Petites vallées parallèles au sud du lac d’Annecy

14 Petites vallees paralleles au sud du lac d Annecy
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : GIEZ, SEYTHENEX, CHEVALINE, JARSY, BELLECOMBE-EN-BAUGES, DOUCY-EN-BAUGES, ENTREVERNES, LATHUILE, DOUSSARD
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 3121
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

En arrivant de Doussard, l’automobiliste qui veut accéder à la Combe de l’Ire, se repère d’abord à l’impressionnante falaise rocheuse du mont Charbon (1), puis il traverse la commune de Chevaline, et enfin, il quitte les champs et les prairies, pour s’engager sur une route étroite (2). Trois kilomètres plus tard, il laissera son véhicule et devra continuer à pied car un panneau lui annonce qu’il rentre dans la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage (3). La piste forestière suit un torrent, elle est difficile et, l’hiver, enneigée (4). Elle exige de marcher dans les feuilles mortes, la mousse et la glace, le long du torrent, à l’ombre des grands épicéas (5, 6).En longeant le ruisseau, le promeneur s’éloigne et rentre dans la combe d’Ire. Celle-ci présente un aspect très « sauvage » (7). Très boisée et humide, elle abritait des ours jusqu’au début du siècle. Ses versants sont occupés par une forêt dense et difficilement pénétrable composée essentiellement de résineux et de feuillus dans les parties basses (8).L’eau est ici omniprésente (9). Elle résonne avec fracas sur d’énormes blocs de pierres calcaire érodés par le mouvement continuel du torrent (10). C’est une eau très claire, qui coule vite, alimentée par d’innombrables ruisseaux dévalant la pente (11). Plusieurs ponts ont été construits pour permettre à la route forestière de franchir le torrent.La petite vallée de la Bornette, quant à elle, présente à peu près les mêmes caractéristiques, à ceci près qu’aucune route ne permet encore de la traverser. Son entrée est « gardée » par le petit hameau de Saury (12).

Identification

La vallée de L’Ire (1) et la vallée de la Bornette sont deux vallées du massif des Bauges, parallèles, au sud du lac d’Annecy. Longues et étroites, elles sont toutes les deux des impasses, et cela explique le fait qu’elles soient peu fréquentées bien que proches de l’agglomération d’Annecy. Elles débouchent toutes les deux sur la plaine de Doussard et sont séparées entre-elles par la montagne du Charbon.La vallée la plus à l’est est la Combe de l’Ire. Elle est dominée par le Mont Trélod (2181m) et la Pointe d’Arcalod (2217m). Elle est limitée au sud par le col de Chérel qui marque la limite entre les départements de Savoie et Haute-Savoie. Mis à part quelques chalets d’alpages, elle est inhabitée. D’ailleurs jusqu’en 1930, aucune route ou piste ne permettait l’accès à la combe de l’Ire. Ce n’est qu’entre 1931 et 1952 que la route forestière (2) a été construite reliant la scierie Rivollet (3) au col de Chérel. Ces 12,7km restent l’unique moyen de desserte des forêts de la Combe d’Ire (4). Avant sa construction, la totalité des bois exploités étaient transformés sur place en charbon de bois. Il subsiste en forêt de nombreuses traces des anciennes « places à charbon ». A l’ouest, la vallée de la Bornette est nettement plus étroite que la combe d’Ire. Elle n’est desservie par aucune route. A l’entrée de la vallée se tient le petit hameau de Saury regroupant quelques anciennes fermes (5). A la différence des autres vallées environnantes, ces deux vallées sont marquées par un paysage très fermé. Elles sont en effet principalement occupées par la forêt domaniale. Cette forêt s’étage en une ripisylve au bord de l’eau (6), une hêtraie-sapinière au-dessous de 1300 m (7), et une pelouse d’alpage au-dessus de 1300m. La ripisylve est constituée par l’aulne blanc accompagné par le tremble, le saule marsault, le bouleau et parsemée de reine des près. Dans la hêtraie-sapinière les épicéas sont également présents, ils ont souvent été introduits par plantation. L’érable sycomore colonise les éboulis et les bas de versants. Le sous-bois est riche et varié : noisetier, aubépine, chévrefeuille, oxalis, luzule, etc (8). La croissance des arbres y est active. Traitée en futaie jardinée, la forêt se renouvelle naturellement (9). Enfin, au-dessus de 1300m, dans l’étage subalpin, l’épicéa résiste difficilement, il cède la place à des prairies subalpines, qui servent de prairies d’alpages pour les moutons.

Qualification

Comme l’ensemble du massif des Bauges, ces deux petites vallées sont connues et recommandées par les guides pour leurs paysages « naturels », et en particulier pour leur foret (1, 2, 3, 4, 5). Elles sont également connues par les anneciens comme lieu de randonnées (GR de l’Arcalod) où l’on vient se promener, pêcher, mais aussi chasser.La forêt de la Combe d’Ire fait en effet partie de la Réserve Nationale de Chasse des Bauges (aujourd’hui Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage d’une surface de 5205 hectares), c’est à dire un territoire dont la gestion particulière vise à préserver la faune sauvage. Les principales espèces rencontrées dans cette réserve sont le chamois, le mouflon de corse (introduit en 1954), le chevreuil, le sanglier, le renard, l’hermine et la gelinotte. Le tétras-lyre se rencontre dans les près bois au-dessus de 1400 mètres. La bartavelle, l’aigle royal et la marmotte sont présents dans l’étage subalpin.

Transformation

L’Ire (1) et la Bornette (2) sont deux rivières à caractère torrentiel. Elles sont sujettes à des crues très violentes (3). Dans le passé, notamment en 1874 et 1899, suite à d’importantes coupes à blanc effectuées dans la partie supérieure de la vallée, l’Ire a causé de sérieux dommages en partie basse de son cours. Afin de reconstituer la forêt, l’Etat a acquis entre 1919 et 1926, les forêts surexploitées et les pâturages abandonnés de ce fond de vallée, et, le service de restauration des terrains en montagne a réalisé d’importants travaux d’aménagements du cours d’eau (construction de seuil, digues et enrochements) (4, 5).Progressivement la gestion de ces vallées liée à l’exploitation forestière s’est donc transformée en une gestion favorisant la protection des milieux naturels et en particulier de la faune sauvage.Aujourd’hui, la scierie Rivollet située à l’entrée de la combe d’Ire ne fonctionne plus. La forêt est entretenue (plantation, défrichement, etc) (6), mais elle n’est plus surexploitée, et l’Ire a été aménagée. Grâce à différentes mesures de protection et de gestion, le paysage de ces vallées s’est donc un peu stabilisé. La forêt est gérée en partenariat par l’ONF (forêts domaniales), le Parc Naturel Régional des Bauges et la Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage. De plus ces vallées sont des sites Natura 2000, ZNIEFF, ZICO, ainsi que Réserves Biologiques Domaniales pour la Combe d’Ire. Ces classements et ces différents gestionnaires ont pour objectif le maintien et la préservation de la biodiversité (faune, flore et milieu naturel), tout en tenant compte des pratiques socio-économique et culturelles. On pourra regretter en revanche, l’état de conservation médiocre des rares maisons de ces deux vallées, dans le hameau de Saury.

Objectifs de qualité paysagère

Dans ces deux vallées, la pression urbaine est bien moins forte qu’alentours, cependant pour maintenir leur qualité paysagère, plusieurs objectifs peuvent être identifiés :- des objectifs pédagogiques : information du public, balisage et entretien des sentiers de randonnées (1).- des objectifs de fréquentation : limiter l’impact visuel des aménagements, définir des capacités d’accueil des sites.- des objectifs de gestion et d’entretien : soutenir l’entretien forestier (espèces forestières remarquables) et pastoral (2) (prairies d’alpages). Reconquérir ou entretenir des points de vue remarquables menacés par la fermeture des vues (3).Les protections réglementaires relevant de l’état (Parc Naturel Régional, Réserve Nationale et Domaniale) ou des espaces protégés (Natura 2000, ZNIEFF) pourraient y contribuer.

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