Les coteaux du Jarez

22 Les coteaux du Jarez
Département  : Loire
 
Communes  : CELLIEU, CHAGNON, SAINT-ROMAIN-EN-JAREZ, VALFLEURY, TARTARAS, LORETTE, RIVE-DE-GIER, GENILAC, SAINT-JOSEPH, SAINT-MARTIN-LA-PLAINE, RIVERIE, SAINTE-CATHERINE, SAINT-CHRISTO-EN-JAREZ, MARCENOD, SAINT-MAURICE-SUR-DARGOIRE, LA GRAND-CROIX, L’HORME, SAINT-CHAMOND, SAINT-DIDIER-SOUS-RIVERIE
 
Famille de paysages : Paysages ruraux patrimoniaux
 
Surface (Ha) : 9183
 
Carte(s) IGN : 2932ET,2933ET

Impression générale

Les coteaux du Jarez dominent la vallée du Gier et bénéficie d’un atout important de par le rapport visuel privilégié qu’ils entretiennent avec le massif du Pilat.Ce balcon, orienté au midi, constitue un terrain propice aux activités arboricoles. Les vergers diffusent depuis les bourgs patrimoniaux organisés de manière concentrique sur les principaux promontoires, vergers anciens sur les terres les plus abruptes ou morcelées, vergers modernes et optimisés particulièrement à l’Est sur les surfaces les plus planes, mécanisables. Avec des productions diversifiées (cerises, pommes, poires, pêches, abricots, prunes,…), les vergers offrent non seulement des physionomies diverses, certaines aux formes très graphiques et une variété de couleurs au rythme des saisons.En marge de ce tableau bucolique, le développement de l’habitat pavillonnaire vient également contrarier la forme circulaire caractéristique des villages. La vallée du Gier en contrebas, industrialisée et très passante, reliant Saint-Étienne à la vallée du Rhône, se fait visuellement oublier dès que l’on pénètre sur le territoire des Coteaux du Jarez mais elle lui impose des dynamiques urbaines qui le marque et le dépassent.Boudés par l’élevage, les sommets et combes boisés s’enfrichent et se referment progressivement.

Identification

Les Coteaux du Jarez forment un ensemble relativement homogène : ce versant du Gier est entaillé perpendiculairement par des combes encaissées et boisées, qui dessinent des replats occupés par les villages et cernés de vergers. Les pentes sont occupées par les habitations et les plantations arboricoles. Les hauteurs, prémices des Monts du Lyonnais sont boisées, occupées par des landes à genêts ou pâturées. Enfin, le pied des coteaux, est sous l’emprises des dynamiques induites par la vallée du Gier et subit une urbanisation pavillonnaire dont le dessin tranche avec les racines rurales encrées dans les paysages du Jarez. Les limites de l’unité paysagère sont claires, entre le fond de la vallée du Gier au sud des Coteaux du Jarez et la frontière naturelle des lignes de crêtes au nord (700 à 800 mètres d’altitude). Ligne de crête entrecoupée de cols d’où les vues furtives s’échappent jusqu’aux agglomération lyonnaises et Stéphanoise. Sur cette partie des Coteaux, les images rurales-patrimoniales évoquent les ambiances des Monts du Lyonnais, prairies où paissent les moutons, landes pâturées, arbres séculaires, fermes en U, et des villages en situation de promontoire. Les cœurs historiques sont organisés de manière circulaire comme à St Romain en Jarez ; une physionomie caractéristique que viennent aujourd’hui contrarier les nouvelles implantations pavillonnaires, dispersées et diffuses.De même, les vergers, présents sur l’ensemble des Coteaux du Jarez, offrent des visages différents. Les production anciennes dessinent de petites parcelles à l’image d’une pièce de tissu à pois et les vergers modernes montrent eux les signes d’une activité arboricole plus intensive, avec des plantations en ligne, des filets entre les rangs et autres tunnels sous plastique.

Qualification

La plus-value des Coteaux du Jarez est dominée par l’existence de ses nombreux vergers, qui bénéficient de conditions privilégiées d’épanouissement grâce à l’ensoleillement de ce versant orienté sud. Les nouvelles formes de l’arboriculture fruitière, avec des alignements géométriques, créent de nouveaux traits paysagers. Cette organisation de l’espace a historiquement été dessinée par les bourgs, installés en point haut. Entourés de verges, de potagers et de prairies dédiées à l’élevage, les bourgs ou hameaux groupés, en valorisant les terres à proximité directe avaient pour vertu de limiter l’enfrichement des combes. Or l’organisation du territoire est aujourd’hui brouillée par le développement de l’habitat résidentiel. Il en résulte un paysage très exploité et très occupé sur ses meilleures portions. En privatisant les vues, en cassant la structure originale des bourgs, en confisquant le territoire à l’agriculture, le pavillonnaire bafoue les paysages et rompt dangereusement avec la logique fondatrice de l’identité et de l’attrait des Coteaux du Jarez.

Transformation

Le recul de l’élevage dans les Coteaux du Jarez a pour effet de renforcer les dynamiques d’enfrichements, avec des combes de plus en plus boisées. Un phénomène qui se conjugue avec l’assaut du pavillonnaire ; remontant depuis la vallée du Gier, adoptant des formes architecturales banales et une organisation diffuse, il fait progressivement perdre à ce territoire sa particularité, son identité et sa lisibilité.S’appropriant la vue, créant une rupture avec la forme traditionnelle circulaire du village, l’habitat résidentiel est difficilement contenu. Construire son pavillon aux consonances provençales avec vue sur le Pilat au milieu des vergers au pays du Gier, un rêve qui se matérialise au risque d’échoir dans un banal lotissement.Rien ne semble indiquer que la pression foncière puisse se relâcher, dans un paysage vulnérable à ce type d’aménagement. Si les vergers devaient décroître, friches, boisements et lotissements semblent les seuls avenirs probables, d’où une perte d’identité pour les Coteaux du Jarez.

Objectifs de qualité paysagère

A l’échelle territoriale, travailler une limite plus franche entre la Vallée du Gier et le Jarez serait d’un effet bénéfique pour les Coteaux, qui doit également préserver et mettre en valeur sa situation de promontoire. Corrélativement, il s’avère essentiel de maîtriser l’urbanisation depuis le Gier, en particulier le mitage et l’appropriation de la vue.Se posent également les questions de l’insertion du bâti dans la pente et de l’implantation de pavillons à proximité trop immédiate des vergers. Outre les menaces sur la viabilité de l’agriculture que cela engendre, la connexion des nouvelles habitations aux centre-bourgs mérite une attention particulière. La question reste entière d’autant que le choix des formes implantations est d’autant plus difficile à trouver que la forme des bourgs anciens est originale et tranche véritablement avec les formes pavillonnaires classiquement employées aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, il paraît essentiel de préserver et valoriser les centres bourgs au capital patrimonial important et ainsi de privilégier la réhabilitation à la construction neuve.Permettre la viabilité de l’arboriculture constitue un point essentiel au maintien de l’intérêt des Coteaux du Jarez. Une tradition fruitière qui nécessite également d’être valorisée par la diversité des productions, par la sauvegarde de variétés locales et anciennes. Notons également des initiatives salutaires, comme la réintroduction de vignobles à partir de cépages anciens – la vigne ayant été jadis délaissée au profit des arbres fruitiers.Contenir l’enfrichement des combes et des lisières des bois de chênes sur les sommets, délaissés par l’élevage ovin, reste un objectif important pour la lisibilité de ce territoire et le maintien des espaces ouverts. Quelques élevages caprins subsistent et témoignent que la vente directe et le choix de circuits courts de distribution peuvent contribuer à pérenniser l’activité et la valorisation de terres difficiles ou en pente.Enfin, les Coteaux du Jarez devraient être touchés par le projet A45. Cette deuxième autoroute entre Lyon et Saint-Etienne devraient, d’après les premiers tracés, traverser de part en part les paysages du Jarez. Une attention particulière devra être portée à son insertion mais aussi aux dynamiques urbaines inéluctables qui devraient en découler et impacter de nouveau sur l’image patrimoniales renvoyées par les coteaux du Jarez.

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