Bassin d’Arâches

10 Bassin d Araches
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : MAGLAND, MORILLON, SAINT-SIGISMOND, SAMOENS, CLUSES, ARACHES, CHATILLON-SUR-CLUSES
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 4285
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Pour accéder au bassin d’Arâches, on peut choisir de contourner la montagne de Chevran par le col de Châtillon et monter alors doucement (1) sur le flanc sud du Grand Massif depuis Saint-Sigismond (2) jusqu’aux Carroz (3). Mais il est aussi possible de contourner la montagne de Chevran grâce à la l’étroite RD8 qui se hisse depuis les bords de l’Arve, entre la roche des falaises (4). On traverse alors des paysages boisés (5), très bâtis malgré l’isolement dû au relief. Arrivé aux Carroz, la route attaque des pentes bien plus importantes (6) et enchaîne des séries de lacets dans d’impressionnants reliefs rocheux (7). Passé le col de la Pierre Carrée (8), (1844m), avant la redescente sur Flaine (9), célèbre station de ski dessinée par Marcel Breuer, les falaises monumentales et le plateau karstiques du Désert de Platé s’offrent à nous (10), vertigineux.

Identification

Les éléments géomorphologiques qui structurent et bordent le bassin d’Arâches sont la Montagne de Chevran au nord (1) ; les crêtes du Grand Massif (2) dominé par Les Grands Vans à l’est ; le désert de Platé au sud (3) ; les falaises bordant la vallée de l’Arve à l’ouest (4) (Rochers de Balme, Rochers des Gérats).L’ensemble du bassin se compose d’une succession de petites vallées orientées sud-ouest/nord-est, perpendiculaires à la crête du Grand Massif, orienté sud-est/nord-ouest. Ces vallées sont stoppées net par les falaises à pic qui bordent la vallée de l’Arve entre Cluses et Sallanches.Les paysages du bassin d’Arâches peuvent se distinguer selon deux ensembles. Un premier ensemble, depuis Saint-Sigismond jusqu’aux Carroz, caractérisé par une occupation étagée de la pente (5). En bas, les pâtures et les villages, en haut, les boisements. Cependant, ces derniers peuvent descendre parfois assez bas, et créent alors des séquences de vues fermées (6) et ouvertes.Depuis les Carreaux jusqu’à Flaine, des pentes plus fortes, très boisées (7), et peu bâtis à l’exception des infrastructures et stations dédiées au ski ou au loisir (8).L’implantation du bâti est diffuse : les chalets sont traditionnellement épars dans les alpages. Les bourgs se situent le long des RD5 et 106. On remarquera de beaux chalets (9) dans les villages de St-Sigismond et La Frasse. Traditionnellement, ils disposent d’ une toiture de grande surface à 2 pentes d’inclinaison moyenne, avec une croupe cassée sur le pignon avant. Elles sont souvent couvertes de tôle ondulée. Le soubassement et l’étage sont fait de pierres maçonnées en vrac, enduites, alors que le grenier est en bois (10). La façade possède une galerie de bois, les encadrements de porte sont en pierres calcaires taillées. D’autres « éléments » participent à l’identité de cette vallée :les vaches de race Abondance à la robe rouge foncé, les mazots, anciens greniers en bois (11), et les nombreux arbres fruitiers (12), qui bordent souvent les routes ou chemins en limite de village. Plus récemment, mais aussi marquant, les remontées mécaniques que l’on trouve en nombre entre Les Carroz et Flaine (13).

Qualification

Le bassin d’Arâches est réputé et cité dans les guides pour ses stations de ski, Les Carroz, mais surtout Flaine (1). Flaine est une station dite « intégrée » qui résulte du « Plan Neige », politique menée par le « Service d’Etude et d’Aménagement Touristique de la Montagne » dans les années 60. Le terme d’intégrée vient de la volonté de maîtrise de l’ensemble de l’opération (bâti, espaces extérieurs, infrastructures…), de son financement et réalisation, en réaction aux développements désordonnés de stations de secondes générations comme Courchevel ou Chamrousse. Flaine, construite ex-nihilo de 1963 à 1968 comme Avoriaz ou Les Arcs, est imaginée par le promoteur Eric Boissonnas, et dessinée par Marcel Breuer, célèbre architecte de l’école Bauhaus. Le projet veut lier culture et loisir. Des sculptures monumentales de Picasso (Tête de Femme (2)), Dubuffet (le Boqueteau (3)), Vasarely (Trois Hexagones). La station possède un auditorium et un centre d’Art, devenu aujourd’hui centre culturel.Son architecture de béton (4), utilisant des systèmes modulaires (5), si elle s’écarte des modes constructifs de la région, dialogue avec les paysages de roche des falaises (6, 7), et des lapiazs du désert de Platé. Deux bâtiments, l’immeuble « Bételgeuse » (8) et l’hôtel « le Flaine » (9) sont classé à l’inventaire des Monuments Historiques depuis 1991. Depuis, plusieurs projets sont venus « compléter » l’offre immobilière sans toutefois atteindre la qualité du projet initial.Mais si cette station est si célèbre, c’est aussi en grande partie grâce à son site et ses paysages. Flaine positionné dans un site ensoleillé et à l’abri des vents, fait face au spectaculaire désert de Platé (10), immense plateau calcaire fissuré.

Transformation

Le bassin de Morzine connaît aujourd’hui de nombreuses transformations, notamment d’urbanisation non maîtrisée ou de peu de qualité, liée à la pression touristique hivernale du ski. Ainsi, Arâches et les Carroz se développent via une urbanisation diffuse (1), peu qualitative et sans rapport avec son contexte. Pavillons sous forme de faux chalets (2, 3), collectifs pour location d’hiver, et centres de vacances, semblent se juxtaposer en fonction des opportunités foncières.A Flaine, le développement est tout autre. Suite aux premières tranches de la fin des années 60, de nouvelles tranches ont été réalisées, et des opérations sont encore en cours. Suite à la mort de Breuer en 1981, Flaine Forêt a tout de même été réalisé selon le projet initial, avec des modifications ne compromettant pas le projet d’origine.Les hameaux de Flaine, opération des années 80, consistent en 70 chalets individuels (4) ou partagés, dit « scandinaves » car en bois et construits par un promoteur norvégien. Groupés dans la pente, ces chalets aux couleurs pastel (5) qui semblent parachutés n’ont pas grand-chose à voir avec le paysage ou la culture locale. Ils semblent le fruit d’une réaction épidermique au parti pris de Breuer. Récemment livrée, l’opération Flaine Mont Soleil (6) (Les terrasses d’Eos) du promoteur Pierre et Vacances, consiste en une immense résidence pastichant les constructions locales, socle en pierre, étage en bois, et toit à deux pentes avec chien assis !Deux opérations sont actuellement en construction : une tranche de collectifs collés au hameau scandinave (7) dont on ne peut rien attendre de plus que les chalets multicolores et la suite des terrasses d’Eos, dans le même style néo-savoyard. Deux opérations dessinées par l’architecte Christian Hauvette sont programmées dans la partie historique : une résidence associée à la restructuration de la piscine publique, opération au cœur de la partie Forum dont les images semblent prometteuses car à la fois dans l’esprit de Breuer, et contemporaine ; mais aussi un hôtel de luxe associé à une résidence, dont le positionnement et l’architecture laisse dubitatif.Associée à cette spéculation foncière, s’ajoute l’ambition d’un nouveau téléphérique à Magland, permettant de rejoindre le désert de Platé. Le Bassin d’Arâches vit beaucoup l’hiver. L’été les logements sont clos (8), et à Flaine on ne croise que quelques randonneurs ou usagers du golf de Pierre Cassée, construit à 1800m, non loin du col du même nom. La randonnée et le vélo tout terrain sont également pratiqués l’été, mais par la population locale.Parallèlement, on constate un reboisement dû aux nombreux alpages qui ne sont plus utilisés à cause du relief et de l’urbanisation (9).

Objectifs de qualité paysagère

Face à ces transformations, les enjeux dans le bassin d’Arâches sont de plusieurs ordres :- Un enjeu de contrôle de l’étalement de l’urbanisation diffuse à Arâches et aux Carroz-d’Arâches (1), ainsi qu’à l’extension de la station de Flaine. Concernant cette dernière, on prônera le respect du site inscrit, qui ne l’est pas toujours. La concrétisation du projet de ZPPAUP qui n’a encore jamais vu le jour est également un objectif. Enfin, la mise en place d’un SCOT est également souhaitable.- Un enjeu d’accueil du tourisme et d’aménagement des bourgs, deux problématiques liées. Notamment aux Carroz où les espaces publics sont inexistants (2, 3, 4).- Un enjeu de soutien à l’élevage (5), pour que la pratique de l’alpage soit maintenu.- La promotion et le soutien des structures paysagères qui marquent l’identité de la vallée comme les vergers (6).- Un enjeu de gestion et d’exploitation de la forêt en expansion pour éviter le reboisement (7).

Partager la page

Sur le même sujet