Vallée de la Moyenne-Maurienne jusqu’à St-Jean-de-Maurienne

49 Vallee de la Moyenne Maurienne jusqu a St Jean de Maurienne
Département  : Savoie
 
Communes  : SAINT-JEAN-DE-MAURIENNE, MONTAIMONT, HERMILLON, MONTRICHER-ALBANNE, SAINT-JULIEN-MONT-DENIS, SAINT-MARTIN-D’ARC, SAINT-MARTIN-DE-LA-PORTE, SAINT-MICHEL-DE-MAURIENNE, VILLARGONDRAN, FOURNEAUX, FRENEY, MODANE, SAINT-JEAN-DE-BELLEVILLE, SAINT-MARTIN-DE-BELLEVILLE, ORELLE, SAINT-ANDRE, VALLOIRE, VALMEINIER, MONTVERNIER, PONTAMAFREY-MONTPASCAL, ALBIEZ-LE-JEUNE, LE CHATEL, ALBIEZ-MONTROND, JARRIER
 
Famille de paysages : Paysages marqués par de grands équipements
 
Surface (Ha) : 24782
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

La vallée de la moyenne Maurienne, entre Modane et Saint-Jean-de-Maurienne, est une vallée étroite aux versants très raides, creusée par le torrent de l’Arc (1). Étroite au point que la D 1006, les voies ferrées et l’ A 43, planant très souvent au dessus du sol en viaduc, occupent sur certaines sections toute la place (2), ou sont obligées de passer en tunnel comme à Orelle. Une alternance d’ouvertures et de fermetures caractérise la vallée de l’Arc, la présence d’un verrou glaciaire au débouché de la vallée de Valloire (3) est particulièrement notable. Les villes et l’industrie se sont développées lorsque le relief l’a permis(4) . Mais les grands sites industriels d’électrochimie et d’électrométallurgie, associés à l’histoire de la vallée sont aujourd’hui en grande partie fermés.Les versants sud de la vallée (ubac), très raides et boisés (5) sont très peu construits en dehors de quelques hameaux et de la station des Karellis (6). Ils donnent accès aux vallées perchées de Charmaix, Bissorte, Neuvache, Valloires et de l’Arvon et leurs stations de ski. Les versants nord (adret) sont moins boisés : ils accueillent hameaux et vestiges de pâtures (7). Ils présentent une alternance de larges vallons et de crêtes relativement étroites barrant la vallée. C’est sur ces versants que se développent également les constructions contemporaines (8) autour des hameaux anciens. Ils donnent accès au massif de la Vanoise.Le paysage de la vallée présente donc un fort contraste (9) entre les versants très boisés ou rocheux et le fond de vallée très construit et très routier. L’A 43 et RD 1006 (10) sont des axes très empruntés reliant France et Italie par le tunnel du Fréjus, alors que les versants obligent à la lenteur (11).

Identification

La vallée de la moyenne Maurienne entre Saint-Jean-de-Maurienne et Modane présente sur une vingtaine de kilomètres une succession d’ouverture et de fermeture du relief. On peut découper ce parcours en deux grandes sections.La première, orientée nord-ouest/sud-est, plutôt ouverte (1), court du nord de Saint-Jean-de-Maurienne jusqu’à Saint-Martin-de-la-Porte. Elle possède un versant nord alternant crêtes rocheuses abruptes comme celles de la Croix des Têtes (2) et vallons perchés (3) dominés par le Grand Perron des Encombres (2825 mètres). Le versant sud très raide et très boisé accueille surtout la station des Karellis. Au niveau de Saint-Jean-de-Maurienne, le versant s’ouvre (4) pour donner accès à la vallée de Fontcouverte.La seconde section, du verrou glaciaire de Saint-Martin-de-la-Porte (5) à Fourneaux, est assez fermée (6). Le versant nord devient également très raide et un seul vallon, le Plan Bouchet, dominé par la pointe du Bouchet (3420 mètres), permet à une télécabine le passage vers la station de ski de Val Thorens. Le versant sud, toujours très raide et boisé (7) donne accès à une série de vallées perchées connues pour leurs stations du ski (Valmeinier et Val-Fréjus) ou leur lac de retenue (Bissorte).Le paysage est limité au nord par l’adret de la vallée de l’Arc jusqu’aux sommets de la Montagne des Coins (8), du Grand Perron des Encombres, du Mont Bréquin (9), de la Cime de Caron, et de la Pointe du Bouchet. A l’ouest, le resserrement du relief au nord de Saint-Jean-de-Maurienne (10) et au sud, l’ubac de la vallée de l’Arc jusqu’aux sommets de la Pointe des Chaudannes, du col du télégraphe, de la pointe de la Sandonière, du Mont Coburne (11), et de la pointe des Sarrasins, bordent le paysage. Enfin, à l’est, c’est la vallée de Freney et le relief du fort du Sapey (12) qui ont le même effet.

Qualification

Les paysages de la vallée de la moyenne Maurienne sont marqués d’une part par la présence d’industries et d’infrastructures et d’autre part par un bâti à caractère patrimonial. Dans une moindre mesure, les activités touristiques liées au ski sont aussi perceptibles.Dès la fin des années 1800, la possibilité de développer l’énergie hydro-électrique a engendré l’implantation d’usine d’électrométallurgie et l’aménagement de sept chutes sur le cours moyen de l’Arc. A cette époque, l’eau était dérivée au moyen d’un barrage dans une conduite d’amenée, parfois souterraine et envoyée dans une conduite forcée à l’extrémité de laquelle des dynamos produisent de l’électricité. Il reste un vestige de cette époque : un morceau de la conduite forcée de l’usine d’aluminium de La Praz (1). Elle franchissait l’Arc suivant une technique imaginée par Paul Héroult. Ce fut la première conduite autoportante du monde en 1893.Depuis, les usines d’électricité se sont multipliées : Bissorte (2) et Super Bissorte (usines enterrés), la centrale à la confluence de la Valoirette avec l’Arc, le barrage sur l’Arc qui occupe la largeur du fond de vallée à Orelle ainsi que les infrastructures liées à l’aménagement du torrent : murs et gabions anti-crues (3).Les bâtiments industriels marquent également la vallée (4), accompagnés d’ infrastructures de transports : l’autoroute très souvent en viaduc (5), parfois en tunnel (6), l’autoport du Fréjus, l’aire de stockage des poids lourds, des aires de service ainsi que la voie ferrée (7), ses tunnels ou protection contre les chutes de pierre…On pourra également citer la très belle et impressionnante petite route de Montvernier (8) et ses 18 lacets soutenus par des murs (9) (site inscrit).Les hameaux et villages typiques comme Saint-André ou Montricher (10) se concentrent sur les versants mais Saint-Michel-de-Maurienne possède également un vieux bourg marqué par son organisation de rues (11) et de maisons anciennes en butte à l’abri du torrent. Cette mise à distance par rapport à l’eau, un peu en hauteur, concerne tous les villages. Les maisons traditionnelles sont faites de blocs de schiste grossièrement taillés souvent recouverts d’enduit clair, blanc ou jaunâtre. Les toits étaient recouverts de lourdes lauzes. On remarque la présence de galeries de bois possédant de légères balustrades, accessibles par un escalier ou une échellesde meunier. Le bâti s’ancre dans la pente.A Châtel, on notera l’ancienne église paroissiale (12) (site inscrit). Enfin, on ne pourra pas ignorer le fort du Télégraphe (13), perché à proximité du col du même nom qui domine Saint-Michel-de-Maurienne. Construit entre 1886 et 1890 à l’emplacement d’un poste de télégraphe Chappe, c’est un fort de type Séré-de-Rivières.La station de ski les Karellis (14) est située sur la commune de Montricher-Albanne à 1600 mètres. Créée en 1975 par Pierre Lainé, fondateur de l’Association Renouveau, elle voulait développer l’accès des vacances aux familles à revenus modestes. Conçus par l’Atelier d’Architecture en Montagne (Guy Rey-Millet, Alain Bardet et Jean-Gustave Orth) c’est une expérience unique de station intégrée composée en totalité par des hébergements d’organismes de tourisme social. Les critères d’ élaboration qui fondent ce type de station sont tous présents : urbanisme rationnel qui concentre les constructions reliées entre elles autour des « grenouillères », principe de station sans voiture avec des parkings en aval, ski jusqu’aux logements. L’architecture est moderne, bardages de mélèze (15), toits en papillons ou en vague ondulée.

Transformation

Le paysage actuel de la vallée de la moyenne Maurienne a été façonné en grande partie par les travaux d’aménagement de l’Arc et la construction d’infrastructures de transports. L’hydroélectricité, d’abord pour l’industrie, puis pour l’ensemble de la population a été la principale motivation de ces aménagements : barrage de Bissorte entre 1930 et 1935, chute de Saint-Michel en 1942, centrale d’Orelle alimentée par la retenue du Freney (1), centrale de la Saussaz 2 alimentée par la retenue du Pont des Chèvres (2), centrale d’Hermillon alimentée par la retenue de Saint-Martin-la-Porte (3) via le canal de Saint-Julien (4), Super-Bissorte et le transformateur de Super-Bissorte. L’activité de l’aluminium est aujourd’hui en déclin mais un musée dédié a ouvert à Saint-Michel-de-Maurienne (5).Les infrastructures de transport routier ont également modifié énormément le paysage du fond de vallée.Une télécabine, le 3 vallées express à Francoz (6) (Orelle) a été construit en 1995 pour relier la vallée à Val Thorens. C’est la plus longue télécabine du monde en un seul tronçon.Des transformations sont aussi liées à la construction de logements individuels qui remontent sur les rares versants disponibles autour des principales villes (7, 8, 9).

Objectifs de qualité paysagère

Préserver les rares terrains en fond de vallée et les non moins rares bas de versant encore non bâtis ou investi par des équipements, comme le plan des Saussaz (1) à Saint-Martin-de-la-Porte ou le Poutet (2) à Saint-Julien Mont-Denis par exemple. Ces objectifs permettront au fond de la vallée de conserver un recul entre bâti et torrent. Lutter contre l’enfrichement des zones d’ancien vergers ou de pâtures .Veiller à la requalification de la route nationale aménagée comme une autoroute bis (3), s’affranchissant le plus possible des contraintes du terrain. Sa requalification pourrait être un levier pour retrouver de l’aménité dans une vallée très dure. De même, la RD 1006 pourrait permettre plus de lien entre l’infrastructure et son contexte : proposer des bas cotés utilisable pour un itinéraire vélo, des plantations d’alignements…A Montvernier on remarque encore des lignes d’arbres fruitiers (4). Il serait intéressant que l’exploitation arboricole sous cette forme ne disparaisse pas car elle fabrique un paysage identitaire de qualité. Il serait souhaitable de valoriser cette forme éventuellement dans d’autres projets de plantations dans la vallée.Enfin, on ne pourra que soutenir également le développement d’itinéraires piéton dans un tel contexte (5).

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