Vallées de la Roizonne, la Malsanne et la Morte

41 Vallees de la Roizonne la Malsanne et la Morte
Département  : Isère
 
Communes  : LAVALDENS, ORIS-EN-RATTIER, LE PERIER, LE BOURG-D’OISANS, VILLARD-NOTRE-DAME, VILLARD-REYMOND, SAINT-BARTHELEMY-DE-SECHILIENN, LIVET-ET-GAVET, ORNON, VALBONNAIS, VALJOUFFREY, LA VALETTE, CHOLONGE, LA MORTE, NANTES-EN-RATIER, SAINT-HONORE, VILLARD-SAINT-CHRISTOPHE, ENTRAIGUES, SIEVOZ, CHANTELOUVE
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 17864
 
Carte(s) IGN : TOP 25 : 3336 OT

Impression générale

Les vallées de la Roizonne, la Malsanne et la Morte sont enserrées entre la Matheysine, et la vallée de Livet et Gavet. Elles forment une région naturelle du sud Isère présentant un relief de type plateau entouré de montagnes. Le point culminant est le Taillefer (2857 mètres), tout au nord d’un territoire coupé en deux par le massif du Grand Armet, aux crêtes dentelées. De part et d’autre, la vallée de la Roizonne et la vallée de la Malsanne (1000 à 1200 mètres d’altitude), aux hameaux peu peuplés, aux parcelles agricoles dispersées.Discret, voire insoupçonné, ce territoire révèle progressivement toutes ses subtilités. Il est surprenant à plus d’un titre. Insolite par sa topographie de bassin logé en altitude, avec deux vallons creusés par des torrents de montagne. Surprenant par sa densité, faible, alors qu’il est cerné de voies de passage très fréquentées : la célèbre Route Napoléon et la fameuse N91 reliant de grandes stations alpines. Etonnant enfin par le bon équilibre que semblent avoir trouvé les différents usages, entre l’habitat, les cultures et les aménagements de loisir. La vie s’y déroule, un peu à l’abri des trépidations des vallées et massifs avoisinants. Cette tranquillité contraste avec le caractère particulièrement accidenté du paysage naturel alentours ; des roches déchiquetées, des forêts difficilement exploitables. Si le bassin est accueillant, les hauteurs paraissent inhospitalières et confèrent à ce paysage un aspect sauvage.

Identification

Le massif du Grand Armet partage ce territoire en deux avec, de part et d’autre, deux rivières, la Roizonne, et la Malsanne, dont la route départementale suit le tracé. Quelques bourgs jalonnent les routes ; la densité de ce territoire reste très faible. La commune la plus importante, La Morte, ne compte que 130 habitants. Quelques chalets modernes se sont installés à proximité de la station de ski de l’Alpe du Grand Serre ; des installations de loisir qui restent néanmoins discrètes, en raison d’un couvert forestier important et surtout de la persistance du pastoralisme.Des pentes et des prés très plats, aux courbes douces, contrastent avec les verticalités des montagnes et, surtout, des crêtes très dentelées, aux motifs géologiques de calcaire et de schiste déchiquetés. D’ailleurs, l’occupation humaine est confinée aux fonds, les pentes particulièrement fortes excluant tout usage. Les frênes forment des haies et les pierres des murets ; les matériaux naturels sont exploités. Les affleurements rocheux sont visibles, et dans ses roches torturées, les chemins de randonnées restent rares. Le travail de l’eau est également puissant ; les lits de la Roizonne et de la Malsanne connaissent un régime torrentiel, avec de grandes variations de débit dont les pointes charrient tout sur leur passage. La structure étagée caractéristique des paysages de montagne ne déroge pas à la règle, avec cependant quelques particularités propres issues essentiellement d’une géologie très accidentée. Ici, la montagne, façonnée et défigurée par l’érosion lente mais inéluctable, n’offre pas ou peu d’espaces à vivre. Ses pentes sont raides, ses terrains, hérissés de massifs de pierre instables. Elle ne laisse guère de zones propices à l’alpage.

Qualification

Territoire dominé par la naturalité, il offre un visage tempéré entre les occupations et les usages, entre l’exploitation agricole, l’habitat et le développement touristique. La ruralité transpire dans ce territoire difficile à vivre, entre les régimes torrentiels des cours d’eau, la rudesse des mois d’hiver, la topographie du terrain très accidentée et les risques incessants d’éboulements. L’homme a pourtant trouvé sa place et tiré parti aussi de la montagne avec des aménagements de confort et l’implantation d’une petite station de ski au charme un peu suranné, à l’Alpe du Grand Serre.

Transformation

Confinée en fond de vallon, l’agriculture vit et résiste, même si elle se trouve confrontée à la déprise agricole. Qui pour reprendre des exploitations de taille modestes, exposées aux risques naturels bien réels ? Qui pour accepter des conditions de vie rudes? Dans ces conditions, ce territoire subit peu de pressions qui ne soient pas d’ordre naturel. Le paysage est ainsi modelé pour contenir ces forces, avec des aménagements pour limiter le dévalement des éboulis, des escaliers pour couper les régimes torrentiels. La pierre, omniprésente, non seulement affleure à tous les endroits et à tous les niveaux d’altitude, mais elle fait sentir la force de la nature par des risques réels et visibles. La roche dévale la montagne, que rien ne semble devoir arrêter, avec une échelle du temps qui dépasse l’échelle humaine. Aujourd’hui la forêt prend peu à peu possession des pâturages. Elle colonise les espaces libres mais, toujours, reste dominée par le motif géologique.Les seuls aménagements liés à des usages de loisirs concernent les environs de La Morte, avec la station de l’Alpe du Grand Serre. Créé en 1938 avec l’édification du téléski du Petit Mollard, le domaine skiable occupe aujourd’hui quelque 200 hectares avec 15 remontées mécaniques. Historiquement gérée par la commune de La Morte, il est depuis 2001, exploité par la Société d’Aménagement Touristique de l’Alpe d’Huez. Son avenir peut être l’objet de questionnements, en raison de la baisse structurelle de l’enneigement dans les montagnes. A moins qu’il ne séduise de nouvelles populations, venues chercher ici la tranquillité absolue dans un cadre naturel impressionnant.

Objectifs de qualité paysagère

Ce territoire pourrait être menacé par la désertification, liée à la déprise agricole et au manque de transmission des exploitations agricoles. La nature aurait alors le dessus, la présence humaine ne concernant que les routes de traversée.Or la valeur de ce territoire doit être mise en évidence, pour justement conserver cet équilibre des usages dans un cadre naturel exceptionnel. Le développement touristique, même d’ampleur modeste, peut tout à fait trouver sa place dans un projet global de qualité, où les atouts du terroir et la tranquillité du lieu seraient mis en valeur.Les aménagements sur la commune de la Morte semblent accompagner ce développement, avec notamment l’installation d’un grand parking –qui mériterait toutefois d’être requalifié – et l’implantation de chalets modernes – qui gagneraient à être moins dispersés pour limiter le mitage.

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