Vallées et balcon de Belledonne

127 Vallees et balcon de Belledonne
Département  : Isère
 
Communes  : SAINT-REMY-DE-MAURIENNE, LES ADRETS, GONCELIN, THEYS, ARVILLARD, ALLEVARD, LA CHAPELLE-DU-BARD, PINSOT, LE MOUTARET, DETRIER, PONTCHARRA, SAINT-MAXIMIN, LE CHEYLAS, MORETEL-DE-MAILLES, SAINT-PIERRE-D’ALLEVARD, LE CHAMP-PRES-FROGES, FROGES, HURTIERES, LA FERRIERE, SAINT-MURY-MONTEYMOND, VILLARD-BONNOT, ALLEMOND, VAUJANY, SAINT-COLOMBAN-DES-VILLARDS, LIVET-ET-GAVET, SECHILIENNE, VAULNAVEYS-LE-BAS, VAULNAVEYS-LE-HAUT, VIZILLE, CHAMROUSSE, LA COMBE-DE-LANCEY, LAVAL, REVEL, SAINTE-AGNES, GIERES, BRIE-ET-ANGONNES, HERBEYS, MURIANETTE, SAINT-MARTIN-D’HERES, SAINT-MARTIN-D’URIAGE, VENON, MONTCHABOUD, SAINT-JEAN-LE-VIEUX, DOMENE, SAINT-ETIENNE-DE-CUINES
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 48132
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Massif des Alpes françaises, Belledonne s’étire le long de la vallée du haut Grésivaudan et constitue le décor naturel de deux grandes villes des Alpes, Grenoble et Chambéry. Ses sommets enneigés l’hiver et ses prés verdoyants l’été offrent des images naturelles et constituent « le terrain de jeu » favori des populations plus urbaines. Ski et raquettes en hiver, randonnées en été, avec, toujours, ces vues sur le massif de la Chartreuse, en vis-à-vis. Ce massif présente une structure étagée avec des balcons, des boisements sur les pentes, une mosaïque de prés et de bosquets, puis à nouveau un étage boisé sous les cimes rocailleuses. La montagne est changeante, surtout en intersaison où se jouent les contrastes de couleurs et d’ambiance, encore hivernales prés des cimes et déjà printanières dans les prés. Si la densité de villages est importante, elle connaît depuis quelques années un phénomène d’embellie. Les citadins rachètent des bâtis anciens ou font construire, pour jouir d’un cadre de vie privilégié. Ils viennent chercher la vue à quelques encablures de la ville. Cette montagne, devenue un immense parc de loisirs naturel, se transforme aussi en zone résidentielle.

Identification

La chaîne de Belledonne présente une identité très marquée de massif montagnard, disposé en diagonale selon un axe Nord-ouest, Sud-est, sur plus de 30 kilomètres. Elle s’étire de Grenoble à Pontcharra le long de la vallée du haut Grésivaudan qui suit le cours de l’Isère, et fait face aux massifs de la Chartreuse et des Bauges.Véritable barrière naturelle, Belledonne n’est franchie par aucun col routier. Les cols sur la crête principale sont proches en altitude des sommets ; le Pas de la Coche est le seul passage en dessous de 2000 m d’altitude. Le point culminant est Le Grand Pic de Belledonne, à 2977 m. Au coeur du massif se nichent de nombreux lacs, qui ont d’ailleurs donné son nom au site des Sept Laux - bien qu’il y en ait beaucoup plus. Sur un plan latéral, le travail du glacier du Grésivaudan a formé une topographie de balcon, striée de vallées étroites creusées par les torrents qui descendent des sommets de Belledonne. Les étages de ce massif sont très lisibles. Les contreforts depuis la vallée du Grésivaudan sont recouverts de feuillus, surtout des châtaigniers. Les balcons habités occupent la place médiane de l’étagement du relief et de la végétation caractéristique des paysages des Alpes du Nord. Ils sont séparés de la haute montagne par la forêt dense de résineux, épicéas principalement.L’homme a bien pris possession de l’espace, taillant de multiples routes d’accès dans le massif, pour gagner les balcons et s’y installer. Vergers, cultures, prés de fauche occupent une place importante et les multiples villages et hameaux parsèment l’espace. Potagers, tas de bois, fours à pain, lavoirs, témoignent des besoins d’autosuffisance des habitants d’autrefois. Aujourd’hui, il est plus facile de rallier la vallée, de nombreux Grenoblois ont donc construit sur les hauteurs, pour profiter du panorama. Mais tandis que les bâtis anciens épousent la pente, les maisons récentes s’installent sur le plat ou terrassent, cassant la marque de ce territoire.

Qualification

Dans ce territoire très exploité, les usages finissent par se multiplier. Ils peuvent entraîner le brouillage de son image mais également représenter l’espoir d’une réminiscence de la vie montagnarde. Belledonne offre des paysages à la reconnaissance incontestée, dont quatre sites classés : cascade de l’oursière (depuis 1911), cirque des cascades du Boulon (1957), lac Achard et balcon de Chamrousse (depuis 2000), témoignent de la reconnaissance de la valeur de ce paysage. Le lac Robert (depuis 1911), dont l’image a subi les chamboulements liés à l’édification de la station de sports d’hiver de Chamrousse, est plutot le reflet des tensions entre un usage « naturel » et l’extension de la station de ski . Par ses atouts, Belledonne est le terrain de jeu préféré des Grenoblois ; skieurs, randonneurs, montagnards mais aussi pêcheurs, amateurs de champignons et autres amoureux de la nature s’y pressent toute l’année. Massif de montagne plus accessible que la Chartreuse, il est aussi plus proche que le Vercors. Belledonne propose 2 stations de ski (Chamrousse, Les Sept Laux), points de repère très visibles depuis le bas. Les possibilités de randonnée de moyenne montagne sont multiples, avec des paysages typiques des Alpes, balcons verts et lacs purs, et des ambiances moins rudes que celles des massifs calcaires environnants. L’attrait de Belledonne en fait un site résidentiel privilégié pour ceux qui sacrifient les kilomètres au profit d’une vue magnifique. Ce qui donne à la zone sud de ce massif un air de « banlieue résidentielle montagnarde ». Uriage, station thermale très fréquentée, a vu sa population doubler en l’espace de 20 ans (2500 habitants en 1982, 5000 en 2002). Plus éloignés de Grenoble, les balcons sont moins habités, mais, au Nord, on retrouve une influence urbaine, celle de Chambéry. Reste que Belledonne est une terre d’agriculture fertile, une terre d’alpage privilégiée et un massif forestier exploité. La présence de l’eau est une richesse capitale, qui a aussi favorisé l’implantation d’activités industrielles (papeterie, métallurgie…).

Transformation

La pression résidentielle doit rester tolérable, pour maintenir les activités traditionnelles, la place de l’agriculture et l’attractivité d’espace naturel. Les 2 stations de ski ont dynamisé le massif de Belledonne, contribuant à renforcer l’image de capitale sportive de Grenoble ; tel Chamrousse, grand stade des disciplines alpines lors des Jeux Olympiques de 1968. Mais leur expansion a engendré des transformations quasi-irréversibles et les aménagements collatéraux ne sont pas du meilleur effet ; émetteurs et antennes qui hérissent le sommet de la station. Quant aux constructions créées de toutes pièces, elles composent un paysage naturel de loisirs quand le bâti collectif limite son emprise foncière et que sa conception architecturale suit les lignes de crêtes. Mais la tendance actuelle de multiplication de constructions individuelles, notamment des petits chalets de montagne, déséquilibre l’ensemble et suppose une emprise foncière démesurée.Ce foisonnement de maisons individuelles se retrouve sur l’ensemble de l’unité, avec son lot d’aménagements : on terrasse pour construire à plat, on choisit un grand terrain, que l’on clôture plus souvent de thuyas que d’essences locales. Les implantations nouvelles n’ont pas les mêmes considérations que les anciennes, obnubilées par l’orientation par rapport au soleil et la belle vue. Les efforts récents sur certaines consignes architecturales (la position de bâti par rapport à la pente) semblent heureusement être suivis. La maîtrise des constructions nouvelles est capitale, avec une réflexion sur le seuil d’équilibre acceptable (quantité, dispersion,…).

Objectifs de qualité paysagère

La fonction résidentielle pourrait servir de levier d’un développement durable et d’occasion de réflexions sur la vitalisation des bourgs. Développer les services sur place et le commerce pour donner vie aux villages et limiter les déplacements - avec un projet de transports en commun jusqu’à Grenoble - n’est pas un mince enjeu. Il s’agit également de poursuivre l’effort de respect de consignes architecturales dans le bâti, avec des incitations aussi en termes de clôtures - préférer les essences locales pour les haies comme le frêne ou la vigne plutôt que le grillage - pour éviter de transformer les prés en lotissements géants. La difficulté quant à la maîtrise du développement de l’habitat individuel pousse à élaborer des documents d’urbanisme où la part du paysage est considérée avec sérieux et précision, afin que chacun bénéficie des atouts du site tout en préservant ses qualités paysagères.L’autre enjeu essentiel consiste à préserver la diversité du territoire, et donc de maintenir toutes les activités agro-pastorales et de sylviculture. Il semble que les fédérations d’éleveurs et de producteurs en aient conscience, travaillant sur des regroupements et des mesures pour contrer la baisse des actifs en zone de montagne. Comme à Saint-Pierre d’Allevard, où la commune s’est associée au Conseil Général de l’Isère pour proposer des aides directes, visant un double objectif de maintien de la qualité des paysages et de rémunération d’un travail d’intérêt collectif.

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