Plaine du bas-chablais et pays de la Cote

06 Plaine du bas chablais et pays de la Cote
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : VAILLY, LYAUD, ALLINGES, ANTHY-SUR-LEMAN, ARMOY, CERVENS, LULLIN, LULLY, MARGENCEL, ORCIER, PERRIGNIER, THONON-LES-BAINS, BOEGE, BRENTHONNE, BURDIGNIN, FESSY, HABERE-LULLIN, HABERE-POCHE, SAINT-ANDRE-DE-BOEGE, SAXEL, CHENS-SUR-LEMAN, BALLAISON, BONS-EN-CHABLAIS, DOUVAINE, EXCENEVEX, LOISIN, MASSONGY, MESSERY, NERNIER, SCIEZ, VEIGY-FONCENEX, YVOIRE, MACHILLY, CRANVES-SALES, JUVIGNY, LUCINGES, SAINT-CERGUES, REYVROZ
 
Famille de paysages : Paysages émergents
 
Surface (Ha) : 25147
 
Carte(s) IGN : TOP 25 3428ET

Impression générale

Une fois passée Annemasse, on aborde les territoires de la Plaine du Bas-Chablais et du pays de la côte par les routes nationales n°206, puis n°5 en direction de Thonon-les-Bains. On ressentira sans doute une légère déception et un air de déjà-vu car le lac Léman se dérobe depuis ces grands axes. Embarqué sur ces routes rapides, on découvrira, une succession de zones commerciales et de bourgs dont les rues principales semblent avoir rendu les armes devant un trafic trop intense. Heureusement, cette traversé est encore longée par des champs permettant quelques vues plus lointaines. On croisera même des vignes entre Tholomaz et Loisin, où l’on produit le Crépy. Seul l’horizon montagneux du mont Boisy et les massifs des Voirons toujours présent, rappelle qu’on est bien arrivé au pied des Alpes.On décide donc de quitter les grands axes pour découvrir un paysage rural (champs de maïs et de blé, troupeaux de vaches qui pâturent, chevaux, bosquets…) mité par un habitat diffus (pavillons massifs d’un à deux étages entourés de haies de thuyas). Le champ de vision est souvent limité par des haies, mais aussi par des massifs forestiers. L’accès et la vue sur le lac Léman sont rendus très difficiles par la privatisation du littoral. On circule dans un paysage hybride, entre ville et campagne, où l’on découvre parfois un grand arbre isolé (Noyers) …au bord d’un chemin ou des vestiges de haies agricoles rappelant ce qu’était sans doute le paysage agraire auparavant. Enfin, après de multiples détours, on accède au lac Léman et à son immensité.

Identification

La plaine du Bas-Chablais (400m) et le Pays de la côte sont limités au sud-est par un versant montagneux (Les Voirons 1480m, le mont d’Hermone 1412m) et au nord-ouest par le lac Léman ; et, coupés en leur milieu par une ligne de collines boisées culminant au mont Boisy (734m).Son paysage est très hétérogène. Il est constitué d’une juxtaposition d’éléments, et par conséquent il n’en ressort pas une image forte, si ce n’est celle d’un patchwork d’habitats diffus, de forêts (chênes, hêtres, châtaigniers, et épicéas sur les versants), de champs, de vignes, et de prairies. On peut cependant distinguer trois structures paysagères formant trois bandes parallèles : · une bande allant du lac Léman jusqu’à la RN 5, caractérisée par une série de villages patrimoniaux au bord du lac (Yvoire, Nernier…) et, entre la route nationale et le rivage, par de l’agriculture céréalière ; · une bande allant de la RN 5 jusqu’à la ligne de collines boisées, très urbanisée et sous l’influence de la nationale ; · une bande entre la ligne de collines boisées et le versant montagneux des Voirons et du mont d’Hermone influencée, cette fois, par le passage de la route départementale 903.Les constructions récentes engendrées par le mode d’habitat diffus sont à l’origine de la sensation d’hétérogénéité. S’installant sur d’anciennes parcelles agricoles, en réseau le long des routes et des rives du Léman, ce type d’habitat altère la lisibilité de l’ensemble du paysage, il crée des barrières visuelles fortes, il confisque la vue sur le lac Léman, et enfin il s’accompagne d’importantes infrastructures routières et commerciales.

Qualification

La Plaine du Bas-Chablais offre aujourd’hui un paysage très éloigné de l’image mythique véhiculée par les guides touristiques, la littérature, et la peinture, célébrant les beautés du lac Léman. Elle est en réalité un paysage en mutation, où le lac est le plus souvent invisible et reste surtout présent dans l’imaginaire collectif. Les habitants y cherchent un cadre de vie idéal, une ville à la campagne. L’attrait du travail en Suisse, à Genève essentiellement, mais aussi Lausanne, a accéléré ce phénomène. La plaine a perdu ses caractéristiques dominantes de paysage rural pour évoluer vers des formes d’urbanisation diffuse, néanmoins l’agriculture céréalière reste performante aux alentours de Douvaine.La forêt de Planbois, seule forêt de plaine en Haute-Savoie, facile d’accès compte des milieux de haute valeur écologique (marais, pinède).Le Bas-Chablais est aussi un haut lieu touristique de renommée internationale connu pour les villages médiévaux d’Yvoire et de Nernier, pour les propriétés remarquables construites en bord de lac, pour ses châteaux (Domaine de Ripaille, Les Allinges, Douvaine, la tour de Langin), dont la majorité est protégée (monuments historiques, sites classés et inscrits).

Transformation

La Plaine du Bas-Chablais et le pays de la côte, déjà fortement urbanisés, voient cette tendance augmenter. Aujourd’hui, un grand nombre de lotissements sont en cours de construction. Cet habitat dispersé referme les vues, uniformise le paysage, et lui fait perdre son caractère rural, car ces opérations de lotissements ne sont précédées que trop rarement d’études urbaines et paysagères à l’échelle du territoire communal et intercommunal.Parallèlement, on voit apparaître les signes d’un abandon des anciens modes d’habitats. Les maisons anciennes sont en mauvais état et les champs sont revendus au profit des lotisseurs. La plaine perd son identité rurale, et tandis que les villages médiévaux des bords du lac se muséifient, le vocabulaire utilisé dans les aménagements des « villages intérieurs » est de plus en plus urbains et routiers (panneaux publicitaires, mâts d’éclairage, ronds-points…), les zones commerciales se multiplient, et les principaux axes routiers s’élargissent.De plus, si le projet d’autoroute entre Thonon-les-Bains et Annemasse a été finalement annulé en 1997, un projet de voie rapide, très proche d’une autoroute n’en n’est pas moins d’actualité. Elle doit relier Machilly et Thonon-les-Bains en longeant le plus possible la voie ferrée existante. Par ailleurs, le contournement de Thonon-les-Bains (8km en 2x2 voies) vient d’ouvrir en juin 2008.

Objectifs de qualité paysagère

Face aux mutations profondes de la Plaine du Bas-Chablais et du pays de la côte, l’enjeu principal est de réussir à limiter l’étalement urbain en mettant en valeur les éléments forts des anciennes structures paysagères rurales (trames du parcellaires agricoles, valorisation du bâti vernaculaire…) ou naturelles (forêts, vallons, reliefs…). Un des objectifs les plus important de la Plaine du Bas-Chablais est de ré-ouvrir les rives du Léman au public et de préserver des vues sur le lac. Pour cela on préconisera de lotir plus densément et en continuité des centres urbains existants (certaines communes commencent d’ailleurs à construire de petits immeubles collectifs dans leur centre), en veillant à maintenir des espaces non construits sur le littoral et entre chaque centre.Il est également nécessaire que la transformation des principaux axes routiers RN5, 206 et RD903 (élargissement, contournement, mise à 2X2 voies) fasse l’objet d’études paysagères sérieuses. Le Syndicat Intercommunal d’Aménagement du Chablais (le SIAC qui regroupe 62 communes) travaille actuellement à l’élaboration du SCOT du Chablais. Le SCOT est un outil très important pour atteindre l’ensemble des objectifs que nous venons de citer, gageons qu’il permettra de mieux gérer les paysages du Bas-Chablais.

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