Vallée du Jabion et du Toulourenc, et plateau d’Albion

07 Vallee du Jabion et du Toulourenc et plateau d Albion
Département  : Drôme
 
Communes  : BARRET-DE-LIOURE, EYGALAYES, FERRASSIERES, LACHAU, MEVOUILLON, MONTBRUN-LES-BAINS, REILHANETTE, SEDERON, VERS-SUR-MEOUGE, VILLEFRANCHE-LE-CHATEAU, LABOREL, BALLONS, IZON-LA-BRUISSE, MONTAUBAN-SUR-L’OUVEZE, RIOMS, AULAN, BUIS-LES-BARONNIES, EYGALIERS, PLAISIANS, LE POET-EN-PERCIP, LA ROCHE-SUR-LE-BUIS, LA ROCHETTE-DU-BUIS, SAINT-AUBAN-SUR-L’OUVEZE, VERCOIRAN, MONTAULIEU, MERINDOL-LES-OLIVIERS, BEAUVOISIN, BENIVAY-OLLON, CHATEAUNEUF-DE-BORDETTE, MOLLANS-SUR-OUVEZE, LA PENNE-SUR-L’OUVEZE, PIERRELONGUE, PROPIAC, ROCHEBRUNE, MONTFROC
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 44777
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Les Vallées du Jabion et du Toulourenc, et le plateau d’Albion oscille entre pays de cocagne et vie quotidienne. C’est un pays de vacances et de cartes postales : les lignes de lavandes du plateau d’Albion, les oliveraies du pays de Nyons, les jolis villages aux ruelles étroites perchés sur des pitons rocheux, les rivières tumultueuses bordées de falaises calcaires ou de marnes noires, et le mont Ventoux ou la montagne de Lure en ligne de mire… Nous ne sommes pas loin de la Provence, tout ici l’évoque. Et c’est aussi un pays où la population souhaite améliorer son cadre de vie quotidien, au travers notamment de la création du Parc naturel régional des Baronnies.Le territoire offre des paysages de monts chahutés en tous sens, qui sentent la garrigue à l’ouest et la montagne à l’est. Sur les pentes, chênaies et pinèdes laissent apparaître les plissements clairs du calcaire qui dessinent des crêtes sculpturales.D’étroits vallons ne laissent la place qu’aux rivières, tumultueuses ou caillouteuses selon la saison, et à de petites routes étroites qui en suivent le tracé. De grandes bâtisses, construites en volumes multiples et en tous sens, donnent l’impression de hameau alors qu’il ne s’agit bien souvent que d’une habitation. Leurs toits couverts de tuiles canal rouges parsèment les versants sud des collines et montagnes tandis que les pâturages vert tendre en occupent les versants nord.Chaque vallon constitue une séquence visuelle avec son orientation particulière, son village, sa rivière, ses pentes plus ou moins abruptes, son cortège de végétation adapté à son relief et son microclimat. Ce sont de petits mondes en soi, où l’échelle du paysage semble close.Le regard passe avec délectation du vert profond des chênes persistants au blanc parfois immaculé des roches calcaires ou des neiges du mont Ventoux, en passant par le gris vert des oliviers, le bleu de la lavande, le jaune de la garrigue asséchée, le brun des chênes pubescents en automne et au printemps, le blanc et rose des fleurs de cerisiers et abricotiers…

Identification

Situés à l’angle sud-est de la région Rhône-Alpes, la Vallée du Jabion et du Toulourenc, et le plateau d’Albion constituent une unité paysagère hétérogène, entre la plaine de Nyons à l’ouest, les Hautes-Alpes à l’est, le plateau d’Albion au sud et les crêtes de la vallée de l’Ouvèze au nord. Ce sont les reliefs qui donnent la structure de l’ensemble et imposent les versants et leur ensoleillement : montagnes d’Albion et de Bluye au sud, montagnes du Gravas, de Cros, de Bouvrège et d’Hesc au nord. Les limites est et sud sont administratives : frontière avec la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, les paysages auraient tracé d’autres limites.De multiples reliefs entre 600 et 1 000 mètres d’altitude : montagnes du Buc, de Banne, de Bergiès, la Nible… structurent le paysage en de multiples vallons parsemés de cultures spécialisées et pérennes, ponctués de gorges et lits de rivières et ruisseaux au régime torrentiel (l’Ouvèze et la Derbous à l’ouest, le Toulourenc, la Méouge, le Jabion…). Les cols sont nombreux et les crêtes, franchies à pied ou en automobile, créent d’incessants effets de surprise.Le plateau de Ferrassière, strié de lignes de lavandes, face à la montagne de Lure, se rattache au plateau d’Albion provençal. D’une surface réduite, il incarne l’archétype du paysage provençal de lavandes, et figure ainsi sur nombres de cartes postalesLa roche calcaire qui affleure dans les pentes jalonne le lit des rivières et constitue le matériau privilégié des constructions, donnant une clé de lecture à l’ensemble du territoire.Les plans se succèdent, d’un vallon à l’autre, depuis le fond des vallées en cultures, suivi des versants des collines boisées de chênes, hêtres, et pins, cultivées (vignes, vergers, lavandes) ou pâturées selon l’importance de la pente. Les horizons, multiples, plus ou moins limités selon que l’on se situe en creux ou en crête, sont tantôt majestueux vers le mont Ventoux, interminables avec leurs successions de collines bleutées ou circonscrits par de superbes arrêtes aux plissements remarquables ou des marnes noires rongées par l’érosion. Témoins de l’histoire protestante de la région, les hameaux et villages sont perchés sur les versants sud des pentes ou sur des pitons rocheux, plus rarement implantés le long des cours d’eau. Structurés en colimaçon, ils revêtent souvent un caractère pittoresque : Buis-les-Baronnies, Montbrun-les-Bains, Le-Poët-en-Percip, La-Rochette-sur-Buis… Vieilli, rénové ou parfois partiellement en ruine, souvent caché par la végétation, l’habitat isolé est constitué de bâtisses construites en volumes multiples, aux tailles et orientations distinctes, aux toitures couvertes de tuiles canal. Les façades sont en pierre calcaire ou crépis clair. Les routes, pittoresques, suivent le cours des rivières qu’elles traversent sur de petits ponts en pierre, cachées dans la ripisylve ou derrière des alignements de tilleuls. Puis elles montent vers les cols à l’abri des forêts de chênes blancs ou de pins. Dans leur prolongement, des routes forestières ou des chemins de randonnées s’enfoncent dans les bois ou montent à l’assaut des reliefs.

Qualification

Les Vallées du Jabion et du Toulourenc, et le plateau d’Albion ont un caractère agricole et forestier affirmé et diversifié : lavandes (sur le plateau d’Albion), oliviers (AOC Nyons), vignes, cerisiers, amandiers, abricotiers, pâturages. Les parcelles sont petites, de formes variées et parfaitement entretenues. Là où l’agriculture ne s’est pas implantée, ou lorsque la pente est trop importante, la forêt (feuillus et conifères) prend le relais.Ce caractère rural arboricole procure déjà à l’ensemble des attraits touristiques. Face à la « sauvagerie » des monts alentours, chaque village, perchés sur un piton avec sa forme en hélice, ses ruelles étroites, ses maisons élevées et imbriquées, révèle le génie des lieux. Véritables ouvrages d’art, ces petites cités semblent avoir été dessinées par le fleuron des architectes… et leur édification semble avoir été confiée aux maçons les plus habiles. Les exemples sont multiples : Buis-les-Baronnies, La-Rochette-sur-Buis ou Montbrun-les-Bains…On ressent une forte empreinte historique dans ces lieux, du passé à la fois protestant et médiéval de la région. Les gîtes et chambres d’hôtes ont bien saisi cette opportunité. Campings, chemins de randonnées (le GR9, notamment) complètent le tableau des attraits touristiques, qui restent mesurés, et adaptés à l’échelle des lieux. Ils tireront profit du Parc naturel régional des Baronnies en cours de constitution.A l’ouest, le besoin de logements à proximité de Nyons et de Vaison-la-Romaine se fait sentir, il se traduit par des implantations en lien avec les nécessités contemporaines de rapidité de desserte (lotissements en fond de vallée) qui s’opposent aux structures paysagères du bâti perché et retiré.

Transformation

Le paysage de la Vallée du Jabion et du Toulourenc, et du plateau d’Albion est très intègre pour le moment mais fragile dans ses structures et hypersensible à tout aménagement contraire à ses traditions. La moindre construction en fond de vallée, par exemple à Propiac, proche des villes de Nyons et Vaison-la-Romaine, est une atteinte à son intégrité.Quelques champs et pâtures ont été abandonnés sur les pentes les plus difficiles, ce qui laisse présager une fermeture des vues, mais l’agriculture est dans l’ensemble dynamique. L’AOC Olive de Nyons y aide mais n’empêche pas l’embrouissaillement des terrasses d’oliviers difficilement accessibles. La création souhaitée du Parc naturel régional des Baronnies pose les questions du devenir agricole et de l’habitat dans les Baronnies.

Objectifs de qualité paysagère

Le projet de la Vallée du Jabion et du Toulourenc, et du plateau d’Albion doit se construire dans la continuité, sur la complémentarité entre ruralité, habitat et tourisme. Il s’agit plus de se situer dans une gestion appropriée de l’espace plutôt que de viser de forts outils de protection ou de conséquents d’aménagements.Ainsi la difficulté d’accès des lieux est garante de leur préservation : les aménagements routiers doivent être sévèrement limités. Ces routes sont bordées de tilleuls ou de murets de pierre calcaire et traversent les rivières par des ponts de pierre à valoriser absolument.De même, les constructions doivent garder la traditionnelle implantation du bâti dans les pentes, sans terrassements, et éviter les rares fonds de vallons plats. Les perspectives paysagères sur les villages perchés peuvent être considérés comme une des images emblématiques des Baronnies qu’il conviendrait de qualifier de « bien commun », à respecter.L’étude paysagère de la Drome provençale et l’atelier pédagogique régional de l’école de paysage de Versailles donnent quelques pistes sur la valorisation des éléments paysagers des Baronnies.

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