Vallée de l’Arve

54 Vallee de l Arve
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : NANCY-SUR-CLUSES, SAINT-SIGISMOND, MIEUSSY, SAINT-JEOIRE, CLUSES, AYSE, BONNEVILLE, MARIGNIER, MARNAZ, SAINT-JEAN-DE-THOLOME, SAINT-PIERRE-EN-FAUCIGNY, SCIONZIER, THYEZ, VOUGY, SAINT-ANDRE-DE-BOEGE, VIUZ-EN-SALLAZ, NANGY, PEILLONNEX, PERS-JUSSY, REIGNIER, SCIENTRIER, LA TOUR, VILLE-EN-SALLAZ, SAINT-LAURENT, BONNE, LA ROCHE-SUR-FORON, AMANCY, CORNIER, ETAUX, SAINT-SIXT, MARCELLAZ, ARTHAZ-PONT-NOTRE-DAME, ARENTHON, CONTAMINE-SUR-ARVE, FAUCIGNY, CRANVES-SALES, FILLINGES, JUVIGNY, LUCINGES, VETRAZ-MONTHOUX, VILLE-LA-GRAND, ETREMBIERES, MONNETIER-MORNEX, CHATILLON-SUR-CLUSES
 
Famille de paysages : Paysages marqués par de grands équipements
 
Surface (Ha) : 23086
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

La vallée de l’Arve entre Annemasse et Cluses est dominée par le massif des Bornes ou les falaises du Môle. Monumentales, ne laissant qu’un infime passage par le verrou de Cluses, la montagne crée ici une ampleur telle que l’on en oublierait presque les autoroutes et autres infrastructures qui la traversent (1). Au sud de l’Arve, l’urbanisation diffuse a pris le pas sur l’agriculture et le maraîchage des coteaux, tandis qu’au nord dominent encore champs et pâtures vallonnés.En quittant Cluses pour Bonneville, le long de la route départementale 1205 (2), que l’A40 sépare désormais de l’Arve, s’entremêlent activité industrielle (3) (gravière, décolletage..), habitation pavillonnaire (4) et reliquat d’agriculture(5). L’Arve, presque invisible depuis la route, se signale par sa ripisylve (6). Soudain, au nord, apparaît le relief du Môle (7) : ses falaises rocheuses (8) aux teintes grises, ses forêts d’épicéas et ses alpages vert tendre (9). Après Bonneville en direction d’Annemasse, de petites routes nous promènerons vers le nord dans les vallons agricoles de Marcellaz, Peillonnex, ou Faucigny (10). Les vues lointaines se multiplient… C’est un véritable balcon qui domine la vallée de l’Arve et depuis lequel on aperçoit le plateau des Bornes (11). Toujours agricole et plus boisée, s’étire la vallée de la Ménoge entre St-Jeoire et Bonne (12). Là encore, la tranquillité de jolis hameaux (13, 14) proches de grandes agglomérations, en font une destination privilégiée des familles à la recherche d’une ferme à rénover ou d’un pavillon à bâtir.Reliant l’agglomération Genevoise à l’Italie, la vallée de l’Arve est traversée par d’importantes voies de communication : route nationale 1205, autoroutes A40, (15) et A410, départementale 1203, voie ferrée… Il est très facile, si l’on n’y prend garde, de se retrouver propulsé sur l’une de ces voies rapides nous entraînant à pleine vitesse vers la périphérie d’Annemasse et sa vie périurbaine.

Identification

La vallée de l’Arve entre Cluses et Annemasse comprend la plaine de l’Arve (1) (460m) et les versants qui l’encadrent, à laquelle on associe la basse vallée du Giffre (2) (en aval du pont du Giffre) et le bassin de Saint-Jeoire (3). L’ensemble est dominé par le Môle (4) (1863m),et les massifs des Voirons (5) et du Môle au nord, le plateau des Bornes (6) et le massif des Bornes au sud (7) le bordent . La vallée de l’Arve est sillonnée par plusieurs routes nationales, deux autoroutes (A41 et A40) (8), et une ligne de chemin de fer. Elle est également zébrée par le passage de plusieurs lignes à haute tension (9). Le long de ces voies de communication qui sont parallèles au cours de l’Arve, de nombreuses infrastructures et activités se sont installées (10,11).Le fond de vallée et la plaine sont également occupés par un habitat individuel diffus (12) presque ininterrompu entre Cluses et Annemasse.Au nord, sur les versants plus en hauteur, les champs de mais et de blé (13), les prairies et l’élevage bovin (14) résistent, pour l’instant, à la pression urbaine.

Qualification

Cette vallée industrielle est la région économique la plus dynamique de Haute-Savoie, notamment grâce à l’industrie du décolletage (1), et des industries de pointe. Elle est un lieu de vie urbaine et péri-urbaine, marquée par les grands aménagements de l’autoroute A40 (2). Elle est un lieu de résidence principale, apprécié pour son cadre de vie (3) et pour ses loisirs de proximité urbaines : vélo, promenades (4), lac artificiel (5) du Môle à St-Jeoire, équitation (6). C’est l’autoroute du ski pour des millions de touristes qui se dirigent vers les stations des Alpes du Nord. L’habitat est plutôt dispersé et hétéroclite : pavillonnaire récent et banal, et fermes traditionnelles, type ferme du Faucigny, aux volumes impressionnants. Dans les zones les plus élevées de la vallée, le bois est utilisé pour l’étage et le toit alors que le soubassement est fait de pierres du torrent. Les linteaux et les encadrements sont en calcaire taillé. L’accès à la grange se fait souvent par un escalier de bois. On remarque beaucoup de greniers construits à l’écart de l’habitation. Possédant également un soubassement de pierre, ils servaient à stocker les biens précieux de la famille et à les préserver des incendies. Sur les coteaux, on croise d’anciennes maisons de vignerons, aux façades blanches ou roses, comportant un rez-de-chaussée occupé par des caves et celliers, tandis que l’habitation se situe au premier. Les maisons de plaine sont linéaires, couvertes d’une vaste toiture d’ardoises ou de tuiles, parfois cassés au pignon. Entièrement en pierre, seule la partie grange, sur un des coté est en bois. Quelques sites inscrits sont mentionnés dans les guides : à proximité de la Roche-sur-Foron, la plaine des Rocailles, où sont « posés » des blocs erratiques (7) ; à Loëx, un remarquable château possédant un jardin de Russel Page ; et à Faucigny, les ruines d’un château qui forment un magnifique belvédère sur la vallée (8).Autrefois, au pied du Môle sur les coteaux bien exposés et abrités s’étendaient des vignobles dont il ne subsiste que quelques parcelles produisant un vin \’l’Ayze\’. On trouve également d’anciens vergers (9) et de belles fermes du type fermes du Faucigny (10).

Transformation

La dynamique économique de la vallée de l’Arve entraîne une mutation très rapide de ses paysages qu’ils soient ruraux (1), urbains, ou encore des reliquats d’espaces naturels (2). L’habitat individuel colonise progressivement les versants ensoleillés (3) autrefois voués à la culture de la vigne et à l’élevage. On observe donc davantage des transformations liées à des problématiques de paysage émergent plutôt qu’à des problématiques liées aux grands aménagements. A l’est, les trois pôles urbains que sont : Cluses, Bonneville et La Roche-sur-Foron, se transforment petit à petit en une conurbation saturant tout le fond de vallée (4).A l’ouest, l’agglomération d’Annemasse dont le dynamisme est lié à celle de Genève, connaît une périurbanisation particulièrement forte qui monte à l’assaut des reliefs (5). Le versant ouest des Voirons, par exemple, est tout à fait représentatif d’un paysage résidentiel de coteau (6).Entre ces deux pôles, la plaine trapézoïdale comprise entre Bonneville, La Roche-sur-Foron, Reignier et l’échangeur autoroutier de Findrol est en train de s’urbaniser très vite. Là où l’élevage et le maraîchage prédominait jusqu’à il y a peu… se construisent de plus en plus de logements collectifs et individuels (7). L’échangeur de Findrol a d’ailleurs accentué l’attrait de cette zone. De Cluses à Annemasse, le nombre de gravières installées le long de l’Arve est à souligner (8).

Objectifs de qualité paysagère

Face aux mutations profondes de la vallée de l’Arve, l’enjeu principal est de réussir à maîtriser et limiter l’étalement urbain en mettant en valeur les éléments forts des anciennes structures paysagères rurales (verger replanté en limite de bourg (1), valorisation du bâti vernaculaire (2, 3, 4, 5)…) ou naturelles (forêts, vallons, reliefs…). Pour cela on préconisera de maintenir des espaces non construits entre chaque centre urbain. On pourra mettre en garde contre la propension de Reignier, La Roche sur Foron et Bonneville à se rejoindrent dans un arc pointant Annemasse, au détriment de la lisibilité et des possibilités de passer de la vallée au plateau des Bornes autrement que par la ville (6, 7, 8). A une autre échelle, il faudrait éviter également sur le relief à l’est du Môle que l’urbanisation de Peillonnex, Marcellaz, Faucigny et St-Jean-de-Tholome ne se rejoigne lotissements après lotissements au détriment de l’ampleur de ce vaste balcon champêtre qui propose des vues sur le Môle, les Voirons et la vallée de l’Arve. On prendra soin de l’espace entre coteaux et Arve depuis Bonneville jusqu’à Contamine sur Arve qui propose un travelling formidable sur la vallée et le plateau des Bornes (9, 10). A Marignier (11) et à Ayse, les flancs du Môle sont investis de plus en plus haut et perturbent l’intégrité du paysage. L’élaboration des SCOT (Schéma de COhérence Territorial) est très important pour atteindre ce type d’objectif et enrayer l’urbanisation diffuse et mal maîtrisée qui grignote petit à petit sur l’espace rural. On relèvera que les communes proches d’Annemasse si elles sont les plus exposées sont aussi celles qui font parties de SCOT récemment élaborés. On citera celui d’Annemasse qui concerne les communes de Bonne, Lucinges, et Cranves-Sales, mais aussi le SCOT Arve et Salève, qui concerne les communes de Reignier, Arthaz, Nangy et ScientrierLes coteaux de Thiez (12), Marignier et Ayse, représentent un fort enjeu, car l’habitat individuel colonise rapidement ce site. La trame rurale y est encore faiblement lisible, mais l’urbanisation n’utilise pas forcement ces anciennes structures comme support possible de développement. Certains projets récents sont à souligner pour leur réussite, tels la renaturation et valorisation du lac du Môle (ancienne gravière) (13) ou l’aménagement des ruines du château de Faucigny (14). D’autres projets, comme le réaménagement de la rue principale de Faucigny, abuse peut être trop du vocabulaire urbain pour un village (15).Une autre priorité est de redonner sa place à l’Arve. Ce torrent a formé le territoire, mais il est aujourd’hui réduit à une infrastructure, ou une « usine à granulats » et confisquée au regard. L’Arve mériterait d’être davantage valorisé comme élément constitutif du paysage de la vallée.D’une façon générale, il serait souhaitable de créer plus d’interconnexions entre les coteaux nord et sud qui sont aujourd’hui fortement séparés par les différentes infrastructures installées en fond de vallée.

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