Vallée du Rhône entre Vienne et Tournon

Département  : Isère
 
Communes  : GERVANS, LEMPS, SAINT-JEAN-DE-MUZOLS, SAINT-ROMAIN-DE-SURIEU, SONNAY, VERNIOZ, VILLE-SOUS-ANJOU, SAINT-VALLIER, ALBON, ANNEYRON, CLONAS-SUR-VAREZE, LE PEAGE-DE-ROUSSILLON, LES ROCHES-DE-CONDRIEU, SAINT-ALBAN-DU-RHONE, SAINT-CLAIR-DU-RHONE, SAINT-MAURICE-L’EXIL, SAINT-PRIM, ANJOU, ASSIEU, LES COTES-D’AREY, SAINT-RAMBERT-D’ALBON, AGNIN, BOUGE-CHAMBALUD, CHANAS, BOGY, CHAMPAGNE, CHARNAS, FELINES, LIMONY, VIENNE, AMPUIS, CONDRIEU, SAINT-CYR-SUR-LE-RHONE, TUPIN-ET-SEMONS, ROUSSILLON, AUBERIVES-SUR-VAREZE, CHEYSSIEU, CHONAS-L’AMBALLAN, PEYRAUD, SERRIERES, SABLONS, SALAISE-SUR-SANNE, REVENTIN-VAUGRIS, MALLEVAL, SAINT-PIERRE-DE-BOEUF, CHAVANAY, SAINT-MICHEL-SUR-RHONE, VERIN, THORRENC, ANDANCETTE, SAINT-BARTHELEMY-DE-VALS, BEAUSEMBLANT, LAVEYRON, PONSAS, TOURNON, CROZES-HERMITAGE, LARNAGE, TAIN-L’HERMITAGE, EROME, OZON, ARRAS-SUR-RHONE, SECHERAS, VION, ARDOIX, ANDANCE, SAINT-DESIRAT, SAINT-ETIENNE-DE-VALOUX, SARRAS, TALENCIEUX, SERVES-SUR-RHONE
 
Famille de paysages : Paysages marqués par de grands équipements
 
Surface (Ha) : 33262
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Au confluent de l’Isère, du Rhône, de la Loire, de l’Ardèche et de la Drôme, la vallée du Rhône entre Vienne et Tournon est totalement dédiée au transport : autoroute A7, nationales 7 et 86, TGV. De ce fait, elle constitue quasiment un continuum urbain : les villages s’étendent dans la plaine ou sur les coteaux, les services s’installent le long des axes routiers, l’agriculture s’intensifie (caves, coopératives, cultures sous serres…). Il est étonnant ici de voir cohabiter de telles infrastructures de transport avec les résidences, tant les nuisances semblent nombreuses : bruit, pollution, dangers de la route… et pourtant la population y est dense !Cependant, il existe une vie derrière l’autoroute, les usines chimiques et la centrale nucléaire. À quelques pas de ces grandes infrastructures, quelques villages conservent une activité dynamique, les cultures maraîchères et viticoles subsistent, les pentes offrent des paysages forestiers appréciables.Le regard du visiteur de la vallée du Rhône entre Vienne et Tournon est sans cesse happé par des éléments d’une diversité déconcertante : un camion sur l’autoroute, des vignes sur un coteau, un clocher d’église, une péniche sur le fleuve, un champs de fraises, un supermarché, un pont en pierres, une centrale nucléaire… Richesse ou éclectisme ? Les logiques du global (autoroute, TGV, industries) sont ici confrontées à celles du local (qualité de vie, patrimoine) et semblent s’entrechoquer, se contredire, plutôt que dialoguer. L’avenir dira si tant d’éléments peuvent cohabiter en harmonie. Il serait intéressant de connaître la perception des habitants, afin de préciser les différences entre le paysage perçu lors d’un passage sur l’A7 et celui vécu par la population résidente.

Identification

À cheval sur cinq départements rhonalpins (l’Isère, le Rhône, la Loire, l’Ardèche et la Drôme), la vallée du Rhône entre Vienne et Tournon constitue une bande toute en longueur de 33 262 hectares. Elle suit le cours du fleuve, longé lui-même par le TGV, la nationale 7 (rive gauche) et la nationale 86 (rive droite) et l’autoroute A7 qui s’en éloigne à St Rambert d’Albon. Aujourd’hui, on pourrait autant parler de « vallée de l’A7 » que de « vallée du Rhône », tant l’identification des lieux est liée aux ossatures artificielles qui structurent la vallée qu’au Rhône lui-même, très modeste, presque trop discret, dans les perceptions et les représentations. Nous sommes dans un paysage axial, où seules les côtières boisées offrent de la clarté à l’organisation de l’espace. La rupture de pente est nette, tout autant que les occupations de sol sont différentes. Les côtières sont très largement boisées ou viticoles par endroits tandis que le fond de vallée est urbanisé, suraménagé, envahi par l’industrie et les services, entre l’agglomération de Vienne et de Tain l’Hermitage. À l’ouest, la rupture de pente avec les coteaux du Pilat et de l’Ardèche est plus nette qu’à l’est, où le relief est plus progressif. L’agglomération du Péage de Roussillon est en continuum urbain, cependant elle sera étudiée séparément en tant qu’unité urbaine.Ce paysage routier ne manque cependant pas de variété. Le long de l’autoroute et des nationales, le maillage urbain est dense et quasiment continu, mais finalement étroit, à l’échelle de l’unité paysagère. Dès que l’on s’écarte du réseau routier, qui structure cependant fortement le territoire, la ruralité et la naturalité apparaissent, sans transition : champs, haies de peupliers, zones humides protégées, forêts, villages préservés sur les coteaux, vignobles… Les villages se font face, clochers d’églises en berne, au bord du fleuve, et se rejoignent par des ponts : Condrieu et les Roches de Condrieu, Serrières et Sablons (et leur étonnant pont bleu), Sarras et St Vallier… À partir de St Rambert d’Albon, la vallée se resserre et l’autoroute s’écarte du cours du fleuve, devenu plus tortueux et conserver un aspect naturel : Défilé de St Vallier, Gorges du Doux.

Qualification

Ce paysage marqué par de grandes infrastructures est également marqué par les fonctionnalités…déplacement, résidentiel, commercial et industriel.L’habitat est dense, le bassin d’emplois, à la fois ouvrier et tertiaire, est riche : centrale nucléaire (St Alban - St Maurice), usines chimiques (surtout au nord, où l’influence de Lyon est plus prégnante), services le long de l’autoroute…De ce fait, les villages sont dynamiques, les commerces nombreux, les services présents. Le bâti, essentiellement fonctionnel, a peu de caractère, et le peu qu’il possède est souvent dévalorisé par le trafic routier. Il est d’ailleurs étonnant de voir ici cohabiter une utilisation résidentielle dense avec la fonction transport, qui entraîne de nombreuses nuisances.L’agriculture est à l’image des autres activités, intensive et tournée vers l’exportation : maraîchage, cultures sous serres, grandes parcelles de maïs, et, au sud, vignobles en terrasse. À noter un projet de site classé sur les coteaux de Tain l’Hermitage, où le patrimoine reprend le dessus, générant un tourisme à la fois viticole et naturel (gorges du Doux, coteaux de Croze Hermitage…). Le long de la nationale 86, de nombreux maraîchers ont installé des échoppes de vente directe de fruits, ce qui donne un caractère particulier à la rive droite du fleuve.Le fleuve est peu utilisé pour sa fonction de transport. Quelques gravières en exploitent le lit, mais la surface du Rhône reste étonnamment vide. Des images d’antant, où les ports et les berges concentrent l’activité temoignent d’un profond changement d’usage et de rapport au fleuve en une centaine d’années. Des péniches apparaissent au nord, essentiellement destiné au transport de sable, impossible par la route. Canalisé au Péage de Roussillon, le cours d’eau se fait plus naturel, et bénéficie d’une réserve naturelle à l’île de la Platière, qui regorge de milieux et d’espèces spécifiques (fleuve, lônes, prairies, forêt, bancs de gravier, mares).La côtière offre quelques points de vue remarquables à la fois sur le fleuve et les coteaux adjacents.

Transformation

La vallée du Rhône entre Vienne et Tournon vit des transformations constantes, liées à son caractère de paysage marqué par de grandes infrastructures :La pression résidentielle y est partout sensible : l’habitat s’étend tant sur les hauts de coteaux qu’en plaine (maisons individuelles et lotissements) ; l’agriculture s’intensifie et se modernise, encouragée par un réseau de transports sans cesse en développement ; les commerces et services continuent à s’implanter le long des axes routiers, notamment sur des terrains agricoles, créant un continuum urbain.

Objectifs de qualité paysagère

La vallée du Rhône entre Vienne et Tournon mérite un traitement qui, tout en maintenant sa fonction d’axe routier, donnerait au quotidien et aux habitants la place qui leur revient.De belles maisons avec une vue sur le fleuve sont « gâchées » par la route et le passage des automobiles : les traversées de villages le long du Rhône pourraient être embellies, le partage de la voirie avec les piétons et les vélos amélioré, les façades réhabilitées, les parkings résorbés… La marge d’amélioration est large…Il est important de conserver la référence au sol, la lecture de la topographie dans ces paysages très chahutés par les franchissements (remblais), les plateformes de services des grandes zones d’activités. De même, il convient de préserver les reliefs des coteaux, notamment dans la gestion des extensions urbaines, qui se font généralement à flanc de coteau avec une appropriation des vues et des impacts visuels importants en respectant la topographie, les points de vue les plus remarquables depuis les côtières, adaptant la forme du bâti à la pente…Le fleuve mériterait également plus d’attention, la vie sur l’eau ayant été totalement abandonnée au profit des berges, dédiées au transport. Il faudrait reconsidérer cet élément du paysage comme un atout touristique et patrimonial, voire comme un axe de transport moins consommateur d’énergie.L’agriculture résiste parce qu’elle s’intensifie, perdant tout caractère patrimonial et se déconnecte des besoins locaux. Le petit maraîchage, qui anime notamment les abords de la nationale 86, résistera-t-il longtemps ? Le classement des coteaux de Tain l’Hermitage donnera vraisemblablement un nouveau souffle à l’activité viticole.Ici plus qu’ailleurs, les perceptions se font souvent depuis le train ou la voiture, dévoilant trop souvent des pans entiers d’espaces résiduels ou tout semble permis : décharges sauvages… Il faudrait prendre en compte ces perceptions et ces espaces, en gardant à l’esprit la gestion de ces « arrières-plans » du paysage dans les aménagements.

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