Plateau de l’île Crémieu

092 Plateau de l ile Cremieu
Département  : Isère
 
Communes  : PORCIEU-AMBLAGNIEU, VERTRIEU, PARMILIEU, MONTALIEU-VERCIEU, ARANDON, BOUVESSE-QUIRIEU, CHARETTE, LHUIS, SAINT-VICTOR-DE-MORESTEL, BRANGUES, LA BALME-LES-GROTTES, COURTENAY, CREMIEU, LEYRIEU, OPTEVOZ, SAINT-BAUDILLE-DE-LA-TOUR, SICCIEU-SAINT-JULIEN-ET-CARISIEU, VILLEMOIRIEU, DIZIMIEU, MORAS, SAINT-HILAIRE-DE-BRENS, SAINT-MARCEL-BEL-ACCUEIL, VENERIEU, FRONTONAS, CHOZEAU, PANOSSAS, ANNOISIN-CHATELANS, HIERES-SUR-AMBY, VERNAS, VEYSSILIEU, SOLEYMIEU, TREPT, CREYS-MEPIEU
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 25091
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Sur ce plateau calcaire peu élevé (entre 250 et 350 mètres), on entre par des percées dans la roche dessinant d’étroites gorges (la Tyne, la Fusa)… De là, l’Isle Crémieu domine les alentours et incite même à les oublier ; comme son nom l’indique, cet îlot bien distinct émerge des plaines de l’Est Lyonnais ou des Monts du Bugey. Au nord, les eaux du Rhône forme une boucle pour contourner sa pointe rocheuse. Au-dessus des falaises calcaires qui en forment les limites, le plateau mêlent un bocage de vertes prairies humides, de larges étendues de blé et de mais ouvertes sur les lointains, et de nombreux étangs entrapercus derrière leur rideau arboré. Ici, le calcaire, omniprésent, se distingue : pierres de taille, lauzes de toiture, fontaines et lavoirs, dans les bourgs. Il se prolonge dans les champs avec les surprenantes et géantes pierres plantées qui délimitent les parcelles. Ce territoire qui se définit comme le pays des couleurs est aussi le royaume du calcaire blanc. Cette campagne aux allures bucoliques autour de ses villages groupés, un peu préservée géographiquement parlant par sa structure topographique, n’échappe cependant pas à la banalisation. Toutes les entrées de bourg finissent par se ressembler, les villages anciens étant cernés par une habitation résidentielle qui n’emprunte pas au territoire ses caractères typiques et singuliers.

Identification

L’Île Crémieu est un plateau cerné de vallées inondables. Il représente le dernier chaînon sud du Jura, séparé du Bas Bugey par le Rhône. Bien que peu élevée, l’Île Crémieu domine par des falaises de 200 mètres la plaine de l’est Lyonnais.La pierre et l’eau représentent les éléments naturels dominants. La pierre calcaire se retrouve dans tous les bourgs anciens pour des réalisations communales ou des clôtures individuelles de pierres plantées. L’eau dans tous ses états, avec des tourbières, des étangs, des sols humides, et là aussi une gestion par l’homme ; bourgs concentrés à proximité des sources d’eau, cultures adaptées, lavoirs et fontaines, systèmes d’écluse… Le patrimoine vernaculaire est important, présent à de nombreux endroits d’un territoire résolument vivant et animé. Les paysages comprennent également des zones boisées où dominent le chêne, le charme, l’acacia et le châtaignier, et qui couvrent les accidents du relief. Les zones agricoles comprennent des polycultures et de l’élevage, ainsi que des prairies de fauche.

Qualification

L’Ile Crémieu compte de nombreux sites protégés, mais dans une vocation naturaliste, au titre des Espaces naturels sensibles. La pierre calcaire d’un blanc pur fonde le paysage et le singularise, par le fait même qu’elle soit très exploitée. Le patrimoine architectural, très riche, a été complété par des aménagements de valorisation à des fins historiques ou touristiques. La maison forte du Mont Plaisant à Saint-Hilaire de Brens (13e siècle) est un site inscrit. Aux frontières de ce territoire, le musée de la pierre (Hières sur Amby), les grottes de la Balme (une des sept merveilles du Dauphiné), site archéologique de Larina… L’Ile Crémieu, qui a visiblement conscience de ses atouts, semble toutefois mener une politique au coup par coup, sans vision globale de sa valeur de paysage à caractère rural-patrimonial. Il accepte en effet les transformations fâcheuses du paysage par des implantations résidentielles indifférentes à l’esprit des lieux. Il finit par n’être vu que comme une vitrine pour les guides touristiques et une campagne de choix pour le résidentiel : la campagne tranquille à 30 kilomètres de l’agglomération lyonnaise. L’agriculture résiste plus ou moins bien à la pression foncière. Le mitage apparaît comme un risque important, sinon un signe de transformation inéluctable.

Transformation

La prospérité passée de l’Île Crémieu ressort à travers un riche patrimoine architectural et notamment, de nombreuses maisons fortes. Elles témoignent de l’histoire mouvementée de la lutte entre les dynasties delphinales et la maison de Savoie. Ce territoire a ensuite fondé sa richesse sur l’exploitation agricole et des activités industrielles, notamment des carrières.Ce site d’exception est en cours de transformation rapide : les singularités locales sont remplacées par une architecture « importée », banale et commune.

Objectifs de qualité paysagère

Toutes les conditions sont réunies pour faire des paysages de l’Île Crémieu les plus pittoresques de l’avant-pays dauphinois. D’où l’absolue nécessité d’une vigilance accrue sur la gestion des espaces. L’urbanisme ne peut pas s’appréhender ici que sur plan, dans une vision à plat qui nie l’impact sur le paysage. De même, l’aménagement des entrées de bourgs, qui plus est avec des zones commerciales ou industrielles sans schéma d’ensemble, déstructure l’équilibre et la physionomie de village. Conserver la logique d’habitat groupé qui prévalait ici est un enjeu majeur. Ne pas tout miser sur un développement tourné uniquement vers l’usage résidentiel devrait être présent à l’esprit de tous les élus. Les projets ne manquent pas ; réfléchir à la diversité des activités agricoles, valoriser les productions locales avec des marques de terroir, développer des activités tournées vers le tourisme vert et l’image de l’Ile Crémieu, mettre en valeur les usages liés aux composants du patrimoine et leur redonner vie (fours à pains communaux, lavoirs…), travailler sur le patrimoine industriel, monter un plan de sauvegarde des toits en lauzes calcaires et les réhabiliter pour des constructions publiques, les pierres plantées également,… Les réalisations qui portent sur le patrimoine et valorisent les richesses locales, outre qu’elles apportent de la vitalité à la vie locale, permettent aussi de créer du lien social, des rencontres entre des mondes qui se parlent peu.

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