Le Mont Salève

33 Le Mont Saleve
Département  : Haute-Savoie
 
Communes  : SAINT-BLAISE, LE SAPPEY, VOVRAY-EN-BORNES, CRUSEILLES, ANDILLY, COPPONEX, LA MURAZ, NEYDENS, ETREMBIERES, ARCHAMPS, BEAUMONT, BOSSEY, COLLONGES-SOUS-SALEVE, MONNETIER-MORNEX, PRESILLY
 
Famille de paysages : Paysages naturels
 
Surface (Ha) : 5832
 
Carte(s) IGN :

Impression générale

Facilement identifiable de loin grâce à son front de falaises calcaires lorsqu’on l’aborde depuis Genève (1, 2), à sa « silhouette de baleine » si l’on arrive de Thonon-les-Bains (3, 4), le mont Salève est un repère fort dans le paysage. Il signale la frontière entre la France et la Suisse. Mais s’il est aujourd’hui bien français, beaucoup de Hauts Savoyards continuent à l’appeler « la montagne des Suisses ». En effet, sa situation frontalière en fait une des destinations favorites des Genevois.Véritable horizon pour la ville de Genève, le Salève est un espace de nature et de loisir à proximité d’une importante agglomération (5). Il est une « île de nature », un espace de détente et de promenade situé au centre d’une région densément peuplée.Depuis ses sommets, en parcourant la route des crêtes (6, 7) ou un des nombreux sentier de randonnée, on pourra profiter de vues panoramiques remarquables sur les Alpes (8, 9) (mont Blanc, lac d’Annecy (10)…), le Vuache (11), le lac Léman, Genève (12, 13), Annemasse, et la vallée de l’Arve.

Identification

Orienté nord-est/sud-ouest, à proximité du lac Léman, le Salève est un trait d’union entre le Jura et les Alpes. C’est un chaînon calcaire qui s’étire sur une vingtaine de kilomètres de long et quatre kilomètres de large. Cette longue échine bordée de falaises rocheuses abruptes (1) a une forme reconnaissable de loin (2). Elle est un point de repère et un élément fort d’identité pour ceux qui vivent à son pied.Le massif est constitué du « petit Salève » (de 420m à 900m d’altitude) (3), séparé du « grand Salève » par le vallon de Monnetier-Mornex (point culminant : le « grand Piton » 1373m). Il forme une unité naturelle homogène dont les versants sont boisés (4) et dont la ligne de crête est constituée essentiellement de pâtures (5) offrant des vues panoramiques exceptionnelles sur le lac Léman, Annemasse, Genève (6), la vallée de l’Arve, et les Alpes (7).Au pied du Salève, s’étend le Genevois à l’ouest (8) et le pays des Usses et des Bornes, plus rural, à l’est (9). L’autoroute A40 passe au pied du flanc ouest du massif et suit ensuite la vallée de l’Arve, se dirigeant vers le massif alpin (10). Entre Pas-de-l’Echelle et Bossey, les flancs nord-ouest du Salève sont « saignés » par une série d’énormes carrières dont l’exploitation a débuté au cours du XIXe siècle (11). Au niveau de Collonges-sous-Salève, une grande croix de Savoie est peinte sur les falaises rocheuses, elle sert aussi de repère à tous les habitants.

Qualification

Très tôt, le Salève a suscité la curiosité des naturalistes, l’intérêt des artistes et la passion des alpinistes. Peu de montagnes ont été aussi étudiée et fréquentée par les savants et les touristes.Au XVIIIe siècle, Horace Bénédict de Saussure s’éveille à l’alpinisme sur les parois du Salève avant de partir à la conquête du mont Blanc, tandis que Jean-Jacques Rousseau s’inspire de ses paysages. Au XIXe siècle, les célébrités y viennent, depuis Genève, pour des excursions ou des séjours : Alphonse de Lamartine, Richard Wagner et John Ruskin se rendent à Mornex tandis que Verdi fête ses noces de mariage à Collonges. Le Salève reste encore lié à cette esthétique romantique, à l’invention de l’alpinisme et de la varappe, et à la découverte de la botanique dans l’imaginaire collectif. Aujourd’hui, la « montagne genevoise » est aussi un terroir agricole (1, 2), un lieu de pâturage (3, 4, 5), et un espace naturel de loisirs et de ressourcement. Belvédère à 360° (6) sur le Léman, le mont Blanc, Genève, et le jura, il est le lieu où les citadins viennent « s’aérer » et respirer (7, 8). Il est le « poumon vert » de l’agglomération genevoise, et le conservatoire d’une faune et d’une flore alpines riches. Les citadins viennent y pratiquer des loisirs sportifs de proximité : randonnées, cyclisme, ski, parapente, escalade…

Transformation

L’engouement pour le Salève remonte au XVIIIe siècle, et s’intensifie au XIXe et XXe siècle. La fréquentation croissante du massif est fortement liée à l’évolution des modes de transport. Uniquement accessible à pieds, en varappe ou à dos d’âne, le Salève devient plus facile d’accès à partir de 1870 grâce à la mise en place d’un train à crémaillère. En 1925, la route des crêtes est construite (1), et permet l’accès aux sommets du Salève en automobile. Enfin, à partir de 1932, un téléphérique relie le hameau du Pas-de-l’Echelle aux crêtes en quelques minutes (2).De très nombreux touristes visitent le Salève chaque année, et cela pose un enjeu de surfréquentation du massif. Une autre menace est celle de la fermeture des espaces ouverts par un reboisement naturel et de l’obstruction des points de vue remarquables si le pastoralisme disparaissait (3). Enfin, l’autre problème majeur du mont Salève est celui de la construction et de l’extension des bâtiments essentiellement sur le Piémont (4, 5, 6), l’étalement des zones construites mitant le paysage et lui faisant perdre de sa cohérence.Depuis 1994, l’ensemble de ces menaces a fait prendre conscience aux élus de l’urgence d’agir pour assurer la stabilité des paysages du Salève.

Objectifs de qualité paysagère

Pour protéger durablement le Salève des pressions urbaines et maintenir sa vocation d’espace naturel, le syndicat mixte du Salève (20 communes) s’est doté d’un outil qui encadre les plans d’urbanisme : la directive de protection et de mise en valeur des paysages dont le décret date du mois de février 2008.Cette directive fixe des orientations et des principes de protection qui s’imposent désormais aux documents d’urbanisme (PLU, SCOT). Elle est construite autour de cinq points principaux :1/ Maintenir le caractère ouvert et naturel du plateau sommital (1).2/ Protéger l’aspect des versants dans la silhouette du massif (2).3/ Préserver la structure paysagère du Piémont (3).4/ Préserver la qualité particulière des itinéraires d’accès au plateau sommital.5/ Protéger et mettre en valeur le réseau de curiosités géologiques.Elle a été créé en même temps qu’un autre projet : la réhabilitation de la chartreuse de Pomier (4) et l’ouverture de la maison du Salève (5). La maison du Salève est un lieu d’exposition et de pédagogie qui participe à la sensibilisation du grand public et à la préservation de ce massif.Quant au « petit Salève », connu depuis longtemps pour son intérêt écologique, il a fait l’objet d’un arrêté préfectoral de protection tendant à favoriser la conservation des biotopes naturels en place. Outre cet arrêté, le Petit Salève est intégré au site Natura 2000 du Salève, gage de reconnaissance de l’intérêt écologique du massif au niveau européen.Toutes ces mesures de protection et de valorisation vont dans le sens d’une stabilisation des paysages du Salève, mais elles ne doivent pas faire oublier pour autant l’importance des paysages qui entourent le mont. Le projet d’autoroute A41 nord reliant Annecy à Genève en passant par Cruseilles, par exemple, dont l’ouverture est prévue début 2009, aura certainement des répercussions sur le Salève lui-même qui sera désormais entièrement cerné d’autoroutes. Quant aux communes situées aux pieds du Salève, leur développement doit faire l’objet d’une grande attention de la part des élus. A ce titre, l’effort de certaines collectivités locales, comme Saint-Blaise(6), qui investissent pour mieux structurer et aménager leur centre bourg, doit être salué, même s’il entraîne parfois l’effacement du caractère local par un caractère urbain plus quelconque.

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