Val de Yenne/Novalaise

Département  : Savoie
 
Communes  : CRESSIN-ROCHEFORT, MASSIGNIEU-DE-RIVES, JONGIEUX, LUCEY, SAINT-PIERRE-DE-CURTILLE, NATTAGES, PARVES, SAINT-CHAMP, VIRIGNIN, NANCES, NOVALAISE, GERBAIX, MARCIEUX, LA MOTTE-SERVOLEX, SAINT-SULPICE, BILLIEME, BOURDEAU, LA CHAPELLE-DU-MONT-DU-CHAT, SAINT-JEAN-DE-CHEVELU, MEYRIEUX-TROUET, SAINT-PIERRE-DE-GENEBROZ, VIMINES, ATTIGNAT-ONCIN, LA BAUCHE, LES ECHELLES, ROCHEFORT, SAINTE-MARIE-D’ALVEY, LA BALME, CHAMPAGNEUX, SAINT-MAURICE-DE-ROTHERENS, SAINT-ALBAN-DE-MONTBEL, AIGUEBELETTE-LE-LAC, AYN, DULLIN, LEPIN-LE-LAC, LE BOURGET-DU-LAC, LA CHAPELLE-SAINT-MARTIN, LOISIEUX, SAINT-PAUL, SAINT-PIERRE-D’ALVEY, TRAIZE, VERTHEMEX, YENNE, LA BRIDOIRE, SAINT-BERON, SAINT-FRANC, ONTEX
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 23441
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Le val de Yenne se caractérise avant tout par d’agréables paysages de collines (1) que limitent deux reliefs boisés : le mont Tournier (2) et la montagne de l’ Epine (3). Mais il offre également de nombreuses situations paysagères exceptionnelles : le lac d’ Aiguebelette (4), le défilé de Pierre Châtel (5), les vignobles de Jongieux (6), qui s’étendent sur les piémonts du Mont Charvaz, ou encore le Rhône (7) et ses « lônes », sortes de bras morts toujours en eau, qui développent un milieu écologique très particulier. La route qui traverse les vignobles propose de magnifiques panoramas sur la plaine et le fleuve (8). Les nombreuses collines offrent des points de vue saisissants sur la campagne environnante (9) et les sommets qui la cadre telle la Dent du Chat. Ces vues contrastent fortement avec la perception que l’on a du val, si l’on se borne à suivre des routes de fond de vallée telle la RD 921. En effet les ruisseaux sont encaissés et fortement boisés (10).L’ensemble de ces richesses paysagères attire de nombreux touristes mais aussi de nouveaux habitants. En dehors des petites villes de Yenne et de Novalaise, ce territoire voit se développer en effet un nombre croissant de maisons individuelles (11). Ce phénomène est d’autant plus marqué que l’on s’approche de l’A 43 ou de la RD 1504 qui traversent et desservent la vallée.

Identification

Le val de Yenne est encadré par deux séries de reliefs orientés nord/sud. Coté est, il est bordé par la montagne de l’Epine (1) (mont Grèle 1425 mètres), que prolonge le mont du Chat (1482 mètres) et le mont de la Charvaz (1158 mètres). Coté ouest, on trouve le relief du mont Tournier (877 mètres) et la montagne de Parves (630 mètres) (2).L’espace entre ces deux reliefs est occupé par des collines (autour de 500 mètres) formant des vallons assez abrupts (3).Au sud, se trouve la dépression du lac d’ Aiguebelette (4) (373 mètres) depuis lequel coule le ruisseau du Tiers vers la vallée du Guiers. Au nord, le val rencontre la plaine du Rhône et la ville de Yenne (225 mètres) (5, 6). Le ruisseau principal de cette partie est le Flon, qui prend sa source près du mont Chaffaron (854 mètres).La vallée est traversée par la RD 1504 au nord et l’autoroute A 43 au sud. Le système agraire de la vallée s’est développé en fonction du relief. Il est proche de celui du val de Guiers. Les boisements occupent les pentes trop raides et les fonds de vallées légèrement encaissés (7). L’agriculture préfère les pentes intermédiaires, qu’elle maintient par des structures de haies de hautes tiges (8). Il s’agit d’un système diversifié, marqué par une architecture traditionnelle (9) de pierre encore bien préservée. On trouve essentiellement des pâtures (10), mais la vigne est très présente à Jongieux (site classé en 2010) (11) et les fonds plats de la vallée du Rhône sont occupés par des cultures et de la populiculture (12).Si les principales villes, Yenne et dans une certaine mesure, Novalaise, se sont implantées à proximité de cours d’eau, d’autres logiques de développement urbain sont actuellement en cours. L’autoroute A 43, qui traverse la vallée, dessert le lac d’ Aiguebelette. Les infrastructures touristiques et sportives se sont développées à proximité du lac (. Quant à l’urbanisation diffuse que provoque la proximité de Chambéry et l’A43, elle occupe petit à petit l’ensemble du territoire au gré des ventes de parcelles agricoles (13).

Qualification

Le val de Yenne concentre tous les sites les plus réputés de l’avant pays Savoyard : lac d’ Aiguebelette, vignobles de Jongieux et défilé de Pierre-Châtel (en instance de classement au titre de la loi1906).Le lac (1) (site inscrit en 1937), d’une superficie de 545 ha, connaît des usages variés. Ses berges sont en partie valorisées par des promenades piétonnes, des lieux de baignade, des points de vue mais le lac est également utilisé pour la production d’électricité. Les marais présentent en particulier une mosaïque de milieux naturels (2) comportant des eaux libres, des herbiers immergés, des roselières, des prairies humides, des landes arbustives et des boisements. Ils constituent un important réservoir pour la conservation de la flore et de la faune des zones humides. De nombreuses espèces protégées y sont présentes. Les amateurs de pêche, de canoë, et surtout d’aviron y trouveront leur compte : les championnats du monde s’y déroulèrent en 1997. Les cyclistes en font le tour (3), les vacanciers s’y baignent ou y campent (4). C’est aussi un réservoir d’eau potable et une source d’électricité via la centrale de La Bridoire. Par ailleurs, le lac est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco dans l’ensemble des “sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes” .Le Rhône, majestueux (5), produit un milieu aquatique différent mais tout aussi riche. Il se compose de zones en eau vive et d’autres en eau \’morte\’, ce sont les bras du Rhône anciennement connectés au fleuve : les \’lônes\’. Ils sont alimentés en eau par infiltration ou en période de crue. Pénalisées par la faiblesse des débits et la détérioration de la qualité de leurs eaux, ces zones conservent tout de même beaucoup d’intérêt. Le vignoble de Jongieux (6) fait aussi la réputation du val. Il s’étend sur les coteaux (7) de Jongieux, Billième, Yenne et Monthoux sur 210 ha environ. Les cépages sont ceux que l’on trouvent traditionnellement en Savoie : jacquère, chardonnay, altesse, mondeuse, gamay, pinot. Le site viticole des crus de Jongieux et Marestel est classé depuis 2010.L’architecture traditionnelle est faite de grandes bâtisses en pierre calcaire blanche (8). Les linteaux et les angles sont souvent en pierre taillées et les grands toits à deux pans recouverts de tuiles plates en écailles rouges (9).Enfin on signalera le passage des GR 9 et 65 qui font partie des chemins de Saint-Jacques de Compostelle.

Transformation

De part sa position stratégique, le val de Yenne est particulièrement touché par l’urbanisation diffuse (1). Le passage de l’A 43 ainsi que la proximité de Chambéry favorisent ces transformations au sud, tandis qu’au nord, la RD 1504 provoque le même phénomène. L’urbanisation diffuse, se traduit essentiellement par de l’habitat pavillonnaire (2).Le lac d’ Aiguebelette voit s’affronter défenseurs des milieux naturels (3) et pressions touristique et sportive (4, 5). Longtemps, les rives du lac ont été aménagées sans grand souci de la préservation des milieux humides et de la qualité des aménagements effectués. Ces derniers sont bien souvent privés. Il s’agit de simples pontons, d’abris à bateau (6), mais aussi de maisons, d’hôtels, ou de campings (7). Il en résulte une privatisation du lac et de ses accès, au détriment des milieux humides qui ont été bien souvent remblayés. La pression sportive et de loisir n’est pas en reste puisque le lac est utilisé pour de grandes manifestations d’aviron. Par ailleurs, les petits ports sont aménagés également pour la baignade.La populiculture (8) du fond de la plaine du Rhône à tendance à refermer les paysages, tout en amoindrissant la qualité des eaux et des sols.Sur le canal du Rhône, le lac du lit au Roi (9), élargissement artificiel du lit du fleuve, accueille une base de loisir et des campings (10). Il fait l’objet d’aménagement de berges (11).

Objectifs de qualité paysagère

On notera tout d’abord que le val de Yenne/Novalaise fait entièrement partie du futur SCoT de l’Avant Pays Savoyard en cours d’élaboration, mais à l’instar de la vallée du Guiers, les documents actuellement consultables de l’un et de l’autre n’abordent pas directement les questions des paysages de la vallée. Quels projets de paysage pour le val de Yenne ? La question reste entière.Aujourd’hui, l’urbanisation de parcelles agraires au gré des opportunités foncières crée un nouveau paysage qui s’affranchit des anciennes organisations et privilégie une péri-urbanisation diffuse indifférente aux spécificités du lieu (1, 2). La densité, l’inscription dans une continuité bâtie et le regroupement des constructions en opérations planifiées afin de préserver des terres agricoles ne seraient-ils pas des objectifs à se fixer afin de préserver les paysages ruraux qui font la qualité de la vallée?Le réseau de haies d’arbres (3, 4) qui forme une sorte de bocage doit être préservé et en cas d’urbanisation, intégré au développement pour devenir un élément fort de projet .L’équilibre entre préservation de la nature et anthropisation du lac d’Aiguebelette est un des enjeux majeurs pour le paysage . En ce sens, on se félicitera de l’engagement du conservatoire naturel. On remarquera également la qualité des aménagements à Aiguebelette-le-lac (5, 6) même si la privatisation des berges (7) peut être parfois alarmante.Concernant l’ensemble des paysages, on peut signaler l’existence d’une charte architecturale et paysagère de l’avant pays savoyard produite par le CG de Savoie et le CAUE qui synthétise état des lieux et enjeux sur l’ensemble de ce territoire. Au sud du lac d’Aiguebelette, les communes d’Attignat-Oncin font partie du PNR de la Chartreuse créé en 1995. Rappelons à cette occasion l’existence du réseau « Habiter Ici » qui regroupe des professionnels des PNR de la Chartreuse, du Vercors, des CAUE de l’Isère, de la Drôme et de la Savoie. Ce réseau propose des réflexions, des conseils et des pistes de solutions aux problématiques d’étalement urbain et d’urbanisation diffuse en milieu rural péri-urbain (8). Les fiches et méthodes proposées abordent essentiellement des questions architecturales et urbanistiques liées aux modes constructifs, à la pente et à la densité.

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