Vallées du Beaujolais des grands crus

005 Vallees du Beaujolais des grands crus
Département  : Rhône
 
Communes  : LANCIE, CHARENTAY, SAINT-GEORGES-DE-RENEINS, SAINT-JEAN-D’ARDIERES, CHENAS, CORCELLES-EN-BEAUJOLAIS, ARNAS, BELLEVILLE, SAINT-DIDIER-SUR-BEAUJEU, ODENAS, CERCIE, LANTIGNIE, LE PERREON, QUINCIE-EN-BEAUJOLAIS, REGNIE-DURETTE, SAINT-ETIENNE-DES-OULLIERES, SAINT-ETIENNE-LA-VARENNE, SAINT-LAGER, VILLIE-MORGON, VAUXRENARD, CHIROUBLES, BLACE, DENICE, MONTMELAS-SAINT-SORLIN, RIVOLET, SALLES-ARBUISSONNAS-EN-BEAUJOL, SAINT-JULIEN, VAUX-EN-BEAUJOLAIS, CENVES, EMERINGES, JULIENAS, JULLIE, SAINT-JACQUES-DES-ARRETS, LES ARDILLATS, AVENAS, MONSOLS, OUROUX, LAMURE-SUR-AZERGUES, SAINT-CYR-LE-CHATOUX, CHENELETTE, VERNAY, BEAUJEU, CLAVEISOLLES, MARCHAMPT, FLEURIE
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 36420
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

A l’extrémité nord du département du Rhône, 10 villages du Beaujolais donnent leur nom à leur vin : Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côte-de-Brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon, Moulin à Vent, Régnié, Saint- Amour, des noms agréables aux oreilles des amateurs de bons vins ! Ce paysage de vignoble et de terroirs s’étend sur la rive droite de la Saône, entre le sud de Mâcon et Villefranche sur Saône. Son doux relief se cale aux pieds des fortes pentes des Monts du Beaujolais jusqu’aux limites du lit majeur de la Saône. Au cœur du domaine viticole, la vigne strie les terres de raies parallèles et les parcelles sont comme détourées par des chemins d’exploitation. Les châteaux se repèrent de loin par leur parc aux arbres parfois séculaires d’essences nobles.Fleurons de la production beaujolaise, les 10 grands crus sont donc produits exclusivement dans ce périmètre. L’image des grands crus valorise ce terroir dont les paysages façonnés par la mise en valeur viticole entrent dans l’imaginaire attaché au produit. Le Beaujolais des grands crus forment donc une région dont la vitalité, la plus-value et l’image sont fondées par la viticulture. La forte valeur identitaire du Beaujolais permet aujourd’hui le développement d’un tourisme où fins gourmets et œnologues amateurs viennent aussi bien goûter les vins que découvrir les paysages dont ils sont issus.

Identification

Entre Val de Saône, Pays des pierres dorées et Haut Beaujolais, les vallées du Beaujolais des grands crus s’étendent sur un espace bien circonscrit. Leur trait principal est bien évidemment l’omniprésence de la vigne, qui simplifie la lecture de ce paysage : le dessin des parcelles n’est rompu que par les chemins d’exploitation et les nombreuses routes qui relient les villages, formant un maillage dense.Toute l’organisation de l’espace tourne autour de la mise en valeur des terres et de l’exploitation viticole : optimisation de l’agronomie des sols, exposition des vignes, utilisation des pentes… Les vignes façonnent le paysage, selon une mosaïque végétale qui évolue en fonction des saisons ; terres à nu quand les vignes sont taillées, couleurs éclatantes dès que les jeunes feuilles se déploient puis quand le raisin arrive à maturité. Un petit patrimoine de loges de vignes et de puits témoigne encore des méthodes d’exploitation passées. Les châteaux, les clochers et les domaines viticoles créent des points d’appel visuels, avec quelques lieux remarquables ayant valeur de repère comme la chapelle Notre Dame du raison au sommet du Mont Brouilly (484 mètres), En dehors de son cœur viticole, les Monts du Beaujolais boisés descendent en pente douce vers le Val de Saône, entaillés de vallées et aux fonds plus humides et enherbés.

Qualification

La valeur patrimoniale est extrêmement forte en raison de l’image des grands crus du Beaujolais, dont la renommée dépasse très largement le cadre régional. D’un point de vue paysager, si la vigne organise ce territoire, elle le fige aussi garantissant une certaine stabilité.Les bourgs n’offrent pas, à première vue, de caractère patrimonial remarquable. Il est possible cependant d’y dénicher quelques édifices religieux intéressants comme à Salles-Arbuissonnas. La richesse architecturale provient essentiellement des grands domaines viticoles et des nombreux châteaux qui peuplent la vallée du Beaujolais. Sur les terres viticoles, loges de vignes et puits maçonnés dispersés constitue un petit patrimoine qui tend à disparaître. Cette région tient son nom de la cité médiévale de Beaujeu, capitale historique du Beaujolais, nichée au milieu des collines au pied des Monts du Beaujolais. Commune d’environ 2000 habitants, située aujourd’hui à la frange des terres viticoles, elle présente une physionomie particulière de village-rue, due à son emplacement au fond de la vallée de l’Ardières. D’autres sites véhiculent une forte valeur paysagère : le mont Brouilly, remarquable belvédère, la Chapelle de la Madone à Fleurie, le col du Fût d’Avenas (762 mètres) qui, avec sa Maison de Pays et son restaurant panoramique constitue visiblement, une halte fréquentée par les touristes.Les paysages exceptionnels et remarquables présents et identifiés en 1996 par la DIREN Rhône-Alpes sont : Beaujeu (remarquable) ; BEAUJOLAIS NORD (remarquable) ; Château de Chaize (remarquable) ; col de St Bonnet (remarquable) ; col du Fût d’Avenas (remarquable) ; Mont Brouilly (remarquable) sommet Site Inscrit ; MONT RIGAUD (remarquable) ; REGION DE VAUX EN BEAUJOLAIS (remarquable) ; Salles-Arbuissonnas (remarquable).

Transformation

Préservées dans leur organisation par l’exploitation viticole, les vallées des grands crus du Beaujolais ne sont pas totalement épargnées par les arrachages de vignes (phénomène néanmoins restreint) et de développement de l’habitat pavillonnaire sur des parcelles agricoles. C’est surtout vrai dans les fonds de vallées, où la pression résidentielle prend dangereusement le pas sur les prairies au détriment de la gestion des milieux humides et de la qualité générale du paysage.Protégée par sa forte valeur patrimoniale, le Beaujolais des grands crus n’a pas connu de bouleversements majeurs. Mais il subit tout de même des changements non négligeables : agrandissements des parcelles au détriment de la strate arborée (arbres fruitiers isolés, saules osiers…), urbanisation en fonds de vallons, augmentation des friches, pression urbaine résidentielle – même si le prix du foncier limite les velléités d’achat.Si l’habitat dispersé est une caractéristique des terroirs viticoles, avec ses châteaux au meilleur emplacement et ses domaines au plus près des vignes, ce mode d’organisation ne peut perdurer car il ne se prête pas aux implantations nouvelles ni aux constructions résidentielles déconnectées de la valorisation de ce terroir si particulier.

Objectifs de qualité paysagère

S’il ressort peu de risques de changements susceptibles de bousculer en profondeur l’identité des paysages du Beaujolais, il convient cependant de rester prudent et attentif puisque ici l’image du terroir est capitalisée. La stabilité de la viticulture contient encore le développement pavillonnaire, mais des changements liés à l’évolution de la viticulture s’observent : la vigne tend à redescendre des pentes, laissant les friches gagner ; l’habitat pavillonnaire se développe à proximité des centres bourgs et en fonds de vallons enherbés.Cette pression urbaine qui s’exerce sur les rares pâturages laisse peu de marge à l’élevage, déjà très fragilisé. De plus, se dessinent des enjeux sur le plan de la qualité architecturale, les nouvelles constructions n’ayant pas de caractères de typicité liée à ce terroir et ayant, ici comme ailleurs, des difficultés à tenir compte des pentes et des typologies d’implantation.D’autre part, si la vigne simplifie l’organisation, à trop intensifier sa culture, elle appauvrit aussi la diversité paysagère et environnementale. Veiller à la diversité des cultures, conserver une part d’élevage pour maintenir les prairies existantes (petits élevages ou pâturage des chevaux de loisir…), conserver la strate arborée (ripisylve, arbres fruitiers,…) constituent des enjeux importants non seulement sur le plan des paysages mais aussi sur celui de la biodiversité. Au sein même des espaces viticoles, une réflexion est à mener pour limiter cette monospécificité, par exemple en introduisant les bandes enherbées entre les rangs de vignes, le maintien ou la plantation de fruitiers dans le vignoble….Puisque marqué par ses « grands crus » et la notion de terroir, il conviendrait d’attacher une importance particulière au traitement du paysage du Beaujolais des grands crus dont l’image est aussi \’vendue\’ dans chaque bouteille. Les tensions qui se nouent aujourd’hui entre le patrimoine viticole, les paysages emblématiques et des techniques culturales aux effets néfastes sur la qualité des sols et des eaux, pourraient avoir des conséquences regrettables. L’évolution de la demande en matière de qualité des produits et respect de l’environnement ainsi que l’évolution de l’économie de la viticulture ouvrent cependant une voie dan le sens d’une mise en valeur patrimoniale et environnementale du paysage du Beaujolais des grands crus.

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