Agglomération de Nyons

Département  : Drôme
 
Communes  : NYONS
 
Famille de paysages : Paysages urbains et périurbains
 
Surface (Ha) : 519
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Située entre des contreforts calcaires alpins et un paysage collinaire, Nyons est un point de rencontre entre la plaine du Rhône et la montagne des Baronnies. La ville, de par son positionnement à proximité de paysages variés et son climat doux et ensoleillé qu’est celui du nord de la Provence, est une destination recherchée.Elle est entourée de champs d’oliviers et de parcelles de vignes qui s’étalent sur les versants des collines, lui donnant une image forte, une identité qu’elle a su mettre en valeur puisqu’elle est connue nationalement pour la production de son huile d’olive et de son vin (Côtes du Rhône).La petite ville, au centre historique perché sur un relief, est baignée dans une lumière piquante, colorant ainsi les façades, les vieux murs, les pans d’une histoire importante. L’architecture est typiquement provençale, tuiles romanes, enduits et crépis de couleur. La végétation des jardins, composée de palmiers, yukas, cyprès renforce cette image du sud. On la surnomme « la petite Nice » en raison de ses conditions climatiques et peut être de la présence de nombreuses personnes âgées.La rivière de l’Eygues, ayant creusé la cluse au pied de laquelle la ville s’est installée, coupe cette vallée en deux. Au nord se détache la Montagne des Vaux et au sud celle de Daisaillon. Un vieux pont roman, auquel sont fortement attachés les Nyonsais, était en son temps le seul lien entre les deux rives et le passage obligé pour avancer dans l’arrière pays sur la route de Gap. C’est un ouvrage symbolique qui occupe une position stratégique entre la fin de la Provence et le début des Alpes du Sud.

Identification

Installée dans une des vallées de la Drôme parallèle à celle du Rhône, la ville de Nyons est excentrée par rapport à l’axe du Rhône. La route D 538 qui passe par Montélimar et Grignan et la route D 94 qui passe par Bollène sont les deux principaux accès entre la vallée du Rhône et la ville.Celle-ci fait parti de la communauté de communes du Val d’Eygues, créée en 1997, et joue un rôle important dans la région. En effet, ville aux abords de l’arrière pays montagneux, elle rassemble de nombreux services et attire les habitants de villages plus reculés. Son collège Barjavel et surtout son lycée Roumanille avec plus de 1300 élèves au total, son centre hospitalier et les nombreux commerces et marchés (marchés provençaux sur la Place de la Liberté) en font un lieu de proximité pour les habitants de la plaine et de l’arrière pays.C’est donc un territoire attractif qui a su se développer notamment au XIIIe et XVe siècle grâce à la proximité de la Cour Papale d’Avignon, puis de Valréas. Nyons deviendra par la suite sous l’Edit de Nantes une place de sûreté protestante. Elle garde encore de cette époque des vestiges de remparts et deux tours : la Tour dite Dauphine, aujourd’hui propriété privée, et la Tour Randonne, située dans le Quartier des Forts, construite au XIIIe siècle, et transformée en chapelle au XIXe siècle. En son sommet, on y observe une pyramide de trois étages d’arcades à quatre faces ornées de statues qui domine toute la ville.Le vieux centre ville recèle encore quelques lieux de prestige et d’histoire, comme la Place des Arcades, site inscrit datant du XIVe siècle et ayant reçu l’Equerre d’Argent du Moniteur lors d’une réhabilitation.L’’atmosphère architecturale de la ville est baignée par le style provençal. Il est en effet récurrent, avec ses façades de couleurs ocre, saumon ou rose et ses persiennes, et on le retrouve tant sur des immeubles R+3 que sur les maisons individuelles. On trouve beaucoup de petits immeubles proches du centre ville reprenant les codes architecturaux des influences provençales.Mais en dehors de cette ville typique, on trouve aussi une zone artisanale, celle de Laurons créée en 1990 et qui regroupe des fabriques d’huile d’olive, des points de ventes et des entreprises tournées sur la construction et le bâti écologique. Installée le long de l’Eygues, elle a pour vocation d’être une pépinière d’entreprise.L’économie de la ville de Nyons est directement liée à l’agriculture et plus particulièrement à la production d’olives. La Coopérative du Nyonsais et le Syndicat de l’Olive de Nyons commercialisent les « Olives noires de Nyons » et l’« Huile d’Olives de Nyons ». Un musée de l’Olive évoque cette histoire et l’on peut encore voir se dresser le long de l’Eygues les vieux Moulins et la Savonnerie datant du XVIIIe et XIXe siècle.

Qualification

L’entité péri-urbaine de Nyons est très restreinte par sa taille (519 Ha.) et sa limite se contente d’entourer la ville proprement dite. Cependant, les collines entourant Nyons ont une importance primordiale car c’est un paysage nettement agraire, qui façonne les reliefs en terrasses, qui transforme les coteaux plantés de vignes, en couleurs de feu à l’automne. La ville est contrainte dans sa forme, à la fois par le relief mais aussi surtout par la présence forte de l’agriculture. Cet étagement de vergers, vignes et oliviers fait partie intégrante de l’image de la ville et participe à sa qualité de lieu où il fait bon vivre. Nyons a été classé Site Remarquable du Goût.Après les gelées historiques de 1956 et 1985 ayant atteint les oliviers, de nombreuses parcelles ont été arrachées et replantées avec des arbres fruitiers. C’est pourquoi il n’est pas rare entre les oliviers et les vignes de trouver des cerisiers ou des pêchers. Il existe cependant une espèce d’olive particulièrement rustique et résistante à une température de -10° : la tanche. En parcourant les coteaux plantés, on y observe un grand nombre de champs où les oliviers sont cultivés en cépé. Arbres tortueux, plus que centenaires, ils paraissent veiller avec leurs ombrages sur cette cité ensoleillée, point le plus septentrional des Alpes du Sud où l’olivier pousse.Mais l’agriculture n’est pas seule responsable de l’attraction qu’exerce Nyons. Son environnement vallonné accueillant une végétation luxuriante, forêts de chênes verts envahissant les reliefs, lauriers, jasmins, chèvrefeuilles… est un atout de plus pour s’évader, randonner, faire du parapente… La présence d’une ZNIEFF met également en avant ce caractère méditerranéen du paysage et l’intérêt ornithologique et herpétologique : landes, garrigues, maquis… En centre ville, on trouve aussi des lieux de promenades plutôt bien aménagés comme celui le long de l’Eygues, planté de pins-parasols.La rivière a un niveau d’eau très variable, l’hiver elle gonfle en recevant la fonte des neiges de l’arrière pays et l’été son niveau d’étiage est souvent bas. Son lit, encore essentiellement naturel, prend alors des airs de gravières, où les galets blancs sous le soleil font mal aux yeux. Le pont Roman, qui durant la débâcle Allemande de 1945 a failli être dynamité par la Résistance française, accueillait autrefois un péage au niveau de la clé de voûte. Ainsi passage stratégique, la plaine et la montagne étaient reliés faisant fi des caprices de la rivière. Il est classé aujourd’hui Monument Historique.Bien que la ville ancienne soit très bien restaurée, on observe en périphérie de nombreux pastiches de la maison provençale, ce qui fait d’autant plus faux que l’on se trouve en Provence ! Ainsi des quartiers récents adoptent ce style avec une surenchère de bibelots de jardin, colonnes grecques, cyprès, palmiers et façades rose criard.

Transformation

L’agglomération de Nyons est soumise à une forte pression foncière qui est sûrement due à l’attraction qu’exercent ses « paysages-tableaux » de Provence et à son climat heureux. On peut croiser en centre ville une multitude d’agences immobilières et de pancartes affichant « Terrain à vendre » à proximité de champs de vignes et d’oliviers. Ce sont les espaces en périphérie de la ville, limitrophes aux espaces agricoles qui sont les plus touchés et donc les plus fragiles.Des opérations de construction de lotissements ont encore lieu, comme par exemple au Quartier de Fontgaro, où les crépis des façades représentent à eux seuls presque toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ! La zone artisanale des Laurons, en travaux d’extension, est pour sa part encore contenue par des infrastructures routières. L’espace libre diminue et la ville rentre de plus en plus en contact avec des espaces de production agricole.Cependant, on peut penser qu’une solution pour faire face à l’étalement de la ville se trouve inhabituellement du côté de l’agriculture. Car récemment, toute la commune de Nyons a été classée en zone agricole AOC « Olives de Nyons » et plus anciennement 1426 ha ont été classés en zone AOC, « Côtes du Rhône » et « Côtes du Rhône Village ». On peut espérer que grâce à ces mesures, l’agriculture puisse rester assez forte pour contenir la ville.Nyons est également une ville marquée par le cycle des saisons touristiques. De la basse saison à la période estivale, la ville passe d’environ 7000 habitants au double. Cette augmentation est spectaculaire et illustre bien l’attractivité de ce territoire comme destination appréciée. On y compte 270 logements de vacances et 7 hôtels. Un centre aquatique (Parc de Loisirs) reçoit plus de 60 000 visiteurs par an. Les magasins du centre ville se sont adaptés en affichant sur leurs vitrines en plus de 5 langues différentes. Les estivants viennent avant tout de Belgique, de Hollande et d’Allemagne. Ils recherchent cette image de paysages de « carte postale » de Provence.Enfin, un autre phénomène, peut-être moins visible sur les paysages mais tout aussi important, est le vieillissement de la population. En 1999, on comptait à Nyons 38% de retraités. Quatre maisons de retraite, une clinique spécialisée en pneumologie et un centre hospitalier sont présents sur la commune. Là encore, l’image de ce paysage idyllique et le climat clément jouent un rôle important dans la présence forte de cette catégorie de population.

Objectifs de qualité paysagère

De manière générale, la ville de Nyons a une population contrastée. Les habitants de la commune sont en train de vieillir et de ce fait, de plus en plus d’infrastructures adaptées se développent pour les prendre en charge. Comment peut-on influer sur la venue de jeunes ou de familles? Le prix du foncier, le prix de la construction, la réhabilitation de certaines maisons en centre ville ne pourraient-ils pas faire l’objet de mesures pour permettre aux plus jeunes de s’installer ? Car cette population vieillissante se confronte l’été à une population de passage : les touristes.Le territoire et les paysages de Nyons subissent à ce moment là une pression forte, due à la volonté des estivants de « consommer » ces espaces. Des mesures pour concilier une pratique intense et une protection de ces paysages peuvent être mis en place. De meilleurs aménagements sur les sentiers de randonnées (accès, parkings, poubelles), un meilleur accès à la rivière (dégradation des berges, déchets…) peuvent à leur échelle jouer un rôle positif en réduisant les impacts de cet afflux majeur.Une vigilance particulière devra être menée en ce qui concerne de nouveaux aménagements de loisirs (campings…) mais aussi en ce qui concerne les parkings. Ces constructions ayant un impact non pas moindre sur le paysage naturel ou urbain, sont à traiter avec précaution et soin.Avec cette particularité de production agraire, on se rend bien compte que l’agriculture a un rôle important à jouer dans ces paysages, qu’ils soient urbains ou non. La préservation des terres agricoles est une garantie de conserver l’identité de petite ville provençale qu’est Nyons. La mise en place récente de l’Appellation d’Origine Contrôlée pour l’olive, qui englobe toutes les terres de la commune, va permettre de mieux protéger cette activité. Néanmoins cet équilibre est fragile sous la pression touristique et foncière. Il faut donc veiller à contenir l’urbanisme que se soit la ZA dans l’enceinte des infrastructures routières existantes ou les lotissements et développements pavillonnaires qui grimpent sur les versants montagneux. (61 permis déposé en 2006).Un projet de Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales a également été lancé il y a quelques années, mais le dossier n’a pas abouti pour le moment. Ce projet pourrait être une réponse permettant d’appliquer un cadre de protection fort sur les paysages de Nyons.On observe aussi une tendance à la muséification la ville : le centre urbain a un cachet historique, les paysages environnants correspondent à ce que l’on cherche dans les « cartes postales » de la Provence. La population vieillissante, la pression touristique et la qualité des espaces bâtis et espaces publics tendent à donner l’image d’une « ville musée ». Il faut faire attention à cette dérive importante pour garder une attractivité et une vie non artificielle à Nyons.Comment préserver ces acquis, tout en continuant à faire vivre ces lieux ? Il semble primordial pour la ville de Nyons de conserver ses services et son activité économique-agricole. La présence d’un grand lycée, permettant aux populations de l’arrière pays de ne pas descendre jusque dans la vallée du Rhône, est essentiel pour l’équilibre de la ville. Garder ainsi ces structures d’éducation (collège, lycée, bibliothèque…) mais aussi son hôpital, les Missions Locales… est la garantie d’un équilibre économique et d’une autonomie. Développer plus de structures économiques et agricoles locales (ventes directes, distributions régionales…) peuvent être des réponses pour dynamiser un territoire et l’ancrer dans une démarche durable.

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