Val Gelon ou pays de Rochette

Département  : Savoie
 
Communes  : MONTGILBERT, BOURGNEUF, SAINT-REMY-DE-MAURIENNE, SAINT-ALBAN-DES-HURTIERES, BOURGET-EN-HUILE, CHAMP-LAURENT, LE PONTET, CHAMOUX-SUR-GELON, MONTENDRY, ARVILLARD, LA CHAPELLE-DU-BARD, PRESLE, ROTHERENS, ETABLE, LE MOUTARET, LA CHAPELLE-BLANCHE, LA CROIX-DE-LA-ROCHETTE, DETRIER, LA ROCHETTE, SAINT-PIERRE-DE-SOUCY, LA TABLE, LE VERNEIL, VILLARD-SALLET, LA TRINITE, VILLARD-D’HERY, VILLARD-LEGER, CHATEAUNEUF, BETTON-BETTONET, HAUTEVILLE, VILLAROUX, SAINT-GEORGES-DES-HURTIERES
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 12015
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Le val Gelon, situé entre la combe de Savoie et le massif de Belledonne, est composé de deux vallées très différentes mais pourtant parcourues par la même rivière, le Gelon. Quasiment parallèles, elles se rejoignent au niveau de La Rochette, principale ville du val.Entre Chamoux sur Gelon et la Rochette c’est le paysage d’une large vallée perchée très rectiligne, dont le fond plat est occupé par la culture de céréales (1), qui s’offre à nous. Le Gelon y est canalisé (2). La RD 925 qui le borde sur sa rive gauche, forme une digue. Il rejoint l’Isère au nord du val. Les reliefs de part et d’autre sont très boisés. Seuls les pieds de versant, où se concentrent les villages, sont encore en pâture (3). Alors que l’accès sud au val est contraint par le défilé de Bréda, la vallée débouche doucement sur la confluence de l’Arc et de l’Isère au nord (4). Bien que la vue soit souvent limitée par les reliefs et les boisements, on peut facilement apercevoir les sommets proches des Bauges (5) ou de la chaîne de Belledonne depuis le col de Champlaurent (6). Ce col permet de rejoindre la vallée des Huiles sans passer par la Rochette.La vallée des Huiles, partie haute du cours du Gelon est beaucoup plus étroite et encaissée. Elle est très boisée sur son versant sud, la chaîne des Hurtières (7), alors que le versant nord est occupé par les pâtures (8). Cette partie est plus préservée de la construction de pavillons que la partie aval. Les hameaux sont peu habités et occupent plutôt le fond de vallon. En aval de la Rochette, les terrains sont attractifs car Chambéry est à moins d’une heure de route et l’A 43 est facilement accessible. C’est la ville à la campagne (9) avec son confort moderne et ses vues sur les champs. La sylviculture y côtoie les circuits vélos balisés et les granges les pavillons contemporains.

Identification

Le Val Gelon voit s’enchaîner deux types de vallées orientées nord-est/sud-ouest. De sa source à La Rochette, le ruisseau du Gelon parcourt la vallée des Huiles du nord vers le sud (1). Cette vallée relativement encaissée, fermée par les boisements, est limitée au sud par la chaîne des Hurtières (2495 mètres) marquée par le pic de la Loze (1700 mètres) et le col du Grand Cucheron (1188 mètres) (2). Au nord les monts Magnolet (1340 mètres) (3) et Troncheret (1307 mètres) dominent le chaînon des Huiles. Le chaînon des Huiles représente le dernier tronçon des collines bordières de Belledonne avant la vallée de l’Arc. Au niveau de La Rochette, le ruisseau change de direction quasiment à 180° et parcourt une large vallée alluvionnaire en auge (4) (d’origine glaciaire alors que la vallée des Huiles est creusée par le Gelon) du sud vers le nord. Cette vallée, délimitée par les reliefs montagneux boisés du Montraillant (824 mètres) (5) et du chaînon des Huiles, débouche au nord sur la confluence de l’Arc et de l’Isère. Si les eaux du Gelon s’y écoulent au lieu de poursuivre leurs cours vers le Bréda, c’est que cette direction leur a été barrée par le développement du cône de déjections du torrent du Joudron, actuel emplacement de La Rochette.La forêt qui occupe la moitié de l’espace marque fortement le paysage. Elle occupe les versants et les sommets (6). Les versants exposés sud sont occupés par les pâtures alors que le fond de la partie aval est cultivé en céréales (7). La régularité de la partie glaciaire est accentuée par l’endiguement de ce tronçon du Gelon (8). D’anciens vergers (9) et murets de pierres (10) sont visibles dans les prairies. Mais ce sont plus des vestiges que le résultat de pratiques encore vivantes.Dans la partie aval, les hameaux sont traditionnellement concentrés. Ils se positionnent sur des replats de la pente ou en pied de pente (11). Dans la partie amont, la vallée des Huiles, on les trouve plutôt à mi-pente, entre fonds encaissés et pâtures. Les constructions neuves de pavillons se désolidarisent des bourgs pour s’éparpiller dans les pâtures (12).

Qualification

En fait de val Gelon, c’est surtout la vallée des Huiles qui est souvent évoquée à propos de ses paysages pastoraux, encore préservés, et un peu à l’écart du monde (1). Selon le dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie, cette appellation ne doit rien à la fabrication d’huiles comme on pourrait l’imaginer mais vient de la déformation de Hullie, signifiant aiguille, sûrement pour désigner le pic dominant la vallée près de la Table. La ville de La Rochette est également connue mais pour son usine « Cascades » (2, 3), une des plus importantes cartonnerie d’ Europe (4). Depuis moins longtemps mais toute aussi importante en renommée, l’usine Petzl, marque d’équipement d’alpinisme est également installée à la Rochette.Le patrimoine paysager agricole est présent sous forme de vestiges de lignes d’arbres parallèles à la pente (5) et de murets en terrasses dans les pâtures (6). On trouve également des vestiges de cultures de noyers et de fruitiers en entrée de bourgs (7).Les bâtiments traditionnels sont nombreux. Ce sont des maisons de pierre calcaire (8) aux toitures à deux ou quatre pans, parfois à croupe, souvent en bac acier ou en tuiles plates. Le bois est présent à l’étage des granges fermées par des planches verticales (9).On notera aussi la présence d’un châteaux à la Rochette (10) et du parc du château de Betton-Bettonnet dont le jardin a conservé sa structure principale et son tracé régulier du XVIIIe siècle.Les amateurs de nature pourront randonner sur le sentier balisé de la traversée des Hurtières, pratiquer la marche en raquettes (11) ou s’intéresser aux tourbières des bords du Gelon et aux marais des Berthollets, proches de la source du Gelon (12, 13).

Transformation

Le paysage du val Gelon a subit sa dernière grande transformation lors de la canalisation de la rivière, à partir de 1856. Son lit fut creusé et les remblais furent utilisés pour construire une route surélevée, l’actuelle RD 925 (1). Avant cela, le Gelon non canalisé formait une série de marécages et l’implantation des villages en pieds de versants, en bord de fond plat ou encore à mi-pente est sûrement un héritage du temps où les terres était continuellement humides. Les cultures (notamment celle du tabac introduite à cette époque) occupèrent alors tout le fond de vallée.Si cette transformation fut fulgurante, celles, en action aujourd’hui, sont plus insidieuses. On assiste à l’abandon progressif des pratiques agricoles nécessitant les haies d’arbres, murets de pierre, et vergers, qui disparaissent lentement (2, 3). Les boisements progressent sur les versants car les pâtures ne servent plus (4). Aujourd’hui la forêt occupe la moitié du val Gelon (5). Enfin, les constructions d’habitations pavillonnaires qui ne jouent ni la règle de la préservation maximum des terres agricoles, ni celle de l’implantation intelligente dans la pente, augmentent régulièrement (6, 7). La tentation d’une vie à la campagne (8, 9), proche de Chambéry et d’ Albertville et même de Grenoble, détruit à petit feu, ce cadre de vie recherché. On notera la présence d’une ligne à haute tension traversant le val au niveau de Villard-Sallet.

Objectifs de qualité paysagère

La problématique de l’urbanisation diffuse, essentiellement sous la forme de pavillons d’habitations, nécessite une politique volontaire de densification des centres bourgs comme à Chamoux-sur-Gelon (1), ainsi que la préservation de terres agricoles entre villages pour arriver à faire cohabiter ville et campagne. Sans quoi le paysage sera bientôt une simple juxtaposition d’objets (2) sans rapport avec leur territoire. Ce phénomène est d’autant plus visible que l’on s’approche de la Rochette ou à l ’autre bout du val, de Chamousset.La section canalisée du Gelon (3) pourrait faire l’objet d’un projet de valorisation tant paysagère (sur l’ensemble route-digue, rivière et abords), qu’écologique (développement et valorisation de zones humides d’expansion) et ainsi intégrer la trame bleue de la région.La forêt privée fait l’objet de soutien à la gestion par le Centre Régional de la Propriété Forestière. Les filières bois d’œuvre et énergies sont développées.Le soutien au pâturage et au maintien de ces structures paysagères (haies de haute-tige, murets de pierre) ainsi que celui au maintien de vergers ne semble à priori pas très développé.A l’occasion de projets d’infrastructures, d’aménagements d’espace publics ou de constructions, on recommandera dans un souci de respect de l’identité paysagère locale, d’utiliser le vocabulaire du mur plutôt que celui des enrochements ou d’autres méthodes de soutènement pour s’inscrire dans les pentes.On notera que l’unité fait partie du SCoT Métropole Savoie. Celui-ci à pour but notamment de :Protéger strictement les paysages et les grands espaces naturels et agricoles.Ménager des coupures vertes inter-agglomérations pour préserver leur identité.Prévoir un développement maîtrisé des communes rurales et périurbaines.La maîtrise de l’urbanisation passe par un accompagnement des collectivités locales. Métropole Savoie accompagne techniquement les études d’urbanisme pré-opérationnel, garantissant une exigence sur les questions de paysage et de qualité urbaine (densité, forme…), elle accompagne également les PLU et les cartes communales en révision et assure la déclinaison des préconisations des contrats de corridors biologiques Chartreuse – Bauges et Chartreuse – Belledonne dans les PLU concernés.Métropole Savoie finance ou réalise régulièrement des documents pédagogiques. Concernant la question de l’étalement urbain, du respect de la pente lors de constructions, on recommandera de consulter la plaquette réalisée par l’Institut d’Urbanisme de Lyon : « Formes urbaines et densité » consacrée aux situations péri-urbaines et rurales. Le résumé de cette étude est disponible sur le site de Métropole Savoie.Pour le télécharger : http://www.metropole-savoie.com/uploaded_medias/downloads/25/IUL.pdf

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