Vallée de l’Eau d’Olle et Lac de Grand’Maison

37 Vallee de l Eau d Olle et Lac de Grand Maison
Département  : Isère
 
Communes  : VILLARD-RECULAS, ALLEMOND, HUEZ, OZ, VAUJANY, SAINT-COLOMBAN-DES-VILLARDS, LA COMBE-DE-LANCEY, LAVAL, REVEL, SAINTE-AGNES, LA FERRIERE
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 9997
 
Carte(s) IGN : TOP 25 : 3335 ET

Impression générale

La départementale 526 traverse cette longue vallée. depuis le col du Glandon jusqu’à Allemond et son barrage, et passe le barrage du lac de Grand Maison. La route s’élève ensuite pour gagner le col du Glandon, jolie récompense à un peu plus de 1900 mètres. La vue sur les massifs de Belledonne et des Arves et la vision du Mont Blanc nous rappelle que les grands sommets alpins sont touts proches. Après les pentes boisées, pénètre dans un royaume de rocaille où les moutons paissent. Après l’alternance d’ombre et de lumière qui avait rythmé le parcours, après l’enserrement de la vallée et de ses flancs boisés, la respiration est salutaire, dans un paysage naturel grand ouvert. Mais, si les grands barrages EDF ne nous avaient pas contrariés, au col de Glandon, on ne peut réprimer un pincement au cœur en découvrant les remontées mécaniques d’installation récente. La ligne de crête est ainsi barrée pour une cause dont on ne peut s’empêcher de questionner l’utilité.

Identification

Cette vallée, qui porte le nom du torrent qui la creuse, est encaissée entre ses flancs montagneux. La vallée de l’Eau d’Olle appartient à une longue succession des vallées qui marquent les flancs est des chaînes de la Lauzière (Savoie) et de Belledonne jusqu’au Taillefer. Les limites naturelles de cette vallée sont bien délimitées, entre la petite ville d’Allemond (1000 mètres) et le col du Glandon (1900 mètres) qui se poursuit vers le col de la Croix de Fer et permet de rejoindre Saint Jean de Maurienne. La montée est progressive, sans a-coups. La D526 longe les deux points stratégiques de ce territoire, qui forment aussi les points de vue les plus marquants : les grands barrages. Structures horizontales dans un paysage en « V », ils créent une rupture visuelle très forte. Le plus grand est celui du lac de Grand Maison (situé à un peu moins de 1700 mètres, il mesure 550 m de long et 140 m de haut). D’abord barrières visuelles imposantes, ils se laissent découvrir à la faveur d’une montée en lacets. L’artificialité de ces retenues d’eau est alors évidente, puis se fait oublier lorsque la vision depuis un balcon plonge dans les eaux pures du lac. Contrairement aux vallées voisines appartenant à l’Oisans « chauve », nous sommes ici dans une unité paysagère très boisée. Des noirs profonds avec les résineux aux verts tendres des feuillus, l’ambiance forestière rythme la traversée de ce territoire. Peu visibles en fond de vallon, la pierre apparait en larges coulées sur les flancs de montagne. Avec l’altitude, les alpages se dessinent. La naturalité de ce territoire est renforcée par une très faible densité humaine ; moins de 800 habitants à Allemond et quelques touts petits hameaux, tous en versant sud.

Qualification

Les vues ouvertes et fermées alternent dans un rythme séquencé. Les dimensions et l’encaissement de cette vallée ressemblent aux descriptions « effrayantes » de la montagne que pouvaient faire les Romantiques. La lumière manque, la présence humaine et animale se fait rare. La cascade des 7 Laux site classé révele les hauteurs impréssionnantes.La brusque apparition des barrages dans ce cadre naturel, imposants témoins du travail de l’homme, finirait presque par rassurer ! Si leur raison d’être se justifie (l’histoire de la maîtrise de l’eau, une exploitation illustrée par le musée Hydrelec d’Allemond), leur inscription dans le paysage peut être discutable. Néanmoins, ces deux ouvrages ont visiblement été l’objet d’une attention particulière ; celui d’Allemond a bénéficié d’un traitement paysager gazonné, celui de Grand Maison d’un parement de pierres. Leur artificialité est cependant apparente, marnages visibles, équipements annexes…Signes de modernité dans un paysage naturel peu peuplé, qui lui profitent aussi visiblement car l’habitat est bien entretenu, les granges sont restaurées, l’habitat traditionnel savoyard maintenu. En revanche, l’activité agricole est quasi inexistante et le pastoralisme ne se découvre pas avant le lac de Grand Maison puis les zones d’alpage.

Transformation

La vallée de l’eau Dolle, l’une des plus boisées de l’Oisans, a été profondément modifiée par la construction des deux retenues hydroélectriques du Verney et de Grand’maison, cette dernière étant la plus grande d’Europe. Ils représentent des marqueurs paysagers forts et des ouvrages d’arts plutôt réussis sur le plan architectural. Mais ils ont aussi engendré des équipements moins esthétiques, dizaines de pylônes électriques qui hérissent toutes les pentes de leurs pics élancés. Pas une image sans pylône. La vallée de l’eau Dolle, bascule entre paysages naturels et paysage de grands aménagements. Des efforts ont toutefois été faits pour intégrer les barrages dans le paysage et valoriser ce patrimoine industriel par la création d’un musée. Ce territoire a finalement trouvé un certain équilibre, entre fonds de vallée aménagés et hauteurs naturelles. Mais celui-ci est menacé par l’installation de récents équipements au col du Glandon, 2 téléskis viennent encore casser l’image de l’alpage. Destinés à relier les stations savoyardes entre elle, leur utilité à lmoyen terme est discutable : l’enneigement à 2000 mètres n’est pas assuré, leur fréquentation non plus. Ces transformations pourraient faire basculer cette unité paysagère.

Objectifs de qualité paysagère

Puisque l’exploitation hydroélectrique est acquise et même promise à se développer vu la nouvelle donne en matière énergétique, autant la valoriser. L’ouverture d’un musée sur l’histoire de l’eau est une bonne initiative pour valoriser ce patrimoine industriel, partie essentielle de l’histoire de cette vallée. Poursuivre les efforts pour la porter à la connaissance du grand public et promouvoir cette énergie renouvelable se revèle un objectif de qualité paysagère porteur de sens. Il convient de porter également une attention particulière à tout aménagement, puisque cette zone en comporte très peu. Une route unique dont le traitement doit être soigné, un habitat rare qui doit conserver ses singularités architecturales. On l’aura compris, la grande question concerne le développement des équipements de loisirs vers le col du Glandon. Il aurait souhaitable qu’il ne reste qu’une zone d’alpage et un haut lieu d’ascension cycliste.

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