Rive droite du val de Saône en amont de Villefranche

102 Rive droite du val de Saone en amont de Villefranche
Département  : Rhône
 
Communes  : DRACE, LANCIE, TAPONAS, SAINT-GEORGES-DE-RENEINS, MOGNENEINS, PEYZIEUX-SUR-SAONE, SAINT-JEAN-D’ARDIERES, GENOUILLEUX, CORCELLES-EN-BEAUJOLAIS, ARNAS, MONTMERLE-SUR-SAONE, LURCY, GUEREINS, MESSIMY-SUR-SAONE, BELLEVILLE, SAINT-DIDIER-SUR-CHALARONNE
 
Famille de paysages : Paysages marqués par de grands équipements
 
Surface (Ha) : 4937
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

La Saône fait la limite entre les départements du Rhône et de l’Ain, depuis le sud de Macon jusqu’à Lyon, où elle se jette dans le Rhône. Le Val de Saône en amont de Villefranche se place entre coteaux et plaine humide, oscillant entre tradition de l’agriculture et modernité des grandes infrastructures qui empruntent son couloir naturel :La Route Nationale 6, l’Autoroute du soleil et la ligne TGV créent des barrières à la fois physiques et visuelles. Elles incarnent la nature utilitaire de ce paysage de traversée et en soulignent les visions fugitives. Les vues sur le vignoble beaujolais et les Monts du Beaujolais à l’arrière plan coté Rhône, ou sur les châteaux et domaines perchés sur le coteau de la Saône côté Ain, ne constituent cependant pas des panoramas à part entière. Les échappées visuelles sont généralement furtives et ne s’offrent que par bribes.Couloir géographique très aménagé, la rive droite du Val de Saône en amont de Villefranche compte cependant des prairies humides bocagères dédiées à l’élevage et des terres cultivées pour le maïs et les cultures maraîchèresTout au long de la rivière sont venus s’implanter des ensembles et des éléments bâtis de caractère : le hameau de Port-Rivière, les maisons de mariniers du port de Belleville bordé de quais, son pont suspendu, les granges dont celle du Diable…Les installations industrielles et commerciales en bordure de route, si elles génèrent une dynamique économique, créent cependant un paysage confus.

Identification

Le long de cette vallée étirée suivant un axe nord-sud, les routes transversales sont rares. Les barrières naturelles et artificielles se succèdent d’est en ouest se renforçant l’une l’autre : la Saône discrète, l’autoroute A6 omniprésente, la voie TGV, la Nationale 6. Elles forment des obstacles difficiles à franchir ou à contourner, tout en constituant des limites claires, la voie ferrée à l’ouest, le fleuve à l’est et entre les deux, une étendue plane et humide. Dans cette plaine alluviale, les hameaux, au caractère historique agricole, comprennent un habitat traditionnel de pisé, avec d’importants soubassements de roche et de pierres, plus résistant à l’humidité. Avec les maisons surélevées, la caractéristique de ces soubassements témoignent du caractère inondable des lieux. Les éléments du système ancien de drainage côtoient des aménagements très modernes des stations de pompage.Car la Saône, ici plus « sauvage » que son voisin Rhône, a depuis toujours modelé la plaine alluviale par ses crues successives : les inondations ont participé à la fertilisation des sols avec l’apport de limons et alimenté les nappes phréatiques. La valorisation agricole des terres inondables privilégie généralement les pâturages. Ici, l’élevage se conjugue avec d’importantes surfaces dédiées au maraîchage et à la maïsiculture.

Qualification

Paysage de grands aménagements, le Val de Saône en amont de Villefranche répond à des besoins extra-territoriaux. Le TGV Sud-Est et l’autoroute A6, installés en remblai dans le lit de la vallée, sont les axes les plus fréquentés sur le plan national en termes de trafic. Les logiques nationales ont pris le dessus au nom de la recherche de la vitesse de déplacements.La pression résidentielle qui s’exerce sur ce territoire diffère de celle des proches Monts du Beaujolais. Sa situation par rapport aux importants centres urbains voisins (Villefranche-sur-Saône, Mâcon, Lyon) et le prix du foncier le rendent plus abordable… d’où un développement plus important encore. La Saône a façonné des paysages porteurs d’une identité spécifique. En raison de leur grand intérêt paysager, le Val de Saône est devenu en 1995 un Site Classé. Le classement s’étend sur les départements de l’Ain, et du Rhône, sur les communes de Saint-Georges-de-Reneins, Belleville-sur-Saône et Taponas ; 14 kilomètres de rivière sont concernés pour une surface de 1 260 ha : Il présente encore les paysages traditionnels de bords de Saône, résultante des contraintes de la rivière et des anciennes activités liées à la voie d’eau. Prairies humides et bocages s’étendent le long de cette rive droite alors que la rive gauche, soulignée par le chemin de halage souvent planté, s’ouvre sur des espaces essentiellement cultivés.L’inondabilité du fond de vallée de la Saône a dicté l’occupation de l’espace, a influé sur l’implantation de l’habitat et dicté les aménagements nécessaires aux grandes infrastructures. Mais les trames bocagère et hydrologique, encore présentes, se montrent de moins en moins marquées, voire menacées, alors que leur importance dans la gestion et la valorisation de la vallée est essentielle.Ces terres limoneuses et argileuses, difficiles à travailler, ont été valorisées par les activités agricoles qui ont permis de préserver des zones de prairies bocagères humides et de favoriser la potentialité d’un écosystème de qualité, riche d’une flore et d’une faune,

Transformation

Les grandes mutations ont déjà eu lieu, avec la construction des grandes infrastructures routières et ferroviaires. L’autoroute A6 a été construite entre 1960 et 1971, la Ligne à Grande Vitesse mise en service 10 ans plus tard et, avant elles, la Nationale 6, avec son vocabulaire routier et ses aménagements annexes comme les alignements de platanes qui la soulignent et les zones d’activités industrielles et commerciales qu’elle a drainé.Les évolutions récentes, plus insidieuses, révèlent et traduisent les conséquences de plusieurs facteurs combinés : maraîchage intensif, maïsiculture, recul de l’élevage, remembrement, dislocation des trames bocagères, et plus récemment le développement de l’habitat résidentiel sous forme de lotissements…Les gravières, certaines abandonnées d’autres en développement, illustrent aussi la manière dont l’homme tire profit des ressources naturelles au détriment de la qualité de l’espace. Malgré leur taille imposante, celles-ci sont cachées au regard par la trame végétale et sont peu accessibles. Mais l’aspect dégradé de leurs abords laissent deviner l’activité.L’ensemble des signes de mutation des usages de la plaine alluviale contribuent à brouiller l’équilibre passé. Les ambiances identitaires survivent plus difficilement, fondues dans un paysage qui semble répondre à des logiques qui le dépassent. Quelques efforts de valorisation sont entrepris, une prise de conscience semble émerger. Elle se caractérise par la réhabilitation des habitats de caractère dont les maisons de mariniers de Port Rivière, par l’émergence lente d’activités de loisirs sur les berges de la Saône et sur les chemins de halage (cyclotourisme, randonnée pédestre ou équestre), vie fluviale (croisières grand public)… Toutefois, on déplore les nombreuses réhabilitations maladroites ou encore les corps de fermes, dont le caractère architectural n’est pas reconnu, et qui tombent en ruine.

Objectifs de qualité paysagère

Après les grands aménagements des années 1970 et 1980 en matière d’infrastructure, les mutations récentes plus lentes achèvent de modifier la qualité paysagère du Val de Saône en amont de Villefranche. Finirait-il par se résoudre à n’être qu’un lieu de traversée, de passage rapide ?Outre qu’elle représente un milieu riche du point de vue écologique, la plaine alluviale est précieuse sur le plan des paysages traditionnels de la Saône et de son écosystème. Les hommes ont longtemps réussi à y vivre en équilibre avec ses richesses et mais aussi ses risques, Une démarche globale de préservation et de mise en valeur des prairies bocagères humides, du réseau de drainage traditionnel et des lieux particuliers liés à la rivière s’impose. Pour que le paysage réinvestisse ses traits de caractères identitaires et sa singularité, il serait intéressant de travailler d’urgence sur plusieurs axes. Il s’agit en premier lieu de contenir et de maîtriser le développement pavillonnaire, notamment sous forme de lotissements à proximité des bourgs. Il est essentiel de limiter le retournement des prairies humides au profit du maïs ou du maraîchage, de cesser le comblement des fossés et l’arrachage du maillage bocager de valoriser les anciennes gravières (dont celle située à proximité de l’aire de repos de Boitray), de traiter qualitativement les rares accès aux berges de la Saône et de développer des activités fluviales. Enfin, la requalification et l’aménagement des passages sous l’autoroute A6, ainsi que des intersections avec l’ex-RN6 et des passages outre la voie ferrée s’avèrent nécessaires pour favoriser les axes transversaux et permettre au Val de Saône de faire découvrir ses richesses. Une attention particulière est à porter à la qualité des entrées de bourgs, en particulier ceux situés sur l’ex-RN6, qui constituent la première image pour le visiteur.

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