Massif de la Chartreuse

004 Massif de la Chartreuse
Département  : Isère
 
Communes  : SAINT-HILAIRE, MONTAGNOLE, SAINT-CASSIN, ENTREMONT-LE-VIEUX, CHAPAREILLAN, SAINTE-MARIE-DU-MONT, APREMONT, SAINT-PIERRE-D’ENTREMONT, SAINT-NAZAIRE-LES-EYMES, SAINT-PANCRASSE, CORENC, SAINT-EGREVE, SAINT-MARTIN-LE-VINOUX, SAINT-JEAN-DE-COUZ, SAINT-THIBAUD-DE-COUZ, BIVIERS, SAINT-ISMIER, SAINT-PIERRE-DE-CHARTREUSE, SAINT-CHRISTOPHE-SUR-GUIERS, ENTRE-DEUX-GUIERS, SAINT-PIERRE-D’ENTREMONT, CORBEL, SAINT-CHRISTOPHE, LA BUISSE, POMMIERS-LA-PLACETTE, SAINT-JOSEPH-DE-RIVIERE, SAINT-JULIEN-DE-RAZ, SAINT-LAURENT-DU-PONT, VOREPPE, FONTANIL-CORNILLON, MONT-SAINT-MARTIN, PROVEYSIEUX, QUAIX-EN-CHARTREUSE, SARCENAS, LE SAPPEY-EN-CHARTREUSE, SAINT-BERNARD
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 31999
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Des images de carte postale. Comment décrire autrement cette chaîne de montagnes aux barres rocheuses vertigineuses et aux versants verdoyants ? Un paysage choyé par la nature, un territoire protégé - Parc Naturel Régional depuis 1995 – et un équilibre entre la pierre, la terre, la forêt et le pré, tandis que les villages reflètent avec harmonie le cadre qui les environne. Le Grand Som, la Grande Sure, Chamechaude, le cirque de St Même, le Mont Granier, le plateau du désert d’Entremont, les Gorges du Frou et du Guiers Mort, autant de sites propres à faire rêver l’amateur d’escalade ou le féru de spéléologie ou le simple randonneur.Des images de carte postale, à quelques encablures de l’agglomération grenobloise, le succès de ce massif s’explique. Contrairement à la chaîne de Belledonne, de renommée locale, la notoriété de la Chartreuse dépasse largement les frontières départementales. L’effet sans doute de l’existence du Monastère de la Grande Chartreuse, aux airs mystérieux par la vie recluse de ses moines, aux productions originales comme la célèbre liqueur de la Grande Chartreuse. Il n’est pas étonnant que ce lieu mystique se soit installé au cœur de ce territoire à la fois si proche et si reculé. L’on dit que l’on « entre en Chartreuse », non comme on entre en religion, quoique….

Identification

S’agissant d’un massif dans sa globalité, les limites de cette unité paysagère sont forcément claires, avec un axe qui copie celui du massif de Belledonne, de l’autre coté de la rivière de l’Isère. L’identification est cependant bien différente selon la voie d’accès empruntée : des routes de gorges à l’ouest comme signes d’incision nette dans le calcaire (les fameuses gorges de Guiers Vif et de Guiers), des barres rocheuses à l’est. Le flanc qui se présente à Grenoble et qui longe la vallée du Grésivaudan présente une barre continue, avec une ligne de crêtes du Saint Eynard au Granier, de l’Isère à la Savoie. Pour gagner la Chartreuse, la sensation de rupture est franche. Des falaises monumentales de calcaire, quelques rares cols pour pénétrer un territoire qui, dans ses balcons et ses cuvettes, offre en contraste une ambiance beaucoup plus intimiste… à échelle humaine. Au cœur du massif, dans les vallées, le bois et les prairies dominent. Les impressions visuelles diffèrent largement d’une saison à l’autre ; les forêts combinent de nombreuses essences mêlant feuillus et résineux. Ainsi, les étages caractéristiques des Pré alpes sont généralement respectés et bien lisibles. Les crêtes sommitales souvent rases et dégagées (Réserve des Hauts de Chartreuse) offrent des vues ouvertes sur les massifs alentours et notamment la chaîne de Belledonne. Même s’il était simpliste de réduire la Chartreuse à une description sommaire, notons qu’elle présente une homogénéité certaine qui fait toute sa qualité. Une combinaison de paysages grandioses et des ambiances plus intimistes, voire mystiques, voici qui résume ce massif unique en son genre. Evidemment, l’homme a marqué sa trace, avec des activités ancestrales d’agriculture et de pastoralisme et, plus récemment, la création de stations de ski alpin (Saint Pierre de Chartreuse, Le Planolet, Le Granier, le Col de Porte, le Désert d’Entremont..). Les bourgs épousent généralement les formes de relief et certains, comme Saint Hugues, donnent une image quasi « parfaite » : au premier plan, la silhouette altière du clocher, le village disposé tout autour selon des frontières claires, avec une architecture homogène, les vertes prairies au second plan, puis un étage boisé de feuillus et, enfin, un arrière plan monumental avec Charmant Som.L’attrait paysager de la forêt repose aussi sur des motivations contemplatives ou spirituelles, incarnées par l’impressionnant Vallon du Silence et Désert de la Grande Chartreuse. Le symbole le plus fort est incontestablement le couvent de la Grande Chartreuse, où les religieux observent une clôture perpétuelle, un silence presque absolu et de fréquents jeûnes..

Qualification

Depuis 1995, le Parc naturel régional de Chartreuse recense et protège la faune et la flore, encourage l’agriculture, préserve le patrimoine culturel, valorise la forêt, améliore l’hébergement et organise les différentes pratiques sportives, principalement la randonnée, avec le balisage de 1100 km de sentiers.La Chartreuse comprend pas moins de 3 sites classés d’importance : les cascades et grottes du Guiers Vif depuis 1911, le couvent de la Grande Chartreuse (1300 hectares classés depuis 1985) et le massif de Saint Eynard depuis 2005. D’ailleurs, le fort militaire juché sur ses hauteurs (1338 mètres) pour former une vigie, pourtant impressionnant, se fond tellement dans la roche qu’il en est presque invisible depuis la vallée du Grésivaudan ! 70 000 visiteurs par an se rendent sur le site du Couvent de la Grande Chartreuse, au musée de la Correrie, pour découvrir la vie des moines ainsi que l’histoire de la fabrication de la célèbre liqueur de la Grande Chartreuse.Difficile de citer tous les lieux remarquables et exceptionnels de la Chartreuse, dont on retiendra surtout l’exceptionnelle diversité de sa faune et de sa flore, et la vivacité de son économie traditionnelle. Elle repose sur l’exploitation des bois, qui reste aujourd’hui une ressource importante, et sur l’élevage (laitières) sur les alpages.Côté patrimonial, il faut relever la qualité des ouvrages d’arts et des routes, notamment les routes de gorges. Souvent vertigineuses, elles sont emblématiques d’une capacité des aménagements et des ouvrages à franchir les obstacles en composant avec eux, avec des ouvrages d’art, tunnels, ponts et autres passages en encorbellement souvent réussis.Si la Chartreuse renferme comme dans un écrin des lieux isolés et presque coupés du monde, elle subit aussi des influences, notamment côté sud où la proximité de l’agglomération grenobloise se fait sentir. Un nombre croissant d’urbains s’y installe, à la recherche d’un cadre de vie d’exception à des tarifs immobiliers attractifs – ce qui sera de moins en moins le cas si la pression foncière se maintient ! Une commune comme le Sappey-en-Chartreuse est particulièrement représentative de ce phénomène, avec son corollaire d’aménagements parfois démesurés.Des aménagements que l‘on retrouve aussi dans les stations de ski. Cependant, la Chartreuse ne compte aucun grand domaine de ski alpin et, à la différence de celles des massifs voisins, les stations sont issues des villages – et non créés de toutes pièces. Si les pistes créent des trouées dans les bois, la forte présence de la végétation masque les éléments de modernité. Le tout reste à une échelle raisonnable.

Transformation

L’érosion est le facteur de transformation le plus fort et le plus puissant, bien qu’elle agisse sur des temps longs. Nombreux sont les éboulis calcaires et les cônes de déjection, les moraines. Ces phénomènes d’érosion peuvent aussi représenter des facteurs de risque en termes d’éboulements. Cela explique aussi le renforcement des aménagements sécuritaires sur les routes, avec, semble t-il, l’intégration de considérations paysagères comme l’emploi de matériaux naturels et locaux.Des soucis de préservation du patrimoine qui se retrouvent aussi dans l’habitat, avec la réhabilitation de bâtis dans le respect de l’ancien, et même un travail proposé par des architectes conseils du parc naturel régional. Alors que les communes les plus proches de Grenoble comme Sappey-en-Chartreuse et Saint-Pierre-de-Chartreuse ont perdu leur cachet et leur intégrité, la plupart des bourgs sont remarquablement préservés, comme Saint Hugues.Les éléments de transformation concernent aussi les usages, et notamment touristiques. Les stations de ski, de taille modeste, sont généralement vieillissantes. Cependant, le développement le plus fort concerne les autres pratiques de montagne et activités nordiques, raquettes, ski nordique, chiens de traîneaux, spéléologie, parapente. Attirant un nombre croissant d’amateurs, elles permettent aussi de leur faire découvrir le patrimoine et les cultures locales.

Objectifs de qualité paysagère

Les préconisations essentielles suggèrent d’éviter toute construction entre les routes, les chemins et les lisières forestières environnantes, de façon à ce que les prairies de la clairière conservent leur intégrité et leurs dimensions et que l’image du paysage ne succombe pas à son succès.Les structures paysagères en étagement sont puissantes et lisibles, les aménagements nouveaux seront là pour les appuyer dans une certaine continuité de ce qui s’est pratiqué. Par exemple, que les tracés des routes continuent d’épouser les reliefs au plus près, pour garder ce rapport à la verticalité (tunnel des Gorges du Frou peu exemplaire à cet égard) ; que les constructions soient toujours intégrées dans la structure du paysage et dans un respect des formes et des matières ; que les aménagements de modernité intègrent, le plus possible, des considérations paysagères ; que des usages complémentaires soient trouvés à des aménagements qui paraissent disproportionnés hors-saison (des parkings deviennent halle de marché par exemple) ou relocalisés (dans les bois plutôt qu’en surface ouverte, en contrebas plutôt qu’à la lisère de col…). Des paysages de qualité passent par une régulation des pressions et des forces en présence. Le penchant naturel de l’évolution des paysages de Chartreuse est une partition en deux : un cœur agricole délaissé, et une zone résidentielle un peu défigurée aux abords. Il est essentiel de soutenir une agriculture dynamique, de promouvoir un patrimoine architectural et gastronomique, et un tourisme tourné vers les modes doux et la découverte, de valoriser des petites filières économiques locales.

Partager la page

Sur le même sujet