Plateau et balcon des Chambarans

83 Collines et balcon des Chambarans
Département  : Isère
 
Communes  : BEAUCROISSANT, SAINT-ETIENNE-DE-SAINT-GEOIRS, SAINT-GEOIRS, SAINT-MICHEL-DE-SAINT-GEOIRS, SAINT-PAUL-D’IZEAUX, TULLINS, VATILIEU, CHANTESSE, NOTRE-DAME-DE-L’OSIER, POLIENAS, TECHE, VINAY, QUINCIEU, BRION, CHASSELAY, CRAS, LA FORTERESSE, MORETTE, NERPOL-ET-SERRES, PLAN, ROYBON, SAINT-APPOLINARD, L’ALBENC, BESSINS, CHEVRIERES, MURINAIS, SAINT-VERAND, VARACIEUX, CHATENAY, BRESSIEUX, MARNANS, SAINT-PIERRE-DE-BRESSIEUX, SAINT-SIMEON-DE-BRESSIEUX, SILLANS, VIRIVILLE, GENISSIEUX, GEYSSANS, MONTMIRAL, PARNANS, TRIORS, MONTAGNE, SAINT-BONNET-DE-CHAVAGNE, SAINT-LATTIER, SAINT-MARCELLIN, CHATTE, SAINT-HILAIRE-DU-ROSIER, SAINT-MICHEL-SUR-SAVASSE, CHATILLON-SAINT-JEAN, THODURE, LE GRAND-SERRE, LENTIOL, MARCOLLIN, SAINT-CLAIR-SUR-GALAURE, SAINT-BONNET-DE-VALCLERIEUX, MIRIBEL, MONTRIGAUD, SAINT-CHRISTOPHE-ET-LE-LARIS, SAINT-LAURENT-D’ONAY, SAINT-ANTOINE, DIONAY, MONTFALCON, PEYRINS, HAUTERIVES, LENS-LESTANG, IZEAUX
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 56325
 
Carte(s) IGN : Série Bleue : 3134 E, 3134 O, 3135 O

Impression générale

A l’écart des trépidations urbaines et des grands axes routiers, les Chambarans offrent un paysage harmonieux, où subsiste une agriculture traditionnelle de polyculture et d’élevage qui s’ouvre doucement au tourisme vert. On découvre ce territoire par de petites routes sinueuses et vallonnées, on s’y perd, par l’enchevêtrement des départementales et communales ! Une jolie campagne vallonnée, celle de la « douce France » agréable et néanmoins « ordinaire » - quoique de plus en plus rare en Rhône-Alpes. Des côtes, des pentes, des virages, des côtes, des pentes, des virages, la répétition des motifs paysagers, loin d’être ennuyeuse, est paisible, toujours un peu semblable, jamais tout à fait identique. Les collines et balcons des Chambarans invitent le passant à la flânerie, tandis que le paysan s’active dans son jardin, ses prés ou ses champs. Des prés ceints de vieilles haies, de grands arbres, des bosquets, des vergers et des maisons traditionnelles de pisé très dispersées caractérisent ces lieux. Au détour d’un virage, une jolie vue sur le Vercors ou sur la Chartreuse. Sur le plateau, à quelque 600 mètres d’altitude, changement de décor : la forêt domaniale de Chambaran couvre les terres et ferme l’horizon. Les routes deviennent droites et plus directes, pour rejoindre l’épicentre : la commune de Roybon.

Identification

Le territoire des Chambarans s’apparente à un plateau délimité par quatre plaines : la Valloire, la Bièvre, l’Isère et le Rhône. Deux sous-ensembles s’y distinguent : les rebords vallonnés et pentus, dominées par la prairie bocagère et un habitat dispersé, reliés par un réseau très dense de petites routes ; un plateau situé au nord-est, qui concentre l’essentiel du couvert forestier. Les bois abritent des châtaigniers, des merisiers, des fougères, et à l’automne des champignons. Ils occupent tous les espaces impropres à l’agriculture, nichés au creux des vallons escarpés, au bord des cours d’eau, sur les sommets où les sols sont les plus pauvres. De vieux vergers de pommiers, de majestueux noyers ainsi que quelques rares vestiges de vignes viennent composer le tableau. Les parcelles sont fermées par des haies naturelles ou des clôtures. Mais de multiples chemins balisés permettent de se frayer un passage. Dans les sols argileux, les galets témoignent de l’histoire géologique (ancienne terrasse alluviale de l’Isère). L’eau est présente, au creux des cuvettes ou forme de petits étangs. Les activités humaines, principalement agricoles et forestières, dessinent les lignes du paysage. L’élevage et l’agriculture se positionnent sur les hauteurs et les moindres pentes. L’exploitation forestière se concentre sur le plateau boisé. L’habitat traditionnel se caractérise par des murs de pisé, formé par l’argile locale et des galets. L’habitat est dispersé, les petits villages sont nombreux mais peu peuplés ; la plus importante commune (Roybon, chef-lieu de canton des Chambarans) ne compte que 1 400 habitants.

Qualification

En avant-plan du Vercors, ses vues sur les hauteurs majestueuses donnent une incontestable valeur patrimoniale aux Chambarans. La douceur des lieux est aussi liée au fait que la végétation, les routes et l’habitat s’adaptent au relief ; tout est lié à la courbe des coteaux, y compris les maisons, qui épousent la topographie des terrains. C’est un paysage à échelle humaine, où tout est en proportion et en harmonie avec son environnement. Si elle offre un attrait par la qualité de ses paysages, cette unité paysagère n’est pas un haut lieu touristique. Saint Antoine l’Abbaye est le seul site reconnu, inscrit au titre des Monuments Historiques. Dans ce village médiéval, lieu de pèlerinage pendant des siècles, trône une massive abbaye gothique. Globalement, sur ce territoire à dominante forestière, la filière bois est développée. Cependant, elle apparaît faiblement structurée ; un grand nombre d’acteurs mais aux habitudes de travail individualistes. Quant à l’agriculture, tournée vers la polyculture-élevage bovin, elle compte des exploitations de petite taille et commence à se diversifier. C’est un paysage en quête de modernité et de reconnaissance.

Transformation

Encadré par des axes routiers fréquentés, ce territoire subit les influences de ses bordures : autoroute, vallées de l’Isère et du Rhône, proximité de Grenoble et de son aéroport. Cette unité cernée se distingue justement en offrant un paysage authentique de verte campagne. Aussi, les villages qui bénéficient de belles vues ont une forte valeur foncière, prisés pour l’habitat résidentiel de Grenoblois. L’habitat traditionnel, de forte valeur patrimoniale n’est pas suffisamment bien entretenu et souvent délabré, ou rénové par des parpaings sur le pisé. Le thuya et le troène supplantent les essences locales, pour les clôtures des terrains privés de résidents.L’activité agro-pastorale est en recul, notamment sur les bordures où le résidentiel s’installe, à proximité des axes routiers. Dans les zones les plus cultivées, l’agriculture, mécanisée, est plus extensive ; le nombre d’exploitations baisse mais la Surface Agricole Utile par exploitation augmente. Les parcelles plus pauvres sont souvent abandonnées au profit de l’urbanisation.Le territoire des Chambarans doit également faire face à la concurrence imposée par les sites touristiques voisins, beaucoup plus fréquentés. Son offre d’hébergements et d’activités de loisirs est encore insuffisante. Mais, côté développement, il est question d’importants projets qui transformeraient ce territoire (parcs éoliens, parc de loisirs…).

Objectifs de qualité paysagère

La ruralité, forte ici, doit être préservée et trouver les moyens de son développement, notamment en préservant les terres les plus aptes à l’agriculture. Or l’attractivité des grandes villes et la pression foncière rendent plus attirants les espaces ruraux comme lieux d’habitation. Les agriculteurs manquent d’un dispositif efficace pour la protection de l’espace, aussi le recours à la préservation de zones agricoles n’apparaît-il pas si insensé en ces lieux.D’un strict point de vue paysager, le rapport entre le bâti et son environnement mériterait d’être repensé, pour valoriser les motifs qui fondent l’identité de ce territoire. Il supporterait une résidentialisation croissante, à condition que celle-ci se passe de terrassements et valorise les matériaux traditionnels et les essences locales. L’objectif étant de conserver la douceur de cette unité paysagère et l’harmonie de ses courbes.Parce que les Chambarans souffrent d’un manque de reconnaissance – oubliant que leur valeur est intrinsèque, celle d’une campagne équilibrée -, ils sont l’objet de projets : des éoliennes, un parc de loisirs à Roybon. Pourquoi pas ? Ce paysage serait capable d’absorber des évolutions, à condition que les transformations ne soient pas brutales et, surtout, ne dénaturent pas son identité.

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