Petit lac d’Annecy

02 Petit lac d Annecy
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : BLUFFY, THONES, TALLOIRES, DOUSSARD, FAVERGES, MONTMIN, CHEVALINE, DUINGT, ENTREVERNES, LATHUILE, ALEX
 
Famille de paysages : Paysages émergents
 
Surface (Ha) : 4325
 
Carte(s) IGN : TOP 25, 3431OT

Impression générale

Le petit lac d’Annecy est la partie du lac qui se trouve au sud du resserrement de Duingt (1). Il englobe la plaine de Doussard (2). En contraste avec la partie nord du lac, cette partie sud présente un caractère moins urbanisé, plus « sauvage » (3). La topographie est en effet moins favorable à la construction (4), et de grands espaces naturels, comme la réserve naturelle du Bout du Lac ont pu être préservés (5, 6).Cependant les possibilités d’accès au lac restent rares. Les berges sont en effet souvent privatisées (7). Les accès publics conséquents sont limités à la réserve naturelle (8) et au port et à la plage de Talloires (9, 10, 11). Les routes passent au bord de l’eau, mais elles ne sont pas pour autant accompagnées d’un réseau continu de promenades piétonnes (12).C’est le plus souvent depuis des points hauts, par exemple depuis les routes ou chemins en balcon sur les piémonts du Taillefer que l’on perçoit le mieux le petit lac (13). Le col de la Forclaz (1157m) (14) offre la plus belle vue panoramique sur le lac (15).

Identification

Le petit lac d’Annecy est limité par l’éperon rocheux du Taillefer à l’ouest (1), par le massif de la Tournette à l’est (2), par le resserrement de Duingt et de Talloires au nord (3) et par la plaine de Doussard au sud (4).L’occupation du sol se répartit de la façon suivante : les fortes pentes du massif de la Tournette et du Taillefer sont densément boisées, la plaine de Doussard est cultivée, et l’habitat est localisé le long des rives et dans la plaine. Il s’agit principalement de maisons individuelles orientées vers le lac pour bénéficier de la vue. Concentré au niveau des centres anciens (Talloires, Doussard, Duingt…), le système d’habitat est diffus partout ailleurs (5). L’architecture est très disparate. Elle compte quelques bâtiments caractéristiques et patrimoniaux dans les vieux centres, notamment à Talloires (6).La rive est, de Talloires à Verthier, est très boisée et escarpée (forêt de Planfait, forêt Sallier, forêt de Combe Noire, forêt de la Coche). Les pentes fortes laissent peu de place pour l’habitat. Cette rive est essentiellement marquée par le prestigieux village de Talloires niché au pied du roc de Chère et surplombée par le plateau de Saint Germain, les Dents de Lanfon (7) et l’imposant massif de la Tournette, mais aussi par la cascade d’Angon et le port de la Balmette (sites inscrits) (8). Au-dessus de Talloires, le long de la RD 42 qui monte au col de la Forclaz, plusieurs villages (Granges, Rovagny, Vérel) se sont développés autour d’anciens hameaux (9).La plaine de Doussard principalement consacrée à l’élevage bovin est traversée par deux torrents (l’Ire et l’Eau Morte) qui se jettent dans le lac au niveau de la réserve naturelle (10). De nombreux milieux humides et anciens marais ponctuent la plaine très habitée par ailleurs.Enfin, l’éperon rocheux du Taillefer offre une ambiance forestière particulière. Les villages installés sur son flanc profitent de la vue plongeante sur le lac et la plaine. L’extrémité de l’éperon au niveau de Duingt a été classée pour empêcher l’extension de la carrière de Bredannaz qui n’est plus en fonction aujourd’hui mais qui a encore un impact visuel très fort (11).

Qualification

Dominé par des ensembles naturels exceptionnels (lac, montagnes, masses boisées…), le petit lac d’Annecy bénéficie d’une grande notoriété. Ses attraits touristiques sont très importants. Départ de nombreux chemins de randonnées et notamment du GR 96 du tour du lac (1), et tremplin abrupt des passionnés de delta plane et de parapentes qui constellent le ciel quand les conditions le permettent (2), il offre à la fois des sports de montagne et des sports nautiques.Le patrimoine culturel joue aussi un rôle important pour la notoriété du petit Lac. Les vieux bourgs de Arnand et de Talloires sont particulièrement attractifs. Talloires possède aujourd’hui un patrimoine sacré important : le Prieuré du XIe siècle (3), devenu centre culturel de la Tufts University de Boston, l’Abbaye bénédictine (reconstruite au XVIIe siècle) qui est désormais un haut lieu de l’hôtellerie (4), et enfin la Chapelle Saint Germain édifiée au dessus de la ville en 1829 en l’honneur du premier prieur de l’abbaye (5).La réserve naturelle du bout du lac (90 ha) est aussi un atout (6). Elle est une zone d’hivernage et de reproduction d’oiseaux aquatiques. Une colonie de castors habite aussi ce milieu naturel. Un sentier de découverte permet l’accès au marais (7) et une tour médiévale l’observation (8).Mais cette notoriété ne doit pas faire oublier le développement très rapide de l’urbanisation et des infrastructures en bord de lac et dans la plaine de Doussard (9). Une partie du petit lac offre en effet aujourd’hui un paysage assez éloigné de l’image prestigieuse véhiculée par les guides touristiques. Aujourd’hui, le paysage du petit Lac est un paysage en mutation, où le lac est le plus souvent inaccessible (10) et reste surtout présent dans l’imaginaire collectif. Les habitants y cherchent un cadre de vie idéal, une ville à la montagne. Les rives du lac ont évolué vers des formes d’urbanisation diffuse (11).

Transformation

Ces 30 dernières années, le petit lac d’Annecy a fait l’objet d’un spectaculaire développement de l’urbanisation, partout où cela a été possible (1). Cette urbanisation a refermé les vues sur le lac et privatisé l’accès aux berges (2). Actuellement elle se poursuit encore, plus en hauteur (3). Faute de pouvoir construire au bord du lac, on construit plus haut, et on grignote petit à petit sur la forêt pour profiter de la vue.Le long de la RD 1508 et aux abords de Doussard, la transformation du paysage rural s’est accélérée. Le développent rapide de l’urbanisation mais aussi d’entrepôts commerciaux et de zones d’activités, ont ajouté à la désorganisation du paysage (4, 5).Dans la plaine de Doussard, des reliques d’espaces ruraux sont encore visibles (lieu dit de « La Table Ronde » par exemple) (6), mais l’intégrité de ces paysages est de plus en pus menacée, car ils subissent une pression urbaine forte (7). La carrière de Bredannaz, entaillant l’éperon rocheux du Taillefer a également profondément modifié le paysage du Petit Lac (8). Enfin, plus ponctuelles, les transformations liées à la saison touristiques sont malgré tout importantes : complexes de camping comme sur la comme de Lathuile (9), bases de loisirs bondées, augmentation du trafic routier…sur un site très vite saturé (10).

Objectifs de qualité paysagère

Un objectif important pour le Petit lac d’Annecy est de ré-ouvrir les rives du lac au public et de préserver des vues sur le paysage exceptionnel de ce site, à l’instar de la réserve du bout du lac (1) pour aller vers un partage de ce paysage exceptionnel. Dans l’idéal, il serait souhaitable de créer un réseau continu de promenade le long du lac, en connexion avec l’ancienne voie ferrée reconvertie en piste cyclable (2). L’enjeu est de maintenir non seulement des continuités visuelles et piétonnes mais aussi des continuités écologiques.Concernant le bâti, l’enjeu est de réussir à limiter fortement l’étalement urbain. Aujourd’hui, les hameaux situés le long de la route du col de la Forclaz sur le plateau de Saint Germain font face à une forte pression urbaine. Ils sont pourtant des espaces ouverts de grande qualité qu’il paraît très important de préserver. Pour éviter de compromettre la nature agricole de ces territoires, on préconisera de construire le moins possible. En cas de nouvelle construction, elle répondra à des exigence de densité, d’implantation sur de petites parcelles, en continuité des centres urbains existants, et en mettant en valeur les éléments forts des anciennes structures paysagères rurales (3) (trames du parcellaires agricoles, valorisation du bâti vernaculaire…) ou naturelles (forêts, zones de marais (4)…). L’ensemble de ces structures devrait pouvoir s’organiser en un « réseau de paysage ». Peu ou non bâti, des secteurs comme les piémonts, les rives de l’Ire et de l’Eau Morte devraient pouvoir former une trame écologique et paysagère (5). Cette trame devrait assurer la possibilité d’aller à pied de la montagne au lac en suivant les torrents, par exemple…Enfin, les principaux axes routiers RD 1508 et RD909 doivent également faire l’objet d’une attention particulière. Sur la RD 1508, l’encombrement des abords de la route par les panneaux publicitaires est un problème auquel on pourrait remédier avec un peu de détermination. Sur la RD 909, un aménagement de piste cyclable a été envisagé un temps, mais il est aujourd’hui en suspend. Il faut espérer que le projet retenu au final saura régler les problèmes de conflits d’usage entre cyclistes, automobilistes et piétons, sans pour autant générer un aménagement trop routier (6,7).

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