Plateau du nord-est du Pilat

002 Plateau du nord est du Pilat
Département  : Rhône
 
Communes  : LOIRE-SUR-RHONE, ECHALAS, GIVORS, AMPUIS, LES HAIES, LONGES, SAINTE-COLOMBE, SAINT-CYR-SUR-LE-RHONE, TREVES, CHATEAUNEUF, SAINT-ROMAIN-EN-GAL
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 7665
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Ce plateau constitue une des portes d’entrée du Pilat, mais les accès se font plus naturellement du côté de Condrieu et de Chavanay, au sud-est. Logé dans la pointe sud du département du Rhône, cette terrasse en forme de croissant se cale sur les cours du Rhône et du Gier, ainsi que sur les axes routiers majeurs que constituent l’A47 sur le flanc ouest et la l’A6 sur le flanc est. Sur le plan de sa topographie, le plateau du nord-est du Pilat offre une configuration de replats entrecoupés de dépressions boisées, appelées localement « combes », et de monts boisés. Sur les rebords du plateau, les vues s’étendent jusqu’à l’agglomération lyonnaise, jusqu’aux nœuds routiers autour de Givors et jusqu au versant sud des Monts du Lyonnais gagné par la périurbanisation, … multiplicité de paysages à forte connotation urbaine. Les paysages hérissés de hauts pylônes électriques rappellent encore la proximité des aires urbaines. Cependant, le plateau offre encore de belles images de campagne, des échappées belles en forêt et des ambiances bucoliques de prairies pâturées par de paisibles ruminants. Par les routes qui s’immiscent aux creux des combes boisées de petits chênes, les séquences visuelles se suivent et se ressemblent, créant une impression générale d’équilibre. Ce dernier reste toutefois fragile, car il dépend de l’évolution agricole et se montre vulnérable au développement d’un habitat pavillonnaire diffus.

Identification

Les coteaux abrupts qui bordent le plateau forment une barrière naturelle et une transition marquée entre les zones urbaines des fonds de vallées et les terres agricoles des rebords du massif du Pilat. Ce vaste plateau en terrasse, ondulé et en belvédère sur la confluence du Gier et du Rhône, est entaillé de profondes combes boisées – dépressions formées par les ruisseaux qui ont creusé la roche. Ces combes pénètrent profondément et créent des replats, plus ou moins étendus, valorisés par l’agriculture. Sur les limites sud, les champs cultivés ou les prairies côtoient des boisements. Les essences qui les composent sont étagées, de bas en haut : châtaigniers, chênes, hêtres.Les cultures se pratiquent sur des surfaces ondulées mais relativement plates, tandis que les ruptures de pente, difficilement mécanisables, sont dédiées à la prairie. Un gradient de dynamisme se dessine entre les zones situées à l’ouest et celles de l’est, suivant les difficultés générées par le relief. Les bourgs se sont installés sur les replats (Echalas) ou au pied des reliefs ( Dizimieux et Longes ). Les fermes et hameaux respectent les mêmes règles d’implantation mais pour des reliefs à plus petite échelle. Une qualité architecturale ressort de la plupart des villages, accompagné d’un petit patrimoine de fours à pains et puits de pierre. Les schistes locaux sont empilés, créant des appareillages en pierres sèches aux remarquables nuances de marron. Il est donc d’autant plus regrettable de constater fréquemment des réhabilitations généralement peu soignées où les enduits en ciment brut viennent cacher, voire remplacer le schiste.

Qualification

L’identité du Plateau est favorisée par son appartenance au Parc Naturel Régional du Pilat, même si cette identité est nettement moins affirmée que les crêts visibles, situés eux, au cœur du Parc. Cette proximité est cependant palpable et les orientations du Parc sont lisibles. Ainsi, la valorisation du petit patrimoine au cœur des bourgs et la présence des sentiers de petite randonnée mettent en valeur les richesses patrimoniales de cette première terrasse.Le plateau du nord-est du Pilat demeure dominé par les activités de polyculture élevage. Proche des fortes dynamiques urbaines des vallées voisines, il reste relativement préservé de leurs influences, protégé par les coteaux naturels d’une accessibilité peu aisée.Mais l’intensification de la pression résidentielle se fait sentir. La tranquillité de cette campagne à 30 kilomètres de Lyon constitue un objectif largement partagé. Les terrains les plus faciles à proximité des axes de circulation sont visés, les moins accessibles étant grignotés par le couvert forestier. Les paysages exceptionnels et remarquables présents et identifiés en 1996 par les services de la DIREN Rhône-Alpes sont : RIVE DROITE DU RHONE ENTRE GIVORS ET TAIN-TOURNON (remarquable).

Transformation

Si l’agriculture se montre dynamique, elle évolue cependant vers des productions plus intensives de céréales et d’oléagineux, sur des parcelles de plus en plus grandes. Quant à l’activité d’élevage, elle semble progressivement laisser la place aux cultures sur les terrains les plus faciles et à la friche sur les zones en pente des combes. Les vergers, qui constituent un trait marquant du Pilat, se modernisent également, bénéficiant d’aménagements tournés, eux aussi, vers le rendement et la productivité. Les plus petits de ces vergers ne résistent pas face aux céréales, à la forêt, à la friche ou à l’urbanisation. Ces dynamiques passées ou en cours se traduisent à l’ouest, par de grandes parcelles sur les espaces ouverts avec de la polyculture et de l’élevage bovin, et par de grosses exploitations agricoles. A l’est, alors que le relief est plus chahuté et les combes moins espacées, les parcelles sont restées plus petites, plus nombreuses et morcelées, induisant une plus forte propension au développement de la friche.Situé à proximité directe du carrefour autoroutier A47/A6 reliant de grands pôles urbains, et en situation de belvédère, ce territoire aux portes du Pilat commence à être l’objet de convoitises. Le développement de lotissements résidentiels en continuité des bourgs, reste contenu mais bien présent alors que, simultanément, les phénomènes de déprise agricole et de mitage apparaissent. Ces évolutions ne brouillent pas encore la compréhension générale de l’organisation mais constituent des menaces larvées.Si les dynamiques observées perdurent et s’intensifient, il est possible que ce plateau du nord-est du Pilat, actuellement affilié à la « famille des paysages agraire »s, évolue vers la « famille des paysages émergents ».

Objectifs de qualité paysagère

L’identité paysagère du plateau du nord-est du Pilat reste encore aisément compréhensible : le village est au cœur d’un système organisé et façonné par les activités agricoles, qui forme un terroir. Le développement d’un habitat pavillonnaire de qualité moyenne et dispersé représente une source d’inquiétude en matière de qualité paysagère et de consommation de l’espace. Eviter la dispersion des constructions nouvelles doit représenter un objectif majeur. Corrélativement, promouvoir la qualité architecturale, expérimenter des formes urbaines nouvelles, encourager la qualité des réhabilitations, promouvoir l’usage de matériaux locaux – un muret de pierres plutôt qu’une haie de thuyas par exemple – contribueraient à l’effort global.Sur le plan rural, les préconisations s’avèrent également essentielles pour conserver les traits caractéristiques et la richesse de ce paysage de plateau. Les usages et l’organisation ne doivent pas négliger l’activité agricole, et des moyens devront être donnés à l’élevage, qui demeure un important facteur de cohésion, de richesse et de gestion environnementale. Les autres enjeux portent sur la nécessité de conserver, autant que faire se peut, les structures agricoles de parcelles moyennes, de promouvoir la diversité végétale, d’éviter que la friche ne remonte depuis les combes au détriment des prairies et des vergers, de préserver les valeurs rurales et patrimoniales des bourgs-centres Echalas, Trèves, Dizimieux et Longes.Toutes les réponses aux enjeux, qui se concentrent ici, résident certainement dans le rôle que ces « communes portes » du Parc Naturel Régional du Pilat ont à jouer : concentrant les dynamiques régionales, le cadre du territoire labellisé « PNR » doit leur permettre de trouver des réponses originales et d’expérimenter peut-être même plus encore.

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