Vallée du Laudon et balcon des Bauges sur le lac d’Annecy

01 Vallee du Laudon et balcon des Bauges sur le lac d Annecy
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : DUINGT, ENTREVERNES, LESCHAUX, SAINT-EUSTACHE, SAINT-JORIOZ, QUINTAL, GRUFFY, VIUZ-LA-CHIESAZ, LA CHAPELLE-SAINT-MAURICE
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 3179
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

A quelques kilomètres de l’agglomération d‘Annecy, la vallée du Laudon est une campagne vallonnée très boisée (1), transition entre le lac d’Annecy et le massif des Bauges. Trois routes principales nous y mènent. Depuis Saint-Jorioz, on accède à la vallée en empruntant les petites routes sinueuses qui remontent le cours du Laudon (2). On s’élève progressivement en profitant de magnifiques vues sur le lac (3), et on découvre les hameaux de façon inattendue (4), au creux d’un vallon, ou à l’abris un boisement. Mais on peut emprunter également la route du col de Leschaux, qui relie Sevrier à Le Pont ou encore la petite route de crête passant par le Crêt de Chatillon.La vallée est encadrée par deux imposants massifs densément boisés : le roc des Bœufs à l’est (5) et la montagne du Semnoz à l’ouest (6). Le roc des Bœufs est marqué par une pente très forte et d’impressionnantes falaises rocheuses (7), tandis que la silhouette du Semnoz est plus douce (8).Lorsqu’on monte dans la vallée du Laudon depuis la plaine, on ressent un très brusque changement : on passe du paysage urbain des bords du lac à un paysage agraire s’organisant autour de boisements (9), de prairies et de vergers (10), ponctué de hameaux et de vieilles fermes typiques du massif des Bauges (11,12).Cependant cette différence tend à s’effacer car la présence d’une pression urbaine est de plus en plus visible. L’influence de l’agglomération annecienne se traduit notamment sous la forme de pavillons orientés

Identification

La vallée du Laudon appartient au massif des Bauges, massif calcaire de moyenne montagne, à l’écart des grands développements touristiques et de l’urbanisation. Ce massif est organisé en une succession de vallées perchées orientées nord/sud qui rendent les communications transversales très difficiles (1). En aval du col de Leschaux (897m) (2) et descendant vers Annecy (3), la vallée du Laudon est l’une de ces vallées parallèles. Elle est limitée par la montagne du Semnoz (Crêt de Châtillon 1699m) (4) à l’ouest et le Roc des Bœufs (1610m) à l’est (5) et col de Leschaux au sud.L’ensemble de la vallée a un caractère rural : agraire (40%) mais surtout forestier (60%). La forêt souvent très dense et inhospitalière, se développe sur les pentes fortes. Difficilement pénétrable, elle est essentiellement composée de résineux (sapins, épicéas) (6) même si, sur les parties les plus basses, les feuillus (hêtres, chênes, charmes) retrouvent leur légitimité (7). L’agriculture repose essentiellement sur l’élevage et le pâturage (vaches laitières, moutons) (8). On remarque également de nombreux vergers (9) à proximité des exploitations, en entrée de hameau ou de bourg. Les anciens vergers sont importants, car ils témoignent des anciens modes d’exploitation agricole et conservent des espèces fruitières locales et bien adaptées au milieu. On observe la présence de quelques ruches. Les rares parcelles cultivées sont destinées à l’élevage.L’habitat, traditionnellement dispersé, s’organise autour de fermes isolées (10). Les plus gros bourgs de la vallée sont Saint-Eustache, Leschaux et La Chapelle-St-Maurice. L’architecture vernaculaire est particulièrement présente sous la forme de vastes fermes à dominante de pierre et de bois (11). Leurs toitures sont à quatre pans dont seuls les deux plus grands sont égaux. Leur inclinaison est forte tout comme leur débord. Autrefois couverte de chaume, elles sont désormais couvertes d’ardoises, devenue le matériau traditionnel. L’impact visuel de ces toitures à croupe est important. Elle constitue le caractère dominant des hameaux (12).

Qualification

La vallée du Laudon connaît une certaine notoriété locale du fait de son appartenance au Parc Naturel Régional du Massif des Bauges. L’ensemble du massif est en effet connu pour ses vastes prairies, ses forêts (1), la richesse de sa faune et de sa flore, mais aussi pour son patrimoine bâti (2) et son histoire locale. La vallée du Laudon regroupe ses différents attraits et attire de nombreux anneciens en quête de randonnées (GR), aires vols libres, circuit vélo de Leschaux (3), etc. Elle est un « poumon vert » pour la ville d’Annecy. Remarquable belvédère sur le lac (4, 5), à proximité de l’agglomération annecienne, elle est un lieu privilégié de promenade dominicale.Ces activités de loisirs cohabitent avec une vie forestière et une vie rurale (6) basée essentiellement sur la production de lait et la fabrication de fromages (7). Ce territoire est couvert par les AOC reblochon, et tomme. Mais l’économie de la vallée du Laudon repose aussi de plus en plus sur une vie périurbaine (8). Cette vallée est en effet un espace de transition entre ville et montagne. La proximité d’Annecy attire de nombreux « nouveaux ruraux » souhaitant a la fois profiter d’un cadre de vie agréable, tout en travaillant dans les centres urbains proches (9).

Transformation

La vallée du Laudon constitue sans aucun doute un territoire à fort enjeu. Il est l’un des derniers espaces encore ruraux aux portes d’Annecy et il devient sensible à la pression urbaine qui remonte depuis les rives du lac (1, 2). Des risques forts d’évolution liés au changement de pratiques agricoles et à la pression urbaine existent aujourd’hui dans cette vallée. La progression de l’urbanisation a déjà commencé, elle se fait essentiellement sous la forme d’habitations individuelles éparses, souvent orientées vers le lac (3, 4, 5), mais également de nouveaux équipements publics (6).Certains signes d’abandons sont révélateurs de l’évolution des pratiques agricoles. Les exploitants se concentrent sur l’élevage et la production laitière, délaissant ou transformant les productions secondaires. On constate notamment le dépérissement (7) ou la transformation des vergers (abandon des espèces locales anciennes, abandon de la forme arbres tiges). Les vergers sont abandonnés, mais ils sont, de par leur situation en limite de hameau, victimes des constructions récentes. On notera ponctuellement la fermeture de vues par le boisement (8).Dans ce contexte particulier, on constate également que les quelques équipements comme les lignes à haute tension traversant la vallée de part en part (9), ou la route d’accès au Semnoz depuis le col de Leschaux (10), ont un impact visuel très fort. Un projet de tunnel sous la montagne du Semnoz reliant Annecy à Sevrier est à l’étude afin de résoudre les problèmes d’engorgement routier liés aux trajets pendulaires. Il est très probable qu’un tel projet engendrera une plus forte fréquentation de la vallée du Laudon et ne fera qu’accroître une pression urbaine déjà forte…

Objectifs de qualité paysagère

Face à ces mutations rapides, l’enjeu principal est d’éviter que l’urbanisation diffuse des rives du lac d’Annecy remonte et envahisse la vallée du Laudon. Pour garantir la pérennité des paysages agraires qui font l’identité de la vallée du Laudon (1, 2), toute nouvelle construction doit répondre à des exigences de densité et de continuité avec les bourgs et hameaux existants (3, 4) afin de ne pas compromettre la continuité nécessaire à l’exploitation des terres agricoles. Les vergers, identité du patrimoine agricole local, auront intérêt à être préservés et revalorisé.Les SCOT, les PLU, et la protection des zones agricoles sont des outils utiles et pertinents dans cette optique.Le Parc Naturel Régional des Bauges peut aussi jouer un rôle en ce sens. Créé en 1995 et englobant l’ensemble du massif, il vise en effet à valoriser la spécificité du site. La charte qui régit le parc a pour objectif la protection et la valorisation économique du patrimoine naturel et culturel (5, 6, 7). Son programme d’actions pour les vergers visant la valorisation de l’identité paysagère du massif des Bauges est très actif : inventaire des vergers et des espèces anciennes ; mise en place de l’opération annuelle « Plantons le paysage » incitant à la plantations de nouveaux vergers de variétés anciennes ; organisation de stages de greffe, de taille et d’entretien ; édition d’un DVD sur le sujet…Le Parc soutient également la restauration du patrimoine bâti, par une assistance à la restauration et des aides financières.

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