Plateau des Hautes-Chaumes du Forez

Plateau des Hautes Chaumes du Forez 04
Département  : Loire
 
Communes  : SAUVAIN, CHALMAZEL, JEANSAGNIERE, CHAPELLE-EN-LAFAYE (LA), CHAZELLES-SUR-LAVIEU, VERRIERES-EN-FOREZ, GUMIERES, BARD, LERIGNEUX, ROCHE, SAINT-JEAN-SOLEYMIEUX, SAINT-BONNET-LE-COURREAU
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 5763
 
Carte(s) IGN : série bleue : 2832 O, 2732 E

Impression générale

Le plateau des Hautes-Chaumes du Forez, niché à plus de 1200 mètres d’altitude et couvert de landes, propose un dépaysement assez net. La simplicité de la composition invite à l’humilité : une immense et unique prairie, exposée aux quatre vents… une crête, un chemin et le ciel. Incontestablement, le plateau des Hautes-Chaumes du Forez apporte à ses visiteurs un sentiment de liberté, un ailleurs.L’or des chaumes dans le soleil, le violine des bruyères qui se fond dans le bleu du ciel fendu par un busard, la fumée de cheminée d’une bâtisse isolée, le bruit du vent puis celui du silence, tout est poétique et touchant. Austères et singuliers, de tels paysages ont toujours fasciné les peintres et les poètes, les amoureux du grand air. Une solitude qui n’est rompue que par la présence de jasseries – littéralement « les fermes d’en haut ». Implantées jusqu’à 1350 mètres d’altitude, ces habitations de granit marquent la transition avec les terres exposées aux rigueurs climatiques. Fruits du défrichement de la hêtraie sapinière à l’époque romaine et de l’exploitation agropastorale qui a suivi, les Hautes-Chaumes du Forez hébergent une faune et une flore que l’on trouve sur les sommets alpins ou les toundras d’Europe du Nord. Vers Pierre-sur-Haute, le point culminant des Monts du Forez et de la Loire (1643 mètres), une autre ambiance avec la présence de la petite station de ski alpin de Chalmazel. Les amateurs du ski nordique se retrouveront au domaine nordique des Crêtes du Forez tandis que les randonneurs empruntent le GR3-E3.

Identification

Les Hautes-Chaumes du Forez, d’une superficie de près de 6 000 hectares, se compose de plateaux sommitaux recouverts de landes et de tourbières d’altitude. Plus exactement, des landes et des pelouses au nord du Col de la Croix de l’Homme Mort et uniquement de landes au sud. A l’est, les monts et la plaine du Forez sont visibles par endroits.Les pentes sont couvertes de forêt d’exploitation, de pessières ( plantations d’épicéas) notamment. Quelques arbres isolés ponctuent les landes de leur présence sculpturale.Ces terres austères accueillent en estive des bovins (lait et viande), des ovins et des chevaux. Des activités organisées autour de l’habitation d’alpage, la « jasserie » comme les Jasserie de l’Oule et Renat ; cette habitation isolée fait office d’habitat, de grange pour stocker le fourrage produit dans les monts et d’étable pour la traite. Maison-bloc en longueur, construite de pierres et recouverte de tuiles creuses, la jasserie est une résidence d’été où étaient autrefois disposées côte à côte dans le même bâtiment le logis familial, l’étable et la grange. Aujourd’hui, on trouve également associés au bâtiment une fromagerie et un « réseau hydraulique » de fertilisation des prés.De création récente, la station de ski de Chalmazel, nichée entre 1130 et 1640 mètres d’altitude, propose une offre somme toute modeste (12 kms de pistes, 8 remontées mécaniques).

Qualification

L’intérêt et le regard porté aux Hautes-Chaumes a changé : de terres pastorales estivales aux conditions assez rudes, elles bénéficient aujourd’hui d’un aura lié au patrimoine architectural et à l’ambiance de ces paysages. Le fort intérêt touristique porté à cette zone particulière du Forez en témoigne. Au niveau régional, les Hautes Chaumes contribuent à la diversité des paysages et à la diversité des pratiques agricoles, son intérêt est donc manifeste.Les Hautes Chaumes du Forez, dédiées à l’élevage et au besoin de fourrage, composées d’un habitat dispersé et temporaire, conservent un caractère très naturel. Malgré la perte de vitesse des pâturages et un changement des pratiques, demeure un usage de production agricole avec la fabrication de la fourme, produite avec le lait de vache dans les jasseries. Elle bénéficie d’une appellation contrôlée depuis 1972.

Transformation

A l’origine, vaste domaine de pâturage d’estive pour les bovins-lait appartenant aux paysans des Monts du Forez (l’origine remonte probablement aux grands défrichements des 12e et 13e siècles), les Hautes-Chaumes du Forez sont les seules terres du Massif Central à avoir connu une vie pastorale d’altitude. Si les communautés villageoises étaient propriétaires des pacages, c’est individuellement que chaque famille y conduisait ses troupeaux. Elle résidait dans la jasserie où se fabriquait la fourme avec le lait des vaches ferrandaises. Aujourd’hui, ce site est confronté à plusieurs menaces et notamment la baisse de l’activité pastorale liée à la déprise agricole. Une des conséquences est le processus de recolonisation progressive de la forêt ; les signes en sont perceptibles, avec des arbres isolés qui se développent en nombre croissant sur les terres. Le domaine pastoral perd de sa surface. A cela se combine la moindre nécessité des alpages car le fourrage est plutôt acheté aux agriculteurs de la plaine. Le déplacement dans les jasseries s’avère moins nécessaire, à moins de se tourner vers d’autres usages, par exemple l’accueil de promeneurs avec une dégustation de produits locaux. La station de ski de Chalmazel, qui représente une tentative d’aménagement du territoire pour permettre une valorisation de celui-ci, a ceci de fragile que sa fréquentation dépend forcément de l’enneigement. Elle ne peut donc s’apparenter à une réponse en termes d’exploitation durable des qualités de ce site.

Objectifs de qualité paysagère

L’objectif de qualité paysagère majeur des Hautes-Chaumes est incontestablement de maintenir voire de valoriser l’ouverture généreuse des paysages par la gestion des landes et des pâtures, associée à une gestion de contention de la forêt ; les arbres isolés, sculptés par le souffle des vents, tirent précisément leur valeur de leur nombre restreint. Conjointement, il serait utile de repérer les panoramas singuliers et de pratiquer, en conséquence, des ouvertures dans les boisements. Tout comme l’on conseillera de déplacer les antennes relais des sommets vers les pentes boisées, pour assurer une plus grande discrétion. Tout doit concourir à souligner la spécificité des Hautes-Chaumes, qui tire une autre particularité de la quasi absence d’accès qui préserve son mystère poétique.Autre enjeu majeur de ce territoire, l’aide agricole et le maintien d’une activité pastorale valorisant la spécificité de ce terroir. Les jasseries, dont quelques-unes ont conservé leur activité ancestrale de résidence d’été, doivent être soutenues dans le maintien de cet usage patrimonial, qui peut se combiner avec justesse avec d’autres usages comme l’accueil de touristes et la vente directe de produits du terroir. En revanche, les activités touristiques et leurs aménagements plus lourds telle que la station de ski alpin de Chalmazel posent d’autres questions ; leur avenir étant lié à des facteurs peu maîtrisables comme l’évolution climatique, comment piloter le développement de telles structures surtout dans le cas, extrême, où elles péricliteraient. Elles paraissent en tout cas difficilement constituer des réponses adéquates à l’évolution souhaitée pour ce paysage.Des enjeux dont devra également se préoccuper le parc du Livradois-Forez, une structure qui peut être porteur de projets d’aide et de valorisation agricole en lien avec un tourisme modéré.Le classement des Hauts de Chaume au titre des sites protégés concourt à ces objectifs.

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