Plateau de la Mateysine

116 Plateau de la Mateysine
Département  : Isère
 
Communes  : SAINT-BARTHELEMY-DE-SECHILIENN, SUSVILLE, COGNET, LA MURE, PONSONNAS, PRUNIERES, LA VALETTE, CHOLONGE, LAFFREY, LA MORTE, NANTES-EN-RATIER, PIERRE-CHATEL, SAINT-HONORE, SAINT-PIERRE-DE-MESAGE, SAINT-THEOFFREY, VILLARD-SAINT-CHRISTOPHE, MONTEYNARD, LA MOTTE-D’AVEILLANS, LA MOTTE-SAINT-MARTIN, NOTRE-DAME-DE-VAUX, SAINT-JEAN-DE-VAULX, SAINT-AREY, SOUSVILLE, MARCIEU, MAYRES-SAVEL, LAVALDENS
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 13979
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

La Matheysine est un plateau humide abritant de lacs et terrains marécageux. Ils contribuent à créer des matinées brumeuses et glaciales en hiver, tandis que la bise qui souffle sur le plateau rafraîchit les étés. Des conditions climatiques qui lui valent le surnom de petite Sibérie ! Culminant aux alentours de 1000 mètres en moyenne, le plateau Matheysin a fondé son histoire sur la richesse de son sous-sol, un important gisement d’anthracite. Mais l’exploitation minière, qui a marqué le développement de ce territoire, a cessé en 1997 et il doit aujourd’hui trouver les ressources de sa reconversion.Traçant un sillon de traversée rapide, la Route Nationale dite « Napoléon offre une vision fugitive des lieux. Les trois lacs naturels se laissent à peine entrevoir ! Il est pourtant si plaisant de sillonner le plateau sur des routes moins passantes pour en saisir la richesse et la diversité, dans un cadre montagneux privilégié. Les flux de circulation doivent également leur développement aux trajets des populations locales vers leur lieu de travail – Grenoble est à 30 kilomètres. Avec quelque 5500 habitants, la Mure reste la ville la plus importante de tout le Sud-Isère. Une ville-étape mais aussi une ville en quête d’identité, à l’image de l’ensemble du plateau matheysin.Un chapelet de hameaux réduits quelquefois à quelques grosses fermes de schistes, s’échelonnent le long des ruptures de pentes. L’élevage bovin et ovin est encore présent. Terres de culture et prairies humides bordées de frênes se partagent le plateau, les prairies de fauches occupent les bas de versants, tandis que les parties hautes hésitent entre pâtures et enfrichement

Identification

Le plateau présente des limites géographiques et paysagères très nettes ; il est délimité à l’ouest et au sud par le Drac, au nord par la côte de Laffrey et la vallée de la Romanche et à l’est par les sommets du Grand Serre (2141 m) et du Tabor (2390 m) qui séparent le canton de La Mure de celui de Valbonnais.L’activité agricole est dominante et dynamique, avec des exploitations de taille conséquente pratiquant la polyculture et un élevage diversifié (bovin, ovin et caprin), notamment sur le flanc est du plateau. Celui-ci présente également un bel exemple de bocage, créant une ambiance de campagne et des respirations vertes très agréables à l’est de La Mure. Ce vocabulaire rural simple est complété par des hameaux généralement nichés à mi-pente pour se préserver des terres humides.Côté est du plateau, changement de décor, avec un habitat proposant le front bâti continu des maisons ouvrières, notamment dans les communes de la Motte d’Aveillans et de La Mure. Témoins du passé industriel récent, ils offrent une image ouvrière, d’habitations multipliées à l’identique, qui tranche avec les imposantes fermes qui constituent les autres villages.Troisième visage de ce territoire, celui d’un carrefour routier important, avec une longue route rectiligne très empruntée – RN 85, ou Route Napoléon- et des routes transversales. Les activités industrielles et commerciales semblent se concentrer le long de la RN 85, en contraste avec la tranquillité des lacs. Ayant su éviter l’excès d’urbanisation, les lacs de Laffrey, Pétichet et Pierre-Châtel conservent un caractère naturel, disparaissant même parfois sous la végétation.

Qualification

Le plateau matheysin offre des contrastes de perception et d’échelles créent des visions très différentes et, finalement, une image globale composite. Les usages et les logiques se multiplient et se superposent avec, en plus, des transformations récentes qui achèvent de complexifier la qualification de cette unité paysagère. Elle associe en effet des traits ruraux avec le bocage et l’élevage, des sites naturels avec les montagnes et les lacs, des images industrielles avec les sites miniers, un réseau routier dense à la fréquentation extra-territoriale, un bâti associant plusieurs générations d’habitat et des sites touristiques plus ou moins modernisés. Si ce territoire parait conscient de ses atouts d’attractivité (il compte un site naturel classé depuis 1911, la Pierre Percée (1240 mètres), une des Sept merveilles du Dauphiné), il semble chercher sa voie en matière de développement touristique. Peu visibles depuis la route, voire insoupçonnés, les lacs offrent peu de voies d’accès alors qu’ils possèdent des berges remarquables, privatives pour la plupart. Les activités de loisirs et touristiques existent mais les infrastructures ne semblent pas toujours adaptées ou valorisées pour profiter pleinement de ces sites privilégiés. Autre point d’attraction, le chemin de fer touristique – appelé affectueusement le petit train de la Mure –, à la renommée régionale, en cours de rénovation. En revanche, la station de ski Saint-Honoré 1500, qui devait être reliée au domaine skiable voisin de l’Alpe du Grand Serre, est l’exemple d’un vaste gâchis ; après les déboires financiers de ses promoteurs, son avenir même est sujet à caution vu l’évolution générale des conditions d’enneigement en moyenne montagne.

Transformation

Les transformations sont à la fois naturelles et humaines. Les premières sont notamment issues d’une dynamique de fermeture par les forêts, qui masque par exemple les anciens sites miniers. Les secondes sont liées à l’activité économique de ce territoire et à son récent passé minier. A la présence de « l’aigle de Napoléon », dessiné sur les flancs herbeux par les limites foret/pâtures et qui peut se deviner depuis Grenoble.L’exploitation du bassin houiller avait commencé en 1805, la dernière mine a été fermée en 1997. Si cette épopée industrielle est gravée aujourd’hui dans les musées qui lui rendent hommage, l’aventure humaine a laissé des traces. La reconversion d’un bassin minier représente un projet d’envergure et, outre la transformation des sites et la reconversion du personnel, c’est tout un territoire qui cherche sa voie. Si le tourisme semble une évidence pour l’observateur extérieur, les projets ne sont pas forcément simples à mettre en œuvre, ils supposent une entente entre communes et intercommunalités, des visions partagées, des moyens importants, des projets viables, des schémas modernes. Un centre nautique ou une station de ski familiale ne peuvent constituer des réponses suffisantes ; le plateau matheysin doit avoir une ambition à une autre échelle.

Objectifs de qualité paysagère

Préserver la qualité du bocage et les milieux humides devrait être un objectif prioritaire, de même que le maintien d’une agriculture de montagne diversifiée et de qualité. Le caractère agraire de ce territoire ne doit pas reculer ni être sacrifié au nom d’impératifs économiques. Ce territoire a conscience de sa valeur, les intentions de le dynamiser sont présentes, encore ne faut-il pas faire l’impasse sur la qualité de tout projet et les considérations paysagères. Elles doivent être prises en compte sur de nombreux points, qu’il s’agisse des aménagements sur les rives des lacs, de la réhabilitation des murets le long de la RN85 ou de la création de fenêtres ou trouées paysagères sur les lacs depuis la route. Les développements touristiques doivent inclure un volet qualitatif, de même que les projets liés au patrimoine industriel. Comment le valoriser, peut-être en s’inspirant d’exemples réussis dans d’autres régions ?

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