Vallée de l’Azergues en amont de Chamelet

139 Vallee de l Azergues en amont de Chamelet
Département  : Rhône
 
Communes  : LE PERREON, RIVOLET, VAUX-EN-BEAUJOLAIS, LES ARDILLATS, CHAMELET, CHAMBOST-ALLIERES, DIEME, GRANDRIS, LAMURE-SUR-AZERGUES, SAINT-CYR-LE-CHATOUX, BELLEROCHE, CHENELETTE, POULE-LES-ECHARMEAUX, RANCHAL, CLAVEISOLLES, MARCHAMPT, PROPIERES, SAINT-JUST-D’AVRAY, SAINT-NIZIER-D’AZERGUES, CUBLIZE, RONNO, SAINT-APPOLINAIRE, MEAUX-LA-MONTAGNE, SAINT-BONNET-LE-TRONCY, SAINT-DIDIER-SUR-BEAUJEU
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 16775
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Au cœur du « Beaujolais Vert », la Vallée de l’Azergues en amont de Chamelet, marie bois et champs de maïs ou prairies pâturées, sur des vallons et des monts qui viennent butter sur les contreforts du Mont Saint Rigaud, point culminant du département (1012 mètres). Située à 50 km au nord-ouest de Lyon et à 25 km à l’ouest de Villefranche-sur-Saône, facile d’accès, la vallée de l’Azergues se laisse parcourir, découvrir, et apprécier avec ses points de vue d’une campagne plantée, cultivée, pâturée et travaillée par les sylviculteurs et les éleveurs.Au nord et en amont, le village de Poule-les-Echarmeaux, abrite l’une des deux sources de l’Azergues. Au sud de la vallée, Chamelet, symbolise la frontière historique entre Monts du Lyonnais et Monts du Beaujolais. Après avoir traversé les Monts du Beaujolais, l’Azergues achève sa course de 64km dans la Saône en aval d’Anse.Nichée au coeur de la Vallée d’Azergues amont, Lamure-sur-Azergues incarne la vitalité, bien que le nombre d’habitats isolés à l’abandon disséminés ça et là contredise un peu cette image. Moins couru que le Beaujolais viticole, la Vallée de l’Azergues en amont de Chamelet semble peu menacée par des transformations propres à dénaturer son caractère agraire.

Identification

La Vallée de l’Azergues en amont de Chamelet est orientée nord-sud. Aux A ses deux extrémités, Chamelet et Poule-les-Echarmeaux sont reliés à la fois par la rivière, la voie ferrée et par la RD 485, très fréquentée. Le village de Chamelet fait office de charnière entre l’Azergues amont et aval, créant un effet de sas qui se retrouve dans les ambiances de fonds de vallons. Les vues ouvertes s’offrent sur les hauteurs, vers les cols ou au détour d’une route, dont le maillage est relativement dense.Elle est constituée d’un fond de vallée bifide : la rivière prend son nom lorsque les deux ruisseaux, l’Aze et l’Ergues, se rejoignent à Lamure sur Azergues. La Haute vallée de l’Azergues est alimentée par un chapelet de vallons secondaires disposés en râteau, par lesquels des routes de cols dévalent depuis les hauteurs. Les monts boisés, formant deux chaînes qui encadrent la vallée, peuvent atteindre une altitude de 800, voire 1000 mètres. Ce « Beaujolais Vert » tel qu’il se proclame, par contraste avec le « Beaujolais Rouge » viticole, offre effectivement des motifs dominés par cette couleur : boisements de pins Douglas sur les monts, fonds de vallons pâturés. Les affleurements de roches cristallines dans les tons gris à ocre assez fréquents, contrebalancent l’image strictement végétale. L’organisation est simple et lisible, avec un habitat assez présent : des fermes et des hameaux cernés de prés sur les pentes et de plus gros bourgs implantés à l’intersection des voies de communication ou à la confluence des vallons. Les hameaux en hauteur sont peu traversés, sauf pour passer un col et se rendre sur un autre versant.

Qualification

Le caractère agraire de la Haute vallée d’Azergues s’affirme à travers l’élevage bovin, la polyculture (y compris de grandes parcelles de maïs) et surtout la sylviculture. D’ailleurs, cette dernière domine l’occupation des sols. Dans les immenses domaines forestiers, le pin Douglas règne en maître. Cette variété de pin aime les sols frais légèrement acides, résiste bien au froid et supporte l’émondage. Sa croissance rapide et ses nombreuses utilisations expliquent son succès. Les menuiseries et autres fabriques foisonnent ici, travaillant le bois sous toutes ses formes. Cette exploitation forestière a aussi ses revers puisque les coupes rases offrent des visions de monts dénudés peu esthétiques. De plus, à être trop boisés, les monts et la vallée risquent de devenir austères et de perdre de leur attractivité aux yeux des habitants et des promeneurs.Le sous sol est valorisé : pierre locale, granit rose et quelques pierres dorées. L’habitat isolé comprend d’assez nombreux bâtis à l’abandon, mais les communes, par contraste, présentent des images de vitalité, notamment Lamure-sur-Azergues, chef-lieu de canton de la Haute vallée avec plus de 1000 habitants, des équipements scolaires et sportifs, un tissu industriel, des constructions nouvelles et sans doute un peu de pression foncière.La valorisation touristique « Haute vallée d’Azergues » et « territoire de Douglas » semble s’engager. A Claveisolles notamment, une auberge et un château mettent à l’honneur le pin Douglas prouvant la valeur de cette essence aux yeux des locaux. De multiples chemins de randonnée témoignent de l’attrait pour des pratiques de loisir, les lignes de crêtes étant parcourues par les sentiers de grande randonnée (GR7).Les nombreux viaducs ferroviaires sont cités dans les circuits touristiques et témoignent eux aussi de l’importance passée de la vallée de l’Azergues comme axe de communication. Les paysages exceptionnels et remarquables présents et identifiés en 1996 par la DIREN Rhône-Alpes sont : MONT RIGAUD (remarquable) ; col des Echarmeaux (remarquable).

Transformation

Les paysages de la Haute vallée d’Azergues évoluent au rythme du cycle des plantations et des abattages de pins Douglas. Entre coupes à blanc, plantations et exploitations, les forêts sont soumises à un régime très encadré. Les conséquences paysagères et environnementales sont notables et ne semblent pas être réellement prises en compte dans les plans de gestion des forestiers.A ces évolutions cycliques liées à l’exploitation économique de la forêt, s’ajoute un phénomène plus regrettable et aux conséquences plus irréversibles. Les paysages des fonds de vallons secondaires sont menacés de fermeture par les bois qui gagnent du terrain sur les prairies et milieux humides.L’activité agricole semble, elle aussi, tentée par un système plus intensif pour l’élevage laitier et la production de viande bovine. Ces évolutions du système d’exploitation s’accompagnent de la nécessité de planter de grandes parcelles de maïs pour l’alimentation du bétail. Toutefois, ici aussi, la déprise agricole menace et se conjugue à la pression foncière avec une recherche des meilleurs emplacements pour la construction. Ce phénomène ne semble avoir lieu pour l’instant que dans les secteurs les plus ingrats (pente trop forte, humidité trop importante notamment) mais pourrait se propager. En parallèle, on note un abandon de l’habitat traditionnel et des efforts insuffisants en termes de rénovation pour conserver des bâtis vernaculaires et adaptés aux contraintes et spécificités locales.

Objectifs de qualité paysagère

Dans un contexte de modification de la trame agricole et du parcellaire, il s’avère essentiel de veiller à maintenir l’activité d’élevage sur des zones pâturées, notamment pour limiter les fermetures des fonds de vallons secondaires. A être trop boisée et trop exploitée, la Haute vallée d’Azergues renferme des paysages devenus vulnérables. Leur qualité devrait être prise en considération par les gestionnaires de la forêt, avec des réflexions à mener sur les aspects environnementaux et les conséquences paysagères des implantations de boisements, de la taille des parcelles et des cycles de coupes. Si le territoire souhaite faire du Douglas une image de marque, pourquoi ne pas innover sur son mode de culture, en créant des nouvelles forment d’implantations, qui pourraient former des motifs paysagers intéressants et en insistant sur un travail important sur les lisières des plantations. Les gestionnaires pourraient s’inspirer du motif paysager créé par les cheminements, dans les fougères aigles développées après la coupe, d’une parcelle située à proximité du crêt de Joux au sud de l’unité. Enfin, même si la dynamique de construction reste modérée, il est important de veiller dès à présent aux critères d’implantation des nouvelles constructions et à leur insertion dans une topographie de pente. Pourquoi ne pas innover et inventer de nouveaux modes d’habiter pour le tourisme, telles les maisons perchées expérimentées dans les régions scandinaves ou nord-américaines ? Des voies à explorer, à l’image des bâtis anciens qui offrent, eux aussi, de nombreux exemples et variantes d’architecture dialoguant avec le relief.

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