Vallée de St Gervais et haut-val d’Arly

Département  : Haute-Savoie

 

Communes  : SAINT-GERVAIS-LES-BAINS, LES CONTAMINES-MONTJOIE, LES HOUCHES, PASSY, PRAZ-SUR-ARLY, CREST-VOLAND, COHENNOZ, FLUMET, HAUTELUCE, NOTRE-DAME-DE-BELLECOMBE, SAINT-NICOLAS-LA-CHAPELLE, LA GIETTAZ, COMBLOUX, CORDON, DEMI-QUARTIER, DOMANCY, MEGEVE, SALLANCHES, VILLARD-SUR-DORON

 

Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux

 

Surface (Ha) : 28616

 

Carte(s) IGN :

Impression générale

On accède aux vallées de Saint-Gervais (1) et du Haut-Val d’Arly par la vallée de l’Arve (2). On laissera Sallanches derrière nous pour quitter l’A40 au niveau du Fayet, le Mont-Blanc déjà en vue (3). On accède alors à la vallée étroite et boisée de Saint-Gervais en empruntant la route départementale 902. Peut être y croisera-t-on le train à crémaillère (4) qui grimpe jusqu’au glacier du Bionnassay. Au pied du Mont-Blanc et sous l’œil du Mont Joly (5), de nombreux hameaux possèdent des églises baroques (6). La Réserve Naturelle des Contamines s’étend sur les hauteurs du Massif du Mont Blanc et protège le col du Bonhomme que seule une piste franchit. Il faudra alors faire demi-tour jusqu’à Saint Gervais pour accéder en véhicule au haut Val d’Arly. Plus large (7), les flancs vallonnés boisés et entaillés de nombreux ruisseaux (8), voient cohabiter pistes de ski (9) et pastoralisme (10) dans un équilibre difficile à tenir. Gageons que la réputation de la qualité des paysages de Megève (11), célèbre station village inventé par l’architecte moderne Henry Jacques Le Même et la baronne Noémie de Rotschild, soit un stimulant pour les enjeux environnementaux à venir.

Identification

La vallée de Saint-Gervais et le Haut-Val d’Arly sont deux vallées parallèles situées entre la chaîne des Aravis et le massif du Mont-Blanc. La vallée de Saint-Gervais où coule le Bon Nant, est étroite (1, 2), elle est dominée à l’ouest par le Mont Joly (3) (2525m), et à l’est par les Dômes de Miage (4) (3570m) et les glaciers du massif du Mont-Blanc. On y trouve la ville de Saint-Gervais-les-Bains (5), ancienne station thermale devenue une station touristique très prisée, ainsi que le village des Contamines-Montjoie.La vallée de l’Arly en comparaison est assez large et découpée en de multiples vallons (6) qui s’étagent entre 1000 et 2000 mètres d’altitude. Elle est dominée à l’ouest par le Mont Joly et le Mont d’Arbois (1827m), et à l’est par la chaîne des Aravis (7). Megève et Combloux ont façonné sa célèbre réputation.Ces deux vallées sont reliées entre elles par une plaine agricole qui s’étend entre Sallanches et Le Fayet. Dans cette plaine, le parcellaire lamellaire (8) est organisé perpendiculairement au cours de l’Arve. Mais cette structure, datant du XIX a été largement entamée (9) par le passage d’une voie ferrée, de l’autoroute A40, de la route nationale 205 et par l’ouverture de gravières le long de l’Arve et de lotissement d’habitations.L’occupation du sol est similaire dans ces deux vallées : prairies et habitations en fond de vallée, forêt sur les pentes fortes, prairies d’alpages et sommets empierrés ou enneigés sur les hauteurs. Les équipements et infrastructures liés aux sports d’hiver marquent fortement le paysage (10). Le développement touristique s’est opéré en créant des « stations village », en relation étroite avec leur environnement, dont l’exemple le plus réputé est Mégève, véritable aventure architecturale néo-régionaliste menée par Henry Jacques Le Même (11), conduisant de la ferme au chalet moderne (12). Travail de grande qualité, les chalets de Le Même sont devenus petit à petit un modèle tellement copié que les productions qui s’en réclameront plus tard n’auront malheureusement que peu à voir avec l’original. Ces chalets sont généralement orientés de la même façon : parallèlement à la pente, sur les versants ensoleillés, face aux sommets.Différents selon les vallées, les habitations traditionnelles rurales ont toutefois des caractéristiques communes : l’architecture type est celle de la maison du Faucigny (13), avec soubassement en pierre, façade sous le pignon et grange haute en bois. Le rez-de-chaussée (étable et habitation) est en granit maçonné, alors que l’étage est en épicéa. Le toit est à deux pans avec une cheminée et il est couvert de tuiles en bois d’épicéa ou de mélèze (tavaillons) (14). Le grenier est séparé du bâtiment.

Qualification

L’économie des vallées de Saint-Gervais et du Haut-Val d’Arly repose sur une vie rurale (1) et périurbaine (2), associée au tourisme. Les pâtures, et l’élevage bovin repose actuellement sur deux AOC : reblochon, et abondance. La qualité des paysages dépend ainsi en partie de l’exigence de la qualité de l’agriculture. Une forme d’alternance d’usages s’est peu à peu instaurée en fonction des saisons. Mais l’agriculture est très fragilisée alors que le tourisme ne se préoccupe pas toujours de la qualité des aménagements qu’il nécessite. Les guides sont d’ailleurs très prolixes sur cette région du Pays du Mont-Blanc. Les images de chalets groupés au pied d’un clocher à bulbe (3) avec pour fond le massif du Mont-Blanc sont innombrables. Les alpages (4), les praires fleuries (5), le massif du Mont-Blanc sont devenus les éléments fétiches des cartes postales.Cette activité touristique se traduit dans le paysage de plusieurs façons :·A travers les infrastructures liées aux sports d’hiver (remontées mécaniques).·A travers le phénomène de stations et leurs équipements d’hôtellerie et de restauration (6).·A travers une construction croissante de résidence secondaires (7).Cette attractivité touristique repose sur des valeurs liées à la nature, aux grands espaces et aux loisirs sportifs : - Réserve naturelle des Contamines Montjoie, qui s’étend sur 5500 ha du col de Miage à l’aiguille des Glaciers, - Domaine skiable particulièrement étendu et varié, - Nombreux GR (notamment le GR du Tour du pays du mont Blanc (TPMB), itinéraires vélo, tramway du Mont-Blanc reliant le Fayet au Nid d’Aigle (2372m) (8, 9).Mais aussi sur des valeurs plus culturelles liées au patrimoine architectural et à la ruralité : -Sentier du Baroque du Pays du Mont-Blanc qui permet de découvrir les églises baroques aux clochers à bulbes (10) présentes dans chaque villages ou presque.-Découvertes architecturales : Grands hôtels du début du siècle (11) et établissement thermal au cœur de la station de St-Gervais, chalets modernes de l’architecte Henry Jacques Le Même à Megève.-Petit patrimoine : fours à pains communaux, fermes traditionnelles, chapelles rurales, calvaires, oratoires lavoirs.-Nombreux sites inscrits (Le Pont du Diable reliant les rives du Bonant à St Gervais (12), blocs erratiques sur le versant de Combloux-Domancy…)

Transformation

Les principales transformations sont dues à la multiplication des résidences secondaires (1) et à la diffusion d’un modèle architectural dérivé de l’habitat traditionnel : le chalet (2). Ces chalets individuels, souvent accompagnés de routes d’accès et de terrassements, envahissent les secteurs encore libres contigus aux zones urbaines denses (3) ou aux pôles de remontées mécaniques. C’est le cas de la Plaine de Praz et de Bionnay à St Gervais les Bains, ou encore du secteur situé entre St-Nicolas de Véroce et les Plans. Actuellement pratiquement toutes les communes qui sont dans la logique touristique des sports d’hiver connaissent un développement urbain important (4).Parallèlement, l’activité agricole montre des signes de déprise : envahissement des pâturages par les pistes de ski et les remontées mécaniques, reboisement (5), abandon des vergers (6). Les paysages d’alpage comme ceux du Mont Joly, Megève, Combloux, sont fortement marqués par l’activité touristique. Le risque actuel pour ces alpages est l’abandon, à plus ou moins court terme de l’activité de pâturage. Le développement d’une végétation arborée (7) a tendance aujourd’hui à faire disparaître les alpages des champs de vision, pourtant ils sont des paysages agricoles d’une grande valeur patrimoniale puisqu’ils font partie intégrante de la mise en valeur du versant. Sur les versants de Domancy, Combloux, Sallanches, les près de fauche témoignent encore d’une activité agricole active (8), mais l’urbanisation compromet de plus en plus ces paysages.La Réserve Naturelle des Contamines Montjoie, dont l’emprise est en quasi-totalité dans l’emprise de la commune éponyme, protège la vallée de St-Gervais de tout excès d’urbanisation : elle veille au maintien de la situation actuelle : aucune route carrossable ne franchit le col du Bonhomme et toute nouvelle construction est soumise à son accord.

Objectifs de qualité paysagère

L’image de marque de ces deux vallées passe avant tout par le maintien d’une certaine intégrité paysagère (1). Le paysage constitue ici un enjeu économique important. Les touristes en visite dans le pays du Mont-Blanc recherchent avant tout un beau paysage ayant une forte identité locale, mais aussi du confort (2) et des moyens d’accueil (3). L’enjeu, très délicat, est donc de concilier ces deux demandes qui peuvent facilement s’avérer incompatibles, car pour conserver son caractère local, le pays du Mont-Blanc ne peut avoir une grande capacité d’accueil et d’évolution.Pour permettre un développement touristique de qualité, plusieurs objectifs sont donc à viser :· Identifier les caractéristiques identitaires fortes de ces deux vallées (trames paysagères, architecture, petit patrimoine…) en vue de leur préservation.· Orienter les aides agricoles vers les exploitations qui participent à l’entretien des paysages, par exemple en continuant l’aide au maintien des prairies (la prime herbagère agro-environnementale).· Encourager les conventions de pâturage entre gestionnaires de remontées mécaniques et agriculteurs.· Développer une multifonctionnalité alliant production et tourisme (vente directe, artisanat local…).· Trouver une forme de multifonctionnalité pour que les stations de ski en hiver aient aussi un usage agricole en été. En recherchant, par exemple, un dessin harmonieux des pistes de skis, qui ne défigure pas le paysage d’alpage en été, en équilibrant les limites entre domaine skiable et forêt et en évitant de créer des pistes de skis qui forment des tranchées.Plusieurs exemples vont déjà dans ce sens :· Des ventes directes à la ferme ont déjà lieu (4).· La réhabilitation du bâti traditionnel et sa valorisation existent également.