvestre s’y développent de manière isolée.
Le CEN Auvergne (Conservatoire des Espaces Naturels) débute un plan de gestion du camp. Il réalise un état des lieux pour mieux connaître et préserver l’endroit plutôt que pour proposer des actions de gestion. Ces zones non modifiées par l’activité agro-pastorale depuis longtemps sont des isolats biologiques et deviennent des lieux à enjeux importants en termes de biodiversité. Le camp de la Courtine dans le département de la Creuse, à environ vingt kilomètres de là, a une superficie huit fois plus grande (4000 ha). C’est là où le héros du livre de Christian Bouchardy, Le fugitif de la Saint-Jean, commence son périple de fuite naturaliste.
4.3 La promenade de tilleuls d’Herment.
(cf. fiche bilan du site inscrit d’Herment par la Dreal Auvergne, Marlin C., Pernet A., Analyse et bilan de la politique des sites protégés du département du Puy-de-Dôme, Diren Auvergne, 2009)
Une promenade de cinq cents mètres de long bordée d’un double alignement ancien de tilleuls a été aménagée à Herment pour admirer en direction du sud-est le panorama sur la campagne des Combrailles avec en point de mire le massif du Sancy. La promenade contourne le bourg d’Herment sur un demi cercle. C’est un rare exemple d’urbanisme végétal de grande qualité : une promenade plantée servant de belvédère avec vue. La qualité de cette promenade rappelle celle du fer à cheval du Puy en Velay, les plantations d’arbres de Charroux…
4.4 Curiosité : l’Ermitage bouddhiste.
Une communauté bouddhiste s’est implantée sur la commune de Biollet au lieu dit le Bost. A l’origine, le site se composait uniquement de deux fermes. Des bâtiments ont été construits dont un monastère bouddhique qui apparaît de manière exotique depuis la route au détour d’un virage. L’implantation de la communauté sur ces terres a permis l’extension des constructions jusqu’à former une sorte de village. Les constructions s’organisent toutes selon un axe sud-est/nord-ouest, perpendiculairement à la chaîne des anciens volcans et dans l’alignement du Puy-de-Dôme. Le bâtiment principal du monastère, presque neuf, apparaît au-dessus d’une colline. Il surplombe une campagne bocagère vallonnée où pâture un troupeau de vaches. En fond de vallon, un étang et des chemins typiques des Combrailles bordés de haies ponctuées de chênes. La présence du bâtiment crée une impression d’étrangeté comme celle que procure un pavillon isolé dans la campagne.
5. CE QUI A CHANGE OU EST EN TRAIN DE CHANGER
- La présence "muséifiée" de l’histoire de la mine dans les aménagements ordinaires : exemple des lampadaires de l’éclairage public de Messeix en forme de chevalement de mine.
- Le développement de projets d’aménagements résidentiels ou de zones d’activités standardisés. (cf. Exemples de projets locaux)
6. VERSION IMPRIMABLE
7. PHOTOTHEQUE
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