Basse-vallée de la Gervanne et vallées de la Sye et de Veronne

40 Basse vallee de la Gervanne et vallees de la Sye et de Veronne
Département  : Drôme
 
Communes  : ESPENEL, SAILLANS, EYGLUY-ESCOULIN, MONTCLAR-SUR-GERVANNE, PLAN-DE-BAIX, PONTAIX, GIGORS-ET-LOZERON, SUZE, VACHERES-EN-QUINT, VERCHENY, VERONNE, COBONNE, CREST, VAUNAVEYS-LA-ROCHETTE, AOUSTE-SUR-SYE, MIRABEL-ET-BLACONS, BEAUFORT-SUR-GERVANNE
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 12773
 
Carte(s) IGN : 3137 OT

Impression générale

La Basse-vallée de la Gervanne et les vallées de la Sye et de la Véronne offrent un paysage agricole, d’élevage et de cultures de plantes aromatiques et médicinales, se lovant dans les creux des vallons ou se déroulant sur les replats des plateaux, toujours enserrés dans un écrin de boisements aux odeurs méditerranéennes. Le relief hésite, entre douceur des collines et rudesse des falaises : nous ne sommes plus tout à fait dans la plaine, mais pas encore en montagne.Cet espace d’entre deux reliefs tire tout autant le parti de la montagne (points panoramiques, randonnées, boisements, falaises) et son cadre majestueux, que celui de la plaine de la Drôme avec trois rivières qui le parcourent.L’agriculture est dynamique et diversifiée : élevage, vergers et vignes. Les lavandes et autres plantes aromatiques sont exploitées avec des alambics locaux ou plus industriellement avec l’usine de cosmétiques « bio » Sanoflore de Beaufort-sur-Gervanne, qui offre un bassin d’emploi important.Le bâti, en fermes, résidences secondaires ou gîtes isolés, est esthétique, protégé, rénové avec respect et élégance par des touristes venus d’Europe du Nord. Allemands, Belges et Néerlandais s’attaquent à des villages entiers, anciennement en ruine, recréent une architecture traditionnelle !« Qualité des productions, qualité des paysages » : tel est le titre de la table d’orientation située sur un des points panoramiques surplombant l’une des vallées. Il résume avec justesse l’impression laissé par la Basse-vallée de la Gervanne et les vallées de la Sye et de la Véronne.

Identification

Sous les falaises du Vercors, la Basse-vallée de la Gervanne et les vallées de la Sye et de la Véronne sont occupées dans leur moitié Est par la forêt domaniale du Grand Barry, depuis, au Nord, la Vallée de l’Ergluy, le Col de Fonteuse et le Col des Blaches (891 m), jusqu’au Sud, le Col de Roux, le Col des Vallons (685 m), les Beaux, puis les crêtes des Serres des Baratières, Peyplat, Perpit et le village du Chaylar, en passant, à l’Est, par les crêtes qui dominent la vallée de la Drôme (cols des Loubières et de Véronne, Crête du Grand Barry, Roche Bœuf). À l’Ouest, les limites suivent les reliefs au-dessus de la vallée de la Sye, entre la Raye et le début de l’agglomération de Crest.Les motifs sont répétés, entre collines boisées, falaises calcaires et fonds de vallées, dans un axe Nord-sud lisible, encadré par des reliefs qui dépassent les 1 000 mètres d’altitude. Au cœur de l’unité, le long des cours d’eau quasi-parallélles (la Sye, la Gervanne, la Véronne), les altitudes descendent doucement, du Nord au Sud, de 600 à 200 mètres. Ici se côtoient un tourisme résidentiel de qualité et une agriculture diversifiée et dynamique. Les cultures pérennes (vignes, plantes aromatiques, lavande, vergers), donnent une structure très fortement dessinée au paysage avec une belle variété de lignes et de couleurs tandis les champs de céréales ondulantes et les prés verdoyants y apportent une certaine souplesse.Absente des massifs calcaires en amont, l’eau est ici abordable (il y a même un « Camping des deux eaux ») et visible, ou tout au moins repérable (la ripisylve est marquée), utile et utilisée, comme pour ces jardins en bordure de la Sye. Elle a dû être jalousée, comme en témoignent les réservoirs ou les puits fermés qui ponctuent les terres. L’habitat, traditionnel et dispersé, s’est disposé à mi-pente, entre bois et cultures, à proximité de résurgences ou fontaines. Certains ont été transformés en résidences secondaires ou en gîtes, souvent avec respect, esprit et moyens. En pierres calcaires, avec des encadrements de portes et fenêtres en pierres équarries, chaque corps de bâtiment a sa propre orientation et une hauteur différente, les faces nord étant toujours aveugles, tandis que les faces sud sont ouvertes. Les toits en simple pente sont couverts de tuiles aux rouges multiples. Des cyprès, cerisiers ou noyers avoisinent les constructions.De superbes villages perchés et fortifiés, abandonnés et en ruine voici une dizaine d’années, sont en cours de restauration privée, donnant au paysage une ponctuation historique et esthétique (Suze-le-Village, Gigors, Cobonne, Montclar). Organisés en colimaçon autour de l’église, ils ont tous le regard tourné vers le Sud et la Montagne de Saou, point repère du paysage.

Qualification

Aujourd’hui valorisé, car abordé sous l’aspect esthétique et contemplatif, ce paysage a du être délaissé pour la rudesse de son climat hivernal et par les rigueurs de la guerre. Le renversement des valeurs assez lisible, entre agriculture, tourisme et résidentiel secondaire.Beaufort-sur-Gervanne offre un bassin de vie dynamique, autour d’une production d’huiles aromatiques en lien avec son territoire (usine Sanoflore). On vit et l’on travaille ici, ou à proximité, à Die.L’agriculture occupe les paysages en une mosaïque de couleurs variées : lavande, vergers, cultures céréalières, élevage, maïs parfois irrigué. Les parcelles sont en général séparées par des haies hautes. La vigne apparaît au sud, consacrée à la production de la célèbre Clairette de Die.Mais le développement récent de l’activité semble consacré au tourisme : eu égard aux nombreuses fermes transformées en gîtes ruraux ou en résidences secondaires par une population d’Europe du Nord (Allemagne, Belgique, Pays-Bas) soucieuse de la beauté de son cadre de vie et respectueuse de l’architecture traditionnelle.La variété des paysages, entre vallées et collines, est amplifiée par les points de vue nombreux sur des sites voisins remarquables, comme la Montagne de Saou, au Sud, la Vallée de la Drôme, à l’Est et au Sud, ou la bordure sud du Vercors, au Nord.

Transformation

Les mutations vont aujourd’hui dans le sens de l’esthétique des lieux, entre les mains d’acquéreurs de bâti venus d’Europe du Nord (Allemagne, Belgique, Pays-Bas) qui rénovent avec goût des fermes ou des villages entiers, anciennement abandonnés. En revanche, localement à l’entrée de chacune des vallées, l’étalement urbain banalise les entrées de communes comme à Aouste sur Sye, et rompt avec les règles traditionnelles de répartition du bâti, traditionnellement absent des fonds de valons et des bords de routes.L’agriculture semble résister, pour la tenue du non bâti qui participe grandement à l’aspect général des lieux, bien que quelques signes de déprise soient visibles (embroussaillement), parmi les cultures.La pureté et l’intégrité de ce paysage est liée à l’absence et à la faible quantité d’habitations modernes ou contemporaines. Après un exode rural, le territoire n’a pas évolué pendant 80 ans, le tourisme ayant repris en main les lieux depuis seulement une vingtaine d’années. Ce paysage, très différent de ses voisins, évoque très fortement les Pyrénées espagnoles désertées sous Franco et réinvesties un demi-siècle plus tard par des touristes résidents temporaires.On note cependant une tendance au développement de l’urbanisation, à surveiller, au-dessus de Crest et Aouste-sur-Sie, qui remonte peu à peu les pentes de la Vallée de la Drôme.

Objectifs de qualité paysagère

Pour conserver la diversité paysagère à laquelle participe ces vallées, il serait très intéressant de ne pas ouvrir l’espace à l’urbanisation par des maisons individuelles et de réfléchir à d’autres formes d’habitations : en hameaux, par exemple, en interdisant les constructions en bord de routes. Les plans locaux d’urbanisme pourraient utilement servir la cause de la beauté de ses paysages, et non participer à leur banalisation.La Basse-vallée de la Gervanne et les vallées de la Sye et de la Véronne offrent, pour le moment, et à l’exclusion de l’aval des vallées, un exemple de bon équilibre entre activité économique (usine Sanoflore à Beaufort-sur-Gervanne), agriculture diversifiée (vergers, plantes aromatiques) et tourisme de qualité (avec une rénovation du bâti d’une grande beauté) qui devrait donner des leçons aux voisins.

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