Plaine du Rhône de Brégnier-Cordon/ Les Avenières

01 Plaine du Rhone de Bregnier Cordon Les Avenieres
Département  : Isère
 
Communes  : GROSLEE, LHUIS, GRESIN, LA BALME, CHAMPAGNEUX, SAINT-MAURICE-DE-ROTHERENS, SAINT-VICTOR-DE-MORESTEL, LE BOUCHAGE, BRANGUES, MORESTEL, GRANIEU, BREGNIER-CORDON, MURS-ET-GELIGNIEUX, SAINT-BENOIT, LES AVENIERES, SAINT-GENIX-SUR-GUIERS, CORBELIN, AOSTE, VEYRINS-THUELLIN, VEZERONCE-CURTIN, CREYS-MEPIEU
 
Famille de paysages : Paysages agraires
 
Surface (Ha) : 12298
 
Carte(s) IGN : 3232Et

Impression générale

Dans ce paysage composite, de multiples éléments complexifient sa lecture et l’impression de fouillis paysager est tenace. Le Rhône en constitue l’élément dominant. Ici, son tracé forme de nombreux entrelacements, fruits du sempiternel travail de l’eau. Le fleuve divague et se contorsionne, formant un paysage à lui seul. Bordé de part et d’autre par des forêts ou des prairies humides qui le masquent au regard, le Rhône se laisse surtout découvrir depuis les ponts qui l’enjambent. Son influence a toujours été importante ; il a formé des îlots et des lônes où abonde le gibier, notamment le Mont Cordon et l’île des molottes, qui abrite une réserve naturelle. Les pêcheurs y trouvent aussi leur compte, brochets, truites et ablettes se plaisent dans les eaux tranquilles bordées de peupliers.L’habitat s’est réfugié sur les microreliefs pour être à l’abri des inondations avec d’ailleurs, pour cette même raison, un bâti particulier aux perrons surélevés. Plus loin du fleuve, l’habitat est soit dispersé soit regroupé dans les multiples hameaux qui peuplent ce territoire : Saint Genix sur Guiers, Aoste, Veyrons-Thuellin, Morestel et, sur le plateau, Les Avenières. Cette commune de 4600 habitants, une des plus étendues (3 200 hectares) du territoire de la Communauté de communes du Pays des Couleurs, semble jouer la carte de « la ville à la campagne ».

Identification

C’est l’arrière-plan de ce paysage, les versants abrupts et boisés du Bugey et le massif de la Chartreuse qui en dessinent les grands traits, et lui confèrent de la clarté. En revanche, en plaine, la multiplicité des éléments végétaux et architecturaux, a tendance à brouiller la lisibilité d’ensemble. Les vues y sont réduites et fermées, créant une ambiance agraire de premier plan. La plaine, drainée par un système complexe de canaux et fossés à peine visibles, est occupée par l’agriculture partout où l’espace, trop humide, n’est pas réservé aux peupleraies. L’accès aux méandres et aux îles du grand fleuve est difficile, et les barrières végétales des peupleraies masquent la vue. Sur le reste du territoire, les haies dessinent les parcelles, souvent closes à des fins d’élevage de bétail. Autre élément diffus, l’habitat, dont l’étalement est très marqué, y compris aux abords du Rhône. Le territoire des Avenières, dont le nom provient d’ » avenia » (avoine) a conservé son caractère agricole mais le mitage se répand, au gré des terrains à vendre. De nombreux corps de ferme et de grosses maisons de pisé recouvertes de tuiles à écailles apportent une touche pittoresque et rurale mais les constructions nouvelles gagnent du terrain ; en ne respectant pas la topographie des terrains ni les matières naturelles locales, elles banalisent le paysage. Des pressions s’exercent sur les terres agricoles et sur les marais et les zones humides, dont la valeur écologique pèse peu face à la valeur foncière.

Qualification

L’urbanisation grignote cependant sur les terres agricoles, servie par le développement des axes de transport ; la plupart des communes et notamment Les Avenières, qui bénéficient de la proximité de l’autoroute A43, attirent un nombre croissant d’habitants. Venus chercher le calme de la campagne et les points de vue depuis les coteaux, ils s’installent précisément sur les hauteurs, de manière dispersée, créant des ruptures et des fermetures sur les paysages de la plaine. Les terres agricoles ont peu d’arguments pour résister, à moins de stratégies volontaristes de développement de nouveaux modèles d’occupation agricole et d’entretien du territoire.Du côté du Rhône, où la pression foncière est moins forte du fait de l’éloignement des grands axes, c’est le contact entre l’homme et le fleuve qu’il faut repenser. L’ambiance fluviale est inexistante, peu de mises à l’eau en cœur de village, peu d’embarcations… Quel est ici l’usage du Rhône ?

Transformation

Entourée jusqu’au Moyen-Age par les eaux du Rhône, territoire frontalier, Les Avenières a été longtemps un point de passage vers le duché de Savoie, alors indépendant. L’histoire géo-politique a façonné le développement de ce territoire, comme à Aoste par exemple. Sur les hauteurs, les logiques agricoles ont changé, pour passer du pré (élevage) au labour (cultures), dans une logique plus intensive avec de grandes parcelles dédiées au maïs. Entre les champs, le mitage gourmand en espace finit par créer des continuités urbaines préjudiciables au caractère rural de ce territoire. Encore faut-il veiller à épargner la plaine du fleuve du bâti, pour qu’il conserve sa fonction de zones humides et de prairies d’élevage. Aujourd’hui, la plupart des communes ont développé des activités industrielles (textile, petite mécanique, plastique, alimentaire), servies par un réseau routier dense et la proximité de l’autoroute. Elles jouent aussi la carte du tourisme vert et de porte d’entrée vers les montagnes. Cependant, la vie avec le fleuve s’est étiolée et l’homme se désintéresse de cet imposant voisin. Il ne sait plus composer avec, laissant la plaine occupée par une mer de peupleraies. La capacité d’absorption d’aménagements est forte en raison précisément de son caractère composite et des nombreuses vues fermées. Témoin, l’installation en 1994 d’un grand parc d’attractions, sur 35 hectares ; masqué par la végétation, il ne détériore pas l’ambiance paysagère. Ses impacts bénéfiques –source de développement économique – l’emporte sur les effets collatéraux – et ne devraient pas être un prétexte à une urbanisation intensive.

Objectifs de qualité paysagère

Il est essentiel que le bâti se confine aux micro-reliefs et aux buttes, pour conserver la structure paysagère du lit du Rhône comme zone agricole. A ce titre, la préservation de la polyculture – pour éviter la banalisation d’une culture intensive dominée par le maïs par exemple -, de prairies d’élevage et de zones humides forment un enjeu important sur la Plaine du Rhône de Bregnier-Cordon. Il est heureux que les lônes qui, avec leurs eaux stagnantes, présentent un écosystème riche, fassent l’objet d’initiatives de préservation.Quant au Rhône lui-même, il peut être au cœur d’un important projet paysager, pour valoriser ses berges et aménager son accessibilité, travailler sur une mise en valeur et une ambiance visuelle. Il serait intéressant également de réfléchir à la valorisation des fonctions fluviales, avec des utilisations en modes doux (tourisme) et des sources de ressources économiques (gravières), qui réconcilient l’homme et le fleuve.

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