Vallée reliant le bassin de Vif et le Trièves

14 Vallee reliant le bassin de Vif et le Trieves
Département  : Isère
 
Communes  : LE GUA, MIRIBEL-LANCHATRE, SAINT-GUILLAUME, VIF, SINARD, SAINT-MARTIN-DE-LA-CLUZE, AVIGNONET, SAINT-PAUL-LES-MONESTIER, MONESTIER-DE-CLERMONT, ROISSARD, TREFFORT, CHATEAU-BERNARD
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 6417
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Cette vallée représente à la fois une traversée reliant Grenoble au sud de l’Isère, voire à Sisteron, et un territoire agraire aux paysages forestiers et champêtres. La Route Nationale 75 souligne l’axe nord-sud du vallon tandis son axe transversal laisse deviner l’organisation en étages de l’agriculture et de l’élevage. L’impression générale qui s’en dégage est à l’image de cette dualité : partagée. De création récente, la portion autoroutière de l’A51 de Vif à Monestier de Clermont, infrastructure majeure qui a longuement fait débat, a totalement changé la physionomie du paysage et raccourci le temps de trajet entre les villages et l’agglomération grenobloise. Elle a aussi donné lieu à la création d’ouvrages d’arts imposants et notamment le viaduc de Monestier-de-Clermont.Quelques échappées vers les villages de hauteur permettent de rencontrer une ambiance champêtre et pastorale. La vision accélérée depuis l’autoroute nous laisse profiter du Vercors, pourtant tout proche, seulement dans ses grandes lignes : puissante masse grisâtre des contreforts qui déroule la ligne brisée de sa crête quasi-horizontale.De paysage agraire, ce vallon pourrait verser dans une qualification de grands aménagements, et s’inscrire dans une logique qui dépasse largement les frontières régionales et s’exprime à une échelle nationale voire européenne.

Identification

La vallée reliant le bassin de Vif et le Trièves est une zone de passage très fréquentée. Trois axes la traversent avec un tracé proche de la ligne droite : la voie de chemin de fer, la Route Nationale 75 et, depuis 1999 et 2007, les prolongements de l’Autoroute A51. La portion ouverte en 1999 relie la ville de Claix à Saint-Martin-de-la-Cluze, sur 17 kilomètres. L’autre inaugurée en mars 2007, parcourt 10 kilomètres, de Saint-Martin-de-la-Cluze au Col du Fau. Celle-ci porte le nom d’Autoroute du Trièves, reliant ce territoire à Grenoble en l’espace de trente minutes. Ce tronçon a nécessité la création d’ouvrages d’arts et notamment le Viaduc de Monestier qui franchit la vallée du Fanjaret, reposant sur huit piliers de 40 à 70 mètres de haut. Imposant, il est devenu un marqueur paysager à part entière. Ces images d’ouvrages d’art et d’aménagements modifient la perception des lieux : très prégnants, ils font passer le caractère agraire au second plan. Les hameaux et les lieudits qui parsèment les flancs des contreforts du Vercors sont généralement dispersés et reliés par un maillage de routes sinueuses. Les vues fermées dans les bois ou les parties encaissées alternent avec des vues plus ouvertes en épaulement. Les hameaux donnent l’image de communes vivantes, avec une activité agricole plutôt dynamique et une forte présence de l’élevage. Les prés jalonnent les douces pentes, séparées par des haies naturelles de frênes. Cependant, le couvert forestier gagne du terrain et investit les prairies. Avec les hauteurs, les pentes se font plus fortes et donne un avant-goût du Vercors, notamment la montée vers Gresse-en-Vercors. En fond de vallon, la Gresse et le Fanjaret s’écoulent paisiblement, cachés du regard par une abondante ripisylve.

Qualification

Les réseaux, notamment routiers, offrent une vision dynamique du paysage. Cependant, ils soulignent de manière accrue la caractérisation de ce territoire comme couloir axial ; vite traversé… vite oublié ?Si le caractère agraire de ce territoire ne semble pas directement menacé, la facilitation du transport par ce nouvel aménagement routier d’envergure (l’autoroute) engendre inévitablement de nouvelles tensions ; entre une qualification de paysage agraire et une qualification de zone de grands aménagements à fonction de traversée, quel sens donner, quel équilibre chercher ? De plus, l’accélération des trajets change aussi la donne en matière d’occupation de l’espace. La pression foncière se fait déjà sentir ; la commune de Vif est passée de 6500 à plus de 8000 habitants entre 1999 et 2007, une croissance qui devrait également gagner les communes plus au sud. Dès lors, quelle place accorder à la valeur résidentielle et économique ?

Transformation

Au-delà des polémiques et des tergiversations qui ont précédé sa mise en œuvre, l’A51 a généré et va générer des transformations et des tensions. Les premières sont visibles, les secondes sont palpables. Ronds-points à l’entrée de Monestier-en-Clermont, déviations pour contourner les communes, banalisation des périphéries de communes avec des zones commerciales, … pour les premières. Tensions entre la pression foncière, la déprise agricole, la revitalisation de hameaux, … pour les secondes. La vallée reliant le bassin de Vif et le Trièves se présente finalement comme un cas d’école de transformation paysagère. D’une qualification agraire fondée, elle bascule vers un territoire de grands aménagements. Cependant, si elle suscite des interrogations, elle représente aussi un intéressant sujet d’observation ; le suivi de tout ce que va générer la facilitation des déplacements à 20 kilomètres de Grenoble. Si l’A51 a déjà modifié le paysage, les conséquences de sa présence sont encore incalculables.

Objectifs de qualité paysagère

L’enjeu dépasse ses frontières mêmes ; ce vallon est une unité de transition entre une zone à caractère résidentiel (Vif) et le Trièves, un pays à forte identité encore préservée. Quel souhait formuleront les autorités publiques pour ce territoire ? Un vallon de Vif qui ressemblerait, à terme, à la cluse de Voreppe ? Une perte du caractère agraire au profit d’une modernité aux traits de banalité ?Son identité est aujourd’hui un point d’interrogation, qui concerne de véritables projets de territoire, des questions à débattre au sein d’intercommunalités. En attendant, il faudra sans doute faire face à la demande et à la pression foncière, et encadrer chaque avancée de l’urbanisation. Rester un paysage rural traversé par une autoroute ou être un territoire péri-urbain desservi par l’autoroute, deux approches qui se confrontent et soulèvent des interrogations. Dès lors, la question de la planification s’avère essentielle. Et pour la nourrir, il serait intéressant de disposer d’outils comme un observatoire photographique et/ou une charte paysagère.

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