Plateau des Gras

Département  : Ardèche
 
Communes  : MONTREAL, BALAZUC, CHAUZON, JOYEUSE, LABEAUME, LAURAC-EN-VIVARAIS, ROSIERES, RUOMS, LACHAPELLE-SOUS-AUBENAS, LANAS, CHANDOLAS, GROSPIERRES, SAINT-ALBAN-AURIOLLES, SAINT-SERNIN, VINEZAC, LABLACHERE, SAINT-GENEST-DE-BEAUZON, UZER, BANNE, CHAMBONAS, LES VANS, LES ASSIONS, BERRIAS-ET-CASTELJAU, VOGUE
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 12399
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Le plateau des Gras est une longue unité s’étendant au pied des Cévennes du Sud-Ouest au Nord Est. Il constitue un important espace à dominante naturelle à proximité de zones à forte pression urbaine d’Aubenas et de Vallon. Entre-coupé par le passage des cours d’eau descendant des Cévennes (Chassezac, Baume, Ligne, Ardèche…), il offre ponctuellement des paysages de gorges calcaires exceptionnels où les hommes ses sont implantés. Le plateau, situé à environ 50 à 80 mètres au dessus des plaines alentours, constitue un espace à part du fait de ses caractéristiques difficiles. Sa géologie calcaire et sa végétation de type garrigue (présentant différentes variations) donnent un paysage d’aspect sec, aride, peu pénétrable et même parfois hostile. Cette impression d’hostilité à l’implantation humaine est renforcée par les feux de garrigue qui s’y déclenchent pratiquement chaque année.Alors que ses usages traditionnels ont quasiment disparu (agriculture, pâturage, exploitation forestière…) son hostilité l’a préservé jusqu’ici d’autres usages. Cependant, la pression urbaine et touristique qui s’étend alentour rend la pérennité de ce « vide » (peu d’usages, peu de valeur…) improbable sans une modification radicale des valeurs que la société lui attache pour l’instant. D’ailleurs, il est progressivement utilisé sans ménagement pour y implanter des infrastructures nécessaires à l’urbanisation : décharges, antennes, aérodrome, zones industrielles…Par ailleurs, l’homme met progressivement en œuvre les moyens techniques pour le rendre habitable (haut-gras des Vans, hauteur de Labeaume…)Pourtant, le plateau des Gras présente de nombreux intérêts allant de l’espace de loisir pour l’urbanisation alentour à une richesse écologique remarquable. On notera aussi la diversité exceptionnelle de son patrimoine lithique (concentration de dolmens unique en France, vestiges gallo-romains dont l’oppidum de Jastres, aménagements agricoles et capitelles…).Enfin, cette unité contient des sites naturels exceptionnels qui font la notoriété touristique du Sud Ardèche mais qui, étrangement, ne sont pas liés à l’image des Gras : Bois de Païolive, défilés de Ruoms, Cirque de Gens, Gorges du Chassezac et de la Baume, villages de Voguë, Labeaume ou Balazuc…

Identification

Ce sont ici le relief et la végétation qui donnent leur lisibilité et leur cohérence à l’unité, contre les modes de perceptions très segmentés. Ainsi, le plateau des Gras est bordé sur ses longs côtés par 2 dépressions et s’appuie à ses extrémités sur deux massifs. On distingue clairement le plateau des gorges, délimitant ainsi des sous-unités.Sur le plateau, les anciens modes d’organisation (patrimoine lithique) sont peu perceptibles.La garrigue et les falaises calcaires ou les versants calcaires en gradins (d’où les Grads, devenus les « Gras » ?) participent à l’identité de cette unité.limites de l’unité : Le plateau des Gras est limité au Nord Ouest par la dépression d’Aubenas Les Vans, au Sud Est par la plaine de Vallon et celle de Lussas. Au Nord Est, le plateau se heurte aux premiers reliefs du Coiron. Au Sud Ouest il prend fin sur les collines du Bois des Bartres.L’identité de cette unité est double : d’une part le plateau calcaire aride et monotone, de l’autre chaque gorge est reconnue comme un site majestueux formant oasis. L’identité de l’ensemble tient dans ce contraste et est fragilisé du fait du peu de reconnaissance des valeurs culturelles et écologiques du plateau.Ce plateau calcaire qui domine les plaines fertiles alentours a fait l’objet d’une occupation humaine très ancienne, moins pour y résider que pour y produire (cultures céréalières, pâturage, olives…). L’absence d’eau, due au relief calcaire, explique cette faible présence résidentielle sur le plateau, présence humaine qui s’est principalement développée dans les gorges. Relief karstique, tourmenté et troué de nombreuses caches, avens et autres grottes, il a servi de refuge ou de position forte à chaque période de trouble (oppidum de Jastres, diverses fortifications, grottes des Huguenots…). Ces usages ne sont plus d’actualité et le plateau des Gras – à l’exception des gorges – connaît un délaissement depuis plusieurs décennies. Pourtant, ces usages ont laissé des traces qui constituent un patrimoine lithique unique en France.Devenu un espace naturel de garrigue, qui contraste fortement avec la présence de l’eau dans les gorges qui le traversent, il constitue désormais un « vide » au milieu d’un territoire qui connaît une très forte pression de développement. Cette situation n’est évidemment pas durable et les tentatives de « colonisation » des Gras se multiplient depuis plusieurs années (zone industrielle de Lavilledieu, aérodrome de Lanas, secteur résidentiel du Haut-Gras des Vans…).Les modes de perception traditionnels ne permettent pas une perception globale de cette entité paysagère : depuis l’intérieur aucun point de vue n’offre un panorama global sur l’unité et depuis l’extérieur la faible altitude du plateau amène à le confondre avec les unités paysagères qui le bordent. De fait, il est perçu de façon éclatée rendant difficile une représentation mentale cohérente. Ainsi, alors que cette unité contient des sites touristiques majeurs (gorges du Chassezac et de la Baume, défilés de Ruoms et de Vogüé, Bois de Païolive…), leur notoriété n’est pas associée au plateau des Gras qui reste, dans l’imaginaire collectif, un espace hostile et abandonné, même si des usages y persistent ou s’y développent (chasse, sports de nature…).La lisibilité globale du plateau des Gras est plus facile sur une carte ou vue d’avion que par une découverte sur le terrain où le contraste entre les gorges et le plateau a du mal à cohabiter dans notre imaginaire.Pourtant, la compréhension de l’unité passe par ce « recollement mental » des perceptions fragmentées, qui permet de comprendre que la beauté et l’attractivité des gorges n’existent précisément que par contraste avec l’aridité du plateau. De même, la richesse du patrimoine lithique, majoritairement camouflée sous la garrigue, suppose un effort de découverte qu’aucun dispositif de valorisation ne compense aujourd’hui.Au premier abord, ce paysage rebute : hostile à l’homme par son aridité, par l’aspect rébarbatif de son versant en gradins, par la monotonie horizontale de sa végétation, par la résistance qu’il semble opposer à toute pénétration. Pourtant, en faisant l’effort de le découvrir, par l’approche d’une carte ou directement en y cheminant, il laisse paraître lentement toute sa richesse : étrangeté et mystère de ses anfractuosités où s’abrite la vie (végétale, animale et humaine), beauté et majesté de ses gorges aux falaises vertigineuses, diversité sobre de son écosystème, mémoire impressionnante de l’histoire humaine que représente son patrimoine lithique. Mais à garder sa richesse cachée, inaccessible, le plateau des Gras risque l’incompréhension : combien passent à côté ? Combien ne retiennent que la surface morne de sa garrigue ? Et cette incompréhension laisse place à ces « mirages » que l’on découvre par exemple sur les hauteurs de Lanas ou de Lavilledieu : tobogan aquatique monumental ou tour de contrôle dépassant de genévriers de phénicie multiséculaires, vaisseau de métal ou soucoupe volante posée sur la garrigue, antennes scintillantes dominant les plaines…Paysage fragile protégeant une richesse naturelle et culturelle majeure, il est immédiatement menacé d’un aménagement sans ménagement qui ne sait pas tirer parti de toutes ses qualités.

Qualification

Paysages exceptionnels et remarquables présents : BOIS DE PAIOLIVE (exceptionnel) ; défilé du Chassezac (remarquable) ; DEFILES DE RUOMS (exceptionnel) ; GORGES DE LA BAUME (exceptionnel) ; PLATEAU CALCAIRE A L’EST DES VANS (remarquable) ; REGION DES VANS (remarquable) ; VALLEE DE L’ARDECHE ENTRE RUOMS ET VOGUE (remarquable). Alors que les unités alentours connaissent une pression forte et atteignent la saturation, le plateau des Gras, à l’exception des sites exceptionnels qu’il contient (les gorges), constitue une sorte de vide inoccupé, sans usage ou valeur unanimement reconnus. De fait, la pression foncière s’étend progressivement sur cette unité et n’est aujourd’hui freinée que par les contraintes techniques et financières liées à sa desserte par les réseaux urbains. Les précédents que constituent la zone d’activités de Lavilledieu et l’aérodrome de Lanas montrent bien que le plateau des Gras est d’abord perçu comme une « réserve foncière à coloniser ».Pourtant, le plateau des Gras présente une multitude d’intérêts qui peuvent justifier sa protection et son maintien en zone à dominante naturelle, même s’il est capable d’accepter des aménagements ponctuels adaptés. On notera en particulier l’exceptionnelle richesse de son patrimoine lithique (concentration de dolmens unique en France, oppidum de Jastres, parcellaire agricole et capitelles…) et les spécificités de son écosystème (qui contient de nombreuses espèces protégées dont divers chiroptères). Ces valeurs, mal connues, doivent faire l’objet d’un approfondissement et d’une diffusion si l’on veut éviter leur disparition.

Transformation

Si les gorges connaissent une pression touristique continue, c’est surtout le plateau qui est désormais soumis à une mutation majeure : autrefois espace agricole, abandonné du fait de sa pauvreté et devenu espace naturel, longtemps utilisé comme « dépotoir » (décharges et centres d’enfouissement, casse automobile…), le plateau constitue désormais une « réserve foncière » à coloniser pour les secteurs alentours qui connaissent une forte pression foncière et atteignent la saturation. Cette colonisation, jusqu’ici freinée par les coûts d’aménagement (desserte par les réseaux) et les disponibilités foncières dans d’autres secteurs moins hostiles, tend désormais à s’intensifier (zones d’habitat de Labeaume, Saint-Alban-Auriolles, haut-Gras des Vans, zone d’activités de Lavilledieu et de l’aérodrome de Lanas). Cette urbanisation relève d’autant plus de la colonisation que les valeurs naturelles et culturelles du plateau des Gras sont peu connues et donc peu intégrées dans les aménagements réalisés. La poursuite et l’intensification de cette tendance dans les années à venir risque clairement d’entraîner la disparition d’un patrimoine culturel et naturel important et de se réaliser de façon totalement inadaptée avec les capacités du lieu (par exemple : l’implantation d’un centre d’enfouissement en milieu calcaire karstique constitue une aberration qu’une connaissance et une reconnaissance de ce milieu aurait du éviter).. Précisions : Le plateau : peu habité, peu occupé, peu pratiqué, sa valeur est écologique (espace naturel) et culturelle (patrimoine lithique majeur). AUtrefois pastoral, désormais en friche ou naturel, l’évolution végétale ne pose pas de problème majeur. Par contre, l’investissement du plateau lié à la pression urbaine et touristique qui s’exerce alentour est problèmatique : les constructions et installations diverses que l’on y implante, parfois pour leurs nuisances (aérodrôme, décharge, antennes, zone d’activités…) sont en totale opposition avec les valeurs du plateau et ses capacités d’accueil (massif karstique). Par ailleurs, l’extension de l’urbanisation, pour l’instant concentrée en certains points, pose de réels problèmes sur ce plateau aride et les formes employées sont en totale opposition avec l’urbanisme polarisé qui prévaut par ailleurs.Les Gorges : elles offrent des paysages exceptionnels dont la vulnérabilité tient en grande partie à la pression touristique. Campings, résidences, parkings, publicités, installations saisonnières, constructions nouvelles viennent perturber la lisibilité de ces ensembles majestueux et concentrent une fréquentation qui pose ponctuellement problème.

Objectifs de qualité paysagère

. Reconnaître et renforcer l’image du plateau des GrasLa première des recommandations est d’améliorer et de diffuser la connaissance des richesses naturelles et culturelles du plateau des Gras en particulier concernant son patrimoine lithique, afin d’en éviter la disparition. Cette « reconnaissance » de la valeur intrinsèque du plateau doit s’accompagner d’un renforcement de la lisibilité de l’unité dans sa globalité, qui fasse en particulier que l’on associe son nom aux sites touristiques majeurs qu’il contient (gorges du Chassezac et de la Baume, défilés de Ruoms et de Vogüé, villages de Labeaume et de Balazuc, Bois de Païolive…). Valoriser de façon mesurée les patrimoines culturels et naturels du plateau des Gras :La seule façon d’infléchir le processus d’aménagement sans ménagement du plateau est de remplacer le « vide » actuel (perception du plateau comme une réserve foncière à coloniser) par un projet de développement adapté aux caractéristiques du lieu, qui intègre en particulier la préservation des espaces naturels comme contrepoint nécessaire à l’urbanisation des plaines alentour. Cela passe aussi par la valorisation du patrimoine lithique ce qui suppose sa protection, sa restauration et son interprétation.. Intégrer le paysage du plateau dans les aménagements :Les constructions traditionnelles montrent une réelle ingéniosité pour préserver la fraîcheur dans les habitations, gérer et stocker les eaux, développer des végétaux nécessitant peu d’eau et adaptés à cet écosystème. En s’inspirant de ces dispositifs, il est possible de développer un vocabulaire architectural et d’aménagement propre à cette unité paysagère et qui évite par exemple des surcoûts de gestion (pour rafraîchir mécaniquement les habitations, pour arroser des végétaux nécessitant beaucoup d’eau etc…). Mieux gérer les sites touristiques : Le Bois de Païolive comme les gorges de la Baume ou du Chassezac présentent ponctuellement des problèmes de surfréquentation et une pression importante. Ces sites connaissent les préoccupations caractéristiques des « grands sites » qui doivent à la fois préserver et accueillir. Des dispositifs de gestion spécifiques sont nécessaires pour chacun de ces sites si l’on veut éviter que leur fréquentation pèse à terme sur leur pérennité et leur notoriété.. Le plateau des Gras n’est pas une poubelle !Au propre comme au figuré, le plateau des Gras est encore considéré comme un dépotoir : on y dépose ou y aménage ce que les secteurs de plaine adjacents ne souhaitent pas avoir près de chez eux. Ainsi des réseaux électriques, des centres d’enfouissement autorisés ou non, des activités polluantes ou bruyantes, etc… Cette pratique conditionne à terme la préservation comme le développement de cette unité paysagère.Protections à envisager : classement au titre des sites des gorges du Chassezac, de la Beaume, du Bois de Païloive, d’ensembles caractééristiques du patrimoine lithique. Création de ZPPAUP autour des village de Voguë, Balazuc, La Beaume. Protection et valorisation du secteur de l’oppidum de Jastres et du camp de César.

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