Vallée de la Haute-Tarentaise

Département  : Savoie
 
Communes  : PEISEY-NANCROIX, TIGNES, BESSANS, BONNEVAL-SUR-ARC, TERMIGNON, VAL-D’ISERE, BOURG-SAINT-MAURICE, MONTVALEZAN, SAINTE-FOY-TARENTAISE, SEEZ, VILLAROGER, CHAMPAGNY-EN-VANOISE
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 38145
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

La vallée de la Haute Tarentaise offre des paysages très variés. En arrivant de Bourg-Saint-Maurice, on circule d’abord dans un fond de vallée assez large où coule l’Isère (1) et où l’on remarque d’anciens vergers (2). De là, on peut emprunter la route nationale 90 qui monte vers le col du Petit Saint Bernard. Mais si l’on choisit de rester sur la route départementale 902, la vallée se resserre (3) progressivement au niveau de Sainte-Foy-en-Tarentaise. L’Isère s’enfonce dans des gorges boisées (4) dominées par le glacier du Mont Pourri (5). La route grimpe rapidement au-dessus des gorges en direction de Tignes et entre deux paravalanches, on aperçoit parfois les clochers de petits villages séculaires accrochés sur la pente (6).Les lacets s’enchaînent et l’on découvre soudain le lac de Chevril, grand lac de retenue (7). En amont de ce lac, le paysage change : la forêt se dissipe et les pelouses alpines apparaissent (8). La vue se dégage et l’on peut admirer les principaux sommets et glaciers environnants : aiguille du Dôme, Tsanteleina, aiguille de la Grande Sassière, crêtes de Lessières (9) glacier du Mont Pourri, glacier de la Grande Motte (10), Pic de l’Iseran, dôme de la Sache…Cette partie de la vallée est aussi marquée par deux célèbres stations de sports d’hiver, Tignes et Val d’Isère. Deux stations dont la morphologie se distingue par un urbanisme dense, tel que promu dans les années 1960, occupant un ancien alpage à 2100 mètres d’altitude pour la première (11), et une morphologie de bourg en fond de vallée pour la seconde (12) à 1850 mètres. Enfin, après avoir traversé Val d’Isère, le parcours se termine par le col de l’Iseran qui relie la Haute-Tarentaise et la Haute-Maurienne (13, 14) et permet un passage vers l’Italie.

Identification

Orienté nord-ouest / sud-est, la vallée de la Haute Tarentaise est très vaste. Elle est limitée par Bourg-Saint -Maurice au nord-ouest (1), le col du Petit-Saint-Bernard au nord (2188 mètres) (2), la frontière italienne et la réserve naturelle de la grande Sassière à l’est, le col de l’Iseran (2764 mètres) (3) au sud-est, et le cœur du Parc National de la Vanoise au sud.La Haute Tarentaise se caractérise par un fond de vallée très encaissé marqué par le torrent de l’Isère (4) (qui prend sa source en amont du col de l’Iseran) et les différents ouvrages destinés à la production d’électricité (5). Les flancs nord et les flancs sud de la vallée sont occupés de façons très distinctes : les stations de sports d’hiver (Tignes à 2100 mètres et Val d’Isère à 1850 mètres) cherchant le meilleur enneigement possible et les vues sur le Mont Blanc ont investi l’ubac à partir de 1800 mètres ; tandis que les pâtures, cultures et habitations traditionnelles se concentrent sur l’adret.Dans cette longue vallée de près de 23 kilomètres on peut distinguer deux types de paysages :- de Bourg-Saint-Maurice à Tignes, un paysage très boisé (6) marqué par les profondes gorges de l’Isère (7) et d’anciens villages pittoresques sur l’adret (8).- de Tignes au col de l’Iseran, un paysage marqué par les hauts sommets (9), les grandes étendues de pelouses alpines et les stations de sports d’hiver (10).Le système d’habitat traditionnel est encore très visible dans les villages de l’adret. Souvent situés au débouché d’un petit vallon (11), les villages sont groupés autour de l’église et entourés de vergers et de prairies. A noter qu’il n’existe aucun habitat permanent dans la zone du cœur de parc national, mais de nombreux refuges, utilisés par les randonneurs.Les maisons sont de deux types :- soit des fermes doubles (12) : maison en maçonnerie de lauzes, où le vide laissé entre les murs du pignon sud et la toiture permet d’aérer la grange.- soit des maisons dites « à colonnes » (13) où les colonnes supportent l’avancée du toit. Cela forme un espace de circulation abrité pour les hommes et l’air au niveau des séchoirs à foin et à bois. Lorsque la pente est forte, ces colonnes construites au XVIIIe siècle par des maçons piémontais peuvent atteindre une dizaine de mètres de haut. Ce sont surtout des notables qui pouvaient payer ces ouvrages spéciaux et coûteux.

Qualification

L’économie locale de la vallée de la Haute Tarentaise repose en partie sur le pastoralisme (1) et la production du Beaufort, mais surtout sur le tourisme d’hiver (2). Les guides de voyage sont d’ailleurs très prolixes sur la Haute Tarentaise où cohabitent plusieurs territoires à forte identité. D’abord, cette vallée appartient entièrement à l’aire d’adhésion du Parc National de la Vanoise (PNV) et compte trois réserves naturelles nationales gérées par ce parc national : réserve naturelle de Villaroger, réserve naturelle de Tignes et réserve naturelle de la Bailletaz. Ensuite, de célèbres glaciers sont présents : la Grande Motte, Le Mont Pourri, la Grande Sassière. Et enfin on trouve deux très grandes stations de sports d’hiver : Tignes (3) et Val d’Isère (4) qui forment le domaine skiable dénommé « espace Killy ». La charte du PNV est en cours d’actualisation (automne 2011).Tignes et Val d’Isère attirent des touristes à l’échelle nationale et internationale. La station de Tignes s’est développée dans les années 60, après que l’ancien village (Tignes 1683 mètres) ait été englouti sous les eaux du lac de retenue de Chevril. Tignes est alors reconstruit sous la forme d’une station de sports d’hiver au niveau des alpages, à 2100 mètres. Les premières constructions de « Tignes le lac » sont réalisées par l’architecte Raymond Pantz qui choisit de grouper en un seul édifice plusieurs résidences (5) pour limiter l’emprise du bâti. A la fin des années 60, la capacité d’accueil est augmentée par la création des quartiers nouveaux des Lavachet (1965-1974) et du Val Claret (1970-1984) (6) selon les grands principes des aménagements intégrés. Dans le même temps, les liaisons avec le domaine skiable de Val d‘Isère sont renforcées et le glacier de la Grande Motte est ouvert aux skieurs (7, 8). On skie désormais 365 jours sur 365 à Tignes (9) et la capacité d’accueil de la station est portée à 30000 lits.Dernier village de la vallée à 1850 mètres d’altitude et installée dans une ancienne vallée glaciaire, la station de Val d’Isère connaît aussi un développement important à partir des années 60. C’est à cette époque que les immeubles de « la Daille » (10, 11) sont construits par Jean Claude Bernard (Premier Grand Prix de Rome en 1960). Ces immeubles ont reçu le label de patrimoine du XXe siècle, qui vise à reconnaître les édifices les plus significatifs qui ont été construits au cours de ce siècle. En 1984, la municipalité a souhaité relier la partie la plus ancienne du village au quartier nouveau : un ensemble de petits immeubles néo-traditionnels utilisant la pierre, les lauzes et les mélèzes est construit par l’architecte Chanéac (12). L’ensemble des constructions ultérieures adoptera cette référence. Un portique monumental (1985) avec colonnes de pierre signale l’entrée de ce nouveau quartier. Aujourd’hui avec ses 28000 lits et son prestigieux domaine skiable, Val d’Isère décline tous les types architecturaux présents dans les stations de sports d’hiver. Ces stations sont visitées dans le cadre du circuit « Archipels d’altitude ».Mais outre la pratique des sports d’hiver, la Haute Tarentaise est aussi connue pour ses villages patrimoniaux et notamment pour le Monal (13), un des plus beaux exemples de hameaux d’habitats temporaires (site classé). D’autres villages patrimoniaux comme le Miroir (14) ou la Masure sont aussi remarquables. On notera également que cette vallée accueille les « Chemins du Baroque » reliant un ensemble d’édifices religieux de style baroque, que l’on distingue souvent de loin par leurs clochers à bulbe.Enfin, les deux cols qui marquent la limite de la vallée : le col du Petit-Saint-Bernard (2188 mètres) à l’ouest et le col de l’ Iseran (2764 mètres) à l’est, sont aussi des attraits touristiques importants. Le col du Petit St Bernard à la frontière italienne est un passage mythique entre la France et l’Italie depuis la plus haute antiquité. Le col de l’ Iseran est le col le plus haut d’Europe. Associé au belvédère (15) situé quelques kilomètres en aval, ces sites classés offrent un panorama éblouissant sur les massifs de la Vanoise (16).

Transformation

Les principales transformations qui touchent le paysage de la Haute Tarentaise sont dues au développement des domaines skiables (1, 2), à l’urbanisation des stations de sports d’hiver (3, 4) et au infrastructures hydroélectriques. La station de Val d’Isère par exemple s’étend de plus en plus dans la vallée et la coupure qui existait auparavant le long de la route départementale 902 entre le quartier de la Daille et le cœur de bourg de Val d’Isère est en train de disparaître (5). Afin de développer un tourisme des quatre saisons, les stations de ski cherchent à diversifier leur offre estivale, notamment en proposant des activités dites de « terrain d’aventure » comme le VTT ou le quad, dont l’impact sur le paysage n’est pas à négliger.Les lacs de retenue et leurs barrages sont également des ouvrages particulièrement imposants dans le paysage. Le lac de Chevril (6) et la disparition de l’ancien village de Tignes sous ses eaux en est un exemple particulièrement éloquent. On citera également la retenue d’altitude du Col de l’Iseran (7). On peut également constater une fermeture de la vallée due au développement de la forêt suite à l’abandon de l’ancien système pastoral (8). Dans les hameaux situés au-dessus de Sainte-Foy en Tarentaise, par exemple, cette évolution est très nette et le reboisement a tendance à fermer les vues.Enfin, n’oublions pas que les transformations des paysages se font au gré des pressions pour aménager toujours plus et des mesures censées être compensatoires de ces aménagements. Par exemple, le vallon de l’ Iseran illustre bien les confrontations existantes entre enjeux naturalistes et économiques. En 1963, ce vallon a été classé réserve naturelle sur 1505 ha. Ce dispositif assurait la protection de la faune et, depuis 1976 interdisait tous travaux sans autorisation ministérielle. Mais depuis 2000, cette réserve naturelle a été déclassée pour permettre la création de remontées mécaniques, en contrepartie de la création de la réserve de la Bailletaz et de l’arrêté préfectoral de protection des biotopes aux abords du col de l’ Iseran qui est un site classé depuis 1939. Nul doute que cette histoire mouvementée explique en partie le peu de soin (9) apporté à l’aménagement de ce col. On pourra aussi rappeler la création en 1973 de la réserve naturelle de la Grande Sassière en compensation de l’autorisation d’équiper le glacier de la Grande Motte pour le ski (10).

Objectifs de qualité paysagère

L’image de marque de la vallée de la Haute Tarentaise passe avant tout par le maintien d’une certaine intégrité paysagère. Le paysage constitue ici un enjeu économique important. Les touristes recherchent avant tout un beau paysage ayant une forte identité locale, mais aussi du confort et des infrastructures d’accueil. L’enjeu, très délicat, est donc de concilier ces deux demandes qui peuvent facilement s’avérer incompatibles. Par exemple, le ski 365 jours par an sur le glacier de la Grande Motte est-il bien en cohérence avec la nature de ce site, une réserve naturelle faisant partie du Parc national de la Vanoise ?[est-ce bien vrai ? Vérifier…] Il existe parfois des incohérences entre l’image attendue de « réserve naturelle » de ces magnifiques paysages et le réel usage des lieux qui les dégrade.Pour permettre un développement touristique de qualité, plusieurs objectifs sont donc à viser :- Améliorer la prise en compte des enjeux naturalistes et paysagers dans les aménagements et les activités de loisirs. Par exemple, une re-qualification des cols de l’Iseran et du Petit Saint Bernard serait souhaitable pour juguler la marchandisation de ces sites (1, 2), pour aller vers moins d’encombrement de l’espace, délimiter clairement les stationnements, et éviter la juxtaposition d’objets dénaturant l’esprit des lieux.- Suivre attentivement le projet de liaison entre Val d’Isère et Bonneval (en Haute Maurienne, au delà de l’Iseran) par remontées mécaniques, qui n’est pas compatible avec la préservation des paysages de ce secteur.- Contenir les stations de ski, et leurs domaines skiables, dans leurs emprises actuelles, en favorisant la densification.- Favoriser dans les stations des formes d’aménagement et de services polyvalentes et économes en ressources. Par exemple en développant une multifonctionnalité alliant production et tourisme (vente directe, artisanat local…) ou une multifonctionnalité d’usage saisonnier comme c’est parfois le cas concernant les pistes d’entretien des remontées mécaniques qui servent aussi de pistes VTT.- Orienter les aides agricoles vers les exploitations qui participent au maintien des paysages ouverts (3, 4). Par exemple en soutenant le pastoralisme et une agriculture économiquement viable empêchant le reboisement et la fermeture des vues.- Dans le même ordre d’idées, soutenir une sylviculture et une filière bois qui intègre les enjeux de la nature, de l’économie et de la société.

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