Rebord Est du Vercors

05 Rebord Est du Vercors
Département  : Isère
 
Communes  : LE GUA, MIRIBEL-LANCHATRE, SAINT-ANDEOL, SAINT-GUILLAUME, SAINT-PAUL-DE-VARCES, VIF, SAINT-PAUL-LES-MONESTIER, CORRENCON-EN-VERCORS, VILLARD-DE-LANS, CLELLES, GRESSE-EN-VERCORS, SAINT-MARTIN-DE-CLELLES, SAINT-MICHEL-LES-PORTES, TRESCHENU-CREYERS, CHICHILIANNE, PERCY, CHATEAU-BERNARD
 
Famille de paysages : Paysages ruraux-patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 14215
 
Carte(s) IGN : TOP 25 : 3236 OT

Impression générale

Une grande barre rocheuse de calcaire, monumentale, dominante striée de sillons clairs issus des éboulements. Des apics impressionnants dans un univers minéral, très sec. Juste en dessous, la végétation reprend ses droits, prés, prairies, espaces boisés, des écrins de verdure qui forment un deuxième étage vivant, aux couleurs changeantes au gré des saisons. L’étage inférieur, qui mène au vaste cirque du Trièves, dessine encore une pente impressionnante. Falaises, pentes, vues plongeantes, sommets impressionnants, tout est dominé par le trait vertical. La pente donne de la lisibilité à ce paysage, tout s’organise autour d’elle, y compris les activités humaines. A la rudesse des falaises répondent de petits havres de paix formés par des hameaux installés sur les pentes les plus douces. Ils ont pris garde d’éviter les zones sujettes aux risques d’éboulis et semblent couler une vie paisible, dans un cadre grandiose. Depuis les sommets, les points de vue sont saisissants, sur les massifs alentours et les chaînes alpines. Dans ce territoire gâté par la nature, l’homme s’est adapté à son environnement et l’équilibre est palpable. Le lieu invite à l’humilité.

Identification

La végétation de l’étage intermédiaire est dense, avec une bonne diversité de motifs : zones boisées, prairies, bocages. Les éléments parcellaires sont fréquents, haies, clôtures, témoignant d’une forte activité d’élevage. L’habitat est dispersé, avec des signes patrimoniaux forts comme les tuiles en écaille, et la pierre. Il s’est adapté à la topographie des lieux et s’est modelé à la pente, avec une architecture adaptée. Celle-ci doit également s’adapter aux conditions climatiques, qui varient considérablement en fonction des saisons et des altitudes. La végétation qui recouvre les pentes en atteste également.Si la verticalité des pentes est impressionnante, ses caractéristiques restent celles de la moyenne montagne, avec un étagement lisible entre les matières minérales et végétales.La barre rocheuse en bordure de cette unité paysagère, côté grands plateaux, est la plus haute corniche urgonienne du Vercors. Elle forme un horizon dentelé, par une succession de crêtes en calcaire, avec cependant des passages plus arrondis, aux formes plus douces. Les éboulis de pierre créent des saignées claires dans ce paysage minéral, aux tons clairs, gris, blanc, violet, selon la lumière et la saison.A Gresse-en-Vercors, s’est développé une activité de sports d’hiver, qui change l’ambiance des lieux, avec quelques chalets, petits immeubles locatifs et remonte-pentes.

Qualification

Au nord de ce territoire, la Grande Moucherolle, 2 284 mètres ; au sud, le Grand Veymont, 2 341 mètres, le point culminant du massif du Vercors. Le Pas de l’aiguille (2200 hectares) est un site classé depuis 1946. Incontestablement, le haut lieu de cette unité paysagère est le Mont Aiguille, à la forme si caractéristique. Il offre ses multiples facettes au regard, toujours saisissant. Une silhouette dont la renommée dépasse les frontières régionales. Sa première ascension en 1492, serait l’acte de naissance de l’alpinisme. Aujourd’hui, le Mont Aiguille représente un lieu prisé d’escalade. Niché à 1000 mètres, le village de Chichilianne demeure le point de départ des randonneurs et grimpeurs. Des amateurs de marche qui fréquentent également le GR du pays de Trièves, qui sillonne ce territoire et offre des vues de toute beauté. Si l’attrait touristique demeure incontestable – et son avenir tout tracé -, les autres usages ont aussi trouvé leur place et comptent s’y maintenir.

Transformation

Le pastoralisme est peu à peu remplacé par le tourisme. Une mutation a déjà eu lieu, avec la création de petites stations (Gresse-en-Vercors, Préfreynet), même si la question de leur développement se pose, en raison des évolutions climatiques. En tout état de cause, cette unité paysagère devrait accueillir un nombre croissant de visiteurs, attirés par la beauté des sites et les pratiques de loisirs de toutes sortes. L’engouement pour le Mont Aiguille n’est pas prêt de s’essouffler. Dispersé, l’habitat s’enrichit progressivement de résidences secondaires. L’attractivité de ce territoire est donc croissante, même s’il est moins directement accessible que d’autres endroits du Vercors. Avec l’autoroute A51, son accès à Grenoble s’est raccourci et intensifiera forcément les échanges routiers. Sur un plan strictement naturel, comme sur d’autres unités paysagères, les espaces boisés grignotent les prairies et colonisent les espaces. La fermeture des prairies par les boisements est un enjeu fort et la diversité paysagère risque de s’en ressentir.

Objectifs de qualité paysagère

Si le caractère rural-patrimonial de ce territoire ne saurait prêter à caution, son avenir peut faire l’objet de questionnements. Territoire soumis à des pressions foncières, va-t-il connaître un afflux résidentiel aux considérations paysagères plus ou moins heureuses – et notamment le respect de la pente. Va-t-il au contraire se désertifier en raison de la déprise agricole et de conditions de vie jugées trop austères ? Devenir un paysage qualifié de naturel, où seuls la roche et la forêt dominent ? Ceci ne serait pas souhaitable car avec la ruralité, l’homme a trouvé sa place et façonné ce paysage. Celui-ci présente aujourd’hui des traits d’équilibre qui lui confèrent sa valeur ; une lisibilité apaisante dans un cadre imposant mais pas inhospitalier, une respiration bienvenue qui rompt avec les trépidations des vallées environnantes.

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