Vallée de Chamonix

25 Vallee de Chamonix
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : CHAMONIX-MONT-BLANC, LES HOUCHES, VALLORCINE, PASSY, SERVOZ, SAINT-GERVAIS-LES-BAINS
 
Famille de paysages : Paysages marqués par de grands équipements
 
Surface (Ha) : 12117
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Profonde entaille longue d’une vingtaine de kilomètres et ne dépassant pas 1,5km de large (1), la vallée de Chamonix est dominée d’un côté par les aiguilles granitiques effilées (2), les glaciers et les calottes enneigées du massif du Mont-Blanc (3), et de l’autre, par la barrière rectiligne des sommets schisteux moins élancés des Aiguilles Rouges (4).Remontant le cours de l’Arve, on entre dans la fameuse vallée puis au Fayet la route Blanche s’élance sur un impressionnant viaduc (5). On arrive alors à pleine vitesse dans le fond de vallée (6), le long de la route Nationale 205, les multiples camions stationnent, avant d’être autorisés à franchir le tunnel du Mont-Blanc. Très encaissée, la vallée maintient le mystère de la beauté des sommets qui l’entourent dés lors que le temps est nuageux. S’attendant à découvrir glaciers et pics, on se trouve désemparé devant la banalité du fonds de vallée où l’urbanisation diffuse autour de Chamonix. La vallée est dominée par les flancs boisés des massifs du Mont-Blanc (7) et des Aiguilles Rouges. Par mauvais temps, seuls, les glaciers, et notamment le glacier des Bossons (8), qui descend particulièrement bas, laissent alors présager de la beauté de ce qui nous domine. Ici, les imprévus du climat participent fortement au charme et au mystère des paysages variant continuellement.C’est en empruntant les télécabines et télésièges, (9) dont les aménagements d’une confondante banalité contrastent avec la renommée des lieux et la pureté des espaces naturels tant vantée, que l’on pourra admirer les mythiques sommets de l’Aiguille du Midi (10), de l’Aiguille Verte (11), du Mont-Blanc, du Dôme du Goûter, des Grandes Jorasses (12), de l’Aiguille des Houches, du Brévent, de l’Aiguille du Belvédère (13)…et accéder aux glaciers d’Argentière (14), de la Mer de Glace (15), des Bossons…

Identification

La vallée de Chamonix, formée par le torrent de l’Arve, est bordée par les Gorges de l’Arve à l’Ouest (1), le Col des Montets à l’Est (2), les flancs du massif des Aiguilles Rouges au nord (3), et les flancs du massif du Mont-Blanc au sud (4). La végétation et le mode d’occupation des sols suivent une logique d’étagement suivant l’altitude et le relief (5) :· en fond de vallée, l’agglomération et son paysage urbain du côté de Chamonix, les villages et une agriculture ponctuelle (élevage bovin), vers l’Argentière et Vallorcine. · sur les versants, boisements et forêts d’épicéas aux teintes verts sombres.· au-delà de 2000 mètres d’altitude, pelouses alpines, glaciers et crêtes rocheuses (Gneiss rosé pour le massif des Aiguilles Rouges, Granit gris clair pour le massif du Mont-Blanc).Cet ensemble forme un paysage où l’aspect naturel domine, mais où les infrastructures spécialisées liées au ski, à la randonnée, à l’alpinisme, et, dans une moindre mesure, au rafting et au canyoning, sont très frappantes, notamment télécabines et télésièges (6, 7). Le barrage d’Emosson (8) en surplomb de Vallorcine est un autre élément qui marque le paysage de la vallée.L’habitat est installé de façon diffuse en fond de vallée (9), autour des anciens pôles urbains et des axes de circulation. On remarque de nombreux bâtiments caractéristiques et patrimoniaux dans les anciens centres bourgs. A Servoz, par exemple, les bâtiments anciens ont été reconvertis en gîtes ruraux (10). A Vallorcine, au Morzey, et à Tréléchamp (11), quelques belles maisons ont également été bien rénovées.Ces maisons traditionnelles sont construites en pierre de granit gris-clair maçonnée pour le rez-de-chaussée et, à l’étage en bois de mélèze pour la sous pente (le fenil) (12). Les toits sont souvent rénovés en bac acier (parfois, ils sont encore recouverts de tavaillons, tuiles de Mélèze (13)). La toiture à deux pentes est peu inclinée et à faible débord.Séparé du bâtiment principal, le Mazot, grenier traditionnel présente ici une particularité ; le niveau de base est en maçonnerie (pour mettre le matériel) et l’étage au-dessus est en bois de mélèze (pour mettre les récoltes).

Qualification

Mentionnés dans tous les guides, le massif du Mont-Blanc (1) dont le sommet culminant à 4810 mètres est le plus haut des Alpes et d’Europe, et le massif des Aiguilles Rouges, sont des paysages de notoriété internationale.Le massif du Mont-Blanc est un des sites naturels les plus visités au monde : la montée en télécabine depuis Chamonix jusqu’à l’Aiguille du Midi (2, 3) et même jusqu’à Helbronner en Italie, permet à tout un chacun de survoler les glaciers, le petit train de Montenvers (4) amène les touristes jusqu’à la mer de Glace (5), tandis que de nombreuses autres télécabines permettent l’accès aux multiples sentiers de randonnée (6), pistes de skis, et pistes d’alpinisme (7). La réserve naturelle du massif des Aiguilles Rouges est fréquentée pour les mêmes motifs, elle permet également la découverte de la faune et de la flore des hautes montagnes. D’un point de vue institutionnel, le site du Mont-Blanc comme au le massif des Aiguilles Rouges, le site dit « Balcon du Mont-Blanc », sous le Brévent, sont classés au titre des sites. Les gorges de la Diosaz et le hameau de Tréléchamps (8) sont quant à eux des sites inscrits. Le massif des Aiguilles Rouges est une réserve naturelle. Par ailleurs une ZNIEFF type 2 couvre la quasi-totalité de la vallée, et une ZNIEFF type 1 couvre la plupart du versant des Aiguilles Rouges.La vallée de Chamonix est urbanisée en grande partie par des pavillons de vacances, des résidences secondaires ou des chalets destinés à la location (9). Il faut dire que le développement de la vallée s’est fait conjointement à celui du tourisme, et plus particulièrement de l’alpinisme (10) et des sports d’hiver à partir du milieu XVIII siècle, jusqu’au succès d’aujourd’hui (11).Pendant longtemps cette vallée était très difficile d’accès et par conséquent peu fréquentée. La première route carrossable pour accéder à la vallée date de 1870 sous Napoléon III. Mais la vallée n’est réellement désenclavée qu’avec la mise en service d’une ligne ferroviaire entre le Fayet et Chamonix…cette ligne permet l’affluence touristique. Mais le début de la renommée internationale de Chamonix date véritablement de 1924, année pendant laquelle se déroulèrent les premiers jeux Olympiques d’hiver, et qui fit de cette vallée un des plus grands berceaux de l’alpinisme. Aujourd’hui facilement accessible de multiple façon, il est de bonne guerre d’entretenir les mythes liées à la conquête de la haute montagne, bien que la réalité ait largement évoluée.

Transformation

Le fond de la vallée de Chamonix subit une pression économique de deux ordres : touristique d’une part, avec le développement de la construction liée aux locations d’hiver et d’été (1) ; d’infrastructure de transport d’autre part, avec la présence du tunnel du Mont-Blanc (2) permettant le transport du fret par camion vers l’Italie (le tunnel débouche à Courmayeur dans la vallée d’Aoste). Les terrains qui ne risquent pas d’être investis un jour, le doivent bien souvent à leur physionomie, beaucoup trop raide pour construire.Les flancs des massifs sont soumis à la pression d’usage des randonneurs (3), des skieurs, et à la présence d’infrastructures de remontées mécaniques (train (4, 5), téléphériques (6, 7), télécabines, télésièges) très nombreuses. Ces remontées franchissent des pentes très raides ce qui les rend très visibles dans l’ensemble de la vallée (8). Au niveau de Vallorcine, l’agriculture encore présente est aujourd’hui en grande difficulté. Elle résiste mal à la pression urbaine remontant depuis Chamonix.L’ensemble de ces phénomènes conjugués tend à faire de la vallée de Chamonix un vaste terrain de détente et de jeux, au détriment de la qualité des aménagements et des espaces naturels qui subissent de plus en plus de pression. Les paysages de la vallée deviennent petit à petit des paysages naturels de loisirs.On notera également une autre évolution majeure, la fonte des glaciers qui en remontant de plus en plus haut, découvrent de plus en plus de roches.

Objectifs de qualité paysagère

Face à ces mutations, plusieurs objectifs peuvent permettre de préserver une certaine qualité paysagère :· Mieux gérer l’affluence et l’accueil des visiteurs : aujourd’hui, les structures d’accueil et la qualité des espaces publics ne sont pas au niveau de la notoriété du site (1). De nombreuses améliorations pourraient être faites : les parkings pourraient être plantés, perméables, et gérer les eaux pluviales en surface ; des parcours piétons permettant de relier les différentes infrastructures, qui sont autant d’occasions de réaménagements urbains, pourraient être créés ; la signalétique pourrait être plus en accord avec « l’esprit de la montagne ». L’ensemble de ces problématiques autour de l’accueil des visiteurs se prête à une démarche telle qu’une Opération Grand Site.· Continuer à miser sur les projets de ferroutage entre Lyon et Turin pour désengorger le trafic de fret extrêmement dense dans la vallée en direction du tunnel du Mont-Blanc (2). · Soutenir le maintien de l’agriculture sur les alpages (exemple de Vallorcine) (3, 4), en encourageant les conventions de pâturage entre gestionnaires de remontées et agriculteurs.· Soigner les coupures visuelles que représentent les tranchées des remontées mécaniques (5) (exemple de la remontée des Prarion visible depuis l’autoroute sous le sommet du Mont-blanc), en plantant suivant des méthodes de terrassement et de revégétalisation telles que celles mises en place sur le site classé des Grands Montets.· Mettre en valeur et rendre accessible le cours de l’Arve (6).

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