Vallée du Rhône entre le défilé de Fort l’Ecluse et le pays de Seyssel

01 Vallee du Rhone entre le defile de Fort l Ecluse et le pays de Seyssel
Département  : Ain
 
Communes  : CHEVRIER, CLARAFOND, BASSY, CHANAY, CORBONOD, CHALLONGES, SAINT-GERMAIN-SUR-RHONE, BILLIAT, INJOUX-GENISSIAT, LHOPITAL, SURJOUX, VILLES, ELOISE, FRANCLENS, VULBENS, BELLEGARDE-SUR-VALSERINE, COLLONGES, CONFORT, FARGES, LANCRANS, LEAZ, PERON, CHEZERY-FORENS, CHATILLON-EN-MICHAILLE, MONTANGES, CHENE-EN-SEMINE
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 14756
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Des paysages ruraux en suspens, voici l’impression première donnée par cette partie de la Vallée du Rhône, entre le défilé de Fort l’Écluse et le Pays de Seyssel.Marquée par la présence du plus grand barrage du Haut Rhône et par l’extension de l’agglomération de Bellegarde-sur-Valserine, la Vallée a pourtant des attraits patrimoniaux et naturels indéniables.Le Rhône serpente ici entre les chaînons jurassiens et les plateaux, parfois caché par le relief ou la végétation, mais il fait bon se reposer sur ses rares berges accessibles. Sur les alpages, les vues sur le fleuve sont imprenables, parmi la végétation sèche typique des plateaux calcaires et les pâturages. Les villages perchés sur les pentes au-dessus du cours d’eau ont gardé leur joli caractère, avec leurs maisons basses en pierres claires aux toits de tuiles plates.À ne pas manquer : la Cascade du Pain de Sucre à Peyrimont, une curiosité naturelle ; le défilé de Fort l’Écluse, une curiosité militaire, et sa via ferrata ; le barrage de Génissiat, immanquable curiosité industrielle ; les pâturages des plateaux et leurs fermes tranquilles ; les balades sur les hauteurs du Crêt du Nu, du Crêt du Dauphin ou du Grand Crêt d’Eau, où commence la Réserve naturelle de la Haute Chaîne du Jura…

Identification

La Vallée du Rhône entre le défilé de Fort l’Écluse et le Pays de Seyssel est bordée à l’Ouest par le rebord du plateau de Retord (dominé par le Crêt du Nu à 1 350 mètres), au nord-est par le Grand Crêt d’Eau (1 260 m) et le Vuache (940 m), et au sud-est par le plateau de Chêne en Semine et d’Usinens (400 à 500 m). L’unité paysagère est située dans l’Ain et en partie sur le département de la Haute-Savoie au sud-est. Elle est coupée en son centre par l’autoroute A40 et l’agglomération de Bellegarde-sur-Valserine (unité urbaine), dans la cuvette du confluent de la Valserine et du Rhône. L’aménagement hydroélectrique de Génissiat (barrage et usine) coupe le cours du Rhône. C’est un point d’appel qui attire le regard dans tout le sud de la Vallée et d’où s’échappent d’immenses pylônes électriques à l’assaut des reliefs.La vallée offre un paysage contrasté par les formes de ses reliefs, sa végétation et ses ambiances. On passe du défilé du Rhône avec sa végétation de zone humide et sa physionomie canalisée, au paysage plus doux des plateaux cultivés qui bordent le défilé (souvent occupés par une végétation de terrains chauds et secs : pins, chênes, genévriers), et enfin à la moyenne montagne avec ses forêts de hêtres et de sapins, ses alpages et la station de ski de Menthières. L’eau est toujours présente : les bassins sont nombreux, même dans les espaces les plus secs (terrains calcaires exposés au sud ou à l’Ouest). Mais le Rhône disparaît également à la vue, derrière la végétation ou le relief, tant la vallée est, par endroits, encaissée.L’agriculture marque le paysage, qu’il s’agisse d’élevage bovin ou de polyculture. Quelques vignes subsistent encore, même si beaucoup sont aujourd’hui à l’état de friches.Les maisons traditionnelles sont construites en pierres, enduites ou non : il s’agit de maisons-blocs en hauteur avec l’habitation à l’étage, accessible par un escalier situé au-dessus de la porte de la cave, ou de maisons-blocs en longueur avec habitation au rez-de-chaussée. La grange ou l’étable est toujours accolée à l’habitation. Les toitures à forte pente couvertes de tuiles plates ou parfois d’ardoises peuvent être à deux niveaux décalés entre l’habitation et la grange, ou entre des maisons mitoyennes construites dans le sens de la pente. De façon plus anecdotique, dans le secteur de Menthières, des maisons de types jurassiennes aux grands toits de tôles et aux façades couvertes de bardeaux apparaissent.

Qualification

L’attrait est ici essentiellement agricole, bien que légèrement en désuétude sur les plateaux. Élevage bovin, les pâturages, maïs, et céréales se partagent les zones relativement plates, tandis que quelques vignes subsistent encore sur les pentes, même si beaucoup sont aujourd’hui à l’état de friches.Des mines de schiste bitumineux emploient quelques dizaines de personnes dans le secteur d’Orbagnoux et de Surjeux, au sud de la Vallée. Dans les galeries d’Orbagnoux, à plus de 800 m de profondeur, sont extraits essentiellement des hydrocarbures destinées à l’industrie cosmétique. Quelques carrières de roche calcaire ont également été exploitées dans le même secteur à proximité du Rhône.Parmi les attraits patrimoniaux, notons l’étonnante Cascade du Pain de Sucre à Peyrimont : sous une chute, le calcaire a formé en se déposant une aspérité jaunâtre de plusieurs mètres, sous laquelle s’est formé un trou d’eau dont la profondeur semble infinie. En amont, l’eau s’échappe entre des dalles calcaires par un canal étroit jusqu’au Rhône. Signalons également le Défilé de Fort l’Écluse, ancien fort militaire du XVIII° siècle creusé dans la falaise, qui fait l’objet d’une valorisation touristique (visites, événements estivaux, via ferrata). Autre attrait touristique, bien qu’anecdotique, la station de ski de Menthières offre une dizaine de pistes entre 1 000 et 1 500 mètres dans le massif du Grand Crêt d’Eau, à proximité de la Réserve naturelle de la Haute Chaîne du Jura.La mise en service en 1948 du barrage de Génissiat, le plus grand barrage d’Europe au moment de sa création, a noyé les pertes du Rhône, ces dérivations souterraines du fleuve qui constituaient un patrimoine naturel non négligeable. Il reste aujourd’hui le plus important aménagement du Haut Rhône.

Transformation

La déprise agricole est nette dans cette partie de la Vallée du Rhône : les broussailles gagnent sur les prairies dans les hauteurs et les vignes s’enfrichent sur les pentes. Le risque d’une fermeture du paysage, par l’avancée de la forêt vers les basses altitudes, est bien présent.Corollaires à la déprise agricole, l’industrie et l’habitat gagnent du terrain, notamment aux alentours de Bellegarde-sur-Valserine. Les villages se rejoignent le long des routes et des lotissements apparaissent sur les hauteurs de l’agglomération.La Vallée pourrait perdre à terme son caractère aujourd’hui essentiellement rural, notamment du fait de l’influence de Bellegarde et de Génissiat.

Objectifs de qualité paysagère

Il convient de conserver de larges coupures à vocation agricole ou naturelle entre les zones urbanisées afin de maintenir le caractère rural de la Vallée du Rhône.Le maintien des terres agricoles et le respect de l’implantation traditionnelle du bâti doivent également être prioritaires. L’urbanisation devrait respecter la silhouette des villages en évitant l’éparpillement de pavillons neufs ou de bâtiments industriels et commerciaux devant les principaux points de découverte des bourgs. L’architecture gagnerait à s’inspirer des traditions également : tuiles plates au lieu des tuiles canal, enduits clairs plutôt que rose ou jaune paille…Enfin, dans le secteur du défilé de Fort l’Écluse, les carrières non exploitées défigurent le paysage : il conviendrait de les résorber.

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