Vallon d’Entrevernes

38 Vallon d Entrevernes
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : LA CHAPELLE-SAINT-MAURICE, DUINGT, ENTREVERNES, LATHUILE, SAINT-EUSTACHE, DOUSSARD
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 919
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

A quelques kilomètres d’Annecy, le vallon d’Entrevernes est un long et étroit vallon isolé, suspendu à 800 mètres d’altitude (1). Il est dominé par le Roc des Bœufs à l’ouest (2) et la falaise du Taillefer à l’est (3).On accède à ce vallon en empruntant une petite route qui s’élève progressivement et permet de profiter de magnifiques vues sur le lac (4). Très vite on se sent loin d’Annecy et du paysage urbain des bords du lac. On arrive dans un paysage agraire, où dominent la forêt et les prairies de pâtures (5, 6)). Plus on pénètre dans le vallon plus on a l’impression de pénétrer vraiment l’intérieur du massif des Bauges…la vallée est de moins en moins habitée, cultivée, et de plus en plus boisée. La route s’arrête et l’on doit poursuivre son chemin à pieds (7, 8).L’image qui reste en tête après avoir parcouru ce pays est celle de pâtures et d’anciennes fermes adossées au boisement de sapins et de hêtres. Les crêtes rocheuses et enneigées du Roc des Bœufs et du Taillefer venant clore la vue en arrière-plan (9, 10). Au loin, les silhouettes majestueuses du Mont Veyrier, des dents de Lanfon, et du massif de la Tournette sont presque toujours visibles (11, 12).

Identification

Le vallon d’Entrevernes est une des portes au massif des Bauges, massif calcaire de moyenne montagne, organisé en une succession de vallées perchées orientées nord/sud qui rendent les communications transversales très difficiles. Ce vallon est l’une de ces vallées parallèles (1). On y accède par la zone non construite d’Héré. Il est limité par le Roc des Bœufs (1774m) à l’ouest, la falaise de Taillefer à l’est (2) et le col de la Frasse au sud.L’ensemble de la vallée a un caractère rural : agraire et forestier. La forêt très dense est installée essentiellement sur les fortes pentes. Elle est essentiellement composée de résineux (sapins, épicéas) sur les parties les plus hautes et de feuillus (hêtres, chênes, charmes) sur les parties basses (3). Sur les versants du Taillefer, on remarque la présence de buis (4). L’agriculture repose essentiellement sur l’élevage et le pâturage (5). D’anciens vergers (pommiers, poiriers, noyers) sont également visibles à proximité des habitations (6).L’habitat, traditionnellement dispersé, s’organise autour de fermes isolées (7). La plus grosse commune du vallon est Entrevernes (8). Elle regroupe les principaux équipements : mairie, église, école. L’architecture vernaculaire est particulièrement présente sous la forme de vastes fermes à socle de pierre (9). Leurs toitures sont à quatre pans, leur inclinaison est forte tout comme leur débord. Autrefois couverte de chaume, elles sont désormais couvertes d’ardoises, devenue le matériau traditionnel. L’impact visuel de ces toitures à croupe est important. Elle constitue le caractère dominant des hameaux. Les granges à clayonnage (10), autre particularité architecturale du vallon, ne se rencontrent nulle part ailleurs en Haute-Savoie. Le clayonnage, consiste en un assemblage de pieux et de branches d’aulnes en forme de claies, permettant de protéger le foin des intempéries tout en laissant passer l’air (11).

Qualification

Le vallon d’Entrevernes a une certaine notoriété locale car il fait partie du Parc Naturel régional des Bauges. Comme l’ensemble du massif des Bauges, il est donc connu et recommandé par les guides pour ses vastes prairies, ses forêts, la richesse de sa faune et de sa flore (1) (le vallon est classé en ZNIEFF type 1 pour sa moitié ouest et entièrement type 2), mais aussi pour son patrimoine bâti et son histoire locale (2).Il est également connu par les anneciens comme lieu de randonnées et de nature (GR 96 du tour du lac d’Annecy, circuits VTT, aires de vol libre) où l’on vient respirer et se promener le week-end (3, 4).Ces activités touristiques cohabitent avec une vie forestière (5) et une vie rurale basée essentiellement sur la production de lait et la fabrication de fromages. Mais l’économie du vallon d’Entrevernes repose aussi de plus en plus sur une vie périurbaine (6, 7). Ce vallon est en effet un espace de transition entre ville et montagne, et de nombreux « nouveaux ruraux » souhaitant profiter d’un cadre de vie agréable, mais travaillant dans les centres urbains proches, viennent aujourd’hui s’y installer (8).

Transformation

Le vallon d’Entrevernes est aujourd’hui l’un des derniers espaces encore ruraux (1) aux portes d’Annecy et il devient sensible à la pression urbaine qui remonte depuis les rives du lac (2). Des risques forts d’évolution liés à la déprise agricole et à la pression urbaine existent aujourd’hui dans ce vallon, et ce d’autant plus qu’il est très étroit et peut donc être très rapidement saturé (3).Entre Duingt et Entrevernes, les signes d’une nouvelle urbanisation sont déjà visibles sous la forme d’habitations individuelles éparses orientées vers le lac, et sur la commune même d’Entrevernes un lotissement a déjà été construit (4, 5).On peut noter également que la ligne à haute tension traversant le vallon, a un impact visuel très fort (6).

Objectifs de qualité paysagère

Un des enjeux principaux est aujourd’hui d’éviter que l’urbanisation diffuse des rives du lac remonte et envahisse le vallon d’Entrevernes. Le secteur entre le château d’Héré et Entrevernes est à ce titre un espace clef, car c’est là que s’opère la transition entre le vallon agraire d’Entrevernes et les rives urbanisées du lac (1, 2). Pour préserver une véritable coupure entre le lac et le vallon, peut-être faudrait-il protéger cet espace et le rendre inconstructible ? Les outils les plus utiles et pertinents dans cette optique sont en réalité les documents d’urbanisme à l’échelle communale (PLU) et intercommunales (SCOT), ou éventuellement les protections des zones agricoles. Le PLU d’Entrevernes récemment approuvé est particulièrement attentif à la maîtrise de l’urbanisation et à la protection du paysage.Lorsque la construction est nécessaire pour les villages, on privilégiera une typologie architecturale dense (maisons partagées, en bande…) dans la continuité directe des bourgs et hameaux existants. Mais surtout en s’inscrivant dans la logique d’occupation du parcellaire locale : une organisation linéaire le long de la route principale. Car parfois la construction dense ne suffit pas. Les maisons collectives construites à Entrevernes l’illustrent bien : malgré l’effort qu’elles représentent pour leur typologies architecturales (volumétrie locales, collectif), elles s’insèrent dans un urbanisme de lotissement détaché du bourg ancien, et à l’écart de la route principale (3). La consultation architecturale et paysagère gratuite d’organismes tels que le CAUE est une ressource à utiliser impérativement.Le Parc Naturel Régional des Bauges peut aussi jouer un rôle en ce sens. Créé en 1995 et englobant l’ensemble du massif, il vise en effet à valoriser la spécificité du site. La charte qui régit le parc a pour objectif la protection et la valorisation économique du patrimoine naturel et culturel. Il représente donc une structure importante pour la gestion des paysages par les politiques de développement économique et de protection qu’il met en place. Il a de plus vocation, tout comme le CAUE de Haute-Savoie, à conseiller et accompagner élus et particuliers sur les projets de paysage, d’urbanisme et d’architecture. On citera notamment ses actions de valorisation et replantation de vergers, et ses actions de soutien financier à la restauration du patrimoine bâti. La restauration du mur en pierre sèche du presbytère d’Entrevernes a bénéficié d’une telle aide.

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