Plaine et haut-pays de Faverges

19 Plaine et haut pays de Faverges
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : UGINE, LE BOUCHET, MARLENS, THONES, TALLOIRES, LES CLEFS, DOUSSARD, FAVERGES, GIEZ, MONTMIN, SAINT-FERREOL, SERRAVAL, SEYTHENEX, VERRENS-ARVEY, PLANCHERINE, MARTHOD, MERCURY, CONS-SAINTE-COLOMBE, JARSY, MANIGOD
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 16993
 
Carte(s) IGN : TOP 25 : 3431 OT 3432 ET, 3531 OT

Impression générale

La plaine de Faverges est un pays de transition : transition entre Haute-Savoie et Savoie (1), transition entre le massif des Aravis et le massif des Bauges, et enfin transition entre le lac d’Annecy et Albertville. A la croisée de ces grands pôles, cette plaine pourrait donner à l’automobiliste pressé l’image d’un paysage sans identité forte. Elle est avant tout un pays agricole (élevage bovin (2) et agriculture (3)), ponctuellement boisé et marécageux, un lieu de passage, marqué en son centre par la petite ville de Faverges et par la Route départementale 1508 (4), une des routes les plus empruntée de Haute-Savoie. Le Haut pays de Faverges désigne, quant à lui, un ensemble de vallées très variées, mais qui ont toutes en commun de converger vers la plaine de Faverges :- La vallée de Montmin (5), au nord-ouest, dominée par le massif de la Tournette (2351m). Une vallée très boisée et escarpée, ponctuée de plusieurs hameaux, et remontant jusqu’au col de la Forclaz (6).- Le val Sulens (7), au nord-est, entre le massif de la Tournette et le massif des Aravis, regroupant les hameaux de Serraval (8), du Villard, et du Bouchet-Mont-Charvin (9). Ces vallées referment le pays de Thônes par le col de l’Epine.- Enfin, au sud, la vallée de Tamié (10) et le vallon de Saint-Ruph, dans le massif des Bauges, dominés par la pointe de la Sambuy (2198m), regroupant plusieurs hameaux dont le village et la petite station de ski de Seythenex (11, 12).

Identification

La plaine et le haut-pays de Faverges se situent entre le massif des Bauges au sud (1), et les massifs des Aravis au nord-est (2) et de la Tournette au nord-ouest (3), à l’abri des Dent de Cons vers l’est (4). Ils sont délimités par le col de la Forclaz au nord-ouest, le col du Marais au nord-est, et le col de Tamié au sud-est.La plaine est marquée par le passage de deux torrents : le torrent de la Chaise et le torrent de l’Eau Morte. Les paysages ruraux (prairie de fauche, pâtures, culture du maïs) occupent les parties planes du bassin de Faverges (5). Là, le parcellaire est encore très visible. Cette structure est ponctuée de marais et de boisements. Les villages et hameaux (Saint-Ferréol, Cons Sainte Colombe, Giez, Vésonne) se sont installés entre piémont et plaine (6). Ils s’adossent à la montagne pour préserver les bonnes terres. La forêt et les prairies occupent les piémonts (7). Le noyer, isolé ou en alignement, est un arbre que l’on rencontre souvent à proximité des villages. La route départementale 1508 (8) les zones d’activités qui l’accompagnent, ainsi que l’ancienne voie ferrée reconvertie en piste cyclable, passent en ligne droite, au centre de la plaine.Les vallées du haut-pays de Faverges sont marquées par une alternance de prairies et de bois (9) (hêtraie sapinière). Situées trop bas en altitude ou trop éloignées des centres urbains, elles n’ont pas connu de développement touristique et résidentiel significatif. Le paysage y a un caractère rural très affirmé. L’agriculture est basée principalement sur l’herbe et l’élevage. Elle se pratique souvent à partir de sièges d’exploitations dispersés ou regroupés en hameaux. Même si l’essentiel de la population locale ne vit plus de l’agriculture, le paysage est peu marqué par d’autres fonctions. L’habitat traditionnel est facilement repérable : il s’agit de maisons -bloc construites en pierre et en bois surtout caractérisées par leur toit cassé à demie-croupe (10). Les toitures à quatre pans avec une forte inclinaison, sont couvertes d’ardoises, devenue le matériau traditionnel. A proximité des hameaux, de nombreux vergers sont également remarquables (11). A Seythenex, les alpages côtoient une petite station de sport d’hiver (12).

Qualification

Peu citée dans les guides, la plaine de Faverges est surtout un lieu de passage permettant de relier le lac d’Annecy à la Savoie ou les Aravis aux Bauges. Faverges est connue pour son activité industrielle (briquets et stylos Dupont, fours industriels Bourgeois, machines à tisser Stäubli), ainsi que pour son château et son site Gallo-romain.Dans la plaine, l’activité touristique reste confidentielle et concentrée sur des lieux connus tels que l’abbaye de Tamié (1), les châteaux de Giez et de Faverges, la grotte et la cascade de Seythenex. Quant aux activités de loisirs telles que la piste cyclable sur l’ancienne voie ferrée (2), la station de ski de Seythenex, ou le golf de Giez (3), elles sont avant tout destinées aux habitants de la plaine.Le pays de Faverges concentre donc son économie avant tout sur l’agriculture (4),l’élevage et quelques industries renommées.Un riche patrimoine vernaculaire marque fortement l’identité des villages : fours communaux, fontaines et abreuvoirs en pierre, chapelles, murgers (accumulations de pierres résultant de l’empierrement des champs qui sont colonisées par une strate arborée essentiellement composée de feuillus).Les cultures, traditionnellement en terrasse sur les pentes des piémonts marquent fortement certains villages comme Vésonne (5). Mais ces terrains sont aujourd’hui souvent laissés en friches (6).Les vergers, à proximité immédiate de l’exploitation, bordés d’alignements de noyers offrent de très belles entrées de bourg. C’est une organisation remarquable que l’on peut voir notamment à Vésonne (7), Giez, Saint-Ferréol (8) ou encore à Seythenex (9).

Transformation

La plaine de Faverges est une des rares plaines relativement peu urbanisée de Haute-Savoie (1). Son évolution peu paraître stable lorsqu’on la traverse rapidement, mais des risques forts de transformations liées d’une part à la déprise agricole et d’autre part au développement urbain existent.On constate un vieillissement et un dépérissement des vergers qui bordent les villages. On assiste, comme à Vésonne par exemple (2), à l’apparition de friches et de reboisement des parcelles agricoles de piémont, parcelles en pentes les plus difficiles à entretenir. Les zones de boisements semblent parfois peu considérées, à l’image la zone de dépôt de Giez (3), et l’activité agricole dans les communes traditionnellement rurales comme Marlens ou Saint-Ferréol (4) cède peu à peu la place à la construction de pavillons.Pour faire face au trafic de plus en plus dense de la route d’Albertville (RD 1508), une déviation de contournement de Faverges (5), nécessaire, a vu le jour il y a une quinzaine d’années. Mais il est regrettable qu’elle ait été pensée et réalisée comme une voie rapide. Son caractère autoroutier modifie complètement le paysage de la plaine de Saint-Ferréol. Cette dernière est désormais coupée en deux par une infrastructure lourde.Ces infrastructures routières induisent structurellement leur cortège de zone d’activités mais aussi de délaissés et de dépôts (6). Entre Doussard et Ugine, la transformation du paysage rural s’accélère.L’évolution de la construction de logements se concentre fortement autour de Faverges, notamment en direction de Verchères, de Giez et de Cons Sainte Colombe. On constate également une progression à Saint-Ferréol et Marlens (7).L’identité rurale de la plaine a tendance à s’estomper du fait de la présence le long de l’axe principal, de magasins, restaurants, et zones d’activité (8). Cela rend difficile la perception du paysage rural bien vivant qui s’étend encore au-delà de ces constructions. D’autre part l’apparition d’équipements de loisir comme le golf de Giez (9) ou la multiplication de pavillons dispersés sur les franges des centres anciens renforce cette dilution des limites entres les différentes occupations du sol (10). Cela brouille la lisibilité d’une organisation paysagère qui faisait l’identité de la plaine.On notera ici l’application sur le massif de la Tournette des réglementations Znieff et Natura 2000 ainsi que le statut de site Natura 2000 et l’arrêté biotope appliqué à la zone marécageuse à l’ouest de Giez.

Objectifs de qualité paysagère

Le paysage agraire de la plaine de Faverges est menacé par les infrastructures (1), les équipements de loisirs et les extensions de bourgs (2, 3). Sa protection est un enjeu majeur si l’on veut éviter sa banalisation. A l’inverse, les vallées de Montmin, de Sulens (4) et de Tamié sont moins touchées par ce type de transformations rapides et difficilement réversibles. Mais le val Sulens est touché par la déprise agricole et une dynamique de reboisement et donc de fermeture du paysage notamment en ce qui concerne les communes du Bouchet et de Montmin.Les enjeux principaux sont aujourd’hui d’éviter que l’urbanisation diffuse de la plaine remonte et envahisse les vallons du haut-pays de Faverges. Mais aussi privilégier une organisation de l’urbanisation qui se limite entre montagne et agriculture pour sauvegarder cette dernière. Et enfin réhabiliter les zones d’activités qui bordent la route d’Albertville et en stopper le développement.Lorsque la construction est nécessaire pour les villages, on privilégiera une typologie architecturale dense (maisons partagées, en bande…) dans les « dents creuses » des bourgs et hameaux existants. Mais surtout en s’inscrivant dans la logique d’occupation des sols qui organise la plaine de Faverges. Les lotissements construits à l’écart des piémonts morcellent les parcelles d’agricultures (5). On préconisera donc de conserver le plus possible l’intégrité des champs cultivés afin de préserver la lisibilité et la force d’un paysage à l’organisation simple mais fragile (6, 7). La préservation des espaces agricoles sous l’abbaye de Tamié est à ce titre exemplaire. Elle pourrait inspirer certaine commune comme Seythenex où l’enjeu de préservation des espaces agricoles devient de plus en plus important.Plus spécifiquement, afin de soutenir les particularités de ces paysages patrimoniaux, on soutiendra les actions de valorisation et de gestion des vergers bordés de noyers qui accompagnent les bourgs (8). Cette figure paysagère pourrait être également utilisée dans les nouveaux aménagements ruraux.Le long de la RD 1508, les zones d’activités existantes gagneraient à être réhabilitées (9). Beaucoup d’entre elles possèdent des délaissés qui pourraient être occupés par des prairies. De plus, il serait souhaitable de privilégier leur réorganisation et rénovation plutôt que leur extension ou la création de nouvelles entités. L’urbanisation de la route d’Albertville devrait être stoppée sans quoi elle fabriquera sous peu un corridor de zones d’activités entre Doussard et Ugine (déjà huit aujourd’hui).Les outils les plus utiles et pertinents dans cette optique sont les documents d’urbanisme tels que les SCOT et les PLU, associés éventuellement aux protections des zones agricoles. Le Parc Naturel Régional des Bauges peut aussi jouer un rôle en ce sens, car Faverges, et Seythenex, contrairement à Giez, ont approuvé sa charte. Créé en 1995 et englobant l’ensemble du massif, il vise en effet à valoriser la spécificité du site. La charte qui régit le parc a pour objectif la protection et la valorisation économique du patrimoine naturel et culturel. Le PNR participe également à des actions de soutien financier pour la restauration du patrimoine bâti. La restauration du four à pain du Villard ou de la chapelle de la Balmette à Faverges ont par exemple bénéficié d’une telle aide.

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