Vallée de Chateauneuf-de-Bordette et sillon de l’Aygues

01 Vallee de Chateauneuf de Bordette et sillon de l Aygues
Département  : Drôme
 
Communes  : REMUZAT, VERCLAUSE, BELLECOMBE-TARENDOL, LEMPS, VILLEPERDRIX, LE POET-SIGILLAT, ARPAVON, MONTREAL-LES-SOURCES, SAHUNE, SAINT-MAY, AUBRES, CONDORCET, CURNIER, EYROLES, MONTAULIEU, LES PILLES, SAINT-FERREOL-TRENTE-PAS, NYONS, BENIVAY-OLLON, CHATEAUNEUF-DE-BORDETTE, MIRABEL-AUX-BARONNIES, PIEGON, ROCHEBRUNE, CHAUDEBONNE, PELONNE
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 12163
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

La Vallée de Châteauneuf-de-Bordette et le sillon de l’Eygues semblent un havre de paix et de quiétude, à l’écart des agglomérations et des activités intenses de la vallée du Rhône. Elle offre à la fois un vallon profond, aux paysages escarpés, entre collines et montagnes, et des ouvertures sur l’horizon, à peine coupé au loin par les pré Alpes du Sud. Le relief, omniprésent, est ponctué de cultures fruitières et d’oliveraies quand il est doux, et de bois épars aux essences méditerranéennes, de falaises abruptes ou de gorges sinueuses, quand il se fait montagneux. Nous sommes aux confins de Rhône-Alpes : le paysage, marqué par le soleil et la pluie, est méditerranéen, tout comme l’habitat, de plus en plus éparse et discret, au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans la vallée, vers l’Est et les Alpes. Les villages sont tantôt situés sur les pentes au bord de la rivière, près de la ressource en eau et des vignobles. Tantôt, ils se cachent derrière des pitons rocheux, à l’abri des regards, témoins de l’histoire protestante de la région. L’habitat est essentiellement ancien (toits de tuiles et épais murs de pierres), intégré harmonieusement dans le paysage, ponctué çà et là de très rares lotissements en construction.La végétation, extrêmement variée, qu’elle soit naturelle ou cultivée, donne à l’ensemble des sites une diversité de couleurs et de matières que la roche calcaire agrémente de sa clarté.

Identification

L’unité paysagère de la vallée de Châteauneuf-de-Bordette et du sillon de l’Eygues suit la vallée sinueuse de la rivière Eygues, en arc de cercle, depuis Châteauneuf-de-Bordette, au sud, jusqu’à Verclause, à l’Est, en passant par Curnier, Sahune, Villeperdrix (au nord) et Remuzat, le long de la Départementale 94. La rivière chemine dans un lit calcaire à 200 mètres d’altitude environ, qu’elle entaille, le long de pentes boisées de feuillus ou persistants, chênes blancs, pins sylvestres et buis. Elle y trace des courbes tortueuses, se cogne à la dureté des calcaires, et dévie son cours, si bien que le sillon de l’Eygues ne s’apprenhende jamais en totalité mais par séquences. Elle procure ainsi une variété d’ambiances, hésitant et alternant entre gorges et vallée.De nombreux cours d’eau, asséchés en période estivale, rejoignent l’Eygues et crée des vallons transverses. Les figures d’érosion par l’eau et le ravinement laissent leurs traces chaotiques sur les marnes noires, ou dénude les calcaires. Rejoignant un village perché, souvent caché au regard du conducteur, de petites routes transversales, en cul-de-sac, se transforment souvent en pistes de chasse ou forestières. Seules ces pistes, souvent très longues et visibles de loin, permettent d’accéder au relief, tantôt escarpé et ras, tantôt peuplé de pins sylvestres. Les villages sont situés stratégiquement près de la ressource en eau : fontaines et lavoirs anciens, grandes bâtisses provençales aux pierres apparentes ou crépies, apparaissent au bout de rues étroites et biscornues.Le long de l’Eygues, la ripisylve est souvent constituée de peupliers. Elle est suivie de vignobles puis, sur le début des pentes, d’oliveraies sur les versants sud, et de cultures fruitières (cerisiers, abricotiers) sur les versants nord. Ces petites parcelles de cultures pérennes structurent, par leurs lignes paralléles, le paysage, disséminées dès que le relief est peu escarpé. Aucune maison ne s’est construite dans le lit majeur : l’habitat, peu dense, apparaît sur le début des pentes, résistant ainsi aux inondations, à l’interface du relief, et offrant aux habitants des vues souvent imprenables sur le versant opposé.

Qualification

Nous sommes sur un territoire très peu densément peuplé, loin des grands axes et agglomérations. Cette apparente tranquillité, masque à peine une activité agricole dynamique et un tourisme rural de qualité. Les vignobles, oliveraies et cultures fruitières sont ponctués d’une production ancestrale tisanière réputée, faisant de tilleuls centenaires des marqueurs ponctuels du paysage. Le tourisme, peu intrusif, se distingue par des maisons d’hôtes discrètes, des aménagements routiers parfaitement intégrés ou la « Route de l’Olivier » signalée de panneaux informatifs tout aussi harmonieux. Au bout de la vallée, lorsqu’elle se fait gorge, la D94 met à disposition du voyageur de petites aires de repos chaque fois que le vallon offre un peu de largeur. Ici, les aménagements poussent à la lenteur et à la contemplation, en totale harmonie avec le paysage.

Transformation

Rares sont les marques d’une transformation notable de la vallée. Les signes de changement sont ténus et très peu perceptibles. Pourtant, ils ont été conséquents, le déclin de l’agriculture et du pastoralisme à entraîner le délaissement de nombreuses pentes. En poussant l’exploration pédestre, l’on découvre des terrasses exposées sud anciennement exploitées. Les lieux ont été moins boisés qu’ils ne le sont aujourd’hui.Quelques constructions, au sud, laissent à penser à une urbanisation discrète, non loin de la ville de Nyons. Mais elle ne s’enfonce pas plus loin dans le territoire. L’agriculture, diversifiée, est présente là où le relief le permet, et de nouvelles plantations sont observées.La modernisation de la route, notamment dans le sillon de l’Eygues, ne nuit en aucun cas à l’harmonie des lieux. Encouragé par ces équipements, le tourisme ne semble pas non plus se développer à outrance, mais il pourrait, à terme, faire évoluer le prix du foncier.

Objectifs de qualité paysagère

La vallée offre plus une leçon qu’elle n’en nécessite. Les ressources, peu nombreuses, sont parfaitement exploitées, sans outrance. L’activité touristique, certes saisonnière, semble permettre la restauration des villages, dynamiques tout au long de l’année, et la préservation du patrimoine. Les cultures, variées, agrémentent un paysage dont l’impression générale reste naturelle.Le projet de parc naturel régional des Baronnies devra faire une place conséquente aux paysages remarquables au travers de la charte de parc.

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