Vallée du Rhône en aval de Loriol

02 Vallee du Rhone en aval de Loriol
Département  : Drôme
 
Communes  : LORIOL-SUR-DROME, CLANSAYES, MONTBOUCHER-SUR-JABRON, SAINT-MARCEL-LES-SAUZET, SAUZET, LA LAUPIE, MARSANNE, MIRMANDE, ANCONE, MONTELIMAR, SAVASSE, CONDILLAC, LA COUCOURDE, ESPELUCHE, SAINT-MONTANT, VIVIERS, ALLAN, SAINT-VINCENT-DE-BARRES, CLIOUSCLAT, SAULCE-SUR-RHONE, LES TOURRETTES, LE TEIL, ROCHEMAURE, AUBIGNAS, MEYSSE, SAINT-MARTIN-SUR-LAVEZON, LE POUZIN, ROMPON, SAINT-LAGER-BRESSAC, BAIX, CRUAS, BOURG-SAINT-ANDEOL, SAINT-JUST, SAINT-MARCEL-D’ARDECHE, SAINT-MARTIN-D’ARDECHE, PIERRELATTE, CHATEAUNEUF-DU-RHONE, DONZERE, LES GRANGES-GONTARDES, MALATAVERNE, ROUSSAS, VALAURIE, SAINT-RESTITUT, LA GARDE-ADHEMAR, SAINT-PAUL-TROIS-CHATEAUX, GRANE
 
Famille de paysages : Paysages marqués par de grands équipements
 
Surface (Ha) : 52463
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

La vallée du Rhône en aval de Loriol constitue un continuum urbain le long d’infrastructures de transport, d’énergie (autoroute, nationales, TGV, lignes électriques) et industrielles (dont deux centrales nucléaires) qui marquent depuis longtemps ce paysage à cheval entre les départements de l’Ardèche et de la Drôme.Nous sommes dans un paysage de passage, où transite une population de touristes vers le sud, le soleil et les vacances, paradoxalement vécu au quotidien par une population résidentielle de plus en plus nombreuse : le bassin d’emplois est dynamique, l’habitat s’étend, les industries et services s’implantent, l’agriculture s’intensifie…Dans cet espace hyper-actif consacré à la mobilité, le fleuve est peu utilisé pour sa fonction de transport : il est paradoxalement discret.Dans cet univers horizontal, les éoliennes de Donzère offrent comme une respiration verticale poétique : la lenteur de leur mouvement, qui semble silencieux, contrastant avec la vitesse et le bruit des transports voisins (autoroute, TGV).Sur les coteaux, au relief plus marqué en Ardèche, quelques villages pittoresques, quelques vignobles traditionnels en terrasses, quelques forêts domaniales tirent leur épingle du jeu dans ce territoire transporté par la modernité. Pour combien de temps ?

Identification

La vallée du Rhône en aval de Loriol est limitée au nord par la RN304 et l’unité urbaine de Loriol, au sud par la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et par des coteaux transversaux boisés et viticoles, au relief plus marqué à l’ouest ardéchois qu’à l’est drômois. Entrecoupée de six unités paysagères urbaines (Loriol, Montélimar, Le Teil, Pierrelatte, Bourg St Andéol et St Paul Trois Châteaux), les coupures « vertes » y sont présentes amenuisant la sensation d’un continuum urbain depuis Lyon.Les centrales nucléaires de Pierrelatte et Cruasse forment des sortes d’entités à vie à part entière, autonomes et impénétrables, dont les tours de refroidissement évasées sont des points de repère omniprésents qui dominent même les coteaux adjacents.Les infrastructures (nationales 7 et 86, autoroute A7, TGV, aérodrome de Pierrelatte, barrages et canal du Rhône, lignes électriques), l’industrie (centrales nucléaires, éoliennes de Donzère, carrières), l’agriculture intensive (grandes parcelles de plantes fourragères, colza, tournesol, céréales…), les bourgs ouvriers et les nombreuses zones artisanales et commerciales marquent ce paysage de transit plat, urbanisé à outrance. Dans cet horizon ouvert, les points d’appels sont si nombreux que le regard s’y perd. Au sud, des lignes de haies de cyprès et de peupliers jouxtent les fossés de drainage et quadrillent les immenses parcelles irriguées de manière éparse et résiduelle. Au niveau de Donzère, la vallée se resserre, formant un défilé où les coteaux se rapprochent du Rhône.Les quelques villages ou sites pittoresques présents, notamment sur les coteaux (la Garde d’Adémar, Mirmande, Châteauneuf-du-rhône, citadelle de Rochemaure…), voient leur contenance culturelle disparaître face à la suprématie des aménagements. Derrière une colline ou un bois de coteau, le visiteur peut entrer inopinément dans un autre monde : une forêt de chênes verts, un village en colimaçon, une ferme isolée… Mais il revient vite à la réalité du territoire…

Qualification

Les aménagements de la vallée du Rhône en aval de Loriol ont composé un paysage moderne unique à l’échelle de la Région (la famille de « paysage marqué par de grandes infrastructures » a été créée à l’intention des unités 260 et 204). Industrie, transports, agriculture moderne et habitat collectif occupent l’essentiel du territoire, où le patrimoine semble déconsidéré. De vieilles fermes abandonnées côtoient des constructions neuves empruntant artificiellement à l’architecture provençale ; d’anciennes propriétés bourgeoises s’entourent de murs d’enceinte face à des installations commerciales affublées de panneaux traduits en plusieurs langues européennes ; des coteaux viticoles font face aux immenses tours de refroidissement des centrales nucléaires ; des quartiers ouvriers s’étendent autour de villages autrefois pittoresques…L’agriculture (céréales, maïs, maraîchage, vignobles…) n’a plus rien de rural : intensive, constituée en immenses parcelles, abandonnant ses bâtiments patrimoniaux au profit de constructions à l’aspect industriel, irriguée par un système complexe de gestion de l’eau, elle repose sur d’importants moyens modernes, à l’image de son environnement. Les vignobles des Côtes du Rhône, ainsi que les vergers, semblent tirer profit de cette modernisation en préservant le sens du produit et du terroir.

Transformation

La bande infrastructurelle et urbaine s’épaissit dans la vallée du Rhône en aval de Loriol, qui constitue un paysage en constante transformation. De nombreux services commerciaux ou sièges d’entreprises sont en travaux, ainsi que des lotissements, rognant sur le foncier agricole de la plaine, qui est le grand perdant. Les villages s’étendent le long des axes routiers. Ces derniers s’intensifiant dans un axe nord-sud, la transversalité disparaît : les routes perpendiculaires mènent de plus en plus à des impasses. Les équipements créent un découpage en bandes relativement imperméables les unes aux autres, qui nient complémentent la largeur de la vallée. L’espace produit accumule les discontinuités.Les nouveaux bâtiments, industriels ou résidentiels, empruntent à une architecture néo-provençale, tentant de donner une image identitaire méridionale, publicitaire et artificielle.Dans cet univers horizontal, les éoliennes de Donzère, parmi les plus anciennes du pays, offrent comme une respiration verticale poétique : la lenteur de leur mouvement, qui semble silencieux, contrastant avec la vitesse et le bruit des transports voisins (autoroute, TGV). De même, le fleuve, aujourd’hui canalisé par son utilisation hydroélectrique, est peu utilisé pour sa fonction de voie navigable, offrant un cours paradoxalement serein dans un univers consacré à la vitesse.

Objectifs de qualité paysagère

Les transformations subies par la vallée du Rhône en aval de Loriol sont à l’image de son caractère. Cependant, il est possible d’atténuer les travers de cette vallée urbaine en surveillant quelques aspects :- les liens transversaux aux infrastructures de transports axées nord-sud pourraient être renforcés, afin d’atténuer la coupure en deux zones Est / Ouest et lui redonner de l’épaisseur ;- le lien avec le fleuve pourrait être renforcé : traitement des routes sur berges, valorisation des accès au cours d’eau, utilisation de la fonction transport du Rhône ;- l’élargissement de la bande urbaine le long des axes routiers doit être contrôlé ;- l’agriculture doit conserver sa place dans l’occupation du sol : il convient de réserver des zones au foncier agricole…La planification territoriale et urbaine prend tout son sens lorsque la dynamique territoriale et les changements sont plus nombreux et puissants que les facteurs de stabilité paysagère.

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